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| « when everything explodes ; pv. | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: « when everything explodes ; pv. Mar 3 Nov - 18:29 | |
| © stars_keeper@lj ; cenup@lj. « when everything explodes ;
La vie semblait mener son cours tout doucement, le monde tournait autour d'elle tandis que son corps était prit d'un vertige, et que ses doigts s'agrippaient au mur, ses ongles crissaient sur le béton. Sa tête lui tournait, et le même manège se déroulait depuis le début de la matinée. Romy n'avait pas le souvenir de s'être sentie aussi barbouillée depuis son arrivée à Rome, il y a déjà des mois de cela. Et pourtant, si elle s'était promis une chose depuis qu'elle avait posé les pieds sur sa terre natale, c'était bien celle de tenir le coup. Histoire de leur montrer qu'elle était autre chose qu'une blonde bien roulée, histoire de lui montrer qu'elle pouvait vivre sans lui. Peut-être pas si heureuse que ça, mais vivante, tout de même. La journée s'était déroulée lentement, trop lentement au goût de la blondinette. Ses yeux faisaient le vas et viens incessant entre la montre en argent à son poignet et la bouche de son professeur d'anglais, qui, soit dit en passant, ne savait absolument pas parler cette langue correctement. Sa main la démangeait, elle mourrait d'envie de la lever et de corriger la multitude de pattes de mouches sur le tableau, les fautes qui donnaient mal au coeur à Romy. Elle qui avait passé toute son adolescence à Vancouver, et était bilingue, se demandait vraiment comment l'université avait pu engager un tel professeur pour enseigner une si belle langue. Dès qu'un mot franchissait ses lèvres, il lui donnait envie de vomir, tellement la prononciation était déformée. Elle devait absolument songer à changer de groupe d'anglais, quitte à aller dans la classe supérieure, rien à faire. Ce qui comptait, était qu'elle réussisse à sortir de cette salle de l'horreur. Fort heureusement, la sonnerie parvint jusqu'à elle, et un soupir de soulagement lui échappa, alors qu'elle se levait brusquement pour ranger ses affaires. Chaque jour c'était la même rengaine, à se demander pourquoi elle avait choisit d'étudier l'anglais. Parce que c'était une langue qu'elle adorait, qu'elle connaissait sur le bout des doigts et qui la passionnait ? Toutes ces raisons ne lui sont même pas venues à l'esprit alors qu'elle balançait son sac sur son épaule et descendait les gradins de l'amphithéâtre, une seule direction en tête : la liberté. Mais avec la fin de la journée arrivait une autre corvée. Enfin, corvée, ce n'était qu'une façon de parler. A vrai dire, cette obligation, elle l'appréciait de plus en plus, et se rendait presque avec plaisir sur le trottoir de cette rue devenue, avec le temps, si familière. Ce quartier avait toujours été bondé, mais cela ne dérangeait pas Romy outre mesure, au contraire : elle qui a toujours adoré la présence humaine autour d'elle, la chaleur de corps qui s'animent, les sourires sur les visages lorsqu'ils la croisent, cela lui plaisait énormément. Mais, malgré ce sourire qui s'étalait sur son visage lorsqu'elle croisait une connaissance, un ami, ou simplement un inconnu charmant, elle se sentait brisée, brisée de l'intérieur. Chose que les personnes autour d'elle étaient incapables de voir, et auxquelles elle n'irait pas se confier. De toute manière, pour dire quoi ? Je suis nostalgique ? J'ai envie de tuer mon professeur d'anglais ? Simplement : j'en ai assez ? Non, non et non, derrière ce sourire elle se cachait, et se cacherait toujours, essayant de positiver du mieux possible par rapport à cette nouvelle vie qu'elle menait, mais qui ne la comblait pas autant qu'elle l'aurait espéré. Quelques sourires, paroles échangées avec des connaissances, et elle poussa la porte derrière laquelle elle allait passer le restant de sa soirée, voire même toute la nuit, si elle s'en sentait capable, et motivée. Ou si Alianor était présente, elle aussi. Romy n'a jamais eu la capacité d'avoir une bonne mémoire, et était donc incapable de se souvenir des jours où son amie travaille avec elle au café. La porte s'ouvrit et Romy prit une profonde inspiration, avant d'entrer pour incarner la parfaite petite serveuse blonde pendant les prochaines heures. Ses pas l'emmenèrent jusqu'au comptoir, qui était tristement vide, de clients tout comme de serveuses. Romy ressentit un pincement au coeur à l'idée de travailler seule ce soir, mais elle se ressaisit rapidement. Il n'était pas tout à fait 19 heures, et Alianor avait encore le temps d'arriver. A moins qu'elle ne se cache dans la pièce de derrière, réservée pour les serveuses si elles ont envie de prendre leur pause au calme, ou qu'elle ne soit aux toilettes. Et les clients n'allaient pas tarder, pour lui ôter toutes ses idées de prof d'anglais ridicule et de soirée solitaire de la tête. Soulagée par cette idée, elle contourna le comptoir et alla déposer son sac dans la petite pièce à côté, qui, constata-elle avec un peu de tristesse, était vide. Le lançant sans la moindre délicatesse sur le petit canapé, elle se dirigea vers la petite armoire qui contenait la tenue règlementaire de serveuse. Non, ce n'est pas un tablier ridicule avec l'inscription Bar 'A Luigi' en lettres capitales rouges sang . Ici, la tenue règlementaire est noire et blanche, une chemise blanche avec une jupe noire tombant jusqu'aux genoux, et une cravate. Enfin, la cravate n'a jamais été une obligation, mais la blondinette a toujours adoré ce style de vêtements, aussi ajoute-elle toujours la cravate. C'est également ce qui permet à ses clients favoris de la repérer parmi les autres serveuses et serveurs du bar. Une fois habillée, elle glissa son téléphone portable dans la poche arrière de son sac, et rouvrit la porte. C'est reparti pour un tour. Les clients ont rapidement prit possession du bar, à une telle vitesse que Romy se sentit vite dépassée. Impossible qu'elle soit la seule à travailler ce soir, ils ne laissaient jamais une seule serveuse dans un bar, surtout dans CE bar. Après tout, il était situé dans le quartier étudiant, et donc promettait une bonne activité au moins tous les soirs. De plus, nous n'étions pas n'importe quel soir, mais vendredi soir, le pire de toute la semaine. Sa gorge s'obstruait alors que ses mains s'agitaient dans tous les sens, indiquant à l'un que son verre l'attendait, à un autre qu'elle arrivait dans une minute, et à un troisième qu'elle ne pouvait pas s'occuper de lui tout de suite. Elle avait besoin d'une pause, de s'installer debout sur le bar et de leur ordonner d'une voix forte qu'ils n'étaient pas ouvert ce soir, qu'elle s'était trompée, qu'ils devaient tous s'en aller d'ici au plus vite. Mais elle ne pouvait pas faire cela, de un, elle n'en avait absolument pas le droit, de deux, elle allait se faire virer, et de trois, elle avait besoin de ce job. Même si ses parents avaient été très généreux en s'occupant de lui acheter un appartement, elle ne tenait pas à vivre à leurs crochets toute sa vie, ça, jamais. Pas question d'elle classée parmi les filles à papa de la ville. Elle voulait bien être populaire, mais pas comme ça. Ne pas se laisser déborder, ne pas se laisser déborder. Voilà la phrase qui tournait en boucle dans son esprit, et qu'elle espérait pouvoir réaliser. Pour le moment, c'était loin d'être le cas. Jamais elle n'avait vu autant de monde dans le bar depuis qu'elle avait été engagée, et le fait que la ou les personnes devant l'aider ce soir soient en retard la rendait légèrement dingue. Cela lui donnait un défi à relever, servir toutes ces personnes à elle toute seule, et trouver le temps pour boire un coup, car elle en mourrait d'envie. Cependant, même si Romy avait l'esprit de compétition, elle n'avait pas envie de se battre contre ces étudiants assoiffés d'aventures et d'alcool, pas ce soir, pas après ces heures mortelles d'anglais qui lui occupaient encore l'esprit. Elle se mordit la lèvre, servit un cocktail à un client, et tourna le dos deux minutes à la foule, avant de se pencher en dessous du comptoir. Agrippant une bouteille de vodka entre ses doigts tremblants, elle l'ouvrit et bu deux gorgées en grimaçant, tandis qu'une voix masculine inconnue se déchaînait derrière le comptoir, hurlant à tue-tête quelque chose dans le genre « Hihaaa, la serveuse sexy se lâche ce soir ! » . Secouant la tête, Romy rangea la bouteille et se remit à bouger en tous sens, cherchant à répondre à la commande d'un client mais ne trouvant pas ce qu'il fallait, lorsqu'une personne surgit à ses côtés, tous sourires. Elle se tourna brusquement et esquissa un sourire, avant d'hurler à son intention, pour couvrir la musique d'ambiance qui sortait des hauts-parleurs en crescendo . « Dieu merci, t'es là. J'ai cru que j'allais me faire dévorer par les mecs déchaînés. »
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Sam 7 Nov - 2:30 | |
| Le vent automnal fit l'effet d'une rafale glaciale sur les joues d'Alianor. Pourtant, on ne pouvait pas qualifier Rome de froide, et même en cette soirée d'automne la brise qui soufflait n'était qu'une fraîche et douce imitation des tempêtes de neiges norvégiennes qui avaient vu naître la jeune fille. Non, la simple raison de cette sensation lui giflant le visage était le contraste entre le Spa où elle avait passé la journée et le trottoir pavé déjà éclairé par un lampadaire.
Depuis neuf heures du matin, elle était immergée dans des volutes d'air chaud et vaporeux, avec une ambiance zen obtenue à grand renforts de statues hindoues et bouddhistes, de musique relaxante orientale et d'encens brûlant à chaque coin de la pièce. Et tandis qu'elle pétrissait, massait, caressait du bout de ses doigts des dos tendus de fonctionnaires harassés, de jeunes femmes obnubilées par leur prochaine injection de Botox, de mères surbookées ou d'espèces d'hippies éco-friendly, elle-même se détendait peu à peu. Tous ceux dont elle s'occupait étaient venus ici pour se délasser, se reposer, souffler un peu, oublier les tracas de la vie quotidienne sous les mains expertes d'Allie, qui comptait bien elle-aussi profiter des effets bénéfiques de la chaleur, des senteurs de myrrhe et de l'humidité. Agiles, ses doigts couraient sur les peaux mates et en sueur, dénouant les nerfs, apaisant les muscles des Italiens et Italiennes si prompts à ces plaisirs sensuels, partie intégrante de la Dolce Vita. Souvent, on lui demandait si elle était attirée ou draguée par les jeunes éphèbes qu'elles massait. Les tentatives et tentations étaient nombreuses, mais Alianor refusait catégoriquement de devenir une de ces proies faciles, une de ces masseuses presques strip-teaseuses qui transforment les salles de massage en lupanar. Elle essayait à tout prix de se souvenir de ce qui l'avait poussée à travailler là, alors que beaucoup auraient vu cet emploi comme une promesse de figurer sous peu dans les petites annonces des journaux: «Masseuse sensuelle et exotique, douée et sans complexes. Si intéressés, appeler le 06-94-69...». Non. Ça, ce ce n'était vraiment pas son genre. Ce qui l'avait à première vue poussée à travailler ici, en plus du besoin d'argent drastique, c'était les souvenirs et réminiscences des coutumes de sa Terre d'origine. Il est bien connu que les Scandinaves ont une véritable passion pour les saunas en tout genre. Véritables fournaises comparées aux températures polaires extérieures, les saunas y pullulent comme les cafés ici. Plus que tout, les Suédois, Norvégiens et Finlandais aiment se plonger dans des vapeurs brûlantes, incandescentes qui parent leur corps d'un film moiré et semblable à de l'huile suintant de leurs pores. Bien qu'ayant passé plus de temps hors de Norvège que dans sa terre natale, les endroits qui lui rappelaient ce pays nordique l'apaisaient. Elle y voyait comme des lieux qui la rattachaient au père qu'elle n'avait jamais connu. Elle avait beau se tromper sur toute la ligne (son père était en fait Irlandais), elle se sentait heureuse dans cette atmosphère épurée, et elle avait vite appris comment jouer de ses mains comme d'autres d'un instrument.
Six heures sonnèrent à la Basilique dei Santi Bonifacio e Alessio, magnifique chapelle non loin. Son dernier rendez-vous enfin achevé, Alianor ôta la légère robe de lin blanc, toute simple et fluide, que devaient porter les employés. Elle remit son jean, ses ballerines et son chemisier noir, et, touche finale, se coiffa du béret qui lui donnait cette parisian touch qu'elle aimait tant. Elle se sentait fière d'arborer chaque jour un style complètement différent de celui de la veille (robe mauve à bretelles toute simple), ayant ainsi l'impression d'être autre chose qu'une simple bête de mode qui ne supporte pas un jour les jeans destroy et ne jure que par ça le lendemain.
Un bref détour par chez elle, pour se changer, et re-départ pour son job du soir: strip-teaseuse-prostituée. Afin de satisfaire ses clients, elle enfila combinaison de latex, porte-jarretelles et escarpins de quinze centimètres. Ou pas.
Et la voilà repartie dans le bus. La jupe noire et la chemise blanche imposées par le bar étaient bien à leur place, mais elle avait l'impression que si elle ne les agrémentait pas d'une touche personnelle, elle ferait serveuse toute bête, fade et sans intérêt. Elle enviait Romy, sa collègue et amie (quoique... pas toujours!), qui ajoutait même la cravate, et avait l'air pleine de personnalité. Allie, elle, s'étonnait de ne pas se faire renvoyer alors qu'elle se permettait de multiples excentricités par rapport à son uniforme. Elle l'avait porté avec une ceinture bleue électrique, des tee-shirts de toutes les couleurs en dessous de la chemise ouverte, et même pas un avertissement. Aujourd'hui, elle avait ouvert sa chemise sur un T-shirt noir tout simple, et avait rajouté un pashmina coloré tout droit venu d'Ukraine. Ainsi parée, quelques stations plus loin, elle poussait la porte du bar.
Elle avait traîné, et devait se l'avouer: la soirée était déjà bien entamée, et le bar était bondé. Des étudiants de part et d'autres se saoulaient seuls ou venaient discuter entre eux; la salle entière était enfumée et bruyante, les rires fusaient et les conversations retentissaient. Bruit, odeurs d'alcool: c'était l'ambiance jeune et survoltée typique du Bar 'San Luigi' les vendredis soirs. Dès qu'elle se sentit envahie par cette atmosphère familière, Alianor fut assaillie de remords: elle savait ce que représentait la lourde tâche de satisfaire les étudiants qui voulaient cocktails et alcool forts à longueur de soirée. Elle était consciente du fait que Romy devait la maudire de l'avoir laissée en plan, et ce serait avec raison.
Se faufilant entre les tables, elle atteignit vite le comptoir, auquel Romy s'affairait. Les joues de la blonde n°2 était toutes rouges, et elle commençait à être décoiffée. Il était temps qu'Alianor arrive.
« Dieu merci, t'es là. J'ai cru que j'allais me faire dévorer par les mecs déchaînés. »
«Je suis désolée. Franchement... Besoin d'un coup de main, je suppose?»
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Dim 8 Nov - 15:52 | |
| L'angoisse avait lentement commencé à la gagner, atteignant ses bras frêles qui farfouillaient en dessous du comptoir, parmi les bouteilles d'alcool, à la recherche de la tequila. C'est pas vrai, où est ce que cette foutue bouteille s'était planquée ? Lorsqu'elle sentit une présence à côté d'elle, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. Enfin elle était là .
Déchaînés, c'était le cas de le dire, et encore, il fallait inventer un nouveau mot pour décrire l'attitude des jeunes hommes accoudés au bar, parlant tellement fort qu'ils couvraient presque la musique, et lançant toutes les deux secondes un petit cri en direction du comptoir pour faire signe à la blondinette qu'ils attendaient toujours leur commande et commençaient à s'impatienter. Une chaleur se propageait lentement dans le corps de Romy, qui tentait pourtant par tous les moyens de se contenir. Mais la seule chose qu'elle rêvait de faire à cet instant précis était de hurler à leur encontre d'aller se faire cuire un œuf, qu'elle n'avait pas 56 mains pour combler les besoins des clients. La patience est une vertu, mais une vertu que les clients de ce soir n'avaient malheureusement pas. Je suppose ? Le poing de la jeune femme se serra, et elle se mordit la lèvre, prenant une profonde inspiration. Dis donc, Alianor supposait bien, ce soir. Avait-elle aussi supposé qu'elle serait en retard, et n'avait-elle pas pensé au moins à la prévenir ? C'aurait été une bonne chose, même si cela n'aurait pas changé le nombre de clients dans le bar étudiant. Il n'y avait aucune raison de s'énerver, tout allait bien. Alianor était là, prête à l'aider et à se mettre au travail. Même si elle tentait de se convaincre que tout était parfait dans le meilleur des mondes, ce sentiment qui l'avait envahie depuis que son amie s'était pointé ne l'avait pas quitté, et elle savait pertinemment ce qu'il signifiait : que la crise était imminente, qu'elle allait péter un câble, exploser une ou deux bouteilles sur le sol, crier à en déchirer les tympans du beau brun installé à quelques mètres à sa droite.
Un cri retentit et Romy eut l'impression qu'on venait de lui hurler dans l'oreille, alors que la personne qui venait de l'appeler se trouvait à quelques mètres d'elle. Laissant la question de son amie en suspens, elle se dirigea en quatrième vitesse vers le jeune homme brun, qui devait avoir dans la vingtaine, et prit sa commande, avant de lui assurer qu'elle arrivait dans deux minutes. Elle retourna auprès de son amie, et esquissa un sourire, bien qu'elle avait une boule dans la gorge, un monstre de la colère qui se tapissait encore à ce niveau là. Elle prendrait une goutte d'alcool pour essayer de le dissiper, de le faire descendre dans son estomac, là où elle l'oublierait.
« Oui, s'il te plait. Le gars là bas prend une tequila, tu veux pas t'occuper de lui ? Y'a pas moyen que je mettes la main sur cette foutue bouteille, et tous ces gens me donnent déjà la migraine. »
Un énième soupir s'échappa de sa bouche, et elle déglutit avant de se diriger à l'autre bout de la salle pour prendre la commande d'un groupe de garçons et de filles qui avaient déjà l'air éméchés avant même d'avoir consommés. Malgré elle, un souvenir lui revint en mémoire, souvenir plus que douloureux.
•• FLASH BACK.
Par une soirée automnale comme les autres, le soleil tombait tout doucement sur la ville de Vancouver, Canada. L'ancienne ville, la maison secondaire de Romy, emplie de souvenirs, bons comme mauvais. L'heure avançait rapidement, et la nuit engloutissait de plus en plus rapidement la ligne d'immeubles et le quartier résidentiel de Vancouver. Un vent frais s'éleva, et une jeune fille solitaire resserra les pans de son long manteau noir autour d'elle, frissonnant. La rue qu'elle traversait était déserte, mais elle n'était pas inquiète. Le quartier dans lequel elle se dirigeait à grande hâte était le plus peuplé et le plus vivant de la ville, le quartier où tous les étudiants se rendaient pour boire et faire la fête. Le meilleur des endroits où passer son vendredi soir.
Dans le bruit familier que fait la porte du bar lorsqu'elle s'ouvre, Romy entra, et aussitôt le silence se fit. La bande sonore du film avait été coupée, et Romy se retrouvait à jouer une scène sans le bruit de fond, dans repères. Cela ne la dérangeait pas, pourtant. Un sourire se dessina sur ses lèvres et, de la dernière table du fond s'éleva une clameur, un cri de joie à l'idée de la voir. Presque aussitôt, la musique reprit et la vie aussi. D'un pas rapide, la blondinette se dirigea vers sa troupe d'amis. Réunis autour de la table se trouvaient quatre filles et cinq garçons, tous beaux, tous bien habillés, tous déjà à moitié éméchés, amis prêts à continuer. Ils avaient attendu Romy, qui finissait ses cours un peu plus tard, pour commencer à véritablement s'amuser. Cette dernière s'installa sur l'un des fauteuils rouges, entre une fille maigre à faire peur et un garçon aux cheveux châtains ensoleillés avec un sourire jusqu'aux oreilles. Il se tourna d'ailleurs vers elle et déposa un bras sur son épaule, avant de passer une main protectrice dans ses cheveux, puis de retourner à sa conversation avec son copain de droite, qui était presque son sosie, excepté la couleur de ses yeux, et aussi sa taille plus qu'imposante.
C'était l'un de ces moments où Romy se sentait le mieux, le plus en sécurité. Dans un bar mal famé, au coeur d'étudiants parfois avec des intentions peu claires ? Peut-être, mais là où il était, elle se sentait bien. Car elle savait que tout allait bien se passer, tant qu'il serait là, qu'il prendrait deux secondes de son temps pour lui dire bonjour, que ce soit pour déposer sa main dans ses cheveux blonds, ou goûter pendant deux intenses secondes à ses lèvres pulpeuses. Sa main chercha celle du garçon aux cheveux ensoleillés, qu'elle serra, comme si cela pouvait l'empêcher de penser à quoique ce soit d'autre que sa main dans la sienne. Puis, se tournant vers ses amis, elle entama d'une voix joviale une conversation sur son dernier cours de la journée, le français. Matière qu'elle avait toujours adoré, et dans laquelle elle excellait.
•• FIN DU FLASHBACK.
C'est en voyant ce jeune homme blond enlacer discrètement mais sûrement les épaules de sa voisine, que Romy sentit un pincement au cœur. Les voix des étudiants qui étaient en train de lui débiter leur commande à une vitesse surhumaine n'existaient plus, elle ne les entendaient plus. Tout ce qu'elle voyait, c'était cette main derrière ce dos, ces sourires en coin, ce bonheur. Qui la rendait limite malade. Même sans rien avoir entendu des consommations qu'ils avaient demandées, Romy acquiesça comme un automate et fonça vers le bar. La boule de colère qui s'était logée dans sa gorge semblait avoir prit de l'ampleur, et l'empêchait presque de respirer. S'adossant deux secondes à la porte menant à la petite salle de pause, elle prit le temps de reprendre une profonde inspiration, puis expiration. Quelques mètres plus loin, elle remarqua que son amie peinait à combler tous les clients, qui étaient de plus en plus nombreux, et semblaient tous très impatients. Deux secondes, encore juste deux secondes de repos, de pause. D'évasion. Les yeux de Romy se fermèrent sur ce bar bondé, doucement, et elle tenta de calmer la panique et la colère qui l'envahissaient face à tellement d'étudiants qui n'avaient rien d'autre à faire de leurs soirées que de boire, boire, et encore boire. Soudainement, elle sentit quelque chose la heurter, et son poing se serra alors que ses yeux s'ouvrirent brutalement. Quelqu'un avait engagé une bagarre, et Romy venait de se prendre l'un d'eux. Se mordant la lèvre presque jusqu'au saignement, elle prit par la chemise le jeune homme qui venait de lui tomber dessus et se dirigea d'un pas énervé vers la porte de sortie, d'où elle le balança dehors sans ménagement. Une acclamation retentit, et Romy se revit dans son souvenir, alors que ses amis l'acclamaient pour qu'elle vienne se joindre à eux. Déglutissant, elle reprit le chemin et se dirigea derrière le comptoir, où Alianor peinait à ouvrir une bouteille. La lui prenant quelque peu violemment des mains, elle l'ouvrit en tapant le bouchon sur le comptoir, puis la tendit à son amie. L'important, c'est de rester calme. Elle le savait, mais elle était également consciente que ça serait au dessus de ses moyens.
Romy tentait de satisfaire tous les clients qui étaient accoudés au bar. Vitesse et précision étaient de rigueur, mais elle renversa une boisson sur l'un des clients. Après s'être confondue en excuses, elle finit par offrir un cocktail gratuit au client. C'est alors qu'un fracas retentit, et, se tournant, elle aperçut Alianor, ses yeux paniqués rivés vers le sol, regardant les débris d'une bouteille de vodka. La bouche de Romy s'ouvrit, puis se referma, et elle accouru vers la blondinette. La colère la gagnait de plus en plus, et, lorsque sa bouche s'ouvrit à nouveau, un peu de sa lave s'échappa, pour se déverser sur Alianor.
« T'aurais pu faire gaffe ! En plus c'était la dernière bouteille ! Et j'ai au moins vingt personnes qui voulaient un cocktail avec de la vodka ! Bon sang c'est pas possible . »
Se baissant, elle chercha une serpillière sous le comptoir et la déposa sur le liquide, qui commençait à se répandre, formant une grande flaque sur le sol. Romy avait éclaté, comme la bouteille de vodka. Et, malgré elle, elle savait que durant les prochaines minutes, ça allait barder.
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Sam 14 Nov - 5:00 | |
| L’agitation et la fébrilité qui animaient le bar étaient à leur comble. Vers huit heures et demi, on enregistrait généralement un premier pic d’activité. Le second survenait aux alentours de dix heures et demi, et Alianor sentait la panique la gagner à la pensée de ce qui l’attendait. Le vendredi, l’animation était décuplée, et tous ces étudiants gagnés par la fièvre du week-end sortaient boire un coup, rigoler entre copains, s’éclater, quoi. Ce qu’Alianor n’avait pas fait depuis très, très longtemps. La serveuse se faufila entre les tables encombrées. Les tables étaient serrées et grouillantes de monde, les chaises s’entrechoquaient au même rythme que les chopes de bière débordantes de mousse ou des coupes de champagne. Quoique, champagne. Ce n’était pas vraiment la spécialité de la maison. Vodkas, mojitos, margaritas, cosmopolitans et autres mélanges alcoolisés composaient la majorité de la charge qu’Allie s’escrimait à transporter sans renverser. N’importe qui aurait pu dire qu’elle était débordée en la voyant se frayer difficilement un chemin entre des tables, réunissant des bandes de copines surexcitées ou des jeunes hommes dont la conversation sur les buts de Materazzi se faisait entendre à des kilomètres à la ronde. N’importe qui, mais personne ne la regardait sauf pour passer commande, et de toute façon, c’était son boulot et rien d’autre qu’elle faisait depuis maintenant une bonne heure. D’un coup d’œil, elle vit Romy lui indiquer qu’elle se rendait dans la salle pour servir. Alianor hocha la tête, se dirigeant derrière le comptoir, pour le prochain quart d’heure au moins. C’était moins physique, mais cela demandait une capacité à jongler avec les différentes bouteilles d’alcool et de liqueur afin de produire les parfaits mélanges demandés. Capacité qu’elle n’était pas sûre d’avoir ce soir… C’était tout sauf le temps de discuter. Alianor se plia donc aux désirs des clients, servant à celui-ci une Corona pression, à celle-là un Bloody Mary. Au bout de vingt minutes de commandes semblables, elle sourit devant une jeune fille à l’air sage qui lui demanda un Shirley Temple.
«Mon premier cocktail sans alcool de la soirée ! Santé!»
Mais sa bonne humeur passagère s’estompa vite. Bien vite, elle fut submergée par les commandes qu’elle n’effectuait qu’après une bonne dizaine de minutes. Elle se trompa plusieurs fois, et fut obligée d’aller demander à trois différents clients de lui rappeler ce qu’ils lui avaient commandé. Elle repoussa la mèche trempée de sueur qui lui barrait le front. Evidemment, elle avait oublié qu’elle venait de renverser une bière. Elle soupira en sentant sa mèche devenir poisseuse et coller à sa peau. Et vous croyez qu’elle avait le temps de se laver le visage? Of course not. The show must go on. C’était Romy qui lui avait mis dans la tête cette manie de parler anglais au plein milieu de sa vie quotidienne et italiana. Elles passaient des heures à se moquer de l’accent de l’autre : canadien pour Romy, british pour Allie qui avait tout appris à Londres. Pour la blonde de Vancouver, l’accent anglais n’était bon que pour les films historiques et Pirates des Caraïbes. Un bref coup d’œil à Romy suffit à Alianor pour se rendre compte que ce n’était vraiment, vraiment pas le moment de commencer à la narguer sur sa prononciation. Elle était tout sauf d’humeur à subit une engueulade, et, étant déjà arrivée en retard, sentait que Romy était à bout.
Elle reprit son calvaire qu’elle appelait job, et se trouva bientôt presque somnolente, active comme une abeille, mais presque endormie de l’intérieur. Elle se mit à réagir comme une automate, chose qui lui arrivait souvent durant ses soirées de boulot. Qu’est-ce que vous désirez, très bien, et vous, ce sera? Je vous l’apporte tout de suite, voilà votre verre, l’addition ici, OK, tout de suite. Prise de bouteille, débouchonnage, versage, mélangeage, servage. Versage, servage, reversage, reservage. Routine qui se répétait sans fin. D’un coup, tout son calme intérieur s’écroula. Elle aperçut ce jeune homme qui était entré, s’était assis juste devant elle, sur le siège qui venait de se libérer, et l’avait vu lever les yeux. Lever les yeux. Les yeux. Ses yeux… Les mêmes. Un lecteur d’iris n’aurait pas fait la différence. Enfin, c’est l’impression que la jeune femme avait, ayant l’esprit tout embrumé par les volutes d’alcool qui encombraient le bar. Ces yeux, donc. Incroyablement, sensiblement les mêmes que ceux plongés dans les siens trois ans plus tôt. Sa première fois… Pourtant, ce n’était pas du tout la même personne. Pas du tout. Elle avait aimé un Autrichien à la peau très claire, et devant elle se trouvait devant un Italien typique aux cheveux de jais et au teint mat. Pourtant, les yeux gris perçants étaient bien les mêmes. La bouteille de vodka resta en suspension dans sa main moite tandis qu’elle se perdait dans la contemplation des yeux du jeune homme (qui devait la croire folle) et, du même coup, dans ses souvenirs.
Une nuit d’hiver, dans un café viennois. Les gens qui arrivaient, gelés, frigorifiés, les oreilles et le bout du nez rose de froid, étaient bien vite réchauffés par la danse, l’alcool et la température presque caniculaire de la petite salle. Au rythme des polkas et des mazurkas entraînantes jouées par des violonistes, on dansait, dansait, tourbillonnait sans fin, ne s’arrêtant que pour boire un verre en reprenant son souffle. Ce soir-là, Alianor se trouvait avec sa mère. L’ambiance générale était festive, et les musiciens avaient entamé une de ces danses où les partenaires valsent une bonne minute, puis s’échangent entre eux. Allie, enchantée, avait vu défiler devant elle des hommes jeunes et moins jeunes, beaux, puis moins beaux, mais toujours sympathiques et joyeux. Puis, elle s’était retrouvée dans les bras de ce garçon aux yeux envoûtants. Lorsque les partenaires s’étaient lâchés, elle l’avait cherché des yeux, encore et encore, apercevant au passage sa mère, aux anges dans les bras d’un bel homme. Un quart d’heure plus tard, le hasard réunit une fois de plus Alianor et ce jeune homme qui s’avéra s’appeler Stefan. Stefan. Elle et lui dansèrent pendant un temps que Allie ne saurait déterminer, une minute ou une heure, se séparant de la masse des valseurs échangistes (façon de parler) pour se regarder dans le blanc des yeux. La nuit s’écoula comme elle devait s’écouler. Sa mère décida peu de temps après du départ de Vienne, histoire de s’assurer que sa fille ne s’attache pas trop à ce possible amour qu’elle devrait bientôt quitter. Cœur brisé. Premier cœur brisé. Et depuis cette nuit-là, aucune des rencontres amoureuses d’Alianor n’avaient duré plus de deux semaines. Anissa finissait toujours par partir, loin, avec sa fille, de sorte que cette dernière n’était jamais vraiment tombée amoureuse. Oh, Stefan…
Un bruit de verre brisé retentit. Les pieds d’Ali se retrouvèrent trempés d’un liquide glacial. Merde, la vodka!
Une tornade blonde se précipita sur elle.
« T'aurais pu faire gaffe ! En plus c'était la dernière bouteille ! Et j'ai au moins vingt personnes qui voulaient un cocktail avec de la vodka ! Bon sang c'est pas possible . »
«Mais je… je…»
Bégaiement ? Vue qui s’embrouillait? Non, non, pas question ! Pas question de pleurer. Les larmes lui montaient pourtant déjà aux yeux. Allie les refoula.
Dans son cas, s’empêcher de pleurer avait un prix. La colère.
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Jeu 19 Nov - 22:02 | |
| La colère. C'est un sentiment que tout le monde parvient à ressentir, à un moment où un autre de sa vie. Selon certaines circonstances, on sent notre corps se couvrir de tremblements, une hausse de température indéniable s'empare de nous, une impression que la lave se déverse en nous, d'être devenu subitement un volcan en sommeil depuis un moment, et qui a été éveillé, et s'apprête à déverser sa lave sur les environs, ne laissant pas de prisonniers. Voilà exactement ce que ressentait Romy à cet instant précis, ce sentiment de colère l'avait atteint, et elle savait qu'elle ne le vaincrait qu'en ouvrant la bouche et laissant la lave sortir d'elle, jusqu'à ce qu'elle se sente repus.
Le liquide que contenait la bouteille de vodka s'était éparpillé sur le sol, formant une flaque qui s'élargissait de plus en plus, et qui faisait penser à la blondinette à un lac, à la montée des eaux qui allait envahir le bar. Si elles ne se dépêchaient pas de réparer ce désastre, l'eau continuerait à couler, et terminerait aux pieds des clients assoiffés. Ces derniers, ayant trop soifs et marre d'attendre leur commande, se baisseraient alors, pour finir accroupis au sol, léchant le liquide avidement... puisque c'était le seul alcool qui leur parvenait rapidement. Scénario très stupide, n'est ce pas ? Et pourtant, c'est ce qu'était en train de s'imaginer la jeune femme, l'un des rares moyens pour elle de faire abstraction de sa colère, de l'oublier, de la cacher dans un coin de ses pensées et de l'oublier.
Généralement, Romy ne désirait pas s'emporter ; mais elle n'y pouvait rien. C'est l'une des facettes de son caractère, elle est une tornade imprévisible, et peut s'énerver pour un rien, avant de retrouver brusquement le sourire, oubliant complètement son comportement désagréable d'auparavant. Schizophrène ? Non, n'allons pas jusque là, puisque Romy est parfaitement consciente de ses actes et de ses paroles, il y a juste des crises de colère qui éclatent un jour par ci par là, et qui sont quelque peu incontrôlables. Tous ces sentiments qu'elle passe son temps à refouler ressurgissent brusquement, et il faut dire que cela fait mal, très mal. Comme la pauvre Alianor va en faire les frais.
Agenouillée sur le sol, déposant une serpillière sur la vodka pour l'empêcher de se propager plus et d'atteindre les clients, la blondinette se sentait plus que ridicule, et une envie de rire la prit soudain. Ses pensées se bousculaient tellement dans sa tête qu'elle parvint à oublier une fraction de seconde sa colère. La vision des clients buvant à même le sol, l'aidant à éponger le liquide, entrouvrit ses lèvres pour laisser échapper un sourire. C'était stupide, mais elle avait très envie que cela arrive.. histoire de la distraire un peu.
Malheureusement, les bons sentiments ne durent pas, le bonheur s'efface forcément au profit d'un sentiment plus noir, plus triste, plus.. énervant. La colère recommença à la gagner alors que le liquide continuait son bonhomme de chemin vers les jambes de la blondinette. Pas question qu'il mouille sa jupe, il n'y avait pas moyen. Elle laissa échapper un grognement imperceptible, et soudain, ressentit les bruits autour d'elle comme s'ils avaient augmenté d'un ton, l'assourdissant. Les cris des clients attendant leurs commandes, les rires, le bruit d'un baiser lui fit mal au ventre. Brusquement, une main s'abattit sur le comptoir, et une voix forte retentit. Cela devait être un client très impatient, et mécontent après sa longue journée de travail. Ou pas. Romy ne laissa pas ses oreilles se tendre vers cet inconnu, et ne comprit pas un seul mot qui sortit de sa bouche. Elle n'en avait rien, mais absolument rien à faire, de ce qu'il désirait. Elle aurait apprécié être ailleurs, qu'à genoux dans de la vodka.
Elle reprit conscience de la présence d'Alianor lorsque cette dernière bafouilla quelques mots. L'agacement commençait à gagner Romy, qui tenta tant bien que mal de ne pas ouvrir la bouche pour hurler sur son amie. Car, justement, elle était son amie. Et se devait d'être sympathique avec elle. Alianor n'avait pas fait tomber cette bouteille exprès, c'était une maladresse. Justement, peut-être qu'elle pourrait apprendre à être plus adroite, étant donné que l'on travaille dans un bar, non ? Ça serait utile. Une pointe de sarcasme dans les pensées de la blondinette, qu'elle balaya d'un petit soupir. A nouveau cette voix vint bousculer ses rêveries, tandis qu'elle se levait vers la source de cette voix, qui lui tapait de plus en plus sur le système.
« Monsieur, s'il vous plait. On est que deux ici, pas cinquante ; et on a quelques problèmes de bouteilles cassées. Alors si vous pouviez faire preuve d'un peu de patience, ça nous ferait pas de mal, et je crois que ça vous grandirait un peu, d'apprendre la patience. »
Incroyable, mais vrai ! Romy n'avait pas hurlé. Même si, dans sa voix, il y avait ce pincement agacé qu'elle redoutait, au moins, elle n'avait pas crié sur l'homme à lui déchirer les tympans. Il la regardait désormais, avec des yeux quelque peu médusés. La jeune femme ferma deux minutes ses yeux, avant de les ré-ouvrir, et de se pencher vers son amie, toujours au sol. La flaque de vodka était presque entièrement absorbée désormais. Si elle avait été d'humeur, elle aurait tapé la main de son amie dans la sienne, telle deux gamines qui fêtent une petite victoire contre un méchant garçon du coin. Malheureusement, elle était loin d'être de bonne humeur.
« Bon, ça c'est réglé. Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux avant de regarder Alianor d'un air quelque peu méprisant, qui n'était pas vraiment voulu, mais plutôt le contre-coup de sa colère, qui sommeillait encore en elle, tel un démon à l'affût, cherchant le bon moment pour attaquer. Tu t'occupes des mecs à droite ? Je prends la commande de ces deux là bas. »
Des ordres quelque peu secs lancées à son amie, auxquels elle ne prêta pas plus attention que cela. Si elle avait été dans son état normal, elle aurait sans doute vu qu'Alianor était loin de se sentir bien, et prête à prendre ses ordres. Elle semblait, au contraire, elle aussi sur le point d'exploser. Se dirigeant à grands pas vers l'homme l'ayant interpellé auparavant, elle se hâta de lui servir sa commande, retrouvant les mouvements familier pour faire un Manhattan ; un scotch avec un citron. Alors que ses mouvements étaient enfin quelque peu coordonnés, sa main se mit brusquement à trembler, et une bouteille manqua de se fracasser sur le sol. C'est alors que Romy sembla enfin remarquer la présence d'Alianor tout près d'elle, la regardant.
« Qu'est ce qui se passe ? Sa voix était devenue plus douce, certes, mais n'allait pas le rester. Il lui manquait encore trois clients à servir, une table à débarrasser au fond... et à détourner ses pensées de la colère. Mais elle n'y arrivait pas, et sa voix reprit ce ton plutôt méchant qu'elle avait quelques secondes auparavant. Dépêches-toi, ils attendent leurs commandes ! C'est vraiment le bordel ce soir, ils se sont donnés le mot ou quoi ?! Je meurs d'envie de monter sur le comptoir et de les renvoyer chez eux, ou, oui mieux, de les arroser avec un jet d'eau puissant, qui les propulserait à quelques kilomètres d'ici. »
Tentative pour détendre l'atmosphère ? Oui, car Romy connaissait bien Alianor. Et elle savait qu'elle était aussi colérique qu'elle, et que, si ça explosait entre eux ce soir, il risquait d'y avoir quelques bouteilles cassées. D'un côté, elle détestait se disputer avec son amie. Mais, de l'autre, elle savait que toutes les deux avaient besoin de laisser s'échapper leur colère afin de se sentir mieux après, et d'être plus proches aussi. Le problème était, laquelle allait craquer la première ? Tout compte fait, la blondinette ne tient pas à le savoir.
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Dim 20 Déc - 0:33 | |
| Et voilà que l’état d’esprit du robot reprenait ses droits. Alianor servait, renversait, essuyait, jonglait avec les bouteilles, répondait, et recommençait sans fin. Mais, petit changement; au lieu de plonger son esprit dans une brume comateuse, elle l’occupait à réfléchir, à des choses qui n’avaient strictement aucun rapport avec son boulot, oui, c’était vrai. Mais au moins elle se sentait vivante, et lentement l’adrénaline parcourait ses veines à la vitesse de l’éclair (ou, plus précisément, d’une révolution cardiaque – systole auriculaire. Poum. Systole ventriculaire. Tchac. Diastole générale. ). La blonde nordique savait plus que quiconque que son physique était loin de renfermer une jeunde fille douce, calme et posée. Elle aimait à se dire qu’elle était semblable à ces héroïnes hitchcockiennes – Glaciales à l’extérieur, brûlantes à l’intérieur. Eh oui, si Alianor Lineski se voyait comme l’héritière de Grace Kelly, laissez-la vivre! Laissez-là rêver, le soir dans sa chambre, à un monde où elle serait riche, connue et célèbre, où les plus grands créateurs la verraient comme une muse et lui créeraient sacs et parfums (Lineski Calèche c’est pas top comme nom quand même. Alianor forever?).
Hop hop hop. On rembobine. On est au bar, là. Les rêveries, c’est bien, mais ce sera pour quand elle pourra se peletonner sous sa couette, c'est-à-dire… après le service. Dans quelques heures. Là, il fallait se concentrer. Ce n’était pas vraiment le moment de se planter. Sinon, Romy ne répondrait plus de rien, Allie était bien placée pour le savoir. D’ailleurs, celle-ci venait de relever la tête, une mêche de cheveux suivant l’ovale de son visage hâlé. Ses yeux bleus exprimaient une lassitude sûrement semblable à celle qui devait orner les pupilles d’Alianor. Mais dans les iris d’azur si pétillants lorsque leur propriétaire souriait, Allie pouvait clairement y lire le combat intérieur qui l’animait : colère, contre maîtrise de soi.
Elle le savait parce que ça lui était si souvent arrivé. Parce que ça lui arrivait en ce moment même. Lutter contre sa nature n’a rien d’aisé. Souvent, il faut recourir à des trésors de zen attitude intérieure, de reproches qu’on se fait à soi-même pour ne pas les faire aux autres, de tranquilité qu’on essaie désespérément de se créer dans nos petites cellules de la moelle épinière, et surtout, de prendre sur soi. De se consoler intérieurement pour son amour-propre blessé. Étrange, mais vrai : les colériques, au moment de leur explosion, considèrent presque le fait de s’énerver sur les autres comme une défense de leur honneur. Et, inversement, se calmer pour éviter d’invectiver quelqu’un qui l’avait mérité, ça revenait à s’aplatir. Toutes ces qualités, dans le feu de l’action, on s’en foutait tellement qu’il était en général impossible de s’en rappeler. On ne les possédait pas, et de toute façon, à quoi servaient-elles? Pourquoi se calmer, pourquoi abandonner la bataille, pourquoi retenir ces répliques cinglantes qui ne demandaient qu’à franchir la barrière de la langue? La réponse était simple. Parce que, sitôt le feu réduit à l’état de cendres, on regrettait souvent, très souvent, ce qu’on avait fait. On comprenait qu’il aurait été plus raisonnable et préférable de ne rien dire. Surtout si c’était au nom de l’amitié. C’était simple, et c’était une très bonne raison, mais il fallait peut-être encore plus d’énergie pour se concaincre qu’elle en valait la peine que pour réussir à mettre en place un self-control inébranlable,
Bref, vous l’aurez compris, Allie était environ aussi maître dans l’art de se maitriser que Calypso Spinelli dans celui de terrasser un sumo. Et il en était de même pour Romy (se calmer, pas mettre un sumo K.O. Quoique… justement, quand elle s’énervait… ça restait à prouver XD).
Et ce soir-là, alors qu’Alianor voyait se battre dans les yeux de son amie la Colère contre l’Amitié (c’est peut-être caricatural, mais c’est vrai : rappelez-vous, dans les films, quand on voit l’ange et le démon, sur chaque épaule du personnage, s’engueuler et essayer de convaincre le pauvre idiot qui n’arrive pas à choisir.), elle en venait à l’admirer. Elle-même doutait de la réaction qu’elle aurait eue. Elle aurait probablement giflé Romy et explosé une bouteille sur la main de l’imbécile qui venait d’oser frapper du poing sur la table pour quémander son verre de whisky.
Il était gonflé, celui-là! On avait que ça à faire, peut-être? Alianor sentit une vague d’agressivité la traverser. Mais enfin! Elle-même s’activait à remplir les verres, Romy était par terre en train de réparer sa bêtise, et l’autre qui a avait commandé il ya exactement dix-huit secondes se permettait de faire l’impatient? Non mais! Il allait voir, c’t’idiot! Elle ouvrait la bouche pour laisser s’échapper une floppée d’insultes quand Romy intervint, lui coupant sans le savoir la parole. Elle non plus n’était pas un modèle de calme - les cheveux déjà tout ébouriffés, les yeux luisant, les joues rouges – mais elle avait apparemment eu plus de succès qu’Allie pour ce qui était de se calmer. D’un ton (presque) tranquille et (quasiment) posé, elle l’envoya bouler. Ouf.
« Bon, ça c'est réglé. Tu t'occupes des mecs à droite ? Je prends la commande de ces deux là bas. »
Oui de la tête. Non à l’intérieur. Comme le cancre, mais si, vous savez… Comment ça, Romy l’agressait? D’où elle sortait? Elle s’était autoproclamée employée de mois ou quoi? Pour qui elle se prenait, avec son petit chignon sage, sa jupe plissée (Allie avait la même mais ne l’aurait admis pour rien au monde, même si elle la portait at this very moment), et sa cravate qui lui donnait l’air ridicule? Non mais oh!
En l’espace d’une seconde, la colère, destinée au client râleur, qui bouillair dans ses veines, s’était dirigée contre sa collègue, qui, elle l’avait déjà oublié, avait sauvé la mise avec ce même client. Tout ça pour un petit ordre de rien du tout. Pour la cent millionième fois de la soirée, Alianor ouvrit la bouche, prête à répliquer. Romy, qui ne s’était pas aperçue des états d’âmes de son amie, la devança encore une fois :
« Qu'est ce qui se passe ? »
Ah si, en fait, elle s’en était peut-être aperçue. Comment faisait-elle? S’empêcher de hurler à en casser les fenêtres, servir les clients, ET se rendre compte que sa copine n’allait pas bien.
Aux six mots gentils adressés par la blonde n°1, la blonde n°2 se calma aussi vite qu’elle s’était emportée. Pour trois millièmes de seconde.
«Dépêches-toi, ils attendent leurs commandes ! C'est vraiment le bordel ce soir, ils … »
Sans même écouter la suite de ce que Romy avait à lui dire, Alianor sentit le feu de la colère, débordant, écumant, la submerger. Elle ferma les yeux. Deux secondes.
Quand elle les rouvrirait, ou elle aurait trouvé suffisamment de bonne volonté dans ce qui l’habitait pour pouvoir répondre posément et continuer la soirée, ou au moins les prochaines minutes, sans encombre. Ou bien, et c'était sans doute plus probable, elle se déchaînerait.Désolée pour le temps que j’ai mis à répondre ^^. Et pour la qualité du RP, préviens moi si tu arrives à le comprendre :). Tiens, pour me faire pardonner, je te laisse l’honneur d’exploser la première |
| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Ven 25 Déc - 23:02 | |
| Tout son corps était secoué de tremblements. Le bruit, les commandes des clients qui fusaient, les éclats de rire et l'odeur de la vodka qui lui montait au nez, tout cela additionné commençait réellement à faire trop. Elle avait froid, elle avait chaud, et surtout aucune idée du cocktail qu'elle était en train de concocter. Après une demi bouteille de vodka, voilà maintenant du whisky, un zeste de citron, du rhum, une boisson étrange qui sentait la noix de coco. Le verre était rempli à ras bord, le mélange puait l'alcool, et n'était pas des plus light. Pourtant, prise d'une impulsion, et puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire avec ce cocktail fait maison, Romy le descendit, d'un train, avant d'être prise d'une quinte de toux. Elle avait la gorge en feu, et ne sentait plus ses poumons. Une envie de dégobiller la prit brusquement, mais, après une inspiration, elle passa. Le monde tournait autour d'elle, et certains des clients la dévisageaient d'un air ahuri, d'autres plutôt excité, l'air de celui qui a l'impression que la serveuse ne va pas tarder à arracher sa chemise. Plutôt que la chemise, Romy défit sa cravate, qui, soudainement, l'étranglait légèrement. Jamais elle n'aurait dû descendre ce cocktail, déjà elle sentait l'alcool se propager dans ses veines, infiltrer chaque cellule de son sang, et la rendre de minute en minute moins consciente de ses faits et gestes ; mais également de ses paroles.
Les bouteilles glissaient entre ses doigts tremblants, et les clients criaient leur joie d'être en week-end en même temps que leur mécontentement face à la soudaine incompétence de la blondinette. Poussant un soupir excédé, elle prit une commande, rassembla toute son attention sur ce jeune homme plutôt attirant, qui lui faisait penser à un acteur dont le nom lui échappait. Ce n'était pas le moment de se concentrer à la recherche de l'acteur perdu, mais plutôt de choisir les bonnes bouteilles et de faire le bon mélange, opération qui devenait de plus en plus difficile. Le cocktail avait laissé un goût amer, écœurant dans sa bouche, si bien que lorsqu'elle déglutissait, elle ressentait l'effet de l'alcool. Quelle idée de travailler dans un bar.
Un client, deux clients de moins, les commandes se prenaient à nouveau rapidement et efficacement, l'alcool dilué tout doucement dans le sang de la jeune femme, elle se sentait les idées un peu plus claires, même si elle mourrait d'envie de danser sur le comptoir. L'instant de repos arriva comme le messie, et Romy s'assit carrément sur le comptoir, dos aux clients, mais juste à côté de leurs boissons, manquant d'envoyer à nouveau un verre éclater au sol. L'alcool avait certes calmé sa colère, mais, contrairement à ce qu'elle imaginait, il était loin d'être dilué dans son sang ; il stagnait plutôt, à haute dose, et commençait à lui monter à la tête. Romy n'avait jamais bien su résister à l'alcool, mais elle savait bien dire non poliment, puis plus fermement lorsqu'il le fallait, ce qui lui a sans aucun doute permis d'éviter bien des carnages voire même des viols par des garçons un peu trop bourrés. Ce soir là cependant, elle ne se sentait pas d'humeur à dire non, à y résister. Elle voulait simplement trouver un certain réconfort dans ce mélange amer dont le goût avait prit possession de son haleine, emplissait encore sa bouche. Réconfort, oubli face à la colère qui l'avait animée, sorte de potion magique qui ferait redescendre la lave de colère qui était montée jusqu'à sa gorge, et la ramènerait à la base du volcan. Hélas, l'effet escompté n'avait pas eu lieu, et sa bouche était toujours emplie de cette colère qui l'étranglait, mais aussi de l'alcool dont l'odeur commençait à lui donner mal au cœur.
Un client la héla, et Romy se demanda une fraction de seconde s'il la prenait pour un chien, un bon saint Bernard affectueux toujours là quand on a besoin de lui. Non, elle n'était pas une bonne poire. Et elle n'en avait absolument rien à faire de servir ses besoins, de combler son manque d'alcool, de remplir son verre pour assouvir sa soif. Elle désirait le clouer au mur, et lui donner des baffes, pour faire passer sa colère. Romy ne daigna même pas se retourner, et resta les yeux fixés sur les bouteilles de vodka ornant l'étagère en bois en face d'elle, à demi consciente de ce qui se passait derrière elle, et ne contrôlant pas ses pensées dans sa tête. Alianor passa devant elle, doucement, elle aussi avait l'air d'un volcan prêt à exploser. Cette soudaine compagnie fit naître un sourire sur le visage de la blondinette, qui disparut aussitôt en remarquant la lenteur à servir de son amie. Trop tard, elle n'en pouvait plus. La lave était remontée d'un coup- fort heureusement, l'alcool est resté en bas dans son estomac-, et le rouge monta aux joues de la jeune femme. Descendant d'un bond, et manquant de tomber, elle se rattrapa à l'étagère, mais la lâcha à temps. Sinon, les bouteilles se seraient toutes écrasées au sol, agrandissant le petit lac précédemment formé par Alianor, mais également alimentant la lave en colère de Romy, la rendant plus vivace. Elle avait eu assez de self control. Elle avait fait tout ce qu'elle avait pu, et pourtant, ça n'allait pas. Trop de clients, trop de pression. Ce métier était vraiment sans action, sans piment, sans rien. Juste épuisant, et énervant. Si elle avait pu improviser une danse sur le comptoir, pour détendre l'atmosphère et faire patienter les clients, en même temps qu'Alianor préparait leurs commandes, tout aurait été si simple ! Mais si elle faisait ça, c'était au risque de se faire virer, de perdre sa source de revenu principale- puisque les versements réguliers de ses parents n'étaient pas ce que l'on appelle « se débrouiller seul » . Un soupir excédé, à nouveau, Romy poussa presque brutalement son amie. Alcool et colère ne font pas bon ménage.
« Laisse, je m'en occupe, j'irais plus vite, beaucoup plus vite. » Son ton était dur, tranchant comme une lame de rasoir. Même le client qui attendait sa commande passa du regard impatient à celui limite choqué de la voir parler ainsi à sa collègue. C'était plus fort qu'elle, sa voix était montée d'un cran, elle avait craqué. Ça allait barder, malheureusement. « Comment ça se fait que t'es toujours aussi lente, tu m'expliques ? On a pas le temps pour les rêveries bon sang, regarde autour de toi ? C'est plein de chez plein ! Essaye de penser un peu à autre chose qu'à ton ami imaginaire pour une fois. » Tissu de mensonges, Alianor n'avait pas d'ami imaginaire, du moins pas à la connaissance de Romy. Et pourtant, l'alcool lui faisait sortir des idées absurdes, des phrases dégueulasses qu'elle allait sans doute regretter en se levant demain matin. Les mains de la jeune femme tremblaient encore lorsqu'elle tendit le verre au client étonné, qui partit sans demander son reste, espérant sans doute ne pas être l'innocente victime qui passerait la tête sous la guillotine du courroux de Romy. Cette dernière continuait à s'agiter dans tous les sens, bousculant sans ménagement Alianor pour servir des clients, faisant des mouvements plus que anormaux pour une fille normale, mais plutôt habituels pour quelqu'un sous l'emprise de l'alcool. Les yeux de son amie s'étaient fermés, et ses points s'étaient serrés sous le coup de la colère. Elle allait aussi exploser, et Romy se surprit à penser que ça allait peut-être empêcher les clients de se resservir une choppe de bière. « Bouges toi bon sang, ne sois pas si molasse ! J'en ai marre, marre, marre. Tu veux me laisser servir seule et aller faire une danse sur le bar ? » Des cris d'encouragements retentirent, mais Romy les ignora royalement. « Vas-y si tu veux, peut-être qu'au moins ils seront distraits et ne commanderont plus ! A moins que tu daignes bouger pour que je puisse la faire, cette danse ? » Seconde acclamation. Romy se surprit à penser que ce serait réellement amusant, de danser autour des cocktails, et à se demander si c'était si sympa que ça, d'être sous le feu des projecteurs.
[pas de problème, désolée à mon tour pour le petit retard & pour la médiocrité --', j'espère que ça t'ira tout de même : ) btw, joyeux noël ♥ ]
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| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Jeu 28 Jan - 2:57 | |
| Parfois, Alianor Maia Lineski se croyait schizophrène. Elle ne voyait pas d’autre explication à ses sautes d’humeur imprévisibles et soudaines. Tenez, depuis le début de cette soirée-là, elle était passée du coq à l’âne une bonne dizaine de fois. Calme, colère, brusque élan d’amitié pour Romy puis mépris pour la blondinette. Maturité qui ne lui ressemblait pas suivie d’un caprice enfantin. Elle ne savait plus quoi penser. Se sentait mal de ne pas se connaître, de ne pas pouvoir se prévoir un minimum, d’être aussi surprise de ses réactions que ses interlocuteurs. Elle aurait tué pour pouvoir se dire Voila, je suis une fille calme et posée; Vous savez, je suis rebelle et anarchiste ou même Je suis une bimbo écervelée. Plutôt que de devoir se définir telle qu’elle se connaissait, c’est-à-dire imprévisible. Ni réfléchie ni impulsive, car elle oscillait entre les deux à longueur de journée. Même le mot indécise ne convenait pas, car quand ses hormones prenaient le dessus, elle était à 100% ce qu’était. Mais ne l’était plus trente secondes plus tard. Noir ou blanc, gentille ou insupportable. Juste milieu? Connais pas.
En ce vendredi soir banal mais non moins pénible de service au bar ‘A Luigi’, Alianor était encore plus insupportable à elle-même. Ses réactions à vif étaient encore plus changeantes et passionnées, amplifiées par la fatigue. L’épuisement, en général, rendait ou les gens las et harassée, près à faire preuve de recul s’il le fallait, ou bien d’une humeur massacrante et égoïste. Mais une personne normalement constituée ne passait pas de l’un à l’autre comme un feu de circulation.
Alianor n’était pas normalement constituée. Ses atomes n’étaient pas aux bons endroits, où alors elle avait un SPM permanent, mais en tout cas, quelque chose ne tournait pas rond chez elle. C’était ce qu’elle se disait en profitant d’un des rares moments où son cerveau la laissait tranquille pour passer une éponge sur le comptoir du bar qui commençait à ressembler dangereusement à une chambre d’adolescent. Romy, au moins, était ce qu’elle était, au moins pour une soirée: d’une humeur à terrasser un rhinocéros laineux. Elle ne ferait qu’une bouchée de l’Alianor mature et posée qui l’occupait en ce moment-même. Heureusement qu’il y avait l’Allie qui viendrait à bout d’une horde de mammouths pour se défendre. Par contre, elle ne promettait rien quant à la survie des clients où à l’état du bar quand la colère serait passée.
Soupir. Au même rythme que l’air s'exhalant de sa poitrine, Alianor baissa ses yeux, qui retombèrent sur la flaque de vodka à moitié essuyée. Qui, se rappela Allie, avait en fin de compte déclenché l’altercation de la soirée. Peut-être que sans sa maladresse incorrigible elle aurait pu l’éviter. Romy et elle s’entendaient bien, parfois. Quand tout allait bien et qu’elles étaient toutes deux de bonne humeur, elles faisaient tourner le bar en papotant, se racontant leurs petits problèmes et leurs rêves bizarres, allant souvent jusqu’à entamer des discussions philosophiques sur la vie avec les clients. Combien de fois avaient-elles remonté le moral, à coup d’encouragements et de boissons gratuites, d’un jeune en mal d’amour, une femme trompée, de n’importe quel Italien venant noyer son problème dans l’alcool? Oui, elles formaient un belle équipe, Romy et elle. Prêtes à prouver au monde qu’une blonde peut parfaitement être à la fois intelligente et sensible. Prêtes aussi à faire un coup d’État pour détrôner Berlusconi. Mais ce soir, comme beaucoup d’autres soirs, ce n’était vraiment pas ça. Elles en avaient eu de pires, mais il fallait reconnaître que les évènements s’étaient ligués contre elles. En arrivant, en retard bien sûr, Alianor avait vite constaté que le bar était bondé, que Romy ne parvenait pas à tout gérer, que de plus elle n’avait pas l’air de bonne humeur. Allie elle-même était plus que crevée, ce qui pouvait l’amener à bien des extrêmes. Puis ce garçon aux yeux Stefan-esques avait fait son apparition, et la bouteille de vodka avait glissé des mains d’Alianor pour finir sa course en explosion sur le sol. Elle avait présent à moitié disparu, séchée et frottée par Romy et elle, mais le liquide poisseux continuait d’entraver leurs mouvements. Alianor mourait d’envie de faire disparaître sa gaffe (impossible, pas de serpillère, dans ce fichu bar!) Histoire d’avoir une raison d’exploser de colère contre Romy comme celle-ci allait le faire dans un millième de seconde, car, évidemment, Allie servait avec une lenteur d’escargot, perdue comme elle l’était dans ses pensées.
Et Romy explosa. Durement, méchamment, ses yeux luisant de colère dans la pénombre. Mais il fallait reconnaître qu’Alianor le méritait! Elle explosa littéralement. Comme c’était prévu, mais pas tout à fait. Dans sa réplique cinglante chargée d’ironie cynique, elle avait offert, peut-être même volontairement, une alternative à Alianor. Alternative qui avait été entendue par les clients, vu que Romy s’égosillait à s’en déchirer la gorge, et saluée, car il fallait avouer qu’elle promettait de mettre de l’ambiance.
J'en ai marre, marre, marre. Tu veux me laisser servir seule et aller faire une danse sur le bar ?.
Dans la bouche de Mlle Lineski se formait déjà sa répartie cassante. Ses lèvres roses s’entrouvrirent et le flot de paroles méprisantes s’apprêta à franchir la barrière de sa langue, quand une pensée l’arrêta net. Toute petite, minuscule pensée. Pourquoi pas? Fatiguée comme elle elle l’était, Alianor avait perdu tout son courage et il fallait avouer que cela permettrait de régler, du moins temporairement, le conflit. L’échappatoire était trop belle pour ne pas tenter sa lâcheté de jeune femme épuisée, énervée et culpabilisant au souvenir de la soirée infernale qu’elle avait fait passer à sa collègue... et amie. Sa décision était prise, elle allait enlever son blazer et se déhancher sur le bar comme n’importe quelle allumeuse digne de ce nom. Car, peut-être que beaucoup d’autres ne voyaient pas la chose ainsi, mais elle préférait de loin ceci à la perspective de se défendre maladroitement contre les attaques justifiées de Romy, maladroitement car, étant coupable, elle n’aurait rien d’autre à reprocher à Romy que sa dureté, et cela ne faisait pas le poids contre tout ce que la Canadienne avait à lui reprocher. Elle serait alors obligée de rétorquer avec mauvaise foi, en sachant pertinemment que ce qu’elle disait ne tenait pas debout. L’idée de s’excuser était bien sûr non envisageable, Alianor avait sa fierté. Sa fierté, justement. Son orgueil. Comment masquer sa lâcheté? Comment faire ce qu’elle avait sarcastiquement proposé sans perdre la face?
Tu sais quoi? J’y vais, juste pour pouvoir te regarder servir toute seule cette foule alors que je me la coulerais douce là-haut. Regarde le spectacle!
Relevant sa jupe, elle grimpa prestement sur un tabouret, se retrouva en quelques secondes sur le comptoir. Sans jeter un coup d’oeil à Romy alors qu’elle rêvait de le faire, elle contempla la marée humaine qui sifflait déjà. |
| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Ven 26 Fév - 22:56 | |
| C’était de la folie. Voilà la phrase qui tournait en boucle dans sa tête depuis quelques minutes, et qui décrivait parfaitement l’état du bar, son état à elle, et celui de son amie également. Dans quel pétrin s’étaient-elles fourrées ? Le patron rentrait aux alentours de 23 heures, il était 22 heures 30. État des lieux… une flaque de vodka par terre, le bar empli de verres vides ou remplis, renversés ou encore debout, de gens hurlant leur soif à tue-tête, d’une musique pop assourdissante qui lui donnait envie de s’enfuir d’ici en courant. Ça sentait l’alcool à plein nez, et, même sans avoir descendu une seconde gorgée, Romy se sentait tout comme. Elle n’en pouvait plus, trop de choses allaient mal, elle tombait dans un trou sans fin, sans que personne ne la rattrape. Trop de problèmes, trop de questions sans réponses, elle avait physiquement mal de voir tout ça, de voir sa vie devenir exactement comme ce bar en cet instant précis : un champ de bataille. Impossible de savoir contre qui elle était, pourquoi elle se battait. Elle avait éclaté, elle n’aurait pas dû. Si elle se serait contenue, les choses ne se seraient pas passées ainsi. Alianor, prête à monter sur le bar, les regards mi médusés, mi intrigués des clients, qui se demandaient sans doute si elle allait véritablement leur offrir une danse digne d’une coyote. Car, évidemment, ils avaient assistés à toute la conversation depuis le début, puisque Romy n’avait pas pu s’empêcher de s’époumoner.
La panique monta à flots, comme un cours d’eau venant refroidir la lave brulante qui l’envahissait quelques secondes à peine auparavant. Alianor se tenait à présent sur le bar, prête à danser, les yeux brillants d’une lueur furieuse, excitée, et curieuse. Romy avait envie de dire qu’elle plaisantait, que son amie ne pouvait pas vraiment le faire, danser sur un bar n’était absolument pas permis, elle n’allait réussir qu’à renverser deux ou trois verres de plus, tomber dans l’immense marée humaine qui les envahissait un peu plus chaque seconde, et perdre son emploi. Ce job, elle savait qu’elle en avait besoin, plus que tout. D’ailleurs, elle exerçait même un autre métier avec, pour assurer ses revenus à la fin du mois, pour réussir à financer les petits achats de tous les jours, comme le loyer de son appartement. Il fallait qu’elle garde ce job, qui sait ce qui se passerait sinon.
La jeune femme promena son regard à la ronde. Les clients étaient plus nombreux que jamais, et plus impatients que tout de voir ce que cette danse allait donner, qu’elle leur donne quelque chose. Et après ? Non, cela allait forcément tourner mal, c’était une intuition. Elle ravala difficilement sa salive, un goût désagréable de vodka dans la bouche. Elle couru presque jusqu’à l’endroit où Alianor était perchée, et devait attendre le début de la prochaine chanson, qui n’allait pas tarder. Alors que les dernières notes de musique résonnèrent dans la salle, et que les clients majoritairement masculins commencèrent à clamer qu’ils avaient envie d’une danse; parfois même en des termes plus que vulgaires, Romy se dit stop. Sa main se posa sur la cheville de son amie, qui se retourna brutalement, manquant de tomber du comptoir. Heureusement, elle reprit son équilibre à temps, et dévisagea la blondinette. « Non ! » Non quoi ? Non, elle ne voulait pas qu’elle danse. Non, elle ne voulait pas la voir se faire siffler d’admiration par des mâles en chaleur alors qu’elle se coltinait le sale boulot; Non, elle ne voulait pas qu’elle perde son emploi, que ce soit son amie, ou elle. « Tu ne vas quand même pas le faire… ? » Cette réflexion semblait sous la forme d’un défi, du moins telle est la réflexion que se fit la jeune femme après que les mots aient franchi la barrière de ses lèvres. Bien sûr que si, qu’Alianor pouvait le faire, si elle en avait envie ; rien que pour voir Romy hurler toute sa frustration en servant un énième cocktail. Elle n’attendit pas sa réponse, puisqu’elle la connaissait déjà. « Descends. » Ce mot sonna comme un ordre, c’en était précisément un. Elle ne pouvait pas rester là haut. L’heure tournait, le bar était en chantier, les clients allaient râler, le patron allait rentrer d’une minute à l’autre. Alianor ne bougea pas d’un pouce, toujours cette lueur de défi dans les yeux. La bouche de Romy s’entrouvrit alors, mais elle resta sèche, désespérément à cours d’arguments. Si elle voulait danser, elle n’avait qu’à le faire, après tout. Cela allait peut-être détendre tout le monde, non ? Les clients, médusés par le spectacle, en oublieraient leur soif. Chaque minute passait lentement, douloureusement, les deux jeunes femmes se dévisageaient intensément, chacune perdue dans leurs pensées, imaginant ce que ça serait si Alianor se mettait réellement à danser, les conséquences désastreuses ou bonnes que cela aurait. Entre autres choses. Soudainement, Romy vit une main se glisser sur le comptoir, et agripper la jambe de son amie, discrètement, mais fermement. Cela n’échappa pas aux yeux de lynx de la jeune femme, qui tint le bras de son amie avant que celle-ci ne tombe à la renverse sous la poigne de l’homme. Paralysée pendant quelques secondes, elle prit son amie par l’épaule pour la forcer à descendre du comptoir. Cette fois-ci il n’y avait pas de discussion possible. Pas question qu’elle se cogne la tête contre le comptoir à cause d’un client trop excité. « Tout va bien ? » Elle scruta quelques secondes son amie, qui avait encore le visage quelque peu choqué, et sans doute le cœur battant dans sa cage thoracique. La colère s’était retournée sur cet homme, cet imbécile, cet inconscient qui avait failli blesser son amie, voire même pire. Elle se retourna brusquement, et son regard croisa celui de l’homme, qui tentait tant bien que mal de se cacher derrière les autres consommateurs attablé au comptoir. « Vous, là, DEHORS ! » Terrifié par la force de son cri, qui couvrit même la musique ambiante, ses yeux se transformèrent en ceux d’un chien apeuré, et il s’enfuit sans demander son reste. Romy se retourna alors vers son amie, toujours assise derrière le comptoir. Sa voix était devenue plus douce, car elle était véritablement inquiète pour son amie. « Tu es sûre que tout va bien ? Je suis vraiment désolée de m’être emportée, la pression, trop de clients, trop de problèmes, j’arrive plus, il fallait que ça se retourne contre quelqu’un. J’aurais aimé que ça n’éclate pas contre toi, encore une fois… je suis désolée. » Les clients avaient repris leurs bavardages, et semblaient un peu plus posés qu’auparavant. Sans doute l’énervement de Romy, et son hurlement les avaient tous refroidit. Tant mieux, il y aurait peut-être moins de problèmes. Un sourire se dessina sur son visage. « J’ai bien l’impression qu’on ne fait que se disputer ; c’est peut-être notre mode de fonctionnement, après tout. » Mais, au fond, elle savait qu’elle appréciait énormément Alianor, elles étaient de bonnes amies, pas que des collègues qui passent leur temps à se disputer. Ces derniers temps, elles l’avaient sans doute un peu oublié. Sa main se tendit pour aider Alianor à se relever. Elle regarda autour d’elle, attrapa un grand verre, et le remplit de différents jus de fruits-sans alcool, sinon, ça allait à nouveau dégénérer-, avant de le lui tendre. « Allez, bois ça, et ensuite on y retourne. Mais cette fois-ci, pas de danse improvisée, je ne tiens pas à te chercher à l’hôpital. C'était la pure vérité. Si jamais elle n'avait pas vu cet homme agripper sa jambe, si elle avait réagi deux secondes plus tard, il aurait été trop tard. Un frisson la parcourut à cette idée, et elle secoua légèrement la tête pour chasser ces pensées négatives. Pour une fois, elle devait essayer de relativiser. Après réflexion, elle ajouta, en toute sincérité. Quoique, j’aurais aimé voir tes talents de danseuse. Mais dans un climat un peu moins… explosif ; acheva-t-elle dans un sourire. » |
| | | | Sujet: Re: « when everything explodes ; pv. Sam 27 Mar - 1:57 | |
| Oh, mon dieu. Alianor n’aurait jamais pensé déclencher une telle pagaille, tout simplement en se juchant sur un comptoir en Formica poisseux et en effectuant un petit déhanché. Tous les regards, principalement masculins, étaient tournés vers elle. N’étant pas naturellement le genre de fille qui improvise une danse sensuelle sur un bar en pleine nuit, elle se rendait à présent compte qu’elle n’avait pas vraiment réfléchi aux conséquences de son acte - désespéré. Les hommes italiens n’étaient pas des plus... passifs. Ils étaient faciles à échauffer, et l’alcool aidait. La jupe plutôt courte de la jeune femme aussi. San Lorenzo était presque exclusivement peuplé d’étudiants, de jeunes étudiants lassés par une longue semaine qui donneraient beaucoup pour l’oublier et pour s’amuser un coup... D’accord, ils étaient jeunes, et elle n’aurait pas à faire face à de vieux pervers berlusconiens, chauves et voyeurs, mais quand même. Pourquoi les films racontent-ils toujours n’importe quoi? C’est marrant, dans les films, quand un jolie fille monte sur le bar, les clients semblent toujours... blasés, amusés, ils lui facilitent la chose. Eh oui. Pas dans la vie. Plus le temps de reculer, maintenant. Ça pouvait même être drôle. Drôle, oui, mais ce n’était pas elle. C’était la première fois qu’Alianor accomplissait un acte aussi inconsidéré. Etait-ce pour cela qu’elle ressentait plus d’appréhension que d’excitation ? Allez, pas de réflexions, la vie était faite pour cela, pour ne pas réfléchir avant d’agir, allez, lance-toi. Allie leva les bras, comme pour ébaucher un geste de danse. Elle se mouvait lentement, autant parce que la peur lui serrait les entrailles que pour mieux retenir l’attention de la foule. Ça ne rata pas. Les sifflements et les encouragements retentissaient déjà dans le bar surchauffé. Et si le patron rentrait? Comment réagirait-il ? Et si...? Soudain, ce qui avait paru si simple à la jeune file quelque minutes plus tôt sembla infaisable. Décidément, elle n’était VRAIMENT pas comme les autres filles. Mais c’était ELLE qui s’était mise dans cette situation stupide - car elle le reconnaissait à présent, c’était tout sauf intelligent -, et, aussi fort qu’elle le souhaite, elle n'avait pas le choix. Plutôt danser toute la nuit que d’avouer à Romy que c’était elle, elle depuis le début, qui avait raison. La seule chose que la jeune fille pouvait encore espérer, c’était la fin de cette nuit, de cette danse de ce retard, de sa confrontation avec son amie et de tout ce qui la mettait dans cette situation. Et Romy, que disait-elle, à présent? Que pensait-elle? C’était peut-être la seule chose qui valait la peine dans cette histoire - voir la tête que Romy ferait devant son amie qui prenait au sérieux ses paroles en l’air. L’orgueil empêcha Alianor de se retourner - évidemment. Elle ne put donc pas voir le visage interloqué, choqué, de son amie. par contre, elle sentit très bien sa main contre sa cheville. Allie fit volte-face, reprenant dans la seconde qu’avait duré cet acte un masque de mépris propre à ce qu’elle était censée éprouver pour Romy (et non pas la culpabilité qui l’assaillait). «Quoi ?» À cette syllabe lourde et prononcée sèchement, Romy répondit fermement, mais plus doucement. «Non». Et c’est ce ton, non pas courroucé comme il aurait pu l’être, mais semblable à celui qu’une mère utilise pour réprimander son enfant. «C’est pour ton bien», semblait ajouter Romy. Le dédain qui transparaissait sur le visage d’Allie se décomposa en une fraction de seconde. Et elle fixa Romy, à qui elle devait une fière chandelle. Romy, qui lui ressemblait beaucoup - blonde, explosive, passionnée, impulsive -, Romy, qui un autre jour peut-être se serait retrouvée dans la situation compromettante d’Allie, mais qui aujourd’hui avait la maturité pour empêcher son amie de faire une belle connerie. Romy, enfin, qui savait très bien qu’aujourd’hui était un mauvais jour, qui ne se positionnait pas en donneuse de leçon mais en égale, en partenaire. Perdue dans ses pensées, dans le regard bleu de Romy, elle ne vit pas non plus, d’ailleurs, la main d’un homme passablement saoul attraper sa cheville. C’était dangereux, et il ne l’aurait sûrement pas fait dans son état normal: si elle tombait, on n’était pas dans un concert, elle ne se ferait sûrement pas porter . Elle pouvait se casser une cheville, ou un bras, en essayant de se rattraper....Bref. Mais elle n’en avait même pas conscience. Heureusement pour elle que Romy était un peu plus vigilante... Un ange gardien, cette fille, ou quoi?!
Paniquée, n’ayant pas conscience de ce qui lui arrivait, Alianor, dans un état hagard et passif, descendit du comptoir sans être même soulagée, aidée par Romy; elle l’entendit jeter le client abusif dehors. Tout cet orage passé, elle se sentait vidée. Sans énergie. À peine assez consciente pour balbutier «Merci» à Romy, merci pour le verre qu’elle venait de lui tendre, merci pour lui avoir, une fois de plus, sauvé la mise. «Oui, oui, ça va...», répondit-elle faiblement à Romy. «Tu es adorable, tu ne devrais même pas me poser la question!» L’alcool contenu dans le verre la réveilla, et des couleurs lui montèrent aux joues. «Je suis désolée, Romy, vraiment. Je suis crevée, mais toi aussi, et c’est moi qui suis arrivée en retard...et qui ai presque fait un strip-tease.»
Allie ne savait pas pourquoi, les réconciliations lui donnaient toujours envie de pleurer. De soulagement, surtout. Cette fois n’échappa pas à la règle; les larmes lui montèrent aux yeux.
«On fera mieux la prochaine fois! Et je sais même pas danser, en plus....»
[Terminé? Pas terminé? On fait quoi???? ] |
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