« Santo subito ! » proclamaient les millions de fidèles catholiques, dès le lendemain de la mort de Jean-Paul II, devant la basilique Saint-Pierre à Rome, à grand renfort de banderoles. Ils le voulaient « saint tout de suite », ce pape au charisme extraordinaire et au règne de vingt-sept ans — parmi les plus longs de la papauté. Leur prière est en passe d'être exaucée, puisque Jean-Paul II sera béatifié le 1er mai à Rome; une première étape en vue de sa canonisation. Hier, Benoît XVI a signé le décret qui reconnaît la guérison miraculeuse qui lui a été attribuée, celle d'une religieuse française « toute simple », guérie de façon inexpliquée de la maladie de Parkinson en juin 2005. Pourquoi Jean-Paul II a-t-il été béatifié si vite ? Six ans pour une béatification, cela n'est arrivé que deux fois dans l'histoire de l'Eglise, pour deux personnalités qui ont fait autour de leur nom une quasi-unanimité : Mère Teresa et Jean-Paul II. Une procédure rapide, puisque d'ordinaire il faut attendre au moins cinq ans avant d'ouvrir un procès en canonisation, mais « méticuleuse » tient à préciser le porte-parole du pape. Ces derniers mois cependant, alors que les révélations sur les prêtres pédophiles se succédaient, et qu'il apparaissait de plus en plus distinctement que Jean-Paul II avait préféré couvrir le mal plutôt que de laisser éclater le scandale, tout portait à croire que Benoît XVI aurait reporté cette béatification. Mais la pression populaire, qui ne réduit pas vingt-sept années de pontificat à cette ombre au tableau, l'a emporté.

Pourquoi cette date a-t-elle été choisie ? Non pas pour concurrencer la très laïque Fête du travail, mais simplement parce que le 1er mai correspond à la fête de la Divine Miséricorde, instituée par le pape polonais lui-même en l'an 2000. C'est cette solennité qui motive le choix de cette date, le premier dimanche après Pâques, pour « l'élever à l'honneur des autels », selon la formule consacrée. Elle a été préférée au 3 avril, jour anniversaire de la mort de Karol Wojtila, qui, cette année, tombe en plein carême, période peu propice à l'allégresse de la fête. Comment cela va-t-il se passer ? Aux touristes et pèlerins nombreux qui viendront à Rome pour Pâques, s'ajoutera une foule que l'on a encore du mal à imaginer pour suivre la messe de béatification que présidera Benoît XVI. En avril 2005, en l'espace de quelques jours, plus de huit millions de personnes avaient déferlé sur Rome pour rendre un dernier hommage au pape polonais. Ce « tsunami catholique » risque fort de se renouveler. La dépouille de Jean-Paul II quittera les grottes vaticanes pour la basilique Saint-Pierre, et son cercueil sera placé dans une châsse en marbre sur laquelle sera simplement gravé en latin : « Beatus Ioannes Paulus II ». Quand Jean-Paul II sera-t-il canonisé ? Pour l'heure, nul ne le sait. Il faudrait, pour cela, qu'un second miracle soit attribué à Karol Wojtila, et qu'il se produise après la date de sa béatification. Pour cette première étape, déjà, seule la guérison inexpliquée de sœur Marie Simon-Pierre avait été retenue parmi 271 autres proposées à la Congrégation pour la cause des saints. Les fans de Jean-Paul II guettent donc un nouveau signe.

Le cardinal espagnol Agustín García Gasco Vicente, ancien archevêque de Valence, est décédé ce matin d'un infarctus peu avant la béatification du pape Jean Paul II à laquelle il était venu assister, ont annoncé des sources vaticanes à l'agence I.media.

Selon cette agence d'informations religieuses, le prélat a eu un malaise et a été transféré dans un hôpital proche du Vatican où il est décédé d’un infarctus. La capitale italienne a accueilli plus d'un million de personnes sous un soleil radieux mais avec un temps lourd après plusieurs jours de pluie. Selon les médias italiens, de nombreuses personnes ont eu des malaises lors de la messe qui faisait suite à une veillée de prières à laquelle ont participé plus de 200.000 fidèles et qui s'est prolongée tard dans la nuit.

On attendait un nouveau miracle afin de pouvoir sanctifier, prochainement, le bienheureux, pas une hécatombe. Et ce n'est que le début des réjouissances.