| Sujet: 6 ° ~ Parfois, les liens du sang ne font pas tout ! Dim 21 Juin - 16:31 | |
| Parfois les liens du sang Ne Font Pas Tout ...
« My Lily,
On devait avoir 6-7 ans, quelque chose comme ça … On était encore des gamines, n’est ce pas ? Avec nos jolies petites couettes, et nos vêtements taille lilliputien … Nan, réflexion faîte, c’est toi qui portais des tresses, parce que moi, ma mère s’obstinait à sans cesse me faire des tresses ! Bref, on en était encore à porter des collants aux couleurs super voyantes, à nous tenir éloignées des garçons parce que « les garçons, c’est nul, ça fait que de se battre ! », et à sauter à pieds joints dans les cases tracées à la craie sur le béton de la cour, à jouer à la marelle, pour atteindre le ciel en partant de la terre … On devait être les plus mimis de notre classe, parce que tout le monde tenait absolument à nous avoir près d’eux pendant la récréation. Les filles voulaient absolument toucher nos cheveux, parce qu’en plus d’être très doux et assez longs, ils étaient blonds. Et les blonds, ça court pas les rues, surtout quand on a encore l’âge des dents de laits, et que les colorations, c’est pas pour tout de suite ! Deux blondes en territoire rital, à croire que nos parents avaient voulu faire dans l’original ! Combien de fois ai-je entendu l’une de nos petites camarades dire à tout le monde que mes parents m’avaient trouvé sur un trottoir quand j’étais bébé, parce que j’étais si laide que personne ne voulait de moi ?! Bon, les gens n’y croyaient pas trop, à ce qu’il parait, j’étais loin d’être laide ! Et puis … Et puis, il n’y avait qu’à voir ma Polonaise de mère et on était tout de suite fixé sur les raisons de ma blondeur et de mes yeux bleus. Mon côté Européenne de l’Est se lisait sur mes traits, parce que, niveau caractère, j’ai tout de la petite Ritale !!!
Les garçons, eux, en arrivaient à se battre pour savoir qui serait notre amoureux et qui viendrait chercher au portail le matin, avant de rentrer en classe … Ils étaient trop nuls qu’on disait, mais au fond, je crois que ça nous plaisait bien d’avoir notre petite harem autour de nous, ça faisait de nous des super stars, ça me préparait en quelque sorte ! Et puis … Et puis, toi, tu n’avais d’yeux que pour mes demi- frères. Je te comprenais pas, peut être parce que, moi, je ne pouvais pas en tomber amoureuse, parce que je savais que ça se faisait pas, même si ma mère et la leur n’étaient pas la même personne. Tu n’avais que des petites sœurs, d’ailleurs, tu n’as toujours que des petites sœurs, alors, je crois que tu fantasmais sur ce qu’était un garçon, surtout dès qu’il était plus âgé. A cet âge là, ça change très vite un enfant. Mes demi-frères ne jouaient plus au loup, mais bel et bien au foot, sport national et quasiment religion d’Etat dans notre beau pays ! Alors, évidemment, ils étaient beaucoup plus mignons à courir après un ballon plutôt que de se courir après … Mais je ne pense pas que ça prouve une quelconque intelligence supérieure, courir après la baballe n’est pas bien gratifiant et pas bien valorisant ! Mais après tout, qui serait venu le leur reprocher, ce n’était que des enfants, comme nous, personne ne leur en voulait … De toute façon, on grandit bien assez vite comme ça !
Tu te rends compte alors ? Cela va faire presque 20 ans, encore que pas tout à fait, quand on s’est rencontré ?! Ça pourrait nous donner un coup de vieux, mais nan, on est et on restera toujours de grands enfants ! On s’entend toujours à merveille, même après les crises d’ado existentielles qui ont pu nous amener à nous interroger sur tout, sauf sur notre amitié ! Tu as été là quand ma mère est morte, tu as été là son enterrement, comme si tu étais sa deuxième fille. Tu l’étais dans son cœur, à n’en pas douter, comme tu es ma sœur de cœur. Je sais qu’on n’a pas les mêmes parents, mais les liens du sang, ça ne fait pas tout ! Y a qu’à voir le nombre de personnes qui se plaignent de leur frère ou de leur sœur, parfois même des deux quand elles sont issues de familles multiples ! Tu m’as tenue la main dans cette douloureuse épreuve, même quand je te repoussais de toutes mes forces parce que je refusais que quiconque ne m’ouvre les yeux sur le fait que, malgré la douleur et l’abattement, la vie continuait. J’ai été une vraie garce, n’ayons pas peur des mots, avec toi, parce que je voulais absolument te dégoûter, pour que tu me lâches enfin. Je crois que je voulais surtout trouver une nouvelle raison d’être malheureuse, de pleurer sur mon sort, de m’apitoyer. Comme ça, peut être que les gens allaient encore plus venir vers moi, me couvrir de leur amour. Qu’il soit superficiel leur amour, ça m’était complètement égal, je voulais juste qu’on s’occupe encore plus de moi ! Je ne suis pas comme ça normalement, enfin, je ne pense pas, quoi que … Peut être que si, parce que je pense quand même que j’ai abusé dans certains cas avec Nate, en lui demandant sans doute trop souvent de m’accorder de l’attention. Parfois, après une journée de travail, il était crevé et pas vraiment prompt à me donner l’affection que je voulais, du moins, pas après avoir au moins pris une douche et s’être calé quelque part, juste pour souffler un peu, alors que moi, je voulais qu’il m’embrasse et me dise qu’il m’aime, tout de suite. Je ne voulais pas attendre, parce que j’estimais qu’étant pas impatiente et capricieuse par nature, certaines fois, j’avais tout à fait le droit de le devenir un petit peu.
Aujourd’hui, on vit dans le même appart’, et j’avoue que c’est pas mal ! Mais on est pas seules, y a tes sœurs aussi, et j’avoue que, parfois, on se demande bien qui sont les aînées et qui sont les cadettes. Tu sais, ça m’a parut évident, après le lycée, de voler de mes propres ailes, de quitter la villa familiale, même si elle était assez grande pour rester mon chez moi sans que je m’y sente à l’étroit. Après tout, j’y vivais depuis ma naissance, mais j’avais besoin de changement, de couper un peu les liens avec mon enfance, avec mes parents aussi. Je voulais acquérir de l’indépendance, et bien, ça s’est illustré comme ça, en prenant un appart’ avec toi, en centre ville. Ici, y a de sacrés loustics, mais on a rien à leur envier, parce que notre duo est pas mal dans son genre ! Deux blondes ensembles, ça pourrait laisser croire que l’appart’ va exploser, qu’on va y mettre le feu, tout ça parce qu’on est blonde et que les gens font des sales blagues à ce sujet ! Sachez tout d’abord messieurs dames, que vous n’avez strictement rien compris ! Alors, laissez-moi un peu vous expliquer. La blonde, ça n’a rien à voir avec la couleur de cheveux ! Bah nan ! En réalité, la blonde, c’est juste la femme au Québec, donc en gros, ce ne sont pas des blagues contre les blondes, mais des blagues misogynes … Du coup, je sais pas ce qui est le mieux … Mais bon, du coup, les femmes, brunes, rousses ou peut importe la couleur de leurs cheveux, devraient plutôt nous remercier d’endurer pour elles les blagues, elles nous doivent au moins ça, au lieu de nous taper dessus avec des gourdins, juste pour nous enfoncer encore plus, juste pour se venger parce que, tout le monde le sait, la blondeur, c’est super tendance ! Il n’y a qu’à voir le nombre de colorations blondes demandées à un coiffeur dans une journée, ou alors, les rayons cosmétiques des supermarchés, remplis au trois quart de produits de coloration, majoritairement pour coloration blonde ! Elles nous envient toutes Darling !!!
Sincèrement, j’aimerais te remercier pour ce que tu fais pour moi en ce moment. Tu sais, sans toi, je ne sais pas comment j’aurais géré le fait que j’apprenais à deux mois et demi passés ma grossesse. Tu as été très compréhensive, tu m’as pas non jugée lorsque je t’ai dis que je voulais encore rien en dire à Nate … Mais maintenant, maintenant, je change pas plus d’avis, parce qu’à voir sa réaction … Bref, je crois que je le comprend quand même un peu, mais … Mais quand même … Tu es là, pour moi, et je suis sincèrement désolée que tu sois obligée de refuser de passer une soirée en tête à tête avec Elias parce que tu vois que, un soir de plus, je vais mal. Quand même, il y a certaines choses que je te pousse à faire qui sont archies nazes ! T’es obligée de me piquer mes clefs de bagnole pour pas que je files au Frutta bosser alors même que je suis en congé, pour pas que j’aille étudier encore et encore à la bibliothèque universitaire, alors que j’y ai quand même passé ma journée … Je sais aussi que, à cause de moi, tu vérifies le contenu du frigo, pour vérifier si je manges bien, tu veilles aussi à ce que les bouteilles d’alcool soient le plus loin possible. Mais tu n’es pas Wonder Woman, et je ne suis pas née de la dernière pluie ! Tu as ta vie à côté toi aussi, tu as une vie amoureuse aussi que tu ne peux pas totalement sacrifier sur le banc de l’amitié, aussi forte cette amitié soit elle ! Alors, pendant ce temps là où tu n’es pas avec moi, évidemment, tu ne peux pas contrôler ni même surveiller ce que je fais ! Mais relax, je ne ferais rien qui risquerait de mettre en danger la vie du bébé, je ne suis pas encore assez désespérée pour en arriver à ce point ! Pas encore …
Je sais que Nate et toi, vous êtes encore proches, après tout, à toi, il ne t’a rien fait, nan ? A moins non plus d’ailleurs, dans le sens où il n’a jamais levé la main sur moi, qu’il ne m’a pas blessé physiquement. Moralement, par contre, c’est le gros bordel ! Mais bref, passons ! Je ne peux pas t’en vouloir de continuer à lui parler, c’est ton ami, vous faîtes ce que vous voulez après tout ! Je l’oblige déjà à endosser un rôle qu’il n’a, en partie, pas cherché à avoir, je ne vais pas non plus en plus faire peser sur vos épaules mes reproches et ma rancœur. Et puis, tu me connais mieux que moi-même, je suis sûre que tu vas trouver un moyen de me psychanalyser auprès de lui, sans pour autant dévoiler les choses que seule moi doit lui dire, des choses que je me dois de lui dire, mais que je n’ai pas encore le courage de faire, juste parce que je me refuse aussi à m’abaisser devant lui ! Cazzo d’amour propre va !
Ma Lily d'amour, sans toi Je Serais Perdue ...
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