Tu n'aurais pas dû... [Samuel / Julian]

« Aaaah ! »

Voilà ce qu’on pouvait entendre du fin fond du couloir, à l’opposer de la porte d’entrée grande ouverte du petit appartement de Savannah. La belle venait de se cogner le pied dans cette dernière, en tentant d’avancer à tâtons, les bras charger d’un gros sac en papier rempli de courses. Pas de co-pilote pour la guider aujourd’hui, son fils étant parti en vadrouille avec Julian. Les promesses… Encore et toujours des promesses ! Il commençait à y en avoir un peu trop au goût de la miss. Face à cela, elle ne pouvait pas dire non… A force de repousser, un jour ou l’autre, il fallait bien qu’elle cède. Comme aujourd’hui. Voilà une bonne semaine déjà que le petit la tannait pour sortir avec Julian, ce dernier voulant l’emmener en balade « entre potes ».

Flash Back

« Mamaaaaan ! Mais s’il te plait !

-Matteo… Ecoute mon cœur on avait dit que…

-Pitiiiiiiiiiiiiier !

-Bon ok, c’est bon, c’est bon ! Il viendra te chercher en début d’après-midi !

-Yeeeah !

Le bambin reprit directement le téléphone, et s’exclama, tout content :

Elle a dit ouiiii ! »

Savannah quand a elle, soupira, tout en esquissant un léger sourire en coin. Ca n’était vraiment pas grand-chose, mais voir son fils si content lui faisait plaisir. Voir un sourire illuminé son joli visage d’enfant -car le terme d’ange ne collait pas toujours à Matteo- allégeait l’esprit et le quotidien de la belle. Les soucis semblaient moins lourds, la vie moins difficile, les tracas en étaient même réduits !

Fin Flash Back

Donc pas de co-pilote, pas de guide, pas d’aide en somme… Et un cri de douleur, accompagné d’un juron, lâché par inadvertance. C’est que ça faisait rudement mal ! C’est en sautillant, ne pouvant pas poser le pied à terre, qu’elle alla jusqu’à la cuisine et déposa le sac sur le comptoir. Les provisions allaient attendre pour l’instant, elle avait bien trop mal pour s’en soucier. Grimaçant légèrement, Savannah ôta ses chaussures, qu’elle laissa traîner sur le sol, au pied du canapé. Outch ! Le temps allait faire s’envoler la douleur, mais pour le coup, elle ne faisait pas sa fière.

« Mince… La porte ! »

dit-elle pour elle-même, réalisant qu’elle l’avait laissé grande ouverte.

Elle se releva, s’aidant de l’accoudoir du sofa, et se rendit à cloche pieds jusqu’à la petite entrée de son appartement. Elle baissa le regard au niveau de la serrure, pour récupérer son trousseau de clés, et quand elle le releva, eut une surprise. Agréable peut-être pas, mais une surprise quand même. Non… ?! Lui ? Ici ?! Mais… Sur son visage se peignit un mélange d’étonnement, d’appréhension, de malaise, et de colère. Oui, une petite touche de colère, dû à la présence de cet homme sur son palier.

« …Sa… Salut. »

Au départ, elle avait failli prononcer son prénom… Mais s’était stoppée bien avant, le transformant en un simple salut, démuni de toutes émotions, froid et distant. Elle tentait de rester neutre face à lui, sans réaction ni émotion apparente. Mais c’était difficile. Une cascade de sentiment venait de se déverser en elle, sans qu’elle ne puisse les contrôler. Ne voulant pas se noyer sous toute cette confusion, il fallait qu’elle réagisse.

« Qu’est-ce que tu fais là ? Et qu’est-ce que tu veux ? »

Ca avait le mérite d’être clair… Eum.

Le destin bat les cartes, mais c'est nous qui les jouerons

[...]

« Il faut qu'on parle Sav' et tu le sais. Libre à toi de fermer cette porte et de refuser de m'entendre, mais tu sais bien qu'un jour ou l'autre il faudra le faire. Il serait peut-être temps que tu mettes un peu de côté ta rancune - même si je la mérite - .. rien qu'un moment... Non ?»

On apprend de ses erreurs, on sort toujours grandi des épreuves qui ont pu parsemer notre chemin, et ce en toute circonstance. Savannah en avait toujours été persuadée. Sa grossesse par exemple l’avait fait mûrir bien plus vite que n’importe quelle adolescente de son âge. A 17 ans passés, elle avait pris bien plus de plomb dans la tête que n’importe qui en si peu de temps. Il n’était pas rare que la brunette se pose par moment des questions sur sa vie… Jamais, ô grand jamais, elle n’avait remit quoique ce soit en cause, mais il lui était déjà arrivé de s’imaginer une vie autre que celle qu’elle menait actuellement. Et quand c’était le cas, elle ne la pensait pas sans Matteo. Son petit bonhomme était responsable, sans même en avoir conscience, de ce qu’elle était aujourd’hui. Et ça, pour rien au monde elle ne souhaiterait le changer. S’il y avait bien une chose qu’elle ne regrettait pas, c’était cette maternité. Si son choix s’était porté sur l’avortement, où en serait-elle au jour d’aujourd’hui ? Une petite vie tranquille, des études supérieures, et qui sait, peut-être un petit ami…? Samuel, si leur couple avait tenu le choc ? Mais ça aussi elle en aurait douté. Il suffisait de voir qu’un simple nourrisson avait eut raison de ce soit disant grand amour !

Bon ce n’est pas en remontant les courses qu’elle se plongeait dans ce genre de pensées. Oh non, elle se concentrait davantage sur la douleur de son pauvre orteil, qui s’était heurté à l’encadrement de la porte d’entrée. Porte sur laquelle elle venait tout juste de récupérer ses clés. Et là, ô surprise, elle était tombée nez à nez avec son ex, et optionnellement le père de Matteo. Le fait que le petit garçon ne soit pas à la maison agissait en la faveur du jeune homme, puisque Savannah ne broncha pas. Elle restait comme figée sur place, ne lâchant qu’un bref « Salut ! ». D’ordinaire, elle se serait empressée de reculer d’un pas et de fermer brutalement la porte.

On apprend de ses erreurs certes, et parfois on aimerait revenir en arrière. Or, il nous est impossible de le faire. La vie serait bien trop simple ! On doit surmonter et affronter ce qui nous tombe dessus. Assumer aussi. Et on paye bien souvent le prix fort de chacun de nos actes, bons comme mauvais. La rancune de Savannah avait imposé une sacrée punition au père de son bambin. Il était parti, il n’avait plus de raison de revenir. Son choix avait été bien clair, non ? Au travers d’un départ précipité, les conclusions sont facilement tirées. Il n’avait pas voulu de cet enfant, il ne l’avait pas suffisamment aimé d’après elle pour avoir le courage de la soutenir… Les années avaient renforcé, si ce n’est même blindé la jeune maman. Plus jamais sa confiance ne fut placée en un membre de la gent masculine. Julian avait fait l’exception… Et on pouvait encore se demander comment l’héritier Spinelli avait réussi cet exploit, passant entre les filets protecteurs de l’italienne. Samuel lui avait fait perdre confiance en elle, en son entourage, en la totalité de la population masculine en générale… Le prince charmant n’existait pas, ce n’était qu’un beau baratin raconté et remixé à toutes les sauces pour les petites filles de 6 ans !

Les questions finirent par franchir le seuil de ses lèvres rosées, d’un ton froid. Les réponses, elle les connaissait déjà. Ce qu’il voulait ? Voir son fils à tous les coups ! Mais elle était contre, dommage pour lui ! « Il faut qu'on parle Sav' et tu le sais. » Parler ? De quoi ? De Matteo ? Mais depuis quand avait-il envie de parler de son fils ?! La brunette leva les yeux au ciel et soupira bruyamment.

« Tu veux parler ? Vas-y je t’écoute… »

Elle croisa ses bras sur sa poitrine et s’appuya contre la porte. Imperturbable, Sav’ le fixait, attendant alors qu’il en dise un peu plus. Elle n’avait pas de temps à perdre, et lui faisait comprendre par son attitude qu’il avait plutôt intérêt de ne pas traîner. Tout ce qu’elle espérait c’était qu’il décampe au plus vite, et ne croise pas Julian et Matteo.

« J'ai parlé d'une discussion, non pas d'un discours...»

« Tu sais ce que je veux, Sav'... et tu sais aussi que je ne compte pas y renoncer.»

« Tu ne pourras pas me refuser éternellement de le voir.. Même si j'ai été un parfait idiot, je suis quand même son père...»

« J'ai parlé d'une discussion, non pas d'un discours...» En effet… Mais rien n’avait laissé croire que Savannah avait la moindre envie de lui parler. D’ailleurs son attitude démontrait bien le contraire. Les bras croisés sur sa poitrine, le regard un peu perdu dans le vague, n’osant pour ainsi dire pas se poser sur lui et le fixer, elle attendait simplement qu’il déballe son sac afin d’avoir une raison de claquer la porte. Un comportement à revoir, elle le savait bien… Ca n’avait rien d’adulte et de mature, mais elle ne pouvait pas réagir autrement. Durant tout ce temps, ces quelques années sans lui, elle avait appris à se blinder, à s’endurcir, et se rendre imperméable à toutes sortes d’émotions et de sentiments… Mettre de côté le moindre élan de confiance envers un homme, oublier les rancunes et élever son fils loin de tout ça, lui inculquer de bonnes valeurs, la droiture et la franchise, le courage… Bref, tenter de mener au mieux sa vie, avec un cœur bancale et pourtant débordant d’amour.

Mais en sa présence… Tout semblait se compliquer. Il restait l’homme qu’elle avait aimé, celui avec qui elle s’était imaginée, certes pendant peu de temps, un avenir. Ces souvenirs restaient très minces, et quasi insignifiants dans sa mémoire, la suite les effaçant sans grand mal. Une réaction un peu surprenante de la part du père de ce bébé, dont elle venait d’apprendre l’existence… La peur était excusable. Quel adolescent n’aurait pas flippé suite à une telle annonce ? Aucun ! Mais la lâcheté… Ah ça… C’était autre chose ! Et Savannah ne l’avait pas digéré. Elle lui en voulait, presque autant qu’elle avait pu l’aimer d’ailleurs. Mais c’était difficile de lui faire face, et de se montrer aussi solide et intouchable qu’elle pouvait l’être avec le reste du monde. Et il la connaissait si bien, qu’elle craignait qu’il lise cela en elle comme dans un livre ouvert.

« Tu sais ce que je veux, Sav'... et tu sais aussi que je ne compte pas y renoncer.» A ces mots, elle ferma doucement les yeux, retenant une légère grimace. Oui elle le savait, et espérait chaque jour qu’il abandonnerait et y renoncerait. Il l’avait bien fuit, pourquoi ne pas vivre sans à présent ? Ca ne lui avait pas manqué durant ces 4 longues premières années ! Elle sentait sa défense retomber, et se maudissait mentalement de se montrer si faible. Automatiquement, dès qu’il s’avança de quelques pas, elle eut le réflexe de se reculer, se retranchant près de la porte d’entrée, à la limite de s’emparer de la poignée, par simple réflexe protecteur. Pourtant il n’allait rien lui faire, elle en avait pertinemment conscience. Ce geste prévenait simplement sa perte de contrôle à son égard. Elle la sentait grandir, croître comme jamais, et ça n’était pas bon signe. Savannah n’avait pas effacé tous ces souvenirs, ce passé avec lui, et il avait fallut qu’elle se retrouve en face de lui pour le réaliser.

« Tu devrais y renoncer, ça faciliterait les choses, et la vie de tout le monde…

lâcha-t-elle dans un soupir.

Qui te dit que je ne m’y opposerais pas éternellement ? Un parfait idiot ? Pire que ça même ! »

La jolie brune gardait cependant son calme, chose exceptionnelle soit dit en passant. En temps normal elle lui aurait déjà crié dessus, lui ordonnant de quitter cet immeuble, et même ce quartier, et de ne plus jamais y mettre les pieds. Ne comprenait-il pas qu’elle n’était pas prête ? Qu’elle n’avait pas cicatrisé et qu’elle n’avait rien pardonné ? C’était bien trop difficile de le faire, et elle ne voulait surtout pas que son fils souffre comme elle. Un abandon avait suffit, et elle ne comptait pas prendre le risque d’en affronter un second. Il l’avait fait une fois, alors rien ne l’empêchait de le refaire. Pas même toutes les promesses du monde…

« Les insultes n'arrangeront rien, Sav'... À quoi est-ce que tu joues à la fin ?»

« Je t'ai fait du mal à il y a des années, et je sais que ça restera toujours. Je m'en voudrai toujours. Mais quoi que j'y fasse, quoi que tu en penses, il n'y aura jamais rien pour effacer ce qui s'est passé ; ce que j'ai pu faire. Le fait est que je suis parfaitement au courant de mes tords, Sav', et je tiens à me rattraper. Le temps perdu auprès de lui, je ne pourrais pas le rattraper même si tu me donnais toutes les chances du monde, je sais... Le mal que je t'ai fait, je ne pourrai probablement jamais me le faire pardonner non plus... mais il reste que je me dois de faire tout ça, d'insister... Je veux le faire.»

Cette attitude si agressive et défensive n’était que légitime. Elle craignait de souffrir de nouveau, faute d’avoir baisser la garde et fait confiance. Tout pouvait arriver, elle le savait bien. Un jour on vous dit qu’on vous aime, et le lendemain on disparaît de la circulation. Samuel l’avait laissé, et ce à cause d’un bébé, de son bébé. Le simple fait de se retrouver devant lui, devant l’image d’un bonheur tardif qui lui avait filé entre les doigts lui faisait mal. Et si Samuel avait eu assez de courage pour assumer cette famille, qu’en serait sa vie à présent ? Ils auraient eut leur petit foyer aimant, une vie de famille, un bonheur si simple qu’on le leur aurait envié ? Savannah n’aurait déjà pas autant de soucis, et tout serait bien plus claire dans son esprit de jeune maman. Une jeune femme apaisée, et pleine d’assurance serait sur ce palier, et non tendue, presque cachée derrière cette porte. Jouer… Comme si elle en avait la moindre envie. Il ne récoltait que ce qu’il avait semé quelques années plus tôt, après tout.

« J’ai l’air de jouer Samuel ? Regarde-moi bien… Est-ce que d’après toi je m’amuse de cette situation ?! »

Elle perdait tout contrôle, et ses émotions, désormais à fleur de peau fendaient peu à peu le bouclier d’indifférence derrière lequel elle s’était abritée jusqu’à présent. Elle avait toujours cherché à se montrer forte, ne craquant jamais devant ses parents par exemple, ni même sa sœur ; gardant la tête haute, comme si Samuel n’était qu’un lointain souvenir. Or, il était présent dans sa vie au quotidien. Un éclat de rire de Matteo suffisait pour lui rappeler alors le jeune homme ; l’enfant étant le portrait craché de son père. Inconsciemment elle avait entretenu ce souvenir, ne l’ayant jamais totalement rayé de sa vie, trop attachée, trop amoureuse sans doute… Mais avait-elle cependant le droit de prendre le risque de faire souffrir son fils en le laissant débarquer comme ça ? Non. Savannah ne pouvait pas faire une telle chose, vu l’état de son cœur au jour d’aujourd’hui. Un abandon suffisait amplement dans une vie.

Samuel reprit la parole, et la brunette l’écoutait sans rien dire, baissant presque le regard. Il était bel et bien conscient de ses tords et du mal qu’il avait répandu autour de lui en les quittant de cette manière, en fuyant un amour et une paternité. La peur avait fait des dégâts considérables, qu’il ne pouvait pas rattraper, ni même réparer, et il le savait bien. Il ne cherchait pas le pardon visiblement, soulignant le fait qu’elle ne serait sûrement jamais capable de le lui accorder, mais il voulait connaître son fils, entrer dans sa vie… Le connaissant, elle savait bien que ça n’était qu’un début, qu’il insisterait jusqu’à n’en plus finir, jusqu’à ce qu’elle craque, ou que le hasard face qu’il se retrouve face à son fils. Il était déterminé, cela se percevait à travers son discours, les efforts qu’il faisait pour garder son calme face à son refus et son attitude, son regard… Ses mots l’avaient touché, et désormais, Savannah ne savait plus quoi répondre. Répliquer méchamment ? Elle n’en était plus capable, et se maudissait de s’être radouci de cette manière.

« Je… Ecoute, j’ai besoin de temps, de réfléchir… Je… »

La jeune Leoni cherchait ses mots, bafouillant quelque peu, jusqu’à ce qu’un bruit provenant de la cage d’escaliers attire son attention. Matteo ? Julian ? Non, pas maintenant !

[A Julian ? Il se fera une joie de répondre je crois… ^^]

« C'est quand qu'on arrive ? »

Julian soupira et stoppa la voiture au pied d'un feu tricolore écarlate, il se tourna et fixa le petit garçon l'air de dire « tu te fiches de moi ? ». Il se demanda brusquement quelle était la raison de l'agitation du petit garçon, après tout ce n'était qu'un parc d'attraction, et puis il se projeta dans la petite tête d'un gamin de cet âge et réalisa l'excitation que pouvait provoqué la simple idée de manège, un peu comme lui, Julian déshabillait une belle femme. Ok, y avait de quoi être presser d'arriver ! Il sourit et se tourna pour fixer son attention sur la route alors que le feu passait au vert. Il sentait qu'à la fin de la journée il serait mort... Mais bon si cela faisait sourire et rire Matteo c'était le principal.

« Bientôt mon Pote, mais si tu te tiens pas tranquille je roule encore moins vite que ce que j'ai promis à ta mère ! »

Menaça t-il en s'engageant sur l'autoroute un sourire taquin sur les lèvres. Bien sur il ne mettrais pas sa menace à exécution il avait déjà l'impression d'être en sous régime. Mais il avait un enfant à bord, et Savannah l'écorcherait vif s'il ramenait le petit bout ne serait qu'égratigner. C'est qu'elle savait se montrer convaincante la misstinguette lorsqu'elle le voulait, elle avait expliqué à Julian avec un vocabulaire très très détaillé ce qu'elle lui ferrait si Matteo se blessait... Attention Maman en colère = menace pour la vie d'autrui. Aussi s'engagea t-il sur l'autoroute dix kilomètre en dessous de la limite autorisé, si si, pour une fois il respectait les limitations.

« Hey Matteo, on est arriver ! »

Julian venait de stopper la voiture au pied de l'immeuble de Savannah, il était encore tôt, la toute fin de l'après midi, mais Julian avait sentit que le petit garçon, malgré ses yeux brillants et malgré que les bras de l'héritier chargés de peluches et autres gadgets achetés pouvaient encore contenir d'autre trésors, était à plat. Aussi après avoir arpenter la fête foraine de long en large durant des heures, Julian avait chargé le coffre de sa voiture de sport et avait entreprit de faire le voyage du retour. Alors qu'il allait appelé une nouvelle fois le petit garçon Julian se rendit compte que le bout de chou s'était endormit dans son siège auto. Un sourire tendre caressa les lèvres de l'héritier alors qu'il sortait de la voiture pour charger sa cargaison dans un sac énorme dont il passa les anses à l'un de ses poignets, claquant silencieusement le coffre il revient récupérer le petit garçon, l'extrayant en douceur du siège auto pour ne pas le réveiller.

Ainsi équiper le bel italien entreprit de gravir les escaliers menant chez son ami son précieux chargement dans les bras. Après avoir comprit que rien ne réveillerait Matteo Julian se mit à parler tout seul, a fredonner pour se motiver à monter encore et toujours plus haut. Foutue ascenseur toujours en panne, il faisait du bruit, il en avait conscience, mais à cette heure il n'aurait déranger aucun des voisins de la brunette. Lorsqu'il émergea sur le pallier de Savannah légèrement essouffler par le poids de son chargement il nota la présence de Sav sur le pas de la porte de son apparemment et de celle d'un homme. Julian s'avança sans sembler surpris, après tout elle avait eut l'après midi de libre et le début de la matiné, que croyait-il ? Il l'avait embrassé et s'était volatilisé, elle n'allait pas attendre qu'il se remue trente ans plus tard ! Il passa près du « couple » en souriant, se glissant près de Savannah et se dirigeant vers la chambre de Matteo une fois un pied dans l'appartement. Il avait décidé de se la jouer cool, du genre « je te laisse le temps de te faire a mon arrivé avant de me présenter ton copain ». Il déposa Matteo dans son lit, ferma les rideaux et borda l'enfant après avoir déposé le sac de jouet sur le bureau du bambin. Il aurait surement droit au discours de Savannah sur l'art de ne pas pourrir son fils, mais Julian fondait devant le moindre sourire du petit, et il avait toujours été douer pour le tir au pigeon, le lancé de balles dans les quilles et j'en passe. Il ferma soigneusement la porte de la chambre du petit garçon, revenant dans le salon il perçut des éclats de voix et fronça les sourcils, se dirigeant vers la porte d'entrée instinctivement. Il s'arrêta juste au côté de Savannah et lança d'une façon toute julianesque un

« Y a un problème SAV ? »

« Du temps, j'en ai déjà trop laissé filer...»

« C'est... ton copain ?»

Difficile de rester de marbre face à Samuel. Pourtant Savannah luttait… Elle se faisait violence pour conserver un air neutre et démuni de la moindre expression pouvant trahir le tourbillon d’émotion qui la traversait à ce moment précis. Lui faisant face, elle cherchait ses mots, bafouillait un semblant de phrase, réclamant du temps, afin de pouvoir réfléchir. Réfléchir à quoi ? A l’importance que pouvait avoir l’apparition d’un père dans la vie de Matteo ? Bien sûre que tout cela avait son importance, la question ne se posait même pas d’ailleurs ! Pourtant elle avait peur… Peur de faire une erreur, de condamner sans s’en rendre compte son fils à la souffrance d’un éventuel abandon, d’un espoir brisé avant même d’avoir pu devenir un petit bonheur. Elle avait toujours fait son possible pour l’en préserver, ne s’attachant pas elle-même à un autre homme. Un instinct protecteur qui avait pourtant quelques failles, dans lesquelles Julian avait su se faufiler avec brio ! Compter aux yeux de quelqu’un ne se faisait pas du jour au lendemain, elle l’avait toujours affirmé… Alors qu’est-ce qui pouvait faire penser à Savannah que Samuel voulait vraiment de tout ça, de ce statut de père ? En tout cas, rien appartenant à leur passé.

La peur de l’inconnu s’était envolée ? Il avait pris conscience de ce que cela représentait ? En réalité, et d’après elle, il avait tout simplement mûrit… Cela se voyait sur lui. Certes, les excès de colère ne l’avait pas quitté, mais cela faisait parti de son tempérament, Sav’ le savait bien. Il était toujours aussi impulsif, mais les efforts qu’il fournissait afin de se contenir et ne pas craquer ne passaient pas inaperçu aux yeux de la jolie brune. Un détail qui avait toute son importance, apportant à la jeune Leoni comme un avant goût de ce qu’il pouvait montrer de lui, de ce changement dont il lui parlait sans cesse depuis son retour à Rome. Il avait sûrement changé, elle ne pouvait plus en douter avec autant d’assurance et de certitude qu’auparavant. Savannah ferma les yeux quelques secondes, à la suite de ce profond soupir qu’il venait de lâcher, trahissant sans grand mal son ressentit et sa réaction. Un silence incroyable s’installa entre eux, et ce en l’espace de quelques secondes ; lourd, instaurant comme un froid sur ce palier. Mais il fut très vite brisé par les bruits de pas dans l’escalier, et tout ce qui les accompagnaient, à tel point que la miss n’entendit pas les quelques mots murmurés par son ex.

Comme elle le craignait, il s’agissait bien de Matteo et Julian, de retour de leur journée « entre potes », dans une grande fête foraine. « Déjà ?! » fut la première pensée de la miss, et bien malgré elle. Si spontanée, si franc… Les présentations ne devaient pas se faire maintenant. Elle n’était pas prête, et doutait au plus profond d’elle que Matteo le soit. Son petit bout de chou méritait qu’on lui explique calmement la situation, qu’on lui laisse le choix malgré son jeune âge. Elle ne pouvait pas prendre une telle décision pour lui, sans avoir essayer de savoir ce que lui désirait et pensait. Mais miracle, ô grand miracle, il semblait endormi dans les bras de Julian, ce dernier étant chargé comme jamais. Sac, bambin… Il ne prit pas le temps de s’arrêter, passant devant Savannah pour filer jusqu’à la chambre du petit. Elle les suivit du regard, avant que l’interrogation formulée par Samuel n’attire de nouveau son attention.

« Non… Mais si ça l’était, ça changerait quelque chose ? »

dit-elle calmement. L’agresser n’était pas son but, et de toute manière elle n’en était même plus capable. Il l’avait complètement bouleversé, chamboulé

Elle finit par hausser les épaules, posant son regard sur lui, sans rien ajouter. Qu’est-ce que cela pouvait lui faire après tout ? C’était lui qui était parti, qui avait décidé de la laisser seule et enceinte. A quoi s’attendait-il en revenant ? A trouver la pauvre petite adolescente paumée qu’elle avait été, amoureuse et si naïve qu’elle avait été jusqu’à croire que leur amour serait de très loin capable de supporter et de surmonter une grossesse ? Un enfant n’est-il pas le simple fruit d’un amour ? Bien qu’il n’était pas désiré, rien ne leur retirait leur amour, non ? Et bien non… Elle n’avait pas attendu que le prince charmant ne réapparaisse. Et vu les années qui avaient défilé depuis la naissance de Matteo, heureusement d’ailleurs ! Julian n’était pas son copain, elle n’avait pas de raison de lui mentir à ce sujet, et préférait même se montrer honnête, pour l’être au passage avec elle-même. Tout était clair entre eux à présent… Et elle se l’était suffisamment répétée pour que cela s’ancre dans sa petite caboche pour ne pas manquer de le dire haut et fort.

« Y a un problème SAV ? » La voix de Julian venait de retentir juste derrière elle, manquant presque de la faire sursauter. En temps normal, elle aurait répondu positivement, et ce pour que Samuel y trouve une requête : celle de partir. Or, ce ne fut pas le cas. La belle, bien trop perdue face au père de son fils, à ses souvenirs, ses émotions et sentiments, n’en fit rien. Au contraire même ! Aussitôt elle lui fit non de la tête, et poursuivit sur un ton qui se voulait rassurant, et peut-être même trop pour paraître sincère :

« Non, non… Tout va bien ! On discutait… Et… »

Elle lança un regard à Samuel. Un peu plus et ce regard aurait pu être assimilé à un sos, comme pour l’aider à trouver une suite… Mais ce dernier semblait s’être refermé sur lui-même. Etrange… Savannah le connaissait par cœur, et si le temps ne l’avait pas totalement changé, elle ne pouvait pas trouver cette réaction normale. Du moins, pas comme elle aurait pu l’imaginer. Il gardait ce masque froid sur le visage, qui faisait tant défaut à la miss depuis le début. Un quelconque recul, un air détaché étaient inexistants chez elle, et si présents chez lui…

« …On avait terminé. Samuel… Tu n’as cas… m’appeler. »

Prendre sur elle, voilà ce qu’elle faisait actuellement, et avec brio. S’appeler ? Se revoir ? Tout ça pour en reparler… Elle ne voulait pas nourrir les espoirs du jeune homme, mais se devait pourtant d’y réfléchir, comme elle le lui avait dit plus tôt. Car non, il était impossible pour Savannah Dolce Leoni de rester de marbre face à cela. Il s’agissait non seulement de lui, mais essentiellement de Matteo ; son petit prince, son coeur, son fils…

« Sav... on n'a pas terminé...»

« Ou peut-être que tu as raison au fond...»

Julian n’était pas le genre d’homme à se mêler des affaires d’autrui, il avait proposé à Savannah de prendre Matteo pour la journée afin de permettre à la jeune femme de s’occuper un peu d’elle-même pour changer. Ce qu’elle avait fait de sa journée ne le regardait en rien, il n’avait aucun droit de regard sur sa vie, il n’était après tout que son ami. Cependant il ne pu s’empêcher d’intervenir lorsqu’il entendit ce qu’il perçut comme des éclats de voix en provenance de l’entrée, son côté protecteur de grand frère qui faisait à nouveau des siennes. Il s’était rapproché de l’entrée afin de demander à Savannah à mots couverts s’il devait intervenir, après tout il n’allait pas cash coller une beigne à un inconnu sous prétexte que sa voix lui avait semblé de loin agressive. Savannah le rassura lui disant que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et que d’ailleurs ils avaient finis. Cependant cela ne semblait être au goût de l’inconnu qui lui trouvait qu’ils avaient encore des choses à se dire. Julian le toisa l’air de dire « t’as entendu ce que la demoiselle vient de dire » ou du genre « t’as pas comprit que tu gênes ». Alors qu’il fixait l’homme l’air faussement mauvais Julian fut soudainement intrigué, ce gars lui rappelait quelqu’un, mais qui.

Il entreprit alors de l’observer sous toutes les coutures, très très très attentivement. Ce gars lui rappelait vraiment quelqu’un, mais impossible de trouver qui, pourtant il lui semblait avoir le nom sur le bout de la langue. Ses cheveux blonds, ses yeux clairs, cette peau légèrement halé, Julian aurait été gay il l’aurait surement trouvé à son goût, il eut alors une légère pensée pour Léandro qui était passé pour un gay aux yeux d’une belle blonde dont il ignorait tout. Cela lui tira un sourire complètement déplacer face à l’ambiance de la scène, en effet il semblait y avoir de la tension dans l’air entre les deux jeunes gens. Merde, ce gars lui rappelait vraiment quelqu’un, cela l’agaçait de ne pas savoir de qui il s’agissait, il l’observa plus finement encore, remuant la tête dans toutes les positions afin d’examiner à nouveau l’homme, comme si il avait manqué le détail qui lui permettrait de savoir à qui lui faisait penser l’inconnu de Savannah. Décider à connaître le fin mot de l’histoire Julian se tourna vers Savannah avec l’idée de la détendre en la faisant un peu rire, et par la même occasion trouver l’identité secrète du visiteur de la jeune femme.

« Dit moi SAV, il te fait pas penser à quelqu’un ? »

Demanda t-il l’air un peu à l’ouest. Il lui rappelait vraiment quelqu’un, mais qui ? Il avait l’impression de l’avoir vu quelque part, il avait comme un air de famille. Il avait conscience que son comportement avait de quoi intriguer. En effet après avoir longuement détaillé le visiteur de son amie, il s’était mit à arpenter le salon l’air songeur, jetant un regard de temps à autre à Samuel afin de déterminer qui il était. Alors soudainement la lumière se fit dans son esprit.

« Je sais ! Il ressemble trait pour trait au présentateur de La Roue de la Fortune ! »

Ok… Il y avait de quoi s’interroger : quelle mère normalement constituer confiait son fils pour la journée à un fan de la Roue de la Fortune ?

Fuir n’était pas son but, bien que l’envie se faisait grandement sentir. Savannah était tout simplement perdue, prise involontairement dans un tourbillon confus d’interrogations et de doutes. Elle n’était plus aussi sûre d’elle qu’auparavant. Samuel avait semé le doute en elle, et bien plus encore. Ca n’était pas le bon moment, ni même le bon endroit pour poursuivre cette conversation. Du moins ça ne l’était plus pour Sav’. Son fils venait de rentrer, il y avait Julian… Non, elle ne pouvait pas continuer comme ça. C’est pour cela qu’elle prétendit que tout allait bien, qu’ils avaient d’ailleurs terminé… Faire bonne figure, affiché un léger sourire, faux certes, mais rassurant. Seulement Samuel ne semblait pas de cet avis et le faisait savoir. A ses mots, elle lui adressa un regard presque suppliant, qui aurait pu facilement être traduit par : « S’il te plait… Pas maintenant. ». Elle avait fait un pas en avant, pour lui, il ne pouvait pas lui refuser ce moment de répit. Car c’était bel et bien pour lui qu’elle acceptait de réfléchir, de peser le pour et le contre au sujet de son arrivée dans la vie de Matteo… Il avait réussi à lui faire baisser sa garde, et les souvenirs y étaient pour beaucoup.

Elle sentait toujours Julian à ses côtés, et espérait vraiment qu’il allait se décider à rentrer, alors que Samuel prendrait la direction de la sortie. Mais rien de cela ne se produisait, bien au contraire. Voilà que son ami soulignait le fait qu’il lui faisait penser à quelqu’un. Le regard de Sav’ se posa directement sur Samuel, ne pouvant pas retenir un léger sourire en coin. Il ne pouvait pas si bien dire… Bien sûr qu’il lui rappelait quelqu’un, et pas n’importe qui puisqu’il venait de passer l’après-midi avec lui. Elle cherchait une quelconque réaction de la part du jeune homme, un sourire, un regard… N’importe quoi qui pourrait trahir une once de joie concernant la ressemblance existant entre lui et son fils. Julian s’était finalement reculé, arpentant le salon d’un air songeur… Et Savannah était restée à la porte, silencieuse. Elle ne voulait pas le chasser, mais c’était tout comme. Impossible pour elle d’aller trop vite, et là elle lui demandait du temps. A tous les coups Julian allait l’interroger par la suite si cela s’éternisait.

« Samuel… Je te promets qu’on en reparle… Mais… Pas maintenant. »

Il pouvait la comprendre, non ? Et de plus s’estimer heureux qu’elle ne l’ait pas renvoyer sans l’avoir préalablement écouter, comme à son habitude. Non, aujourd’hui elle avait avancé, mais il fallait accepter son allure. Petit à petit… Elle ne prenait pas le risque de se blesser en chemin. Préserver tout ce qui lui restait était devenu une priorité chez la belle, et Samuel devait le concevoir. Sans ça, ce n’était même pas la peine qu’il tente de faire son Come back dans la vie de la brunette et son entrée dans celle du petit…

Elle tourna la tête vers Julian, qui venait de s’exclamer que la ressemblance était frappante avec le présentateur de la Roue de la Fortune. Oui, au moins… ! Elle leva les yeux au ciel et s’appuya davantage contre la porte. Ca n’était pas avec de telles interventions qu’elle allait réussir à mettre un peu d’ordre dans sa tête. Samuel avait tout chamboulé, comme si tout ça n’avait été qu’une piste de bowling et qu’il venait de réaliser un magnifique Strike. Bref, il avait de part sa simple présente perturbé la belle italienne. Des vagues de souvenirs venaient s’écraser contre son cœur, ce dernier se serrant à chaque pensée. Se l’avouer la tuait, mais c’était indéniable : il lui avait manqué…

« D'accord. Tu as mon numéro de portable.»

HJ:

Julian aurait autrefois interrogé Savannah à peine la porte fermée, mais il avait apprit depuis à se contrôler un peu mieux, même s’il avait tenté de détendre l’atmosphère et accessoirement son amie il était passé pour un bouffon, mais il avait l’habitude. Il avait tenté à sa façon de désamorcer une situation qu’il jugeait critique, sur le point d’exploser, aller savoir pourquoi, peut être se trompait-il. Mais Matteo dormait dans la pièce à côté et son instinct protecteur envers le petit l’avait poussé à le protéger et à éloigner cette tension. Julian ne contrôlait pas ces réactions qu’il avait envers Matteo, ce petit garçon avait grandit sans père comme lui, avec une mère géniale, il aurait aimé lui apporter la stabilité d’un foyer mais il y avait Sara, sa Sara, Savannah méritait mieux qu’un demi amour, que quelqu’un qui cherchait à construire la famille qu’il n’avait pas eut lors de son enfance. Matteo méritait mieux qu’un père comme Julian. Mais s’il ne pouvait être un père pour le petit et un amant/ami pour sa mère, il pouvait être le meilleur ami toujours là, pour l’un comme pour l’autre. Alors que la porte se refermait il sentait Savannah tourmenté, en pleine réflexion. Bien sur il avait remarqué la tension entre eux, l’attitude de Savannah entre l’envie de s’approcher de lui et de rester à distance, ces deux là se connaissait. Et à présent que Julian se retrouvait seule avec la jeune femme il comprenait pourquoi. La ressemblance lui avait sauté aux yeux, immédiatement, pourtant il n’avait jamais eut l’occasion de rencontrer le père de Matteo sur des photos, Savannah n’en avait pas, enfin c’était ce que Julian supposait. Il avait joué à l’imbécile parce qu’il voulait que ce mec s’en aille. Pas par jalousie, non il avait dépassé ce stade, mais bel et bien parce qu’il voulait les protégés, elle et Matteo. Les protéger d’un homme qui leur avait déjà fait si mal.

« Savannah ? »

Appela t-il doucement car la jeune femme était restée tout prêt de la porte, immobile, l’air secoué. Julian hésitait, il ne savait pas comment se comporter avec elle. Elle aurait eut besoin d’être seule, mais il ne voulait pas la laisser sans être sure qu’elle allait bien, ni qu’elle ne craquerait pas devant Matteo, il voulait l’aider, lui prêter son épaule si elle souhaitait pleurer. Il voulait être son ami, être présent pour elle comme il l’était avec Ilena. Il s’approcha doucement et posa sa main avec douceur sur l’avant bras de la jeune femme.

« Est-ce que ça va aller ? Tu souhaites que je m’en aille ? »

Il avait parlé calmement, tout en douceur, quelques semaines plutôt il aurait plus que probablement coller son poing dans la figure de Samuel, rien que pour le « plaisir » d’extérioriser ce qu’il pensait des hommes qui abandonnaient leur enfant. Il se surprenait, mais il y avait une raison à son calme, cela devait être suffisamment le bordel dans la tête de sa petite brunette sans qu’il en rajoute une couche en se battant avec le père de son enfant, un homme qu’elle avait aimé. Il avait grandit mûrit aussi, il s’en rendait compte. Il pensait au bien être de Savannah et de Matteo avant de penser à ce que lui aurait fait. C’était à Savannah de faire un choix mais même s’il aurait désiré la mettre en garde il n’avait pas a intervenir, c’était à elle de prendre sa décision, elle était assez grande pour cela.

« Je sais qui il est Sav’… Fait attention à toi d’accord… »

il déposa un léger baiser sur sa joue.

« Je vais te laisser. Matteo va dormir encore un moment il est crevé… Tu m’appelles si tu as besoin que je le prenne. Je t’aime Puce, fait attention à toi d’accord ? »

Il allait prendre la porte, c’était mieux ainsi, sauf si elle souhaitait le voir rester bien sur.

Savannah connaissait trop bien Samuel pour ne pas le voir se tendre et se crisper à la suite de la réplique de Julian. Il ne devait pas trop apprécier cette intervention, tout simplement car la situation était des plus sérieuse, bien que Julian n’en ait pas conscience, et qu’il ne s’en était jamais amusé. Il y avait des moments pour plaisanter, d’autre où il était préférable de se taire… Savannah le fixa cependant, cherchant alors dans son regard éteint une once de lueur, rien qu’à l’idée que son fils puisse lui ressembler autant. Impossible de cacher que la belle n’attendait que ça. Un sourire un coin, une étincelle dans ses pupilles sombres… Un petit rien qui en aurait dit beaucoup. Mais non, ses traits restaient intacts, son visage fermé… Comme si retenait en lui une de ces colères qui le caractérisait tant.

Il fallait qu’ils reportent leur conversation à plus tard, et elle ne perdit pas de temps pour le lui répéter. Et c’est en formulant une promesse qu’elle tenta de lui faire comprendre une bonne fois pour toute que ce n’était pas l’endroit idéal pour en discuter, maintenant que Matteo était rentré. Il fallait qu’elle y réfléchisse à tête reposée, et non à chaud, là, tout de suite, alors que son cœur croulait sous les souvenirs. Difficile d’ailleurs de qualifier ses derniers… Ils semblaient être aussi douloureux qu’une lame planter en pleine poitrine, tournant encore et toujours à la simple vue du jeune homme ; mais pourtant si doux, comme apaisant…

Flash Back

« Mais arrête ! Aaah…

Des éclats de rires résonnèrent dans la petite chambre.-

Samuel ! »

Aussitôt ce dernier se stoppa, levant les mains au niveau de son visage, avec un sourire faussement innocent au coin des lèvres. Il se tenait au-dessus d’elle, l’ayant chatouiller comme jamais, à lui en donner des crampes à l’estomac. Et elle, se contentait de le fixer, avec un air presque menaçant et sévère, faute de mieux. Elle s’empara de ses poignets, par simple sécurité –inutile, vu ses maigres forces- et tenta de se redresser tant bien que mal. Une fois en face de lui, correctement assise, elle le relâcha et se rapprocha, pour finir par se blottir tout contre lui. Sentant les bras du jeune homme encercler sa fine taille, elle ferma les yeux quelques instants, respira lentement son parfum en nichant sa tête dans le creux de son cou, et murmura tout bas :

« Fais-moi prisonnière de tes bras… »

Fin Flash Back

D'accord. Tu as mon numéro de portable.» Ces quelques mots la stoppèrent net dans ses pensées et chaleureux souvenirs. Elle ne pu que soutenir son regard, ne trouvant rien d’autre à répliquer face à la mine qu’il faisait. Il la peinait, malgré tout ce qu’il avait pu lui faire, malgré cet abandon… Là, sur le coup, elle ne voyait que Samuel, et non la peur dont il avait pu faire preuve. Elle le laissa partir, le suivant du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision, puis referma doucement la porte d’entrée. Elle lâcha un profond soupir et resta profondément silencieuse. Aux interrogations de Julian elle ne fit que répondre par hochement de tête. Oui elle ça allait… Il fallait que ce soit ainsi de toute façon ! Elle ne pouvait pas se permettre de répondre négativement, pas à cette question. Parce qu’il ne s’agissait pas seulement de sa petite personne, mais également de son fils. Et pour lui, jamais elle ne craquerait.

Aucun mot, ni même son, ne parvint à franchir le seuil de ses lèvres. Julian allait partir, déposant au passage un bisou sur sa joue, la mettant en garde. Ses paroles résonnaient, sans pour autant se montrer claires dans l’esprit de la belle. Elle entendait sans vraiment écouter…

« C’est bon, je laisserais Matteo à ma mère, merci… Et oui je ferais attention. »

Visiblement faut le clore

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Tu n'aurais pas dû... [Samuel / Julian]

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