La demeure de Trastevere ne ressemblait plus en rien, à ce qu'elle avait été jusque là. Un modèle de luxe et de sobriété, la classe à l'italienne version Giovanni Spinelli, austère pour certain, sophistiqué pour d'autres. Thalie avait toujours adoré cette simplicité, ce côté classe mais pas m'as-tu-vu, et puis, avouons-le, même si ça n'avait jamais été son type de déco, elle lui rappelait son grand-père, et rien que pour ça, c'était sacré. Malheureusement, depuis exactement deux heures, cinquante trois minutes, et vingt secondes, une tornade avait réduit à néant toute cette ambiance "année 20". On aurait dit Beyrouth dans le salon. Un Beyrouth bicolore : Rouge et vert. Depuis que Stella et Caly, accompagnées du majordome, avaient ramenés un gigantesque conifère, elles n'avaient eu de cesse que de transformer la baraque en une réplique quasi parfaite du chalet du Père Noël. Non, sérieux, c'était obligatoire le renne Rudolphe au milieu de l'entrée ? Dans un premier temps, Thalie avait bien tenté de retirer, discrètement, quelques boules et guirlandes afin de les planquer sous le canapé, mais sa mère l'avait attrapé la main dans le sac, et lui avait fait un sermon sur "l'Esprit de Noël". Qu'est-ce qu'on s'en fout, franchement ? Depuis, l'ainée Spinelli, gisait inerte, en travers du sofa, impuissante face au mal qui touchait les membres de sa famille. Et en plus, elle devait se coltiner les chants de Noël que crachait sans relâche le vieux tourne-disques. Il fallait bien se mettre dans l'ambiance dixit Stella. Et ce n'était pas Caly qui allait se plaindre, vu que la cadette sautait partout, une bougie dans la main en guise de micro, tandis qu'elle se lançait dans une version "Rock" de "Mon beau Sapin". Perturbant. Quand son portable, entre ses mains, se mit à sonner, elle cru d'abord à une blague -Qui lui avait mit "Petit Papa Noël" en guise de sonnerie ?-, mais le nom affiché en plein écran, lui fit croire au miracle de Noël. « Dieu merci ! Mon sauveur ! » répondit-elle en décrochant, haussant la voix pour couvrir celle de sa sœur chantante. « Je demande un rapatriement d’urgence ! Je répète : Je demande un rapatriement d’urgence. Code 4 ! » Le téléphone plaqué sur une oreille, une main sur l’autre, elle s’éloigna le plus rapidement possible du salon, afin de retrouver un peu de calme.

Leandro avait l’impression d’entendre cette tonalité depuis des heures, si ce n’est même des jours, des mois, des années et même des siècles ! Il voulait tellement entendre la voix de sa belle, qu’il en devenait impatient, pire qu’un gosse qui passerait un pseudo coup de fil au Père Noël. Sa mère Noël à lui était nettement plus sexy, nettement plus attirante et intéressante ! Rien à voir avec ce papy, alors imaginez son impatience. A tel point qu’il en arrivait à lui ordonner de décrocher, comme si elle allait l’entendre et s’exécuter dans les secondes à venir… Tss ! Quand, ô soulagement suprême, elle sembla avoir trouvé la touche avec le petit téléphone vert, un large sourire apparu sur les lèvres de Leandro. Lui qui était entrain de boire manqua de s’étouffer en l’entendant l’appeler son sauveur et demander un rapatriement d’urgence.
« Wow soldat ! Que se passe-t-il ? » - demanda-t-il d’une voix amusée, abandonnant sa bouteille sur le comptoir, pour lui-même en descendre. Sidy, qui le suivait à la trace dans l’espoir de le voir ressortir, passa et repassa entre ses jambes, le faisant alors soupirer, sans aucune discrétion. Non mais ce chien, bon sang ! Intenable ! Pire que le maître sérieux ! En faisant un peu plus attention, il entendit alors une voix, entamant des chants de noël assez particuliers.
« Il y a de l’ambiance dis-moi… T’es où ? » Elle faisait la fête visiblement, alors pourquoi réclamer de l’aide ? Non, franchement, vu le bouquant qui régnait où elle se trouvait, il l’enviait sa chérie ! Un peu plus et il se serait cru au boulot ! –au moins ! xD

La touche elle avait eu du mal à la trouver simplement parce qu'elle avait eu du mal à différencier sa super sonnerie "ambiance christmas" de tout ces chants de noël qui lui vrillait les tympans depuis des heures ! Si ça continuait comme ça, elle allait finir par se pendre à la guirlande électrique, ou se faire harakiri avec les santons de la crèche ! Quand elle avait compris qu'il s'agissait de son portable, et qui plus est de son chéri, je tiens à signaler qu'elle s'était empressée de la presser, cette foutue touche, avant de s'éloigner rapidement de l'antre de Santa Claus, en envoyant un S.O.S à son sauveur préféré. Cette complainte sembla amuser Monsieur Fransceci, qui la compara à un soldat. Dans un sens, il n'avait pas tort, elle avait le sentiment d'être au centre d'une bataille où les adversaires avaient décimé tout l'autre camp, et pillaient la ville. Elle l'entendit soupirer, alors qu'elle tentait de rejoindre l'escalier, enjambant les cartons de décorations qui encombraient le passage, avant qu'il ne reprenne la parole pour s'inquiéter enfin du lieu où elle était séquestrée.
« En Enfer ! » murmura-t-elle en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, s’assurant de ne pas être entendue par les lutins du Père Noël. « Je suis en Enfer ! » répéta-t-elle une dernière fois, en se jetant dans l’escalier. Une fois à la moitié, elle se laissa tomber sur une marche, et se planqua entre deux colonnes de la rampe pour observer le massacre du salon.
« Quelque chose s’est attaqué aux cerveaux de ma mère et de ma sœur, elles ne sont plus humaines, elles sont… » Thalie observa sa sœur sauter à pieds joints sur le canapé antique du salon, celui-là même où l’on ne devait pas mettre les pieds, tout en se cambrant, bougie à la main, guirlande en guise de boa et une boule accrochée à chacune de ses oreilles. « Je ne peux même pas te décrire ce qu’elles sont, il faudrait que tu le vois de tes yeux pour me croire. Tiens, en parlant de ça, maman me fait dire que tu es cordialement invité à passer le réveillon de noël avec nous. » Elle s’était relevée, et remontait en direction de sa chambre.
« Tu ne peux pas dire non, ni même te trouver une excuse, elle a déjà tout prévu avec ta mère, et elle a même appelé ton boss pour s’assurer que tu ne travaillais pas ce soir-là. » Elle marqua une pause avant de reprendre. « Bienvenue en Enfer, mon cœur. »

Où se trouvait sa chérie ? En Enfer ? Rien que ça ! Leandro ne pu s’empêcher de rire… Il venait de reconnaître la voix de Calypso, la petite frangine de sa copine, qui entamait une version de « Petit Papa Noël » en italien et de manière… Piouf ! Rock’n Roll ! Franchement, il en venait presque à se demander pourquoi Thalie n’était pas avec elle, pour partager un duo mythique devant le sapin. Car elle devait être chez elle… Il n’en était pas sûr, mais voyait bien les choses ainsi. Quand elle lui expliqua que quelque chose s’était attaqué aux cerveaux des membres de sa famille, il en eu la confirmation. Quoi ? Même Madame Spinelli, cette très chère Stella, si classe et gracieuse, faisait la fête avec Caly ? Non parce qu’à entendre ce qui passait, il n’osait même pas imaginer la scène !
« Euh… Ta mère chante avec ta sœur ? Où elle se contente d’admirer le spectacle ? » - Il ne parvenait vraiment pas à garder son sérieux, rien qu’en pensant à Thalie, perdue dans ce monde festif qu’entraînait Noël et la fin d’année… Ce monde dans lequel sa famille se laissait visiblement porter, et qu’elle ne prenait pas tant à cœur pour sa part. S’en suivit une invitation officielle, que Thalie eu visiblement beaucoup de plaisir à lui annoncer, précisant qu’il ne pouvait en rien la refuser puisque tout était prévu, que tout avait été fait en sorte que son derrière se retrouve sur une chaise, autour de la grande table de Noël, chez les Spinelli.
« Oh ! Et bien merci pour cette charmante attention… C’est vraiment généreux de ta part de vouloir partager ton enfer avec moi ! » - Enfin… Fallait voir ce qu’elle appelait enfer aussi ! Si ça se trouve, il allait adoré entendre Caly chanter pendant des heures, et voir Stella toute contente à l’idée d’offrir des cadeaux. « Dis… - Il eu un petit temps de pause, en pleine réflexion, puis reprit : Depuis quand ta mère complote avec la mienne ? » Ah bonne question Fransceci ! Ca c’était assez intéressant pour le coup !

« Non ! Ma mère ne chante pas ! T'es fou ? Ceci dit, elle fredonne en dodelinant de son chapeau de lutin. » Non, sa mère ne chantait pas avec sa soeur, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle se contentait d'admirer le spectacle, elle en était même l'instigatrice. Stella connaissait l'effet que les fêtes pouvaient avoir sur sa petite dernière, tout cela tenait donc du coup monté. Longtemps, Thalie avait partagé cette euphorie avec elles, mais en grandissant le côté commercial de tout cela lui avait tapé sur le système, puis ce noël-ci, en particulier, résonnait de l'absence d'un être cher. Deux êtres chers, car Julian n'était pas là pour décorer le sapin avec elles, cette année, pas plus que Livio. Stella se donnait un mal de chien, mais Thalie n'était pas encore dans l'ambiance. Peut être que ça viendrait plus tard, à force de chants de noël et de lait de poule très corsé. La blonde avait trouvé refuge à l'étage supérieur, et se dirigeait vers sa chambre tout en répétant l'invitation lancée par sa mère, à Leandro. Stella avait décidé que cette année, la fête de famille compterait la famille élargie. Pourquoi pas ? Au contraire, c'était une bonne idée au final.
« Je tiens à signaler que ce n'est pas mon idée, c'est celle de ma mère. Si j'avais dû choisir, je t'aurais enlevé et on serait partis fêter Noël sous les tropiques. Évidemment j'aurais mis un bikini rouge, histoire d'être raccord. » Depuis le salon, la voix de sa mère se fit entendre. Elle l'appelait, lui affirmant qu'elle ne pourrait pas se cacher éternellement et que si elle n'était pas sage, le père noël n'apporterait pas de cadeaux pour elle. Chouette, voilà que Stella virait complètement folle. Génial... Thalie s'engouffra dans sa chambre, refermant soigneusement la porte derrière elle, et se laissa glisser contre, tandis que Leandro s'interrogeait sur la complicité naissante entre sa mère et la sienne. Depuis quand complotaient-elles ensemble ? Hummm...
« Je dirais... huuum... depuis 1987 ? » Elle laissa échapper un léger rire en se remémorant les deux femmes s'allier face à leurs démoniaques rejetons. « Je t'assure que je n'étais au courant de rien. Elle me l'a annoncé tout à l'heure, et j'ai faillis tomber de ma chaise... » Elle s'empressa d'ajouter rapidement. « De bonheur ! Tomber de ma chaise de bonheur, évidemment ! Et toi ? T'es content ? » Bah oui, elle se posait quand même la question. Peut être aurait-il préféré se défenestrer plutôt que de passer Noël avec elle... eux... tous, quoi...

Thalie ne l'aidait vraiment pas à reprendre son sérieux... A présent, il imaginait Stella Spinelli, cette femme si charmante et pleine d'élégance, dodeliner de son chapeau de lutin ! Non mais... Comme ne pas rire ? C'était tellement improbable ! Entendant Calypso chantonner, il ne pouvait cependant pas douter de la parole de sa chérie, et voulait bien la croire. Ca paraissait quelque peu surréaliste, mais soit ! Qui sait, peut-être aura-t-il l'occasion de voir cette petite scène de ses propres yeux, puisqu'il était invité à passer le réveillon en leur compagnie. Il en remercia d'ailleurs Thalie, qui semblait si heureuse de partager son enfer avec lui. A sa réplique, il se mordit la lèvre inférieure, ne pouvant pas retenir son sourire.
« Mmm... Te voir dans un bikini rouge ne m'aurait pas déplu, j'avoue... » Le souci du détail, bien évidemment ! Il fallait être en raccord avec l'esprit de Noël question couleur, alors qu'on était bien loin de la réunion de famille autour d'un énorme sapin, près d'un bon feu de cheminée ! Stella avait tout même organisé un sacré complot pour l'avoir à leur table tout de même... Il en était presque flatté ! Enfin pour cela elle avait eu besoin de sa mère. Leandro en venait même à se demander depuis quand elles complotaient dans leurs dos. Thalie annonça : 1987 !
« 1987 ? Ah ouais quand même, ça rigole plus là. C'est de l'organisation de pro' ! » Elle lui assura ensuite n'avoir été au courant que depuis peu, avouant même avoir été surprise par une telle annonce.
« T'es tombée de ta chaise ?! Ne nous fait pas un malaise quand je passerais le seuil de la porte d'entrée ! » En gros ça voulait dire qu'il allait venir. Avait-il réellement le choix en fait ? Non. Mais ça lui faisait plaisir, bien que la miss semblait en douter. Il fallait la rassurer, il le sentait.
« Te voir toute en beauté sera mon cadeau de Noël, mia bella ! »

« Il aurait fallu que tu enfiles un bermuda vert, évidemment, que les autres vacanciers comprennent qu'on est pas là pour rigoler, qu'on fête Noël, quoi ! » Ajouta-t-elle alors qu'elle imaginait très très bien le regard qu'il pouvait avoir, là, entrain de l'imaginer en bikini rouge. Non mais oh, on fantasme pas les uns sans les autres voyons ! Bon, avouons que ce n'était pas le bermuda en lui-même qui allait la faire fantasmer, disons que c'était plutôt l'absence de tout le reste ! Pas de tee-shirt surtout ! Non, pas de tee-shirt ! Hummm... STOP ! Leandro venait de la tirer de son rêve éveiller en lui parlant du fameux complot entre leurs mères respectives. Comme si elle avait plus d'informations que lui. Les deux femmes avaient toujours comploté, ça ne datait pas d'hier. Aussi s'empressa-t-elle de lui assurer qu'elle n'était au courant de rien jusqu'à aujourd'hui. Fallait pas qu'il pense qu'elle faisait partie de l'organisation secrète visant à diriger sa vie à sa place. Non, elle, elle était la petite amie parfaite qui lui laissait vivre sa vie comme il l'entendait et ne râlait -presque- pas ! Il lui fit comprendre qu'il acceptait l'invitation en plaisantant sur un éventuelle malaise de sa part. Mais ouai, biensûr ! Heureusement qu'elle ne tombait pas dans les pommes à chaque fois qu'elle le croisait, hein. Puis enchaîna sur le fait qu'elle serait son cadeau de Noël.
« Comme si je n'étais pas toute en beauté 24h sur 24 ! » Plaisanta-t-elle en se la jouant boudeuse. « Ok, j'ai compris le message, je porterais mon bikini rouge. Tu penses que ta mère appréciera ? Et ton frère ? » Ouuuuh, sujet délicat ! Théo, son frère. Elle aurait peut être dû prendre des précautions pour lui annoncer sa participation à cette fête de famille, car étrangement, le frangin avait trouvé l'idée amusante.
« Oh ! Tant qu'on parle de cadeaux... » S'empressa-t-elle d'ajouter en comprenant sa maladresse. « Tu veux quoi pour Noël ? Je t'en prie, ne me répond pas "rien", fais-moi plaisir, et donne-moi des indices, une piste, n'importe quoi ! Sinon je t'achète une moto, et tu vas encore criser ! » L'argument choc ! Il refusait qu'elle dépense sa colossale fortune pour lui. Valait mieux qu'il lui dise de suite ce qui lui ferait plaisir, sinon il allait se retrouver avec un cadeau à la hauteur de la fortune de la Miss. Chantage...

Mais oui, bien sûre ! Un bermuda vert ! Avec des petites clochettes aussi pendant qu’elle y était ! Ils auraient fait le tour des plages, en distribuant des sucres d’orges ! Non mais elle avait de ces idées ! Et puis en toute sincérité, si elle avait enfilé un bikini rouge, Leandro ne lui aurait même pas laissé le temps de sortir de leur chambre d’hôtel, qui se serait déjà jeté sur elle. Ouais… Carrément ! Il les aurait enfermé dans la chambre, et aurait bien évidemment proposé à la belle de jouer aux cartes, ça va de soit ! ^^ Quoi d’autre voyons ? Se mordillant la lèvre inférieur, le jeune homme l’imaginait très bien dans cette tenue plus que légère, et cette simple pensée était en soit un cadeau de noël avant l’heure, tout comme sa beauté le serait le soir du réveillon.
« Hein ? Wow, wow, wow ! – Sa question venait de le sortir de toute rêverie, en l’espace de trois centième de seconde ! Elle venait de parler du bikini, de sa mère et en prime de son frère ! Là ça en faisait trop pour notre pauvre Leandro ! – Tu me l’as refait là ? On oublie le bikini, on opte pour une robe… Et… Mon frère ?! » Ouais… D’où le minimoy’z était-il convier à ce réveillon ? Non pas que Leandro soit contre l’idée de passer les fêtes avec lui, au contraire. Noël était une fête de famille, et il adorait son cadet, même si leur relation était quelque peu tendue. Mais là… A vrai dire, il n’avait carrément pas pensé au fait que sa famille se retrouverait aussi à ce réveillon lorsqu’elle lui avait annoncé son invitation officielle. Enfin Thalie changea bien vite de sujet, trop vite sans doute pour que notre beau brun ne s’aperçoive réellement de sa petite feinte. Elle voulait parler de cadeau, et lui demandait alors ce qu’il désirait pour les fêtes. Ah… Leandro avait horreur de ça. Tout du moins, ça le gênait… Il ne pouvait s’empêcher de penser que tous ces cadeaux, même s’ils n’étaient pas grands choses pour Thalie, étaient souvent bien trop gros pour lui, trop important, trop coûteux aussi. Bref, il n’aimait pas qu’elle lui demande ce genre de chose, et elle le savait très bien, puisqu’elle refusait par avance le « rien ». Elle faisait même plus fort, puisqu’elle le menaçait de lui acheter une nouvelle moto !
« Ce que je veux à noël ? Eum… Une boîte de chocolats. C’est bien les chocolats… J’aime. Je veux… Des chocolats. Une boîte avec des chocolats à la liqueur si tu veux faire des folies ! » Et il était sérieux en disant ça mine de rien ! Il venait de lui répondre, donc elle n’avait pas de raison de bouder, et lui, s’en sortait bien avec sa petite boîte de douceurs chocolatées. « Si j’ai autre chose que ça, je serais super déçu. » Elle ne voulait pas ça n’est-ce pas ? « Et toi tu veux quoi ? Pas la peine de demander des chocolats, je partagerais je suis pas radin ! »

« Oui, une robe ! Ok pour une robe ! » s'empressa-t-elle de répondre tout en évitant délibérément de répondre à sa deuxième question, à savoir "Mon frère ?". C'était un sujet pour le moins tendu, non pas qu'elle ait quoique ce soit à se reprocher, loin de là, ni même qu'il ne puisse pas voir son frangin en peinture, mais disons que Leandro/Théo, c'était un peu pour les Fransceci, ce que Julian/Caly était pour les Spinelli. Leandro adorait son frère, mais Théo avait un problème de son côté. Selon Thalie il s'agissait d'une déficience mentale résidant du fait qu'il avait dû être bercé trop près du mur étant enfant. Y avait pas d'autres possibilités ! Tout le monde aimait Leandro ! D'ailleurs trop de gens aimaient Leandro selon Thalie, alors quand on avait la chance d'être son frangin, on fermait sa bouche, et on remerciait le petit papa Noël. Non ? Bref, la blonde ne voulait pas rentrer dans des histoires de famille qui ne lui appartenaient pas, et dont elle se doutait que Leandro n'avait pas envie de parler, et préféra changer de sujet rapidement. Les cadeaux de Noël étaient une bonne diversion. Il détestait qu'elle lui fasse des cadeaux, et Noël ne serait pas une exception, elle en était sûre ! Elle tenta tout de même un petit chantage, histoire de... mais non, il ne rentra pas dans le panneau, et lui demanda... une boîte de chocolats ?! Nan, mais, blague !! Est-ce qu'elle avait la tête de l'héritière Léonidas ? Des chocolats ?! Pfffff, même pas en rêve ! Et en plus, il osait lui retourner la question, en l'obligeant à ne pas répondre pareil. Genre il allait partager ses chocobons !
« J'aime pas la liqueur, donc je propose que tu fasses un petit trou dans le choco, que tu aspires l'alcool, et que tu me files le choco ! Ou, plus simple, j't'offre une bouteille d'eau de vie et une boîte de choco, et tu me laisses les chocos. T'en penses quoi ? Je préfère l'option où tu aspires, quand même, c'est plus convivial ! » Qu'est-ce qui était le pire ? Qu'elle parte en délire complet ? Ou qu'elle énonce son délire avec un sérieux irréprochable ? Et elle n'avait même pas besoin de liqueur pour ça !
« Moi, pour Noël, je veux un canard de bain ! » répondit-elle finalement, sans même prendre le temps de réfléchir, comme si cela figurait en top-position de sa liste depuis des mois. « Un jaune qui couine quand tu le pince. Bon, il faut pas qu'il soit trop petit non plus, la baignoire est grande. Mais pas trop grand non plus, je veux pas que tu te sentes en concurrence avec coin-coin si jamais l'idée te vient de me rejoindre dans l'eau...» Han, le rêve ! Ouai, sauf que non, c'était pas possible, parce que Monsieur n'avait pas de baignoire, et qu'elle le voyait mal annoncer à Stella "Je monte à l'étage rejoindre votre fille dans le bain !"... Dommage... A moins que... «Et si je t'offrais la construction d'une baignoire dans ton appart', tu qualifierais ça de dépense "inconsidérée" ? » Qui ne tente rien n'a rien...

Son frère… Non mais sérieusement… Son frère ? Bon ça n’était pas en soit une réelle surprise, puisqu’il savait pertinemment qu’il n’échapperait pas à la soupe à la grimace de son cadet cet année. Le Père Noël aurait été trop généreux en lui rendant le petit frangin qu’il aimait tant, et reprenant ce boudeur de première catégorie, incompris et j’en passe… Mais là ! D’une part il apprenait qu’il était convié chez les Spinelli et qu’on avait même fait en sorte qu’il ait sa soirée du réveillon de libre, mais en plus on ajoutait à ça la présence de toute sa famille ! Ca allait le changer du petit repas en famille traditionnel, bien que tout aussi convivial et agréable !
La conversation dévia finalement sur les présents de Noël. Leandro n’en voulait pas… C’était tout bête, mais c’était comme ça. A chaque fois que la blondinette voulait lui faire un cadeau, il s’arrangeait pour qu’elle n’ait pas le temps, ou encore mieux qu’elle n’ait pas d’idée ! Quand elle lui demandait ce qu’il désirait, comme maintenant, il feintait l’ennemi comme il pouvait ! Cette fois ? Il désirait des chocolats… Petit cadeau simple et peu coûteux, réponse qui lui évitait d’affronter la mine boudeuse de sa chérie. Il ajouta même que si elle avait envie de faire des folies, elle pouvait lui en offrir avec de la liqueur ! Wouah ! Que d’aventure ! Mais… Elle, elle n’aimait pas la liqueur ! Il ne pu s’empêcher de rire doucement à sa proposition. Si on associait cette idée à l’image précédente, restée ancrée dans l’esprit du jeune homme, de Thalie en bikini, ça pouvait vite lui faire perdre la tête. Elle était super bonne son idée de chocolat finalement.
« J’opte pour la première solution… »
Il lui retourna la question, car oui si elle n’avait pas le droit de réellement lui faire de cadeau, ça n’était pas réciproque. Et puis quoi encore ?! Pour sa part, la belle désirait un canard de bain. Ca c’était du sacré cadeau !
« En concurrence avec un morceau de plastique ? Il en faut plus ! Et puis ce n’est pas moi qui ai cette habitude de te rejoindre quand tu te laves… N’inverse pas les rôles ! » Pas faux ! C’était elle qui s’introduisait dans sa douche ! Ah ah ! Elle lui proposa alors la construction d’une baignoire dans sa salle de bain. Leandro resta silencieux un instant… Une baignoire ?
« Tu voudrais m’offrir un truc que j’ai déjà ? C’est adorable ma puce ! - lança-t-il un peu moqueur. Je me doutais bien que tu fixais la porte de la douche dès que t’entrais dans la salle de bain, mais de là à zapper la baignoire… » Il devait l’hypnotiser en fait ! Et puis on ajoutera pour sa défense que la baignoire n’était pas « hors sol », donc bon… Mais quand même ! =P

Voilà ce qu'elle aimait chez lui -entre autres choses- sa capacité à discuter d'aspirage de liqueur et de canard flottant, sans se mettre à hurler "mais qui m'a collé une crétine pareille ?!". Il avait de l'humour, énormément d'humour, et un humour aussi barré que le sien. Et ça, vous pouvez me croire, fallait se lever de bonne heure pour le dénicher. Bon, elle, elle avait eu la chance d'être élevée avec lui, donc... Ha, mais c'était peut être la réponse à tout, ça ! Peut être qu'on leur avait filer un truc bizarre à boire pendant toute leur enfance, un truc qui les avait rendu un peu incohérent sur les bords ? Peu importe, elle ne le lâcherait pour rien au monde, son incohérent personnel ! Il venait de lui donner raison en optant pour la première solution, à savoir l'aspiration de l'alcool, avant de lui donner le chocolat vide. Si c'était pas un amour, franchement ? Et en plus, l'image avait quelque chose de... sexy... Oui, oui, sexy. Un quelque chose qu'elle cassa immédiatement en évoquant son choix de cadeau : Un canard de bain. Ouahou, c'te cadeau méga giga trop... bidon ! Ouai, sauf que si elle n'avait pas le droit de le gâter, alors il n'en aurait pas le droit non plus ! Non, mais oh ! Évidemment, même le cadeau le plus innocent du monde, entrainait une envie géante chez Thalie. C'était comme ça, elle ne pouvait pas lutter contre cette envie d'être collée à lui en permanence... Et cette envie était deux fois plus douloureuse quand on connaissait les horaires de dingues de Monsieur Chéri. Du coup, son idée de canard de bain entraina une idée de bain à deux, alors qu'elle-même était entrée dans sa propre salle de bain, et assise sur le rebord d'un blanc immaculé, faisait coller l'eau chaude. Monsieur s'empressa de rétablir une vérité, en précisant que c'était toujours elle qui le rejoignait alors qu'il se lavait, et non l'inverse... Pas faux.
« Parce que je ne t'en laisse pas le temps, et que t'es toujours le premier sous la douche, sinon, ce serait à toi de venir me rejoindre... » Non, mais oh, hein, il allait pas lui faire croire qu'il ne serait pas le premier à pointer le bout de son nez, s'il la savait seule et abandonnée dans une grande cabine de douche, hein ? « Et puis je pense à l'environnement, que veux-tu ? Pour économiser l'eau, on prend sa douche à deux... » Finit-elle par se justifier, un sourire dans la voix. Mais bon, une douche ne vaudrait jamais un bain. C'est ce qu'elle pensait tout en laissant trainer ses doigts dans l'eau tiède dont le volume augmentait. D'ailleurs ça lui donna une idée, qu'elle lui exposa rapidement : La construction d'une baignoire. Heu... Pourquoi ce silence ? Il appréciait pas l'idée ? Il s'apprêtait à lui crier dessus ? Ha bah non, il s'apprêtait juste à se payer sa tronche ! Comme c'était gentil de sa part ! Sérieux, il avait déjà une baignoire ? Pendant un instant, elle eut un doute quand à son interlocuteur. C'était bien à Leandro, Leandro Fransceci, qu'elle parlait depuis tout à l'heure ? Elle décolla le portable de son oreille pour s'en assurer, mais oui, pas d'erreur. Comment avait-elle pu zapper un truc pareil ? Ok, c'est vrai qu'il n'avait pas tort, et que lorsqu'elle entrait dans la salle de bain, elle n'avait d'yeux que pour l'appétissante silhouette qui se détachait de la buée, mais quand même, merde, une baignoire ça passe pas inaperçue !
« T'es sérieux ? » demanda-t-elle en se sentant un peu (beaucoup) conne. «T'as mit une bâche dessus, ou quoi ? Pourquoi tu prends toujours des douches si t'as une baignoire ? » Ça c'était une vraie question ! Si elle avait le choix entre les deux options, elle choisissait toujours le bain ! C'était tellement plus agréable que de se geler en attendant que l'eau soit à la bonne température, ou que la cabine s'emplisse d'une vapeur chaude... « Bon, alors, je change de cadeau ! Pour Noël, je veux un bain avec toi... » Annonça-t-elle très calmement, avant de reprendre, toujours aussi calme : « Et la construction d'un jaccuzzi ? Tu n'en as pas, hein ? Rassure-moi, je ne l'ai pas raté ? Il n'est pas coincé entre le lave-vaisselle et le frigo ? » On ne sait jamais, elle avait bien raté la baignoire !