Fuyons, je te suis ! [Samuel <3]

Sujet: Fuyons, je te suis ! [Samuel <3] Dim 15 Nov - 21:55

[J'suis désolée pour l'attente... Et surtout le résultat ! Je me rattraperais !] Embarassed

« Je te suis, filons ! »

Et hop, les voilà qui se dirigeaient vers la sortie de la bâtisse. Dire qu’ils avaient fait leur entrée il y a de cela dix minutes tout au plus. Le malaise de la belle avait apparemment eu raison de cette soirée mondaine ; du moins pour eux. Savannah en était ravie. Après tout, une telle proposition était plutôt inattendue, et elle ne pouvait que souligner l’attention toute particulière que venait d’avoir Samuel à son égard. Une fois dehors, la jeune femme se détendit. Il n’y avait plus tous ces nombreux regards posés sur elle, plus cette appréhension et cette peur de l’inconnu. Dans cette rue, bordée par quelques lampadaires, elle ne se souciait plus de rien. Tenant toujours le pant de sa robe pour ne pas que cette dernière ne traîne par terre, elle se donnait l’impression d’être une petite princesse, une jolie poupée, perdue en plein Rome. Elle se retourna doucement, ayant finalement lâché le bras de Samuel et pris un peu d’avance. Un franc sourire apparut sur ses fines lèvres rosées, alors que son regard se fixait sur lui.

« Où comptes-tu m’emmener ? »

Les restaurants ne manquaient pas, parmi toutes ces enseignes, ces grands noms. Restait à savoir sur lequel son choix allait se porter. Savannah se laissait guidé, se sentant déjà responsable de ce changement de programme de part ses difficultés à s’adapter à ce nouveau milieu. Elle le laissa venir à elle, affrontant très franchement son regard avec une facilité et une aisance qui jusqu’à présent, depuis son retour dans la capitale italienne tout du moins, avait été absente. Elle se sentait mieux à ses côtés, peut-être du fait qu’elle était rassurée au sujet de Mattéo. Le petit avait très bien pris la chose, ce retour inattendu de son père dans leur vie, ces négociations en tout genre de par la méfiance de sa mère… Finalement, c’était l’enfant qui avait réussi à apaiser la maman, et non l’inverse. Ce soir, poussée par le petit, elle avait accepté de sortir, et désormais ne le regrettait pas. Elle se sentait bien, et cela se lisait sur son visage, transparaissait dans son attitude.

Ils remontèrent la grande allée, Savannah baladant son regard au travers des vitrines, sur ces vêtements qui représentaient à eux seuls le montant d’une des ses factures, et parfois même de la totalité de ses frais mensuels. Un léger courant d’air frais se faisait sentir, faisant rosir ses pommettes, alors que le calme régnait autour d’eux. Ils finirent par se stopper face à l’enseigne d’un restaurant, et Samuel la fit passer devant lui, avec un élan de galanterie. Dans le hall, le maître d’hôtel fit en sorte qu’on les débarrasse de leurs affaires, et les installa à une table un peu plus reculée, dans la salle située à l’étage. La brunette suivit sans broncher, un peu impressionnée par le service et les lieux. Il faut dire que les seuls restaurants qu’elle faisait avec son fils était la petite pizzeria du quartier, ou à la limite le fast food quand elle se trimballait Mattéo durant les courses. Rien de très palpitant, rien de chic et classe… On lui tira la chaise, sur laquelle elle s’installa avec un semblant d’hésitation. Une fois l’employé parti, Samuel assis en face d’elle, elle se détendit de nouveau.

« Dis-moi… Tu fréquentes souvent ce genre d’endroit ?

Elle eu un petit temps de pause, et réalisa alors que sa question pouvait paraître quelque peu étrange. Aussitôt, elle se reprit, se justifia :

Non pas que ce soit mal hein ! Juste pour savoir si tu y es habitué ou non. Je suis trop curieuse… Et je parle toujours autant pour ne rien dire d’intéressant au final, comme tu as dû le remarquer. »

Elle ponctua sa phrase par le geste, plaçant sa main devant sa bouche, comme pour se faire taire toute seule, s’empêcher de laisser échapper le moindre mot supplémentaire.

HJ : Qu'est-ce que tu racontes, je trouve que c'est très bien ! Pour ce qui est de l'attente, je ne suis pas nécessairement mieux on va dire.

Samul n'était pas tout à fait déçu de quitter cette fameuse soirée mondaine où tous et chacun ne faisait que le plus grand nombre possible d'efforts pour se faire remarquer. Lorsqu'il avait initialement reçu l'invitation, il avait d'abord cru qu'il n'irait pas. Puis, il avait voulu inviter Catherine en souvenir du bon temps passé à Hollywood. Finalement, sa décision avait été toute autre et il avait vraiment eu envie que Savannah l'accompagne. La vérité était qu'il ne souhaitait pas tant que ça y aller, mais que c'était un prétexte idéal pour sortir avec elle et avoir enfin une vraie conversation. Les choses étaient de plus en plus compliquées. Entre Catherine et lui, ce n'était plus qu'une simple amitié et il voulait être sincère avec la jeune femme, il le lui avait promis. Pourtant, même s'il savait que c'était mal, il ne pouvait pas se résigner à oublier Savannah, rien n'était terminé encore avec elle et une part de lui ne voulait pas non plus que ça se termine un jour. Il éprouvait certes une certaine culpabilité à l'idée de passer ainsi une soirée avec son ex sans en avoir informer son actuelle « compagne », mais il ne pouvait pas faire autrement. Savannah continuait de faire partie de sa vie, de son coeur surtout. Peut-être un peu trop. À vrai dire, il ne passait son temps qu'à se demander s'il avait bien fait. Jamais il ne pouvait être certain de ses choix.

Bref, la perspective d'une soirée plus en retrait lui faisait beaucoup plus envie. Il ne regrettait tout de même pas une seule seconde d'avoir emmenée Savannah là-bas ne serait-ce parce qu'elle s'était mise aussi belle et qu'il était persuadé qu'elle en était heureuse, que cela lui faisait du bien. Oui, elle était merveilleusement belle, digne d'un conte de fée comme les enfants les aimaient. Le jeune homme l'emmena dans un grand restaurant qu'il connaissait. C'était avec très peu d'indices qu'il avait continué à la guider à travers les rues malgré ses fréquentes questions. Ha ! Patience, elle finirait bien par le découvrir et plus rapidement qu'elle ne le pensait. Samuel était assez satisfait de lire la surprise sur le visage de son invitée lorsqu'une fois arrivés sur place, ils se firent assigner une table. « Si je viens souvent ? Eh bien, tu connais mon père... Pour lui, ce n'était pas acceptable de manger ailleurs que dans ce genre d'endroits. Sinon, je dois aussi admettre que les États-Unis m'ont habitué à ce genre d'endroits, oui. » C'était absolument sans prétention. Malgré la famille dans laquelle il avait grandi et la notoriété qu'il avait connue pendant un temps, il avait toujours su rester lui-même. Savannah parlait beaucoup et pourtant, ce n'était pas tout à fait son style. Enfin, elle était éloquente à son habitude, mais loin d'être un moulin à paroles comme elle semblait l'insinuer. « Arrête, voyons. Je n'ai rien du tout à te reprocher pour ma part. » Il lui sourit tendrement, puis détourna le regard un peu songeur.

Il y eut un bref silence. Il ne s'agissait pas d'un vide dans lequel ni un ni l'autre des deux n'avaient quelque chose à dire, en tout cas, ce n'était pas le cas pour Samuel. Il était simplement en train de chercher une manière de formuler. Entre temps, le serveur vint leur mener deux verres d'eau et un menu chacun. Samuel prit le sien et plongea son regard sur la liste des plats servis. Il constata rapidement les prix bien qu'il s'en doutait déjà et il jeta un rapide coup d'oeil à Savannah qui semblait encore une fois plutôt intimidée. « Ne t'inquiète pas, c'est moi qui invite. Prends ce que tu as envie. » C'était une petite trêve, un moment pendant lequel il pouvait réfléchir à ce qu'il avait à lui dire en faisant semblant de chercher ce qu'il prendrait. Après quelques instants de réflexion et d'échanges sur les plats, le serveur vint prendre leur commande. Ils furent bientôt de nouveau tous les deux seuls. « Sav, je vais être franc. J'ai deux choses à te dire ce soir. Je ne crois pas que ce sont nécessairement de très bonnes nouvelles. »

Non pas stressée, Savannah n’était cependant pas des plus détendue. Elle ne parvenait pas à l’expliquer, ni même à décrire cet étrange état dans lequel elle se trouvait. Contente de sortir, mais gardant tout de même à l’esprit l’improbabilité de la chose puisqu’elle était en compagnie de Samuel, son ex qu’elle avait juré de garder loin d’elle pour ne jamais avoir à souffrir. Elle en avait traversé des galères depuis qu’elle s’était retrouvée seule et enceinte… Elle en avait passé du temps à pleurer et à le maudire… Pourtant, ce soir, cinq longues années plus tard, elle avait la sensation de perdre pied devant lui, de fondre comme par le passé et d’être incapable de le fuir comme elle se l’était promis. Se rendant compte qu’elle avait un important débit de parole, elle préféra s’en excuser sans plus attendre, avant qu’il ne s’en étonne et lui demande ce qu’elle avait, ce qui l’aurait forcément mise mal à l’aise. Ayant un peu de mal avec les silences et les blancs, rougissant dès que son regard se voulait trop insistant, elle le questionna, bien qu’il lui suffisait de quelques secondes de réflexion pour en deviner les réponses. Quand il fit allusion à son père, quand à ses habitudes et son aisance au sein de grands établissements comme celui dans lequel ils venaient de s’installer, Savannah esquissa un léger sourire, réalisant alors que cela avait toujours été ainsi. Le père de Samuel l’avait accepté, puis apprécié avec le temps, jusqu’à ne plus pouvoir la toléré du fait qu’elle était enceinte de son fils… Un homme respectable et gentil dans le fond, avec certes des idées bien arrêtées, mais qui ne voulait que le bonheur et la réussite de son fils. Maintenant qu’elle posait son regard sur Samuel, elle se disait que les Jenkins avaient fait du bon boulot. La maturité qui paraissait sur les traits fins de son visage, traduisait alors l’homme qui semblait être devenu. On grandit toujours de ses erreurs, n’est-ce pas ? Savannah n’avait pas voulu en commettre une en privant Matteo de son père par pur égoïsme, et prenait conscience de la sagesse de sa décision ce soir même.

On leur apporta à chacun un verre d’eau, ainsi qu’une carte. Savannah s’en empara, remercia le serveur d’un rapide sourire, puis bu une petite gorgée d’eau, afin de se détendre totalement. Elle lança un regard à Samuel, qui la rassurait tant bien que mal en l’informant notamment qu’elle pouvait se faire plaisir en prenant ce dont elle avait envie, sans se soucier de l’addition.

« Quel gentleman ! »

lâcha-t-elle d’une voix taquine, accompagné d’un sourire amusé. Son attention se porta donc ensuite sur le menu, et cette longue et interminable liste de plats en tout genre. Il y en avait pour tous les goûts, et chaque assiette portait un nom savamment trouvé, raffiné à souhait. Savannah demanda quelques conseils au jeune homme, qui parvenait avec bien plus de succès à décrypter ce qu’était chaque plat. Il faut dire que Savannah n’avait pas pour habitude d’utiliser un nom à rallonge pour un quelconque plat de pâtes, aussi bien cuisiné soit-il ! Ils finirent par commander, et se retrouvèrent seuls. Elle savait qu’ils allaient aborder le sujet de conversation qui les avaient amené à se retrouver ici ce soir, soit leur situation et surtout celle du petit. Or, la manière avec laquelle il prit la parole, étonna quelque peu la belle. Il avait deux choses à lui dire ce soir… Le sérieux avec lequel il lui présentait la chose, et cette réflexion qui avait suivit l’annonce ne la rassurait en rien.

« Oh… Et bien euh…

Elle prit une nouvelle gorgée d’eau, et se redressa, de façon à lui faire correctement face, prête à encaisser ce qu’il semblait vouloir lui révéler

Vas-y, je t’écoute Sam’… »

Elle paraissait détendue, alors que son cœur s’emballait doucement, sans qu’elle ne puisse l’en empêcher, sans qu’elle ne parvienne à en contrôler son rythme ; ses battements qui semblait murmurer de léger « Matteo »…

Samuel n'avait pour ainsi dire aucune envie de gâcher cette soirée qui, jusqu'à présent, semblait être partie pour se dérouler convenablement. Il lui semblait terriblement absurde de déjà mettre en péril sa bonne entente avec la jeune femme et son droit de voir Matteo, mais Samuel avait également confiance qu'il valait mieux jouer la carte de la sincérité. Bien que ce qu'il avait à lui annoncer ne se catégorisait pas parmi les bonnes nouvelles, il préférait être complètement franc avec elle, ainsi, les cartes seraient sur table et ils seraient tous les deux libres de réagir de la façon qui leur convenait. Samuel ne voulait pas se sentir coupable, il l'avait trop souvent été dans sa vie, alors il préférait de loin assumer dès maintenant ses tords, ses décisions, toutes ces choses-là. Vas-y, je t'écoute, avait-elle dit et aussitôt, le jeune homme eut comme un noeud dans l'estomac. Il avait été bien plus facile de se préparer mentalement à cette conversation qu'il ne l'était maintenant d'y faire vraiment face. Toutefois, il était prêt et il n'allait pas reculer quoi qu'il arrive. Après tout, ils n'étaient plus des gamins et les adultes qu'ils étaient devaient être capables de régler de telles choses en adultes justement.

« Je pars. Enfin, pas pour toujours. » Dit-il doucement, tiraillé par une déception certaine. N'y avait-il pas une chose plus horrible que d'annoncer à la mère de son enfant qu'il devait repartir à peine était-il de retour à Rome et dans leur vie ? Cela avait si longtemps été la crainte de Savannah et Samuel était en train de lui donner raison. Seulement, il fallait qu'elle comprenne. « J'ai obtenu un rôle dans un film, je serai absent quelques mois seulement. Tu sais, le boulot de pianiste, c'est très limite...» Soupira-t-il, lui-même agacé. La vérité était que ce rôle dans une production hollywoodienne était une chance inespérée de reprendre le boulot qu'il avait toujours aimé par dessus tout, celui d'acteur. Quand Samuel avait quitté Hollywood pour revenir à Rome, il ne s'était pas immédiatement aperçu du manque qu'il avait créé dans sa vie, mais au fil du temps, c'était devenu presque insupportable. Il n'était pas malheureux ici, au contraire, et il ne comptait pas partir pour ne plus revenir. Seulement, la perspective de retourner jouer sur un plateau de tournage était inévitable, il devait absolument y aller. Avait-il penser à Matteo ? Bien entendu. Après de grandes heures de réflexion, il en était venu à la conclusion que le petit méritait d'avoir un père heureux et capable de prendre soin de lui. Pour le moment, Samuel n'était ni vraiment heureux, ni vraiment en mesure de s'occuper de son fils.

« Je t'en prie, Sav', ne me dis pas que tu avais raison de croire que je ne serais pas fiable. C'est temporaire. Matteo compte pour moi plus que n'importe quoi d'autre, je ne l'abandonnerai pas.» Pour être parfaitement acceptable, il aurait sans doute fallu qu'un " et je ne t'abandonnerai pas non plus " soit ajouté. Seulement, c'était à ça que Samuel voulait en venir dans sa deuxième chose qu'il devait annoncé à Savannah. Le jeune acteur était conscient d'être en train d'envenimer leur soirée, mais maintenant qu'il avait commencé, il devait aller jusqu'au bout. « Ça va nous donner le temps de nous remettre les idées en place, je le crois. Je ne sais pas trop ce que je dois penser, je ne sais pas non plus ce que toi tu penses, Sav'. Ce que tu veux, ce que tu as besoin... Je vais être franc avec toi, durant mon absence, j'ai fréquenté Catherine.» Savannah connaissait la jeune femme pour être venue chez Samuel au moment même où cette dernière s'y trouvait. « Comme elle est revenue à Rome elle-aussi, je dois admettre que les choses entre nous n'ont pas vraiment changé.»

Il soupira. Voilà, tout était dit. Il allait repartir pour les États-Unis dans quelques temps pour y passer quelques mois sur un plateau de tournage. Évidemment, il y avait de grandes chances qu'avec ce rôle, il ait la possibilité de tourner dans d'autres productions, mais Samuel s'était promis que quoi qu'il arrive, il reviendrait à Rome parce qu'il ne voulait pas être absence de la vie de Matteo comme il l'avait déjà été pour ses premières années. De plus, sa présente relation avec Catherine ne changeait rien au fait qu'il aimait toujours Savannah le plus sincèrement du monde et qu'il n'écartait pas la possibilité qu'ils puissent un jour vivre ensemble avec leur fils, une petite famille heureuse et unie comme il était bon d'en rêver. Il regarda la jeune femme dans les yeux, inquiet, mais il assumait pleinement ses tords. Bien qu'il était difficile de penser ainsi dans le moment, Samuel s'était dit que la manière dont se dérouleraient ces aveux seraient sans doute très explicite quant à l'avenir qu'ils pouvaient ou pas avoir tous les deux. « Cela dit, même si tu me détestes après tout ça et que tu ne souhaites plus me revoir, je ne partirai pas pour autant et je te préviens que tu auras du mal à te débarrasser de moi.» Ajouta-t-il avec un humour maladroit, l'air désolé.

Les révélations… Elle en avait bel et bien horreur ! C’est bien simple, du moment où elle entendait ces quelques mots « J’ai quelque chose à te dire », aussi bien sortant de sa bouche que de celle de son interlocuteur, son cœur s’emballait. Et encore, le temps avait fait un travail énorme sur la jeune femme, qui avait fait d’importants efforts. Tout cela à cause d’un traumatise qui semble à première vu insignifiant, mais qui lorsqu’il est étudié de plus près, révèle un réel malaise. Un abandon, et un choc, remontant à quelques années, cinq pour être exact.

Flash Back

« Je… Sam, j’ai quelque chose à te dire… »

Le jeune homme perdit doucement son sourire, rien qu’à voir le sérieux avec lequel elle s’adressait à lui. Savannah avait bien du mal à se détendre, et ses mains quelque peu tremblantes la trahissaient. Ce qu’elle s’apprêtait à dire à Samuel n’était pas facile, pas à leur âge, pas maintenant… Et pourtant il fallait qu’elle prenne sur elle et lui annonce cette nouvelle qui, si elle avait dû franchir le seuil des lèvres d’une autre femme, à un autre endroit dans le monde, dans une toute autre situation, aurait été la plus merveilleuse nouvelle qu’un couple aurait pu désirer entendre. Là, Savannah aurait donné n’importe quoi pour ne pas avoir à le dire, de peur de voir tout ce qu’elle avait s’effondrer, disparaître, bien qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de lutter contre cet amour naissant.

« Hey ! N’ai pas peur ma puce… Tu peux tout me dire, tu le sais, non ?

D’un geste tendre, il vint placer sa main sous le menton de la brunette et lui dit relever la tête, afin de plonger son regard clair dans celui de la belle.

- C’est… C’est pas facile. Tu vas…
- Je ne vais rien du tout. Fais-moi confiance Sav’…
- Je… suis enceinte. »

Les mots étaient finalement tombés, et la surprise pouvait désormais se lire sur le visage du futur papa. Savannah ne savait plus quoi dire, ou quoi faire, elle restait tétanisée, dans l’attente de la moindre réaction, de la moindre réponse à tout cela.

Fin Flash Back

Cela s’était soldé par la fuite de Samuel… Une douloureuse épreuve, qui n’avait fait que raviver le sentiment d’abandon laissé par le décès du frère de la jeune femme, alors qu’elle n’était encore une enfant. Comme si les personnes les plus importantes de sa vie ne pouvaient rester près d’elle, que le destin voulait qu’elle en soit séparée… A cette table, elle s’attendait à tout. Pour elle, à cet instant précis, Samuel était capable de tout lui annoncer, allant du tout petit aveu insignifiant, à la plus grosse tragédie qui soit. Elle appréhendait, mais se montrait courageuse, s’efforçant de dissimuler le mal être qui s’installait peu à peu en elle, une vitesse incroyable. Elle s’était redressée, avait entre croisé ses doigts, joignant ses deux mains, pour stopper le moindre tremblement avant même qu’il ne se fasse sentir. Première annonce, il partait… Savannah ne pu cacher sa surprise. Comment ça il partait ? Mais… Ce…

« Tu pars… ? Samuel… Mais tu viens d’arriver et… »

Dire qu’il lui avait fait toute une scène pour qu’elle lui permette d’intégrer l’univers de Matteo, pour lui annoncer peu de temps après qu’il repartait. Elle ne savait pas comment réagir. Rire nerveusement jusqu’à se braquer, ou faire preuve de self contrôle et le laisser poursuivre ? Elle opta pour la seconde solution.

« Soit… Je ne dirais rien, mais tu ne peux pas m’empêcher de le penser, du moins d’en douter. J’ai eu du mal à te faire confiance, et là… Bref. Je te laisserais le soin de le dire à Matteo par contre, désolée… »

Impossible pour elle de lire la déception de son petit bout dans ses grands yeux clairs.

Elle bu une nouvelle gorgée d’eau, et soupira doucement en l’écoutant alors lui expliquer que cette absence leur permettrait de prendre un peu de recule par rapport à tout ça, de se retrouver dans le fouillis de leur relation, et de discerner ce à quoi ils aspiraient, ce qu’ils voulaient… Elle non plus ne savait plus ce qu’elle voulait, ce dont elle avait besoin. Que cherchait-elle ? Qu’attendait-elle ? Espérait-elle quelque chose avec Samuel ? Il était indéniable que sa flamme ne s’était pas éteinte. Elle l’aimait encore, et ne pouvait pas le nier. Ce départ lui brisait le cœur, non seulement pour Matteo mais une part d’elle, la femme qu’elle était, ne voulait pas le voir de nouveau s’en aller, loin d’elle. Sur la défensive, Savannah paraissait bien souvent distante, mais chaque moment passé en sa compagnie était apprécié à sa juste valeur, et était en soit un réel bonheur. Elle ne l’exprimait pas haut et fort, mais le pensait sincèrement.

La seconde révélation ne fut pas vraiment une énorme surprise. D’ailleurs Savannah avait déjà failli faire éclater sa jalousie au grand jour, lorsqu’elle était passé à l’improviste et avait été accueillie par cette blonde. Une ex de Samuel… Comment ne pas le voir, c’était comme marqué sur son front, en lettres capitales et rouges.

« Je suppose que tu pars avec… elle.

lâcha-t-elle doucement.

Qui te dit que je veux me débarrasser de toi Sam’ ? Et si je voulais tout le contraire justement… ? »

Elle baissa le regard, gênée.

Samuel acquiesça doucement lorsque Savannah lui dit qu'il devait lui-même informer Matteo de son départ. Il fut un peu surpris de cette affirmation de la part de la jeune femme, sachant qu'il n'aurait jamais accepté que les choses soient autrement. Il ne connaissait pas encore énormément son fils puisqu'il n'avait eu le droit de le voir qu'une seule fois - Savannah avait jugé préférable de ne pas aller trop vite. Samuel comprenait, mais il fallait qu'ils se réveillent. La vie n'avait pas tout son temps devant elle et les choses ne restaient pas en place éternellement sans bouger, sans changer... Surtout pas les êtres humains, surtout pas Samuel. Le jeune homme était dégoûté à l'idée d'être en train de faire du mal à la jeune femme et bien qu'elle fasse son possible pour ne pas le laisser paraître, il n'en était pas moins que Samuel s'en rendait plus que compte. Il la connaissait si bien qu'il lui aurait été impossible de lui mentir à ce point, pauvre Savannah.
Le coup fut dur lorsque la jeune femme émit sarcastiquement l'hypothèse que Samuel devait partir avec Catherine en Amérique. Il haussa doucement les épaules, mal à l'aise. « Je ne pars pas avec elle. Je prévoyais renouer avec mon père. » Savannah connaissait déjà l'histoire de Samuel. Poussé par un père aimant et exigeant, il avait quitté Rome pour aller vivre aux États-Unis et pour gagner sa vie en tant qu'acteur. Bien qu'il n'ait pas pris la décision à sa place, il avait toujours été évident que Monsieur Jenkins avait eu quelque chose à voir avec la fuite de Samuel, à l'époque effrayé mais si peu méchant. Le jeune homme avait eu peur de cette grossesse, mais il y avait fort à parier qu'il n'aurait jamais quitté Savannah si ses parents, spécialement son père, ne lui avaient pas longuement étaler les graves conséquences que cela aurait sur sa vie, sur sa carrière prometteuse. Avec du recul, Samuel ne regrettait pas d'avoir permis à sa carrière d'aller où elle était aller, mais jamais il n'aurait quitter la jeune femme et jamais il n'aurait renoncer à être présent pour son fils. Il aurait dû conjuguer les deux quoi qu'en aurait dit son paternel. Bref, l'histoire du conflit qui s'était installé entre Sam et son père était connue. Quelques années passées à Hollywood avaient poussé Samuel à s'éloigner de sa famille et la rupture avait été presque totale quand il avait abandonné le cinéma pour revenir assumer ses responsabilités à Rome.

« J'ai besoin de faire ça. De jouer, ça me manque, tu me connais.. » Il y avait certes une possibilité que Cath choisisse de venir passer ses congés de cours à Hollywood, mais rien n'était décidé et Samuel allait tout de même demeurer chez ses parents, donc il n'y avait pas matière à s'inquiéter. « Qui te dit que je veux me débarrasser de toi Sam’ ? Et si je voulais tout le contraire justement… ? » dit la jeune femme et ce fut un coup dur pour Samuel qui resta figé durant un instant. Le savait-il déjà ? Plus ou moins, dire que non aurait sans doute été un mensonge trop évident. Pourtant, il n'y avait rien qui avait vraiment montré que Savannah souhaitait lui laisser prendre une place plus importante dans sa vie. Certes, il y avait eu ce baiser, mais à force de se ronger l'esprit à vouloir comprendre, le jeune acteur avait fini par croire que cela s'était peut-être seulement passé ainsi sous le coup de l'émotion. « Écoute. Je ne veux pas partir loin de toi, ça m'a fait mal plus que de raison la première fois. Seulement, on ne peut jouer à ça éternellement. Je sais que tu as du mal à me faire confiance, mais tu ne peux pas me demander de passer tout ce temps ici, à Rome, à ne rien faire. Je n'ai pas eu droit de voir Matt' plus d'une fois, Sav', soyons sérieux. J'ai aimé cette ville, j'ai aimé les gens. Avant de partir, j'avais un tas d'amis, d'ennemis même. Je t'ai aimée toi... Comme avec un nœud dans la gorge, il marqua son petit discours d'une brève pause empreinte d'émotion. - Aujourd'hui, je ne revois plus que l'ombre d'un passé révolu. C'est chez moi et ce ne l'est pas en même temps. Sinon que de réputation à Cinecittà ou encore dans quelques établissements de millionnaires en ce genre dit-il en désignant d'un signe dédaigneux le restaurant - Je n'ai plus de famille, que des amis qui gardent une rancœur à mon égard, qu'un boulot à temps partiel, à temps partiel Savannah alors que j'ai 23 ans, dans un restaurant. Ce n'est pas une vie, je n'ai pas de vie. Et tu m'as tenu loin de celle que je souhaitais en revenant ici. » Conclut-il.

À première vue, on pouvait avoir l'impression que Samuel était en train de déverser un flot de reproches à la jeune femme fragile qui se trouvait devant même, mais ce n'était pas le cas. Jamais il n'aurait eu le culot de faire une pareille chose après le mal qu'il lui avait causé et puis il ne le pensait pas. Lui-même ému, il détourna le regard afin de reprendre sur lui-même. Ce n'était pas le moment de se montrer faible alors qu'ils étaient au coeur d'une véritable conversation pour une fois, pour changer. Il fallait aller jusqu'au bout et tenter de mettre les cartes sur table pour de bon, qu'ils puissent enfin vraiment se comprendre. Ce qu'il s'était efforcé de dire, c'était que sa vie à Rome depuis son retour n'était qu'une ombre. Au fond, il essayait de lui expliquer pourquoi est-ce qu'il devait de nouveau jouer, parce qu'il n'était qu'un artiste en manque de son Art, qu'un gosse de riches en manque de l'attention de son père, qu'un fêtard en manque de compagnons. Bref. Le vide s'agrandissait tous les jours et il ne pouvait plus le supporter. « Au risque de passer pour un véritable connard à la tête enflée, j'ai besoin de ça. » poursuivit-il en faisant allusion à tout ce qu'il n'avait plus à présent, loin des caméras. La conversation était de plus en plus délicate notamment parce que ça avait toujours été la seule chose qui les avait divisée. Certes, le fait que Samuel soit le fils d'un homme connu et que Savannah ne soit pas dans la même situation n'avait jamais rien changé au fait qu'ils se soient aimé par dessus tout, mais ça avait causé leur perte d'une certaine façon et c'était bien là leur seule différence, ce qui les séparait encore aujourd'hui.

Flashback
Des larmes coulaient doucement, sans fin, éternelles. Il faisait noir, seuls les rayons de la lune pouvaient encore permettre de distinguer quelque chose dans la cuisine des Jenkins. Un jeune homme était assis à la table de la cuisine familiale, les mains devant les yeux, accoudé sur la table. Ses sanglots brisaient le silence de la nuit froide, sans pitié pour le drame intérieur que vivait Samuel. Des pas se firent entendre. Bientôt, une voix.
« Samuel ?»
Un silence, à peine un reniflement. L'adolescent releva la tête, les yeux bouffis, mais à peine perceptibles dans la noirceur.
« Bon sang, Samuel, il est 3h00 du matin, il te faudra te lever à 5h00 pour le tournage, je... »
« Un garçon... » Lâcha-t-il d'une voix rauque qui tremblait, une voix qui se cassait sous l'émotion. Son regard était toujours terne, sans éclat et triste. Puis, un sourire apparût pour s'évanouir dans la seconde suivante. « Matteo. Matteo...» Un appel d'un ami à Rome l'avait mis dans tout ses états. Quelques mois déjà qu'il était à Hollywood avec son père, ayant tout laissé derrière lui et ne gardant contact qu'avec de très rares personnes. Savannah avait accouché, lui avait appris l'un de ses amis.
Fronçant les sourcils, l'homme alluma la lumière de la cuisine, celle-ci aveuglant l'adolescent toujours en proie à une crise de larmes. Muet, l'homme vint s'asseoir sur la chaise d'en face. Soudain, Samuel sembla terriblement en colère, chaviré d'une colère noire.
« Il faut que j'aille à Rome, papa. Il faut que j'aille voir Savan...»
« Samuel, non ! Nous avons déjà parlé de ça, c'était une erreur, une énorme erreur que vous avez faite tous les deux. Si ça t'amuse de mettre dans ton lit la première venue, tu aurais au moins pu le faire en t'assurant de ne pas hypothéquer ton avenir. Tu as du talent, si tu y retournes, tu vas gâcher ta vie. Ce n'est que ce qu'elle veut, Sam, t'obliger à rester. »
Fin du Flashback

Doucement, Samuel posa sa main contre celle de la jeune femme, devant lui.
« Je n'ai jamais voulu te faire de mal, pas plus avant qu'aujourd'hui. Je reviendrai très vite pour vous deux, parce que je vous aime très fort. Ça, il faut au moins que tu le crois.» L'émotion était à son comble. Le jeune homme se mordilla la lèvre doucement.

Flashback
« Va te faire foutre. Toi et tout le reste. Je me barre, je retourne à Rome. »
« Samuel, ta carrière ! »
Il y eut un grand éclat de rire et Samuel, plus vieux, lunettes fumés et look à l'américaine se montra, sortant d'une pièce avec un énorme sac rempli.
« J'ai un enfant, merde. Un gamin qui n'a pas de père, qui n'a rien demandé et qui se retrouve seul. »
« Tu crois qu'elle t'attend toujours ? » Ricana Monsieur Jenkins avec mépris.
« C'est pas parce que tu ne l'as jamais aimée que moi, je n'ai pas le droit de l'avoir aimée. »
Samuel se dirigea d'un pas décidé vers la porte bientôt suivi de son père, dans une dernière tentative de le convaincre de rester.
« N'abandonnes pas tout, tu vas le regretter. »
Un nouvel éclat de rire, un rire froid et sarcastique.
« Ouais, je sais ce que c'est que regretter. »[/color]
Et plus rien, juste un claquement de porte.
Fin du Flashback

Comme si la réalité souhaitait faire signe aux deux jeunes adultes plongés au coeur d'une discussion douloureuse mais inévitable, le serveur s'approcha avec leur plat. Samuel, silencieux, jeta un coup d'œil à ce qu'il avait commandé et s'autorisa un profond soupir avant de prendre sa fourchette et de prendre une bouchée. Son appétit n'était certes pas aussi présent qu'il ne l'avait cru tout à l'heure, mais il ne voulait pas se laisser prendre par l'émotion ! Non ! Il fallait qu'il soit fort. C'était à lui de l'être, que pour elle. « Excuse-moi. » Dit-il doucement. Pour tout.

La simple idée d’imaginer Samuel en tête à tête avec cette dénommée Catherine, à un nombre incroyable de kilomètres de Rome, avait le don de filer la nausée à la brunette. Jalouse… Bien sûre qu’elle l’était, et cela la blessait au plus profond de son être. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, et le ton qu’elle venait d’employer au travers de ces quelques mots pour formuler cette hypothèse, trahissait sans doute ce sentiment. Qui mieux que Samuel pouvait encore la décrypter et capter ce qu’elle pouvait penser et ressentir ? Même avec ces années passées loin l’un de l’autre, il demeurait encore le seul capable de lire en elle, sans réelles fausses notes. Pourtant, même en sachant cela, elle luttait et s’efforçait d’afficher un semblant d’indifférence, comme si l’annonce de son départ l’embêtait seulement pour Matteo et qu’elle ne l’atteignait pas elle, en tant que femme et non seulement en tant que mère. Pourtant tout l’inverse se produisait, elle qui avait doucement, et surtout discrètement baissé la garde, dans l’espoir de retrouver l’entière confiance qu’elle lui avait, fut un temps, donné sans craintes. A présent, assise à cette table, elle se demandait si elle n’avait pas à nouveau fait une erreur. Non pas qu’accorder un droit de visite à Samuel concernant leur fils était mal, au contraire, elle s’interrogeait sur sa propre situation. Leur bout de chou avait dévoilé un tout nouveau sourire, paraissant plus franc et spontané, du moins si l’esprit de la jeune maman et ses espoirs ne lui jouaient pas des tours ! Cependant, ce sourire allait disparaître de sa jolie frimousse pendant un certain temps, et Savannah craignait par avance de l’affronter.

Flash Back

« Il est plutôt cool mon papa, pas vrai ?
- Oui Matteo… Calme-toi bon sang ! Arrête de gigoter !
- Tu crois qu’il m’aime bien ?
- Mais bien sûr ! Quelle question ! C’est ton papa… Lève la tête ! »

L’enfant s’exécuta, et Savannah pu alors lui enfiler le haut de son pyjama. Debout sur son lit, il ne tenait pas en place, donnait du file à retordre à sa pauvre maman. Ils n’avaient jamais mis autant de temps pour se changer ! Et il restait encore la toilette et le brossage des dents ! A ce rythme, il allait se coucher à point d’heure !

« Bon, Matteo…
- Mais maman, je vais le revoir bientôt ?
- Ecoute chéri… Si tu ne te calmes pas tout de suite, j’en doute… »

En une fraction de seconde, le petit s’était figé, stoppant ses petits sauts sur le matelas et posant un regard hésitant sur sa mère. Wow ! Et bien le retour de Samuel avait de sacrés avantages au quotidien ! En un temps record, il gagna la salle d’eau et termina de se préparer pour aller se coucher. Une fois glissé sous les draps, le bambin fixa sa mère, de ses grands yeux clairs amplis de fatigue et soulignés par de légères cernes bleutées.

« Tu l’aimes mon papa ?
- Dors mon cœur… »

Elle déposa un baiser sur son front, alors qu’il fermait doucement les paupières, littéralement mort de fatigue. Savannah le borda soigneusement et se dirigea vers la porte de la chambre, sans oublier d’éteindre au passage la lumière. Avant de quitter la pièce, elle se retourna et observa son fils, dormir à poings fermés.

« Oui je l’aime ton papa… »

murmura-t-elle tout bas

Fin Flash Back

Non, il ne partait pas avec elle… Savannah s’en sentit comme soulagée. Ca n’allait rien changé à ce qu’il pouvait ressentir pour elle, elle le savait bien, mais il serait tout aussi éloigné de cette fille que d’elle, ce qui en soit l’apaisait quelque peu. Samuel pensait renouer avec son père, ce qui était une bonne chose. Certes, Savannah n’avait jamais été vraiment apprécié par Mr. Jenkins Sr., et elle se doutait bien qu’il était en partie responsable de la fuite de Sam’ à l’annonce de sa grossesse, mais il restait quelqu’un de bien, un père aimant qui n’avait voulu que le bonheur et la réussite de son fils. Un énorme faussé les avait toujours quelque peu séparé, et elle n’avait tout simplement pas réussi à pleinement intégrer son univers. Etait-ce mal ? Etait-ce qui les avait empêché de s’aimer ? Non, ça n’était qu’un détail, et malheureusement pour elle, son paternel était pointilleux et ne laissait passer aucun détail. Elle acquiesça d’un simple hochement de la tête, n’ayant aucun commentaire à faire… Elle ne pouvait pas l’empêcher de partir, pour une raison ou pour une autre. Elle n’avait pas son mot à dire dans l’histoire, il était grand et libre. Et puis il en avait besoin. Jouer la comédie était quelque chose de vital, l’art dramatique coulait pour ainsi dire dans ses veines, et lorsqu’il n’existait pas en tant que comédien, il n’était que l’ombre de lui-même. Savannah le percevait, et n’avait donc, de ce fait, aucun mal à le croire quand il lui révélait ce manque.

Elle aussi passa aux aveux, mais de façon indirecte et détournée. Se dévoiler ainsi n’était pas chose aisée, mais elle ne pouvait pas le retenir éternellement. Samuel ne pouvait pas croire qu’elle voulait se débarrasser de lui ; il ne le pouvait plus. Elle avait tenté de le tenir à l’écart, par crainte de souffrir à nouveau, mais avait finalement entre ouvert la porte de son petit monde, et il était de retour dans ce que Matteo appelait « Leur bulle familiale ». Elle laissait sous entendre alors tout ce qu’elle pensait réellement, mais qu’elle n’osait dire franchement : qu’elle ne voulait pas qu’il s’éloigne à nouveau.

« Je ne joue pas Samuel… Et crois-moi que je donnerais tout pour que ça soit plus simple. Tu peux cependant comprendre ma réaction, et le fait que je me sois ainsi mise sur la défensive… Mais cela doit-il cependant dire que je ne veux pas de toi ? Au contraire… Je n’ai pas eu peur de toi, mais de mes sentiments. J’ai flippé rien qu’à l’idée de te voir repartir. »

Et c’est ce qui se passait. Certes il ne s’agissait pas d’un départ définitif, il le lui avait clairement fait comprendre, de peur sans doute de perdre à jamais son fils. Pourtant, la douleur ne semblait pas amoindri par ce détail, qui avait toute son importance. Tout ce qu’elle voyait, c’était la distance et la durée, le manque…

« Je ne veux pas ton malheur Samuel… Je ne l’ai jamais voulu. »

Elle le comprenait, mettant de côté ce qu’elle aurait désiré pour la suite… Et elle le lui faisait comprendre à travers son regard qui se voulait fixe, presque assuré, alors qu’elle était loin de l’être. Savannah était ainsi, femme à forte tête, et pourtant frêle et fragile. A la suite de ses mots, elle fit glisser sa main sur la table, et s’empara doucement, avec une once d’hésitation, de la sienne.

« Je serais déjà dehors, entrain d’appeler un taxi, si tu étais un connard…

lâcha-t-elle, accompagné d’un léger sourire rassurant

Je te crois. »

Cette discussion, ils en avaient eu besoin, et Savannah avait pris sur elle pour ne pas se renfermer sur elle-même, comme à sa très mauvaise habitude. Elle l’avait écouté, et avait fait part de son propre ressentit, en espérant qu’il en avait tenu compte, que cela avait eu un quelconque impact sur lui. Oh qu’elle l’espérait, de tout son cœur. Quand le serveur arriva avec leur plat, Savannah lâcha sa main, comme gênée. On déposa donc une assiette devant elle, et bien que la faim avait disparu, elle s’empara de sa fourchette et prit une petite bouchée de son plat. Son estomac était noué, elle n’avait pas la moindre envie de manger, mais faisait bonne figure.

« Cesse de t’excuser… Je n’ai le droit de t’en vouloir. »

La tension avait considérablement augmentée entre eux, ils s'étaient à tour de rôle ouvert le coeur pour enfin exprimer ce qu'ils ressentaient vraiment face à tout ça, cette fameuse discussion qui avait toujours menacé d'arriver à un moment ou à un autre. On pouvait certes accorder le mérite à l'instinct maternel de Savannah, qui avait su faire de son mieux attention pour que Samuel ne soit pas en position où il pourrait blesser Matteo par un départ trop précipité, mais on pouvait également dire qu'il ne fallait pas être un génie pour l'avoir deviné. Quiconque connaissant le moindrement le jeune acteur aurait pu prédire qu'il n'allait pas tenir longtemps à l'écart de sa passion, de ce pourquoi il avait un jour tout abandonné et qui lui avait toujours procurer du plaisir et un bien-être, même dans les moments les plus durs. Le cinéma. Le théâtre. Le métier d'acteur, bref. Il n'osait et ne voulait surtout pas penser à ce qu'il aurait pu faire si les choses avaient été différentes. À vrai dire, quand on commençait à se donner le droit de regretter certaines choses, on entrait dans un cercle vicieux qui n'avait pas de fin et on pouvait remonter à la source au moins un million de fois. Que se serait-il passé s'il n'avait jamais décidé de revenir à Rome pour prendre ses responsabilités de père auprès de Matteo et pour revoir Savannah ? Peut-être aurait-il pu avoir une carrière encore meilleure, peut-être toucherait-il aujourd'hui des sommets ! Mais après de telles pensées, on pouvait également remonter plus loin et se demander ce qui se serait passé si au contraire, il n'avait jamais même quitté la jeune femme et leur enfant, s'il était resté à Rome. Peut-être n'aurait-il pas autant eu la piqure, peut-être aurait-il pu être simplement heureux comme tout le monde. Le destin était tellement incertain, les suppositions sur " ce que ça aurait pu être " l'étaient encore plus. Peut-être serait-il tout de même devenu un grand acteur, un réalisateur peut-être même, mais tout en restant auprès de Savannah qui serait devenue sa femme, auprès de leur fils. Peut-être auraient-ils eu plusieurs enfants ! Bref, il fallait oublier les peut-être et se concentrer sur le présent, sur le chemin qu'ils avaient parcouru : parsemé d'erreurs et de déceptions, mais rempli de joies et de bonheurs, de moments inoubliables et de sentiments, de sincérité.

« Je sais. Répondit-il seulement lorsqu'elle affirma qu'elle n'avait jamais voulu son malheur. Samuel ignorait s'il avait pu dire quoi que ce soit le laissant sous-entendre, mais il n'avait jamais cru que la jeune femme faisait quelque chose dans le but ultime de le rendre malheureux. Il était bien au courant du mal qu'il pouvait lui avoir fait et il s'en voulait d'ailleurs encore énormément, mais il ne pouvait pas nier ce qu'était la présente réalité. L'image de Matteo lui revenait en tête à tout instant, le jeune homme savait en tout cas une chose, jamais plus il ne ferait quoi que ce soit pour décevoir le petit bout d'homme, son fils. Bien sûr, son départ un peu précipité pour les États-Unis risquait d'être un élément affligeant pour ce dernier, mais Samuel savait qu'il allait revenir, rien n'était plus certain, et même si Matteo risquait d'en douter durant un cours instant, il se rendrait compte qu'il pouvait avoir confiance en la parole de son père. Ça aussi, c'était une chose très importante. La confiance... Une chose si précieuse, si facile à trahir, si difficile à donner.. encore plus à redonner, Savannah en savait quelque chose.

Le jeune homme eut un mince sourire et, parce qu'il se souvenait avoir si souvent vécu ce petit scénario ironique dans leur jeunesse au cours de leurs très rares disputes, il répondit à sa demande d'arrêter de s'excuser : « D'accord. Je m'excuse. » Un brin de moquerie, rien qu'une miette pour détendre un peu la situation, l'atmosphère étant déjà plutôt tendue vu les sujets délicats qu'ils abordaient depuis tout à l'heure. Toutefois, Samuel s'accorda comme le droit de prendre une grande respiration. Les choses s'étaient passées un peu mieux qu'il ne l'avait espéré et il était heureux que sa compagne soit toujours avec lui après ses révélations. Jamais il n'avait eu dans l'intention de faire du tord à la jeune femme et il avait espéré de tout son coeur qu'ils pourraient demeurer en bons termes tous les deux. Une seule chose le tourmentait encore, disons plus que le reste. L'air toujours un peu perplexe, il leva les yeux et lui dit : « J'ai cru que j'enterrerais une bonne fois pour toute notre histoire en t'avouant ma relation avec Catherine. Que j'effacerais les doutes qui demeuraient encore, que tu pourrais devenir mon amie. » Avoua-t-il avec émotion.

Il y eut un silence. Un temps. Il haussa les épaules avec un mince sourire navré, confus surtout. Il ne savait pas trop où est-ce qu'il voulait en venir en disant de telles choses, le fait était seulement qu'il était - une fois de plus - confronté à un problème assez majeur. Samuel aimait Catherine, il ne voulait pas la décevoir, ni lui faire du mal, rien de tout cela. Elle méritait plus que quiconque d'être heureuse, il savait qu'à elle aussi, il avait déjà fait du mal. Quelle ironie ! Il doutait que Savannah aurait trouvé l'histoire marrante s'il l'avait raconté, mais en dehors de la grossesse, il avait fait vivre la même genre de chose à Cath qu'à Savannah : un départ brusque et inattendu, lâche peut-être. « Si tu savais comme... J'ai envie toi, là, maintenant. » Il y avait quelque chose de douteux dans ses paroles, quelque chose qui pouvait donner l'impression qu'il faisait dans la grossièreté, mais ce n'était pas le cas. Il avait envie d'elle, envie qu'elle soit près de lui, envie de la serrer dans ses bras, de glisser ses mains à travers ses cheveux. Il n'aurait pas détester qu'ils soient ailleurs, qu'ils aient la place, le temps et les circonstances pour s'adonner à autre chose qu'à un dîner aux chandelles. Toutefois, il se sentait coupable de dire une telle chose. Peut-être même donnait-il de faux espoirs à la jeune femme, puisqu'il n'était pas certain de vouloir jouer les relations doubles. Ni elle, ni Cath ne méritait une telle chose.

« D'accord. Je m'excuse. » Grrr ! Mais c’est que même dans les moments les plus sérieux, il continuait à la chercher ! Cela lui rappelait le passé qu’ils avaient en commun, cette histoire qui comptait tant à ses yeux, qui avait fait son bonheur, puis son malheur, et qui demeurait tout de même le plus beau de ses souvenirs, quelque chose dont elle ne pouvait pas se défaire, malgré tous les efforts du monde pour y parvenir. Cette histoire était finalement la base de ce qu’elle était aujourd’hui, une jeune maman célibataire et courageuse, cependant toujours amoureuse. Elle qui avait cru avoir chassé le moindre sentiment à son égard, l’avoir remplacé par un semblant de rancune et de colère, s’était bel et bien voilée la face, méprise et dupée par ce tas d’illusions. Rien ne s’était effacé, comme si son cœur avait été marqué de son amour au fer rouge. Là, alors qu’il lui faisait part de son projet, accompagné de son ressenti face à cette situation quelque peu délicate, elle était incapable de lui en vouloir. Pourtant son instinct de maman protectrice aurait en temps normal pris le dessus, lui hurlant de refermer sans attendre la porte qu’elle avait précédemment entre ouverte pour le laisser de nouveau entrer dans leurs vies. Là, rien… Un brin de déception certes, inévitable, mais partagé. En effet, elle pensait à son fils, l’image du bout de chou demeurant fixe dans son esprit, omniprésent ; mais aussi à elle. Il allait lui manquer, c’était indéniable, elle ne pouvait pas le nier. Le faire aurait été lui mentir, se mentir, sans aucun intérêt hormis une fierté sans doute mal placé et malsaine dans ce cas précis… Cette carapace il l’avait apparemment définitivement brisé, Savannah baissait non seulement les armes, mais aussi la garde. Elle se montrait telle qu’elle était, exprimait le plus clairement possible ce qu’elle ressentait, et ne demandait rien d’autre qu’un peu de compréhension, semblable à ce qu’elle pouvait lui offrir. La brunette ne voulait surtout pas qu’il s’excuse, il était normal qu’il parte à la recherche du bonheur, de son bonheur. La comédie était son oxygène, Savannah n’avait pas le droit de l’en priver. Elle ne le pouvait pas, refusait de tuer l’homme qu’il était suite à un élan d’égoïsme de sa part. La jeune femme était ainsi, et elle l’avait d’ailleurs toujours été.

Il avait détendu l’atmosphère grâce à sa petite réplique, arrachant sans mal un léger sourire à la belle. Difficile de se sentir totalement à son aise dans ce genre de situation. Elle sentait toujours ce nœud au niveau de son estomac, ayant bien du mal à avaler la moindre bouchée de son plat, néanmoins délicieux. Au soupir de Samuel, elle posa son regard sur lui. Il semblait tout aussi mal qu’elle et cet air perplexe qu’il affichait ne la rassurait pas vraiment. A quoi devait-elle s’attendre ? Encore une annonce peu plaisante ? Sans prononcer le moindre mot, elle vint reposer ses coudes sur la table, se moquant bien des soit disant règles de politesse, et vint y appuyer son menton, délicatement. Ses yeux clairs ne le lâchaient pas, comme si ce simple regard lui permettait de sonder son esprit, alors qu’il n’en était rien. Elle avait un peu de mal à lire en lui ce soir, elle-même quelque peu perturbée. Il releva le regard, et parvint à la déstabiliser de nouveau, au travers de quelques mots. Sa franchise blessait, alors qu’elle savait pertinemment que tel n’était pas son objectif. Son aveu avait été l’espoir d’une amitié, d’un nouveau départ, d’un oubli. Il avait espéré pouvoir tirer un trait sur leur passé, pour sourire à un avenir avec sa nouvelle compagne, et Savannah ne pouvait qu’en être peinée. Mais elle encaissa, faisant mine de dissimuler son malaise sous un masque le plus neutre qui soit, du moins de ce qu’elle était capable de faire croire. Ce n’était pas elle la comédienne après tout !

« Je… »

Aucun autre mot ne suivit… Elle ne savait pas quoi répondre, souhaitant peut-être, au plus profond d’elle-même, qu’il y ait une suite, un mais, un retournement de la situation. Oh oui qu’elle l’espérait ! Mais elle n’eut droit qu’à un petit sourire navré, un haussement d’épaules. Savannah baissa les yeux quelques instants, cherchant à retrouver un peu de contenance et de courage.

« Si tu savais comme... J'ai envie toi, là, maintenant. » Cette phrase eut l’effet d’un petit électrochoc chez la jeune femme. Surprise d’une telle révélation, elle se figea, ouvrant de grands yeux étonnés. Elle se reprit très vite, et releva le regard, ayant fait disparaître le moins signe de surprise des traits fins de son visage. Comment interpréter une telle réplique ? Elle ne voulait surtout pas s’emballer et faire fausse route, car elle savait que la retomber n’en serait que plus douloureuse. Pourtant, en cherchant à capter son regard, passant et repassant machinalement cette réplique dans sa tête, elle ne pouvait s’empêcher de penser que tout n’était pas fini… Il était là son « mais » si désiré. Aussi désiré que pouvait l’être désormais Samuel. Spontanée, mais se retrouvant dans un milieu inconnu qui était loin de la mettre à l’aise, Savannah luttait contre son envie de se lever et de venir se blottir contre lui. Ca ne se faisait pas, ils se trouvaient dans un lieu public, des plus chic qui plus est… Mais elle avait besoin d’un contact, qu’importe soit-il.

Flash Back

« Saaaaaaam’ ! Mais allez ! Ne te fais pas prier bon sang !
- Ah ah ! Tu le veux vraiment ce câlin ? »

La brunette croisa ses bras sur sa poitrine, faisant face à l’adolescent qui présentement refusait de lui offrir l’étreinte qu’elle réclamait, dans le simple but de la taquiner. Comme à son habitude, il s’en amusait, alors qu’elle feintait de faire la tête, affichant une mine boudeuse. Savannah était comme ça, tactile… Il lui fallait de la tendresse, chose que Samuel lui donnait sans problème en temps normal, quand l’envie de la titiller était absente. Là, ça n’était visiblement pas le cas.

« Sam’…

Elle releva le regard, et fit glisser une de ses mains sur le torse du jeune homme. Ce dernier semblait assez réceptif, mais ne changeait pas pour autant d’avis. Ce qu’elle voulait ce n’était pas grand-chose ; simplement ses bras l’enveloppant dans une douce étreinte.

- Qu’est-ce que j’ai en échange ?

demanda-t-il, accompagné d’un sourire en coin.

- Tout mon amour devrait suffire, non ? »

Elle ponctua sa phrase par un léger baiser, alors que Samuel ouvrait ses bras pour y accueillir la belle.

Fin Flash Back

Ne tenant plus face à ce besoin irrémédiable, Savannah s’empara de nouveau de sa main, allant la chercher sans la moindre once de gêne, sans la moindre hésitation. Elle fit en sorte d’entremêler leurs doigts, dans un silence qui pourtant en disait long. Si elle laissait paraître ce qu’elle ressentait, si elle ne tentait même plus de cacher cette confusion et ce désir, elle ne se laissait cependant pas totalement aller, gardant en tête qu’il était avec une autre, qu’elle n’était pas comme ça, loin de ressembler à ces femmes que l’on aime ou que l’on désire le temps d’une nuit. La « troisième » roue du carrosse ne porterait pas son nom, et elle espérait que Samuel le comprenne sans qu’elle n’ait à le mettre au pied du mur, face à cette évidence.

« Tu vas prendre soin de Matteo pendant mon absence... »

« Dis moi ce que je peux faire pour t'aider avant de partir. »

Flashback

« Oui, allô ? »

« Samuel...»

« ... Papa ? Qu'est-ce tu veux ... »

« Je t'appelle parce qu'un producteur te voudrait à la tête de son prochain film. Je me suis dit que je devais au moins te le laisser savoir et te laisser prendre ta propre décision... »

Fin du flashback

« Je sais que c'est difficile à croire, Sav', mais cette fois les choses ne changeront pas d'ici mon retour... Enfin je veux dire, pour moi elles ne changeront pas. »

« Tu vas prendre soin de Matteo pendant mon absence... » Cette petite phrase résonnait dans l’esprit de la jolie brune. Il faut dire que ces mots représentaient tant pour elle ; à la fois la promesse d’un retour, et en même temps l’attention que pouvait porter Samuel à leur fils. Ils n’étaient que le simple reflet de ce qu’elle avait toujours désiré entendre suite à son départ, il y a quelques années, et auxquels elle n’avait cependant jamais eu droit. Son regard demeurait posé sur leurs mains enlacées, et son cœur se laissait bercer par un élan de nostalgie. Leur histoire semblait si loin et pourtant à la fois si proche… Savannah ne pouvait s’empêcher de penser que ce passé qu’il avait en commun n’était pas juste bon à laisser de côté dans un coin de leur tête, à oublier et pour finir à effacer à jamais. Elle avait l’impression que ses sentiments avaient seulement été figés dans la glace, manquant cruellement de la chaleur de ses bras, quand ces derniers s’ouvraient en grand pour lui offrir une de ces douces étreintes, rassurantes et protectrices. Elle avait le sentiment qu’ils pouvaient peut-être se retrouver, et son cœur encore amoureux y croyait sincèrement. Pourtant tout le contraire semblait s’exposer à ses yeux, étouffant peu à peu la flamme qui demeurait dans son regard clair. Il y en avait une autre, et la jalousie ne cessait de croître chez Savannah. Néanmoins elle ne luttait plus contre ses émotions, et paraissait telle qu’elle était, se moquant bien de ce qui pouvait se faire ou non, de ce qui devait se faire pour sauver les apparences. Elle s’en fichait, tant qu’elle conservait sa dignité, et qu’elle pouvait se permettre d’exprimer ce qu’elle ressentait sans passer pour ce qu’elle n’était, et ne serait jamais : la pièce rapportée. Samuel devait le comprendre, car non seulement il n’était pas difficile de garder à l’esprit ce détail, et de plus il connaissait mieux que personne pour savoir qu’elle était une femme entière, qui donnait et recevait volontiers, mais qui ne partageait pas quand il s’agissait d’amour.

Elle releva le regard, et le plongea alors dans celui du jeune homme, se laissant pour ainsi dire envoûter, si ce n’est même hypnotiser. Tout cela lui avait tant manqué… Ce regard apaisant et rassurant, bien que ce soir on pouvait y percevoir une pointe de tristesse, sa douceur, ces silences qui leur suffisaient. Savannah avait longtemps cherché à se faire croire, se persuader, que rien de tout ça ne lui était nécessaire, qu’en aucun cas elle n’en ressentait le manque. Mais ainsi installée, en face de lui, elle prenait alors conscience de son propre mensonge. Samuel prit de nouveau la parole, lui demandant de quelle manière il pouvait lui venir en aide. La belle secoua légèrement la tête, négativement. En aucune façon elle ne lui demanderait quoique ce soit. Jusqu’à présent elle s’en était toujours sortie, et il n’y avait pas de raison que cela change.

« Rien Samuel… Je ne te demanderais rien. Pars tranquille, tiens ta promesse, et reviens-nous… »

Nous… Elle l’avait employé volontairement, parlant au non seulement au nom de Matteo, mais aussi du sien… Et peut-être même surtout du sien pour cette fois, trahissant en toute franchise ce qu’elle ressentait par rapport à tout ça. Quand il poursuivit, elle se terra un instant dans le silence. Rien n’allait changer lui disait-il… Du moins rien n’allait changer pour lui d’ici son retour. Comment interpréter ces mots ? Savannah se perdait doucement dans cette confusion. Le nom de Catherine revenait sans arrêt dans son esprit, alors qu’elle s’efforçait de la chasser, voulant à tout prix qu’elle disparaisse. Rien ne changerait ? Vraiment ? Elle fixa Samuel, d’un regard plus triste que ce qu’elle avait pu montrer jusqu’à présent, et émit une légère pression sur sa main. Elle aussi voulait y croire, bien que cette annonce lui donnait un sacré coup au moral. Elle esquissa un léger sourire, quelque peu forcé il fallait bien l’avouer, et s’excusa.

« Je… Je n’ai plus vraiment faim. Je voudrais rentrer… Tu peux me ramener à la maison s’il te plait… ? »

HJ : Je vais en profiter pour terminer ce sujet avec mon post. Dans les prochains jours, je vais me mettre à jour et je pourrai faire le retour de Samuel de son séjour américain. Je t'enverrai un MP !

Il y avait une espèce de boule dans la gorge du jeune homme, quelque chose qui rendait l'instant présent fort désagréable. Il y avait de ces moments où on se mourait de dire quelque chose, de trouver LA réplique qui aurait rendu le moment parfait, qui aurait tout arranger en un claquement de doigts. Pourtant, c'était impossible. Contraire au cinéma, cette fameuse passion qu'entretenait Samuel depuis son plus jeune âge, la vraie vie ne se passait jamais comme ça. Les choses ne suivaient pas un ordre établi à l'avance et on ne vivait pas forcément au rythme d'une phase initiale, d'un élément déclencheur, de péripétie et d'un dénouement. Il y avait parfois des millions de petits problèmes qui s'entremêlaient jusqu'à en devenir encore bien plus compliqué et de plus, il n'y avait que très rarement une conclusion tout à fait joyeuse. Les paroles de Savannah agissaient tels des poignards qui lui rentraient lentement dans le coeur, lui mettant cette fois bien devant les yeux qu'il allait devoir quitter Rome et tout ceux qui comptaient pour lui et ce, pour quelques mois. C'était maintenant une évidence déconcertante, mais d'une part, il ne regrettait absolument pas sa décision.

Le jeune homme lui adressa un mince sourire. " Reviens-nous", lui avait-elle demandé. Il allait essayer. Enfin, c'était certain qu'il allait revenir, mais pour l'instant, il lui semblait qu'il y avait un énorme point d'interrogation sur l'avenir. Catherine... Savannah... Matteo... Il s'agissait sans nul doute des trois personnes les plus importantes de sa vie, celles pour qui il ferait n'importe quoi, mais le problème était ici que les intérêts de ces trois personnes n'allaient absolument pas dans le même sens et que quoi qu'il fasse, il allait finir par blesser une ou plusieurs d'entre elles. C'était la dernière chose qu'il voulait, bien sûr, mais il savait tout de même que cela allait finir par arriver. Tôt ou tard. En espérant que ce soit plus tard que tôt... C'était sans doute un peu lâche de sa part, ou peut-être tout simplement très brillant, mais ce séjour en terres américaines allaient peut-être également lui permettre d'y voir plus clair et de revenir avec une solution à ce guêpier. Pourquoi avait-il donc un tel don pour se mettre les pieds dans les plats ? Son coeur le conduisait sur des voies où il valait sans doute mieux ne pas aller, mais qu'y pouvait-il au fond ?

« Je vais revenir. Fais moi confiance. » Combien de fois avait-il prononcé ces mots maudits ? Trop de fois et à chaque fois, il se sentait stupide de les dire de nouveau, de peur de la décevoir parce qu'il l'avait déjà trop souvent fait. « Je te ramène, oui. » Samuel se leva et vint aider Savannah à se lever avec sa robe et tout le reste. Il demanda à la jeune femme de l'attendre un instant, le temps qu'il aille payer la note et il revint quelques minutes plus tard. Ils montèrent dans la voiture de l'acteur en direction de chez Savannah. Ce fut le coeur lourd que Samuel, d'un commun accord avec Savannah, renonça à descendre pour aller voir Matteo ce soir. Il valait mieux qu'il se prépare mentalement avant d'annoncer la nouvelle au petit, il était de toute façon trop tard pour qu'il le fasse maintenant. Ainsi, il laissa Savannah à contre-coeur dans l'état actuel de leur relation, de tout le reste.

TOPIC TERMINE
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Fuyons, je te suis ! [Samuel <3]

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