Le Père Noël passe toujours deux fois ! [PV Thalie]

Parfois, être Karyn Moretto, ça craignait, alors que parfois, bizarrement, bah nan ! En fait, sa perception des choses et de sa vie en particulier dépendait de son humeur, de son état physique et psychologique aussi ! Karyn n'était pas l'une de ces filles girouettes qui changent de point de vue à tout vent, elle avait juste ... Elle avait juste en horreur les gens qui campaient toujours sur leurs positions, étaient sans cesse à l'endroit où on les attendait, ne cherchaient pas à vivre de nouvelles expériences ! Elle était avide de nouvelles choses, et surtout, avide de ne jamais rester à tourner en rond chez elle et encore moins de passer plusieurs soirées de suite avachie sur son canapé, à se regarder une énième rediff de vieilles séries américaines bien kitch dont elle connaissait les paroles par coeur, à manger des quantités astronomiques de pizza froide et molle !

C'était l'une des raisons, entre autres, pour lesquelles elle avait décidé de bosser un peu, en plus du fait qu'elle voulait rester indépendante financièrement, loin du giron monnétaire énorme de son PDG d'Empire de père. Et puis, il fallait aussi qu'elle ne passe pas son temps enfermée, que ce soit à l'Université ou dans son appart ! Son choix s'était porté sur un Club, le Frutta Proibita, situé non loin de chez elle, sur la Colline de l'Aventini. Elle y bossait chaque soir après les cours, et en était folle ! C'est vrai quoi, elle avait le droit de boire autant de cocktail qu'elle voulait et de demander à ce qu'on diffuse certaines chansons et musiques lorsqu'elle débarassait les tables alors que les videurs sortaient du Club les derniers clients trop éméchés pour rentrer à pattes chez eux. Elle était choyée, et tout le personnel l'appréciaient, sauf peut être quelques serveuses qui la jalousaient. Il fallait dire que la clientèle la connaissait, et aussi qu'elle récoltait pas mal de pourboires. Pour être simple, elle passait les 3/4 du temps dans le Carré VIP, servant les gosses de riches, tiens, eux aussi rejetons de grandes fortunes, comme elle ! Elle n'était pas non plus cruche, elle savait que sa gentilesse et son service impécable ne faisaient pas tout, son physique jouait aussi !!!

Ce soir là, elle passait un rapide coup de chiffon sur le bar, un client ayant malencontreusement renversé sa boisson, puis se dirigea vers le Carré VIP. Quelques minutes plus tôt, un groupe était parti, et il allait falloir ramasser les morceaux de verre qu'ils avaient laissé derrière eux, ayant trouvé très cool de boire à la Russe. Elle, ça ne la dérangeait pas, après tout, chacun avait ses petits trips et ses petits délires, tant que personne n'était blessé, elle ne disait rien. Arrivée dans le Coin tant envié, là où se retrouvaient l'élite de la Jeunesse Romaine, elle lâcha un juron, ce qui n'était pas son habitude, enfin, pas de si gros jurons. Il fallait dire que toute personne en aurait fait autant. Quelqu'un avait oublié son porte feuille, et vu l'épaisseur du truc, il devait y en avoir pour une fortune. Avant que quelqu'un ne se mette à développer des talents de voleurs, elle glissa l'objet dans sa poche de Pantacourt en Jeans, mais le contact du porte feuille la gênait quelque peu ... Elle grimaçait, agacée, mais bon, c'était la meilleure chose à faire, nan ?! En tout cas, elle n'était pas vraiment la plus classieuse possible, se trémoussant de plus en plus, tenant son plateau rempli des verres vides laissés sur les tables d'une main, et tentant d"enfoncer l'objet dans sa poche, décidément trop petite de l'autre main !

Mais c'est pas possible ça ! Quelle idée aussi de semer derrière soi l'argent des courses !

Et cette satanée poche qui est trop petite ! Quand je dis qu'il faut que je maigrisses, c'est qu'il faut que je maigrisses !!!

Être Athalia Spinelli ne craignait jamais...
Non, sérieusement, elle avait une vie pour le moins enviable. Pas de problème d'argent, une famille aimante, un grand-père très permissif, et personne pour lui mettre la pression afin qu'elle trouve un boulot. Ça tombait plutôt bien, vu qu'elle n'avait pas du tout l'intention de se mettre au travail. Pas tout de suite, en tous cas. Après de longues études, elle avait bien mérité un peu de repos, non ?

Elle était de retour à Rome depuis très peu de temps, mais son nom de famille était une sorte de Sésame qui lui ouvrait toutes les portes, et tous les bras. Étrangement, même sans la connaitre, tout le monde rêvait d'être son ami. Et ça tombait plutôt bien, encore, parce que des amis, elle en avait besoin. Enfin pas des vrais amis, juste de ceux qui étaient présents pour une petite soirée en semaine. Et justement, ce soir là, elle en avait eut besoin. Il lui avait suffit d'envoyer les invitations par Sms, et voilà qu'à minuit pétante, on l'attendait devant la demeure familiale. Une belle cylindrée. Elle ne valait pas sa Porsche 911 Carrera 4, mais vu qu'elle n'était pas sortie dans le commerce, encore, elle ne pouvait pas espérer trouver aussi bien. C'était Luigi qui était venu la chercher. Beau garçon, grande famille, et vouant une adoration sans borne pour Thalie, qui en retour ne faisait qu'accepter de passer un peu de temps avec lui, quand elle était d'humeur généreuse. Ce soir ce serait le 'Frutta Proibita', et le jeune homme ne cessa, durant tout le trajet de faire des allusions à peine voilée au nom de ce club. Il ne cessa pas, même après avoir lâché ses clefs au voiturier, même après avoir passé le cordon sous le regard envieux de la vingtaine de personne qui faisait la queue à l'estérieur, même en rejoignant le carré VIP, où d'autres fils et filles de, les attendaient. Thalie commençait à se dire que sa générosité avait des limites, et que dès demain elle effacerait son nom de son téléphone. Luigi était lourd ! Elle cru même, qu'elle allait devoir simuler une migraine atroce, pour se faire raccompagner chez elle le plus rapidement possible, mais heureusement, le reste de la bande releva le niveau, et elle passa une agréable soirée. L'alcool coulait à flots, les danses s'enchainaient, et elle rencontra quatre connaissances de son cousin. Elle se demandait à quel point il connaissait ces jeunes filles, quand l'une d'elle proposa de changer d'établissement. Les noms de clubs furent tous cités, jusqu'à ce que l'on s'arrête sur le Papageno, où deux filles avaient leurs habitudes. Thalie était partante, elle ne connaissait pas encore ce club, et la nuit ne faisait que commencer. Elle accepta une nouvelle fois que Luigi l'y conduise, mais à la seule condition qu'il garde le silence pendant tout le trajet. Il accepta. Mais arrivé à sa voiture, elle le vit fouiller frénétiquement toutes ses poches, avant qu'il ne lâche un "Et m*rde ! Mon portefeuille !". Ni une, ni deux, il rentra en quatrième vitesse dans le club, et Thalie eut bien du mal à le suivre avec ses talons hauts.

Quand elle le rattrapa enfin, il était face à une blondinette, le regard noir, et parlait fort.

- [...] et je vais me plaindre au directeur, croyez-moi ! C'est inadmissible !

L'entendit-elle limite hurler.

- Qu'est ce qui se passe ?

Demanda-t-elle enfin, en arrivant derrière lui.

Luigi se tourna vers elle, les traits tirés par la colère.

- Cette serveuse venait de mettre mon portefeuille dans sa poche, tranquille, ni vu, ni connu ! Vive l'honnêteté !

Thalie observa la jeune serveuse, qui n'avait pas l'air de quelqu'un de malhonnête, au contraire. Puis elle reporta son regard sur Luigi, qui lui semblait déterminer à taper un scandale pour trois fois rien. Après tout, le contenu de son portefeuille, bien qu'imposant, n'était que son argent de poche pour la journée, même perdu ça n'aurait pas été une grosse perte. Thalie recupéra l'objet du délit des mains de la blonde, et le tendit à l'italien.

- Elle allait pas te voler ton argent, voyons ! Tu vois bien qu'elle a les mains pleines, où voulais-tu qu'elle mette ça ? Tu aurais préféré qu'elle le laisse sur la table, afin que n'importe qui puisse le prendre ?

La mine énervée, Luigi fouilla son contenu, s'assurant qu'il ne manquait rien, tout en jurant à voix à peine basse. Il en était à limite insulter la serveuse, prétendant qu'avec son salaire de misère elle n'aurait pas pu résister à la liasse de billets, quand Thalie, sidérée par son comportement, lui demanda de partir. Oui, partir, carrément ! Il releva un regard étonné vers elle, en lui laissant un "Et toi ?"... Très bonne question ! Elle, elle se débrouillerait ! Mais elle n'avait pas l'intention de passer une minute de plus avec ce bourg' irrespectueux. S'il y avait bien une chose qu'elle avait en horreur c'était ce genre de comportement, cette supériorité que certains pensaient avoir sur d'autres. Elle l'observa tourner les talons, la mine boudeuse, puis elle se retourna vers la blonde.

- Excuse-le, il a un peu trop bu...

Lâcha-t-elle dans un haussement d'épaule, avant de reprendre dans un rire.

Nan, en fait, il a pas d'excuse, c'est juste un c*nnard !

Son rire flûté résonnait encore, alors qu'elle fouillait dans son sac pour en sortir son portable. Fallait qu'elle appelle Julian, maintenant. Avec un peu de chance il ne serait pas trop loin, et en pas trop bonne compagnie, sinon c'était cuit. Elle avait pas envie de prendre un taxi, elle aimait pas l'expression que le chauffeur afficherait à coup sûr quand elle lui donnerait l'adresse de la Villa Spinelli. Alors si elle pouvait s'éviter ça. Il n'était pas encore 3h du matin, il allait la détester, mais pas grave. Appuyant sur la touche 1, elle attendit que Tête de Chips réponde, avant de se rendre compte qu'il n'y avait même pas de tonalité. En jetant un coup d'oeil à l'écran elle comprit pourquoi : Pas de réseau. Zut !

- Excuse-moi...

Elle interrompit la blonde en plein travail.

Y a pas un endroit, ici, où on capte ?

Lui demanda-t-elle en faisant danser son portable sous ses yeux.

Au pire il lui restait l'option 'dehors', mais cette perspective n'était pas très réjouissante. Elle préférait ne pas être entendue de tous si elle devait se mettre à supplier son cousin.

Voilà une autre des raisons qui poussaient certaines des autres serveuses à avoir une opinion désatreuse de Karyn : l'argent ! A croire que ce mot signifiait tout et répondait à tous les soucis ! Ok, elle même l'avait cru pendant pas mal de temps, jusqu'à la mort de sa mère en tout cas. Parce que son père avait beau avoir un compte en banque dans tous les pays Européens et dans des tas d'autres pays du monde, il n'avait pas pu ramener sa femme à la vie ... Il arrivait souvent que des clients aisés se trompent lourdement lorqu'ils réglaient l'addition, ou alors, assez souvent, on trouvait de gros billets tombés entre deux coussins des banquettes. La règle de la maison, et de l'honnêté surtout, disait de déposer toutes ces petites trouvailles dans un panier posé sous le bar, dans une des cases, et ensuite, à la fin de la soirée, personne n'était venu récupérer l'argent, il tombait direct dans le pot commun, mis en place par le Patron pour régler tous les dommages collatéraux, style verres cassés ou conso renversée, dans ce cas là, par les serveuses. De ce fait, rien ne sortait de la poche des employés ou du Boss !! En plaisantant, on disait que les clients avaient été généreux ce soir !!!

Mais pour les porte feuilles et autres porte monnaies, c'était autre chose. Tous avaient l'obligation de rapporter l'objet au Patron. Mais il ne fallait pas se leurer, pas mal de gens les glissaient discrétement dans leur sac, et profitaient du fait que les clients étaient trop torchés pour avoir conscience exacte du lieu où ils avaient perdu leur porte feuilles. Karyn n'était pas de ceux là, et elle éveillait les soupçons du patron, étonné de la voir le plus souvent elle lui ramener ses trouvailles ... Raison, entre autres, qui ne la mettaient pas dans les petits papiers de certaines serveuses. Mais le fait était là, elle bossait ici depuis 2 ans et demi, et voyait une à une ces petites serveuses la jalousant être renvoyée ...

Soudain, une odeur trop forte de déodorant masculin l'enivra, et si elle n'avait pas l'habitude de tels petits plaisirs olfactifs, elle aurait très bien pu avoir un haut le coeur, voire plus ! Elle fit volte face et manqua de se faire mordre à la gorge par un Don Juan du dimanche, pile dans le cliché du Latino Lover, kitch au possible. A deux trois choses près, on l'aurait cru sorti des Feux de l'Amour Ritals !!! Il commença à taper scandale, se plaignant, disant que ce n'était pas une godiche comme elle qui allait le plumer etc ... Vous savez le genre de phrases bidons que l'on balance à la moindre occasion, pour se faire mousser et intimider. Seulement, Karyn savait se défendre, et depuis qu'elle était serveuse ici, elle avait perfectionné sa technique !!! Au moment même où elle allait lui répondre, une jeune fille blonde arriva vers eux ... Très bien, s'il y tenait, il allait se faire remettre à sa place devant sa petite amie !

Excusez moi, mais quelle idée on a aussi de pas jeter un coup d'oeil à la banquette avant de partir !!! Et pour info, je faisais juste mon job, c'est à dire ramener votre f***u porte feuille à mon patron justement, pour éviter qu'on ne vous le vole !!! Et je peux vous dire une chose, tout le monde ici prendrait ma défense avant même que je lèves le petit doigt ! Je poses ici depuis presque 3 ans, et c'est pas un gigolo dans votre genre qui va faire sa loi !!!

La jeune fille blonde accompagnant ce cher tapeur de scandale tendit la main vers elle et elle lui donna le porte feuille, toujours en équilibre avec son plateau, que même son petit coup de sang n'était pas parvenu à faire tanguer !

Ce mec commençait à faire de sales allusions, et bien que persuadée de sa capacité à ne pas lâcher son plateau, elle préféra le poser sur la table basse. L'un des videurs la regarda, mais elle le rassura du regard, elle gérait la situation. Et à la façon dont l'autre demoiselle s'adressait au type, elle devina qu'ils n'étaient pas ensemble. En même temps, ils ne s'accordaient pas du tout, c'était visible. Elle était beaucoup plus classe, riche certainement, mais pas non plus à en mettre plein la vue à tous !!!! Pas autant que lui en tout cas ! Elle lui demanda de partir, et il s'exécuta, dégouté. Après tout, elle avait même été trop gentille avec lui ...

Toute autre fille aurait fermé son clapet au macho en disant de qui elle était la fille, mais ce n'était pas son genre. Ici, elle était Karyn, tout simplement, voire Twix pour ses amis et les vieux habitués, elle laissait Moretto aux vestaires en arrivant et le récupérait en partant. Elle était l'héritière de la fortune de son père, avec ses demis frères, elle le savait, espérant juste l'être le plus tard possible. Mais elle ne voulait pas trop y songer ... Bien que, très certainement, le mec se serait trouvé tout con en découvrant qu'elle n'était pas la petite gourde de serveuse qu'il pensait, mais une grosse fortune comme lui !!!

T'en fais pas, on en voit défiler à la pelle des comme ça, tous les jours ! Sous prétexte que ça a de l'argent, ça se croit tout permis !!! Comme si un nom faisait tout !!! Je suis bien placée pour savoir qu'il ne faut pas se fier aux apparences, mais avec lui, ça craint ce dicton !!!

Elle repartit à son ouvrage, prenant le plateau de nouveau dans ses mains, jusqu'à ce que sa "sauveuse" ne lui demande où elle pouvait capter du réseau ! Certains portables ne passaient effectivement pas, mais le sien, si. Alors, d'habitude, elle indiquait aux clients lui posant cette question l'endroit près du bar, ou au fond de la salle si ils voulaient de la discrétion, voire dehors, mais là ... Elle l'avait quand même aidé, nan ?! Alors, tirant de son autre poche, pas celle ayant tout à l'heure contenu une petite minute le porte feuille de l'autre, son portable, elle le tendit à la jeune femme. Il trahissait un peu son statut, dernier cri et hypra forfait, mais elle était un peu paradoxale. Etre indépendante, oui, mais sans cesse se priver, nan !!!

Tiens, le mien capte sans soucis !! On sait pas exactement pourquoi, mais y a des fournisseurs qui captent pas terribles dans le Club ! Un comble pour le prix qu'on paye !!!

Et merci pour tout à l'heure ! Un peu plus et j'aurais pas pu retenir Marco, l'un des videurs !!!

La jeune serveuse n'avait pas vraiment l'air d'avoir besoin d'aide pour se défendre, mais ça avait été plus fort que Thalie ! Elle ne supportait pas le comportement de son "ami" qui lui ressortait par les yeux, à présent ! Elle avait déjà eu du mal à se le coltiner pendant toute la soirée, là c'était juste la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Comment pouvait-il se permettre de parler de la sorte à quelqu'un ? Comment pouvait-il se croire supérieur à elle, sous le faux prétexte qu'il avait un nom et une condition ? Thalie aussi avait tendance à abuser de sa position, mais jamais au détriment des autres... Simplement pour de menus services, comme une place de parking, une entrée en boîte, etc... Jamais elle ne se serait permise de remettre à sa place une employée qui ne faisait que son travail. Elle n'avait pas vraiment prit la défense de la blonde, elle avait juste voulu le remettre lui à sa place. Elle savait que ça ferait bien plus de mal à l'égo du macho que la plus virulente des colères de la serveuse. Elle lui avait quand même laissé une chance, en lui parlant normalement, tout en lui rendant son portefeuille. Il avait encore la possibilité de se rattraper aux yeux de l'héritière en présentant des excuses, par exemple... Sauf que non ! Il entreprit de la rabaisser encore et encore ! N'y tenant plus, elle le congédia.

Bingo ! Là, il souffrait ! S'il avait eu le quelconque espoir de la mettre dans son lit, il venait de s'envoler en une fraction de seconde ! Il ne s'y attendait pas à celle-là ! Haha ! Thalie en jubilait ! Elle le regarda s'éloigner avant de se tourner vers la serveuse, pour lui expliquer que c'était un c*nnard. Evidemment, elle l'avait remarqué, elle avait pas eu besoin d'elle pour s'en rendre compte, mais Thalie se plaisait à le formuler à voix haute. Dans un rire, elle répondit à la serveuse qui lui expliquait qu'elle en voyait défiler un paquet des comme lui. "Comme si un nom faisait tout"... Non, ça ne faisait pas tout, mais ça y contribuait ! Mais elle avait raison, il ne fallait pas se fier aux apparences.

- Amen !

lâcha-t-elle en levant les deux mains, un rire aux lèvres.

Oui, elle avait raison, avec lui ce dicton craignait ! Thalie s'empressa de fouiller dans son sac, pour pouvoir s'emparer de son Iphone et appeller son sauveur. Sauf qu'elle n'avait pas de réseau... Oups... La jeune femme avait reprit son activité, mais Thalie l'interpella une nouvelle fois, afin de lui demander où on pouvait avoir du réseau ici... Elle s'attendait à ce qu'elle lui indique un coin, ou qu'elle lui dise de sortir. Mais contre toutes attentes elle lui tendit son portable, qui selon ses dires captait sans soucis. La jeune Spinelli s'empara du téléphone dernier cri, l'observant tout en se demandant comment une serveuse pouvait se payer ce genre de joujou, quand elle l'entendit la remercier pour tout à l'heure, avant de lui désigner le videur du menton...

- Hum, oui, je connais bien Marco. Ca lui aurait fait les pieds à cet idiot de se prendre une armoire à glace dans la tête ! Il se serait sentit moins supérieur d'un coup...

Marco était le genre de type qu'on a pas envie de croiser le soir dans une ruelle sombre. Impressionnant de muscles, et la mine patibulaire, il était en fait un ange aussi doux qu'un oreiller en plumes de canard, recouvert de soie ! Thalie l'aimait bien, d'autant qu'il s'était prit d'affection pour elle, et qu'il lui ouvrait toujours la porte en lui claquant une bise sonore sur la joue, quand il se trouvait à l'entrée... Bizarrement, l'idée de voir Luigi sous les larges pattes du videur, rejouissait la Spinelli. Ca aurait pu être drôle. En attendant, elle avait pas le temps de laisser son imagination dériver, elle avait un coup de fil à passer. Prenant le numéro dans son portable, elle le tapa sur l'autre, avant de le coller contre son oreille... Ca sonnait, c'était déjà ça. Sauf que ça répondait pas... Enfin si, le répondeur... Si elle hurlait "à l'aide" sur la messagerie, ça changerait quelque chose ? Pas vraiment, d'autant que c'était pas son portable, et qu'à moins de donner ce numéro, son cousin ne pourrait pas la joindre tant qu'elle se trouvait dans le club... Yahoooo, elle s'était mise dans une belle situation là ! Zut ! Raccrochant sans laisser de message, elle rendit son téléphone à la serveuse...

- Dis... Y a moyen qu'on m'appelle un taxi ? Nan, parce que l'autre, ça avait beau être un tocard, c'était quand même lui mon moyen de locomotion.

Demanda-t-elle en haussant les épaules...

Elle n'avait plus d'autres choix maintenant... Taxi ! Et tant pis si elle tombait sur un type louche qui décidait de l'enlever en apprenant son nom... Oups, j'avais peut être oublié de préciser que Thalie était un poil paranoïaque et imaginative ? Les scénarios catastrophes, c'était son truc... Mais elle avait autre chose en tête, quelque chose qui lui trottait dans l'esprit depuis qu'elle avait vu ce téléphone, et qu'elle ne pouvait plus garder pour elle.

- Excuse-moi, mais combien tu gagnes ?

Demanda-t-elle tout à trac...

Pardonne mon indiscretion, c'est juste que ton téléphone vaut un bras ! C'est assez surprenant !

Karyn n'était pas le genre de personne à se laisser faire ... Elle avait eu une vie mois belle et dorée qu'il ne l'aurait fallu, une vie iméritée. Après tout, elle avait perdu sa mère à 15 ans, et même si elle n'était déjà plus une gosse, cela lui avait fait un mal de chien. Elle n'était pas préparée à ça, personne ne l'était d'ailleurs, ni à 15, ni à 80 ans ! Lorsque la mort vous tombe dessus sans prévenir, sans même avoir pris la peine de décéminer quelques indices laissant entendre qu'elle allait venir se taper l'incruste très prochainement, vous vous sentez vraiment mal, quelque chose de bien ! Elle aimait comparée les 15 premières années de sa vie à une croisière sur un Yatch des plus luxueux sur une mer calme et paisible et sous un léger vent, pas trop violent, mais suffisant pour fouetter le visage aux traits fins de la jeune fille. Et puis, elle avait été éjecté, et son père aussi, de cette période calme, enivrante et enviable, et placée sous de grosses bourrasques de vent, en pleine tempête. L'obscurité était tombée sur eux, et elle avait cru pendant un moment dérivée sur un radeau minable, fait de planches de bois pourries, sans amare, ni ancre, ni corde à jeter au devant lorsqu'elle rencontrerait un potentiel ange gardien. Et depuis, elle avait décidé de naviguer sur un pertit voilier, fait de ses propres mains, suivant le cours du vent et celui de l'eau, barrant seule et sachant demander de l'aide en cas d'avarie ...

Bref, cessons ces comparaisons nautiques !!! Elle devait revenir à elle, et au monde qui l'entourait ! Justement, la jeune femme dit bien connaître Marco, cela leur faisait un point commun de plus, après celui de ne pas saquer l'autre macho. En tant que serveuse, elle connaissait tous les videurs, mais elle ne cachait pas sa préférence pour Marco. Il avait ce petit quelque chose en plus, qui le différenciait des autres et le rendait attachant. Derrière ses 2 m 05 et ses 120 kg de muscles se cachait un coeur tendre et gros comme ça, et il avait tout du gros Nounours, toujours à avoir un oeil sur les serveuses, la cleintèle, près à intervenir en cas de pépin. Ils s'entendaient très bien tous les deux, et ils en étaient rendus à savoir pas mal de choses sur la vie de l'autre. Ainsi, lui la rassurait sur sa vie, lui prouvait qu'il croyait en elle, alors qu'elle le conseillait sur l'attitude à adoper vis à vis de son couple qui avait quelques soucis. C'était bien à elle de faire ça, elle qui était actuellement en pleine séparation, elle qui était enceinte ... Marco avait des yeux de lynx, elle redoutait qu'il ne capte quelque chose au bout d'un moment, parce qu'il ne fallait pas se leurrer, elle ne resterait pas toujours aussi en forme que ça, et, justement, elle prendrait tôt ou tard des formes ...

En général, les types qui parlent beaucoup ont des choses à rattraper !!! Ils ont juste trouver l'attaque pour se défendre, sachant qu'ils ne peuvent pas compter sur leurs pectoraux artificiels !!!

Finalement, cette rencontre avec le machisme n'était pas si mal. Elle parvenait un peu à se libérer du stress en se lâchant sur le compte et le dos d'un autre ! Dernièrement, les choses ne tournaient pas excellement bien pour elle, mais elle tenait, parce qu'il le fallait. Et puis, la meilleure façon de s'en sortir et de garder la tête hors de l'eau, c'était de couper tout lien avec la douleur. C'était comme après vous être pris un coup de marteau sur le pouce. Vous ne sentez que cette douleur, et vous vous dîtes que vous ne pouviez pas faire pire. Et d'un coup, on vous coupe le doigt. Si sur le moment vous vous tordez de douleur, vous savez que tout i=ra mieux après ...

Passant un coup de chiffon sur la table (décidément, alcool et jus de fruit mélangés faisaient un mix très dur à nettoyer !!!), elle observait du coin de l'oeil la jeune femme, pas par peur qu'elle ne s'enfuit à toutes jambes avec son portable, mais plutôt pour être prête à lui venir en aide de quelques façons que ce soit si elle en avait besoin. Et visiblement, cela allait être le cas, comme elle le comprit lorsqu'elle lui rendit son portable. Elle sourit à l'allusion sur le tocard, dédidément, elle aimait bien cette fille, qui qu'elle soit !

Y a pas de soucis !!! On est partenaire avec une compagnie de taxi, parce que les gens ont trop souvent tendance à se biturer sans penser à la dangeurosité d'une conduite sous alcool. Et comme la loi nous rend responsable si un client sortant d'ici se plante, on préfère prendre les devants, si tu vois ce que je veux dire.

Elle remettait tout en place, son portable dans sa poche arrière, le chiffon dans le plateau et tout le reste, lorsque la jeune femme lui posa LA question. Elle l'avait un peu cherché, nan ? Mais après tout, pourquoi serait elle gênée de répondre ? Au contraire, cela éviterait sûrement à son interlocutrice de s'imaginer milles raisons dans sa tête !!!

J'ai un salaire fixe auquel s'ajoutent des pourboires et des primes, je pourrais pas te dire exactement combien je gagne !!! Pour le téléphone ...

Je suis pas comme les autres serveuses, je veux dire, je pensais qu'en faisant tout comme elles ou presque je le serais, mais nan. On efface jamais vraiment qui l'on est ! Techniquement, si je le voulais réellement, je pourrais rester à rien faire chez moi le soir, parce que j'ai de quoi vivre, sur un compte assez garni. Mais je veux pas y toucher, parce que ... Cet argent, je veux l'utiliser le plus tard possible, les conditions qui ont fait qu'il m'est revenu sont pas top !

Ce téléphone, c'est un petit cadeau de mon père. Normalement, j'aurais refusé, mais ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu !!!

Elle profitait du fait que toutes deux étaient encore debout dans le Carré VIP, et donc loin de toutes oreilles trop indiscrètes, et elle ne faisait pas ça pour raconter sa vie, juste par soucis d'honnêteté. Se retournant soudainement vers la jeune femme, ayant tout juste réalisé qu'elle ne s'était pas présentée, elle la regarda en souriant.

Je suis Karyn ... Karyn Moretto. Et même si mon prénom est inscrit sur mon badge, je préfère que tu saches que c'est le vrai ! Y a trop de pseudos !!!

Ne croyez pas que la vie l'héritière est facile tous les jours. Bon, évidemment, être Athalia Spinelli, ce n'était pas vraiment la pire des vies que l'on aurait pu choisir pour son enfant. Elle ne manquait de rien, avait reçu une bonne éducation, et tout le confort et l'amour que l'on pouvait souhaiter. Mais parfois, le vrai bonheur tient à de petites choses qui peuvent paraitre bien futiles aux yeux des autres. Pour Thalie, le bonheur n'était vraiment complet que lorsqu'elle était entourée des siens. Les siens c'était tout simplement deux prénoms : Calypso et Julian. A eux trois, il étaient plus fort que les trois Mousquetaires ( Qui étaient quatre, mais A. Dumas ne savait pas compter ), plus fort que les trois soeurs Halliwell ( Qui était quatre, mais elles le savaient pas avant la mort de Prue )

plus fort que les trois petits cochons ( sans le loup ), plus fort que les 3T ( Mais si, vous savez, les neveux de M.Jackson ! ), plus forts que les trois cavaliers de l'apocalypse ( Guerre, Famine et Peste ), plus forts que les trois petits chats (Chapeau de paille, paillasson, somnambule... ), ou toute autre trio célèbres. Sans ses deux acolytes, elle se sentait un peu vide. Et c'était bien ce qui se passait en ce moment. Caly, sa petite soeur, était en trip moelleux, depuis sa rencontre avec un brun mystérieux dans les rues de Rome. Difficile de tenir une conversation avec une fille qui sourit tout le temps. Et Julian, son cousin, était pour le moins... invisible ! C'est bien simple, elle ne faisait que le croiser ! Alors elle avait tendance à se retrouver un peu seule ces derniers temps, livrée à elle-même dans cette grande ville qu'elle réapprenait par cœur. Parfois, elle aimait ça, parfois non. Comme ce soir ! Ce soir elle n'appréciait pas du tout ce nouvel ordre établi. Elle avait eu envie de sortir, et n'avait eu d'autre recours que quelques contacts de la jeunesse dorée romaine. C'était dans ces moments-là qu'elle se rendait compte qu'un fossé les séparait. Ils n'avaient décidément pas été élevés de la même façon.

Luigi en était l'exemple typique ! Jamais, Thalie n'aurait pu adopter ce comportement hautain et prétentieux envers une autre personne, quelque soit son nom, sa qualité ou son état. Comme si le fait d'avoir de l'argent faisait d'eux des personnes meilleures, plus intéressantes, plus dignes de respect. La blonde n'adhérait pas du tout à cette façon de penser, et de voir son chevalier servant agir de cette façon avec la serveuse, l'avait mis hors d'elle. Biensûr, elle ne s'était pas énervée, tentant d'abord de le raisonner calmement. Et puis, elle n'était pas vraiment du genre à crier, hurler, se donner en spectacle. Aussi, quand il avait poussé le bouchon encore plus loin, elle lui avait juste demandé de partir, sans même hausser la voix, juste en le blessant profondément dans son amour-propre. Elle était contente d'elle, satisfaite de savoir que son comportement était puni, finalement... Sauf qu'elle n'avait pas songé a un petit détail qui risquait d'avoir son importance : La voiture ! C'était lui son moyen de locomotion... Il ne lui restait plus que la solution 'Tête de Chips'.

Son portable ne passant pas, elle emprunta celui de la serveuse. Surprise devant la valeur de l'engin, elle ne s'y arrêta pas, trop pressée de trouver une solution à son problème. Seulement Julian ne répondait pas. Lui le héro, lui le Zorro, ne répondant pas à un coup de fil tardif de sa cousine ? C'était de l'ordre du surnaturel ! Il avait tendance à s'imaginer que Caly et elle avaient le don de se fourrer dans les ennuis, et il se faisait un devoir de les sauver... parfois même d'elle-même. Il était surprotecteur au point d'en devenir agaçant ! Pourtant, pour une fois qu'elle avait vraiment besoin de lui, il était sur messagerie. Étrange... Loin de s'inquiéter, elle se promit de mener son enquête plus tard. Pour l'instant il lui fallait trouver un moyen de locomotion. Se retournant vers la serveuse, elle lui rendit son portable tout en lui demandant si on pouvait lui trouver un taxi. "Y a pas de soucis !!! On est partenaire avec une compagnie de taxi, parce que les gens ont trop souvent tendance à se biturer sans penser à la dangerosité d'une conduite sous alcool. Et comme la loi nous rend responsable si un client sortant d'ici se plante, on préfère prendre les devants, si tu vois ce que je veux dire." Thalie était sidérée devant le débit de cette fille... Une simple question, et elle vous expliquait tout le fonctionnement de la boîte en long en large et en travers. Cela fit sourire l'héritière, qui repensa alors au fameux portable. Cette fille l'intriguait.

Le téléphone qu'elle avait eu entre les mains devaient valoir deux moins de salaire pour une serveuse. Bien que Thalie ne soit pas très au fait des salaires et autres primes, elle était consciente que ce portable valait une fortune, et qu'à ça devait se rajouter un forfait qui devait coûter les yeux de la tête. Sans réfléchir ( ce qui était assez récurent chez elle ) elle lui demanda combien elle touchait, avant de se reprendre, et de lui expliquer le pourquoi de son indiscrétion. Comme à son habitude, la jeune femme se mit a parler sans discontinuer. La Spinelli ne comprenait pas tout, elle semblait souvent s'exprimer pour elle-même, à mi-mot, comme si Thalie était capable de lire dans sa tête tout ce qu'elle ne disait pas. Visiblement elle n'était pas comme les autres serveuses, elle était différente. Un cadeau de son père ? Sympa le papounet ! Puis d'un seul coup, la serveuse sembla comprendre que Thalie pataugeait dans la semoule, et elle se présenta... Karyn Moretto... Ce nom lui disait quelque chose.

- Enchantée...

Lâcha-t-elle par habitude.

Elle se laissa tomber dans un des gros fauteuil du carré VIP, ne pensant plus qu'à ses pieds qui lui faisaient souffrir le martyr dans ses escarpins. Ce n'était pas vraiment digne d'une jeune fille modèle de la haute société, mais vu qu'elles étaient seule, Talie retira ses chaussures, et se massa doucement les pieds, en repensant à toutes les informations qu'elle venait d'ingurgiter. "Argent", "compte assez garni", "circonstance pas top", "mon père", "Moretto"... Cela fit tilte dans son crâne de piaf, et elle releva le regard vers la fameuse Karyn, surprise.

- Moretto ? Comme dans "Fabian Moretto" ? Comme dans "La dynastie Moretto à la tête de l'empire Noteglia" ?

Demanda-t-elle, ses yeux s'écarquillant à mesure qu'elle comprenait.

Elle s'y connaissait, et pour cause. Les Spinelli, en plus de dominer la politique italienne ( n'en déplaise aux Giolitti ) était à la tête de la plus grande chaine hôtelière et immobilière du pays. Le père et l'oncle de Thalie, s'occupant de cette branche d'activité, pendant que son grand-père et maintenant son cousin, gérait le côté politique. Les Moretto étaient leur concurrent direct au niveau de l'hôtellerie. Évidemment il n'y avait pas de rivalité, mais les Spinelli ne pouvaient ignorer les Moretto, et les Moretto n'ignoraient rien des Spinelli. Thalie afficha un grand sourire, comprenant à qui elle s'adressait, et le comique de la situation. Elle s'apprêtait à se présenter à son tour, quand un énorme bouquet de rose sur pattes lui coupa la parole.

- Je cherche Athalia Spinelli...

Demanda le bouquet de fleur.

- C'est moi...

Répondit Thalie, un peu surprise.

Non, je vous rassure, elle n'avait pas prit de drogue, et n'imaginait pas des bouquets qui parlent. Il s'agissait juste d'un très gros bouquet, et d'un très petit livreur. D'ailleurs, ce dernier décala les fleurs afin de jauger Thalie. Visiblement elle devait correspondre au signalement fournis, car il lui tendit les roses. Il ne semblait pas vraiment emballé par sa mission, et l'héritière aurait parié qu'on venait de le sortir du lit pour l'obliger à faire ça. Il lui tendit une enveloppe, puis se figea. Thalie le regarda sans comprendre pendant un moment, avant de se rendre compte qu'il attendait surement un petit pourboire. Sortant un billet de sa poche, elle le tendit au livreur, avant d'ouvrir l'enveloppe. Luigi, évidemment ! Non content d'avoir limite insulté une serveuse, il tentait de s'excuser en obligeant un pauvre fleuriste à jouer les livreurs en plein milieu de la nuit. Ce type vivait dans un autre monde, visiblement, un monde où l'argent pouvait excuser tous les comportements...

- "Un bouquet de roses pour ton sourire d'ange. Pardonne mon débordement. Je t'attends dehors. Ton Luigi."

lu-t-elle à voix haute pour en faire profiter Karyn.

Bah tu vas attendre, mon Coco ! "Ton Luigi", Pouah !! Ce type se prend pour qui ? Son message est d'un ridicule en plus ! "Un bouquet de roses pour ton sourire d'ange" ? Qui écrit encore des trucs pareils de nos jours ?

Elle ne cessait de relire le message, le trouvant de plus en plus ridicule. Puis elle posa le tout de côté, et releva un regard amusé vers Karyn.

- Je ne me suis même pas présentée... Thalie Spinelli... Alias "Sourire d'ange".

s'amusa-t-elle en exagérant un sourire.

Et voilà ! Encore une fois, sans s'en rendre compte, Karyn avait lâché un flot de paroles ininterompu, ne cherchant même pas à n'y apporter ne serait ce qu'une once de clarté, parlant plutôt pour elle même que pour Thalie. Plus jeune, elle avait eu un ami imaginaire, du nom de Cocomeri, Courgette en Toscan, une sorte de mix entre un Clown et un Elfe ! Pas qu'ell soit plus perturbée qu'une autre enfant de son âge; juste qu'elle ne vivait pas exactement comme tout le monde. Pendant longtemps, elle avait cru que si son père partait si souvent, si loin, c'était parce qu'elle avait fait des bêtises, qu'il la punissait, ou qu'il était puni parce qu'elle faisait des bêtises. Allez savoir comment elle en était arrivée à se mettre ça dans la tête, quoi qu'il en était, cet ami imaginaire n'était pas resté longtemps dans sa vie, juste le temps pour ses parents de se rendre compte qu'ils devaient la rassurer eux même plutôt que de la laisser ainsi. Fabian avait sauté dans le premier avion venu, puis tout s'était arrangé !!!

Plus tard, suite à la mort de sa mère, la jeune ado qu'elle était devenue avait quelque peu fait une rechute, un peu métamorphosée cependant. Elle s'était mise à s'en prendre à voix haute à qui de droit. Elle n'était pas croyante, pas batisée, très rare dans un pays acceuillant le Vatican dans sa Capitale. Mais ses parents avaient décidé que le choix lui en reviendrait en temps voulu. De plus, son père était Catholique, sa mère Juive. Alors, plutôt que de choisir pour elle entre l'une des deux religions, ils s'étaient abstenus de tout plan sur la comète religieuse !!! Mais elle était remplie de quelques paradoxes. Elle s'en était mise à en vouloir à ceux de là haut, qui qu'ils soient, autant qu'ils soient, parce qu'elle avait besoin de lâcher sa colère, à défaut de laisser couler ses larmes qu'elle retenait de toutes ses forces. Et puis, depuis toujours, l'une de ses phrases favorites était : " Y a intêret que tout se passe bien, sinon, y en a un qui va trinquer !". A qui s'adressait elle exactement ? Elle même n'en avait aucune idée, mais le fait était là, elle se sentait mieux ...

Et puis ... Et puis elle avait la manie de raisonner et de parler à voix haute, se moquant bien de savoir si elle était seule ou non dans la pièce, si elle passait pour une dérangée ou non ! Elle savait que les codes se faisaient et se défaisaient à une vitesse folle, et elle avait envie d'autre chose que de petits trucs bien conventionnels !!! Pleine de paradoxe qu'on vous dit !

Alors qu'elle allait déposer les plateaux sur le bar, s'éloignant du coin VIP (à trop charger, elle allait tout renverser !), elle vit la jeune femme s'affaler dans l'un des fauteuils du coin VIP. Le temps qu'elle revienne et son interlocutrice s'était déchaussée et se massait les pieds. Marchant, piétinant plutôt pas mal, elle comprenait parfaitement que parfois, nos besoins urgents passent avant les conventions et ce qu'il faut faire et ne pas faire !!! En plus, cela n'avait pas vraiment grand chose de choquant, elle faisait ce qu'elle voulait ! Elle voyait beaucoup plus frappée dans le genre chaque soir ! Soudain, elle se souvint de ce qu'elle venait de dire, et comprit pourquoi la jeune femme la regardait soudainement ainsi ...

Euh ... Ouais, c'est ça, Fabian Moretto, le PDG de l'Empire Noteglia ! Celui qui, étrangement, a beaucoup plus basé son business en dehors des frontières que dans le pays Natal !!!

La jeune fille n'avait pas franchement l'air impressionné, et après tout, cela rassura Karyn. Ouf, elle n'allait pas passer pour une vantarde ou une fille qui se la pète ! Au contraire, l'autre jeune femme eu l'air comme ... Comme quoi d'ailleurs ?

Elle commençait à réfléchir à la chose lorsqu'un jeune homme, dont on voyait juste la casquette Verte Pomme dépassée au dessus d'un énorme bouquet, manqua de se prendre la marce séparant le Carré VIP du reste du Club. En entendant le nom demandé et en voyant la jeune fille s'en réclamer, elle sourit, posant sa main gauche sur ses hanches, le plateau posé contre le flanc droit !!

Les deux filles de bonne famille issues toutes deux d'un Empire gérant entre autre des hôtels réunies pour la première fois de leur vie !!! Ici, dans un Club !!! La première fois, vraiment ? Sans doute pas, des partys et autres galas de bienfaisance avaient bien dûs les réunir, mais à l'époque, comme aujourd'hui encore, Karyn n'avait vu ces sorties que comme des obligations, où elle prenait beaucoup plus de plaisir à manger des petits fours et à vider des verres et des verres derrière de grands rideaux de velours ! En Italie, on ne pouvait pas passer à côté des Spinelli, trop connus et trop puissants et diversifiés pour ça ! Ils étaient les rivaux direct de son père, mais à ce qui lui semblait, chacun avait toujours entretenu de bonnes relations ! En même temps, Noteglia était beaucoup moins représenté en Italie que les hôtels Spinelli, en revanche, les hôtels de son père étaient plus nombreux que ceux des Spinelli outre Italie !!! Et puis, Noteglia, ce n'était pas seulement des hôtels, mais aussi des magasins de luxe !

Athalie, puisque c'était son prénom, tira un billet de sa poche et le tendit au fleuriste, tout en commençant sa lecture du petit mot glissé dans le bouquet ... "Un bouquet de roses pour ton sourire d'ange. Pardonne mon débordement. Je t'attends dehors. Ton Luigi." Karyn leva les yeux au ciel, tout à fait d'accord avec la jeune femme ... Très kitch ... Mais bon, elle pouvait comprendre parfois que les hommes tombent dans le kitch, elle aurait même accepté ça de la part de Nate, mais rien ! Et puis, elle se refusait à comparer son ex et ce macho ci, ils n'avaient rien en commun !!!

Sourire d'ange ... Je m'en souviendrais !

Je suis désolée, on a sûrement déjà dpu se rencontrer, mais comme tu l'as sans doute deviné, je suis pas une grande fana des obligations données aux héritiers !!! Mon truc à moi quand on allait aux soirées de la Société, c'était de faire une réserve de petits fours et de m'enfiler des verres !!!

[Désolée, c'est pas fameux, mais j'ai un gros gros manque d'inspi en ce moment...]

Elle ne s'était pas trompée, il s'agissait bien de la fille de Fabian Moretto, le PDG de la firme Noteglia, Karyn venait de le lui confirmer. Cette situation était pour le moins surprenante ! Se faire servir par la fille d'un des rivals de son propre père. Evidemment il n'y avait pas de vraie rivalité entre les deux familles, il s'agissait juste d'un concurrent, mais la concurrence était toujours considérée comme moteur d'inspiration et de motivation. Alors les frères Spinelli chérissaient leurs rivaux, qui leurs permettaient, sans le savoir, de se montrer encore plus attractifs ! Cette idée fit sourire notre grande blonde. Elle souriait à la jeune femme, qui, quand à elle, semblait se poser des questions. Thalie fronça les sourcils avant de se rendre compte qu'elle ne s'était pas présentée pour sa part ! Idiote ! Comment voulait-elle que Karyn apprécie l'ironie de la situation si elle n'avait pas toutes les cartes en main ? C'était le côté tête en l'air de la Spinelli, ça !

Elle s'apprêtait à palier à ce manque de politesse, quand elle fut coupée dans son élan par un énorme bouquet de fleurs. C'était quoi encore cette affaire ? C'était pour elle, visiblement, puisque le bouquet demanda après Athalia Spinelli. Luigi avait encore fait dans l'excès de zèle, et Thalie avait la main qui la démangeait ! Elle eut presque envie de sortir juste pour lui apprendre qu'on ne pouvait pas tout se permettre juste parce qu'on en avait les moyens, mais tout comptes fait, le faire poireauter dehors, tout seul, était une punition bien plus grande. Elle s'amusa à lire le mot à voix haute, puis posant le bouquet à côté d'elle, elle entreprit de se présenter à son tour. "Sourire d'ange... Je m'en souviendrais !" lui répondit l'héritière Moretto. "Je suis désolée, on a sûrement déjà du se rencontrer, mais comme tu l'as sans doute deviné, je suis pas une grande fana des obligations données aux héritiers !!! Mon truc à moi quand on allait aux soirées de la Société, c'était de faire une réserver de petits fours et de m'enfiler des verres !!!" Thalie partit d'un rire franc, imaginant la jeune femme planquée dans un recoin d'une grande salle de reception, s'envoyant petit four sur petit four.

- Nan, ne t'excuses pas ! Je viens juste de revenir à Rome !

S'empressa-t-elle de répondre.

Je vivais à Paris jusqu'à présent. On a effectivement dû se croiser, mais vu que j'avais entre zéro et dix ans, je partageais ton goût pour les petit-fours, mais pas pour les verres ! Quoique... Je me souviens avoir pris une cuite mémorable quand j'avais 8ans ! Je m'étais amusée à finir tous les fonds de verres dans un gala donné au profit de la lutte contre l'alcoolisme chez les jeunes ! Je te raconte pas la tête de mon grand-père quand il a du présenter toute sa jolie petite famille, et que j'ai titubé jusqu'à lui, avant de demander à la présidente de l'association pourquoi elle avait quatres bras !

Voilà que Thalie était partie en fou-rire ! Il faut dire qu'elle avait totalement évacué ce souvenir de son esprit, et que maintenant qu'il s'y réinstallait, elle revivait la scène comme si cela s'était déroulé la veille au soir. Elle avait huit ans à l'époque, et tout de la petite fille modèle avec ses belles anglaises blondes encadrant son visage au teint de porcelaine, et ses grands yeux bleu qui lui mangeaient le visage. Toute la famille avait été réunie pour l'occasion. Même le père de Julian était présent. Elle se souvenait de Caly, sa petite soeur, alors âgée de quatre ans, dans les bras de sa mère, qui attirait tous les regards. Les deux ainés en avait profité pour échapper à la surveillance des adultes, et s'étaient réfugiés sous la nappe blanche qui recouvrait l'immense table servant de bar. Ils avaient alors fait ce que Karyn avait du faire aussi. Ils avaient piqué une montagne de petits fours, et avaient joué au Poker. Comment ça "non, les enfants de huit ans ne font pas ça !" ? Biensûr que si ! Quand vous voyez votre grand-père y jouer tous les dimanches après-midi avec ses amis, vous vous amusez à l'imiter ! Evidemment ils ne savaient pas vraiment y jouer, mais il faisait semblant, et misait des petits-four, utilisant des dessous de verre en guise de cartes. Et puis Julian avait décidé que ça ferait plus vrai, s'ils avaient des verres à la main, comme Papy ! C'est là qu'avait commencé la valse des fond de verre. Thalie trouvant le fond de champagne très très bon, avait décidé qu'il lui en fallait plus. Elle se souvenait avec précision de la tête de Giovanni quand il avait comprit que sa petite fille était ivre dans un gala dénonçant justement ce type de pratique. Et surtout celle qu'il avait affiché quand elle avait finit par vomir dans le pot d'une plante d'intérieur. Un souvenir mémorable, qui la faisait encore pleurer de rire 16 ans plus tard.

La blonde tenta de reprendre son sérieux, et s'essuya les joues d'un revers de main. Karyn allait la prendre pour une folle, il fallait qu'elle se ressaisisse, c'était pas une attitude à avoir pour faire une bonne première impression.

- Désolée ! C'est juste que je revivais la scène ! Oui, donc je te disais quoi ?

Demanda-t-elle en réfléchissant un peu.

Ha oui ! Oui, donc en fait, j'ai quitté Rome à 10ans, et je n'y suis revenue qu'il y a quelques semaines. Donc c'est pas vraiment étonnant que tu ne remettes pas mon visage. Et puis je n'ai assisté qu'à un seul gala depuis mon arrivée, et j'ai fini par me faire raccompagner par le fameux Luigi parce que mon crétin de cousin à préféré m'abandonner en partant avec la voiture !!

Ouai, ça elle le gardait toujours en travers de la gorge. C'était le genre de truc pour lequel elle pouvait se montrer très rancunière ! Et qu'elle ne s'avise pas de retomber sur la brunette de ce soir-là, parce qu'elle lui en voulait à elle aussi ! A cause d'eux, elle était obligée, aujourd'hui encore, de se coltiner Luigi ! Et c'était pas un cadeau !

- Dis-moi, pourquoi tu n'as pas choisi de travailler dans la boîte de ton père ? Je comprends que tout le monde ne soit pas aussi inscoucient que moi, et que certain souhaite gagner un peu d'argent par eux-même, mais pourquoi ici ?

Poursuivit-elle sur le ton de la conversation.

Elle ne comprenait pas trop ce choix. Etre confronter sans arrêt à des abrutis du style Luigi, ne devait pas être plaisant ! Comment faisait-elle pour se retenir de leur balancer son nom de famille à la figure ? Autant de questions qui intriguaient Thalie, au point qu'elle en avait même oublié de s'inquièter de comment elle rentrerait chez elle... Tête en l'air !

Karyn écoutait Thalie, toutes oreilles ouvertes. Bien sûr, elle n'en avais que deux. C'était un autre de ses drôles de traits de caractères, bien qu'elle ai eu d'excellents résultats dans pratiquement toutes les matières et qu'elle parle des tas de langues, elle avait encore l'habitude, mauvaise ou pas, encore une fois, tout dépend du point de vue, de faire des phrases qui ne voulaient rien dire, qui tombaient sous le sens, et cela lui arrivait aussi toutes les rares fois où elle n'ouvrait pas la bouche pour dire ce qu'elle pensait ...

Bref, c'était un vrai phénomène, le petit phénomène de ses parents comme elle se souvenait les entendre dire lorsqu'elle était encore petite et que sa mère était encore en vie. Elle lui manquait, bien sûr, et au peuple Italien aussi. Il n'y avait pas une année sans que la presse ne publie une photo d'elle, en général à l'approche de l'anniversaire de sa mort. Les Italiens, bien que connus pour ne pas être le peuple appréciant le plus les étrangers, avaient adopté très vite Krystal dans leur coeur, et s'étaient tous réjouis lorsqu'elle avait épousé Fabian, jetant aux oubliettes son nom de jeune fille, Crowzevski, nom bien trop compliqué à prononcer selon eux ... Ils l'avaient même surnommer la Princesse aux Yeux bleus. Certes, elle n'était pas Princesse, mais eux avaient fait une généralité, aristo alors princesse !!!

Elle ne savait pas exactement à quoi pensait Thalie pour rire ainsi, en tout cas, cela avait sûrement un rapport avec la dernière phrase qu'elle avait prononcé, parlant rapidement de sa première cuite. Et visiblement, si c'était à cela qu'elle pensait, c'était un souvenir hilarant et très amusant à en voir son attitude ! Bien que riant aux éclats, elle ne ressemblait pas à Emily Rose, pas encore du moins !

Karyn s'assit sur l'une des banquettes, parce que, pour tout dire, elle n'avait pas franchement envie de couper court à la discution, pour une fois qu'une gosse de riche n'était pas insupportable !!! Et si elle restait plantée ainsi là, elle aurait l'air stupide, et elle ne tarderait pas à avoir des fourmis dans les jambes.

Sa première cuite ... Se souvenait elle réellement de la sienne ? ... Pas vraiment ! Car, sans verser dans la fille de riche alcoolo, elle s'était pas mal amusée plus jeune. D'ailleurs, pendant un temps, même si ce n'était pas le cas, la presse avait fait d'elle une sale ado, en pleine crise et rebelle. Il fallait dire qu'elle était arrivée complétement torchée à l'enterrement de sa mère et accusant devant tout le parterre d'invités et les quelques représentants de la presse conventionnelle (comprenez de journaux autre que feuilles de choux) son père de la mort de Krystal. Elle avait bien sûr regretter son geste, mais, tête de mûle, ne s'était excusée auprès de son père que bien plus tard, après avoir expliqué son geste à la presse en tout cas.

Elle revint vers Thalie, et l'entendit lui dire qu'elle n'avait assister à son premier gala Italien depuis longtemps que très récemment, et, rien qu'à l'évocation de Luigi, elle comprit que ce n'était pas son meilleur souvenir. Et Thalie fit une telle grimace que ses impressions s'en trouvèrent confirmées !!!

Je vois le genre ... T'en fais pas, Rome ne cesse d'organiser des galas, des réceptions, parfois trop le même jour, et ça bugge !!! Les gens ont beau être puissants, influents et doués pour être arrivés jusqu'où ils sont, ils n'ont pas le don de duplication ! Impossible d'être partout à la fois !

Elle épousseta un peu son Jeans, d'un geste gracile, hérité de sa mère, qui, bien que l'ayant toujours inscrite dans des écoles publiques, lui avait fait prendre des cours de danse classique et de tenue, comme elle les avait reçus plus jeune, dans sa Pologne Natale. Dis-moi, pourquoi tu n'as pas choisi de travailler dans la boîte de ton père ? Je comprends que tout le monde ne soit pas aussi inscoucient que moi, et que certain souhaite gagner un peu d'argent par eux-même, mais pourquoi ici ? L'habit n'était pas vraiment sale, mais Thalie venait d'aborder un sujet assez sensible. Elle avait tendance à craindre des choses étranges. Parler de la mort de sa mère la gênait bizarrement moins ...

Et bien ... Je ... Je sais ce que bosser dans Noteglia représente et signifie. Mon père n'a pas toujours été présent dans ma vie, on peut même dire que si j'avais fais une croix sur le calendrier chaque jour complet qu'il a passé avec moi, ça serait négligable ... Je veux pas moi aussi être écrasée par le boulot, je veux une famille, ma famille, mes amis, et ma liberté aussi !

Inconsciament, elle posa un court instant la main sur son ventre. Elle savait depuis peu qu'elle était enceinte, mais tout ceci ne venait que renforcer ses certitudes : jamais elle ne s'enfermerait dans son boulot comme l'avait fait et le faisait encore son paternel. Cela reviendrait à lui couper les ailes, imaginez un peu, pour l'oiseau si gracile qu'elle était !

Un fou-rire, ce n'était vraiment pas la meilleure attitude pour aborder une nouvelle connaissance. Ces deux-là allaient être amenée à se revoir très souvent, partageant la corvée des galas, et plus tard, en tant qu'héritières de leurs familles respectives, elles se croiseraient encore. Et tout ce que trouvait à faire Thalie, c'était d'être prise d'un fou-rire ? Vive la forte première impression ! Karyn allait finir par la prendre pour une folle, ou peut être croire qu'elle était ivre ? Après tout ce ne serait pas une surprise, la nuit était bien avancée, les bouteilles d'alcool s'étaient très vite vidées au sein de son cercle d' "amis", alors il aurait été normal qu'elle soit un peu pompette au point de rire toute seule. Sauf que non, elle n'avait presque rien bu ce soir. Elle se connaissait, et savait que dès qu'elle avait un petit verre dans le nez, toutes les barrières tombaient, et elle se retrouvait un peu trop facilement dans un lit qu'elle n'aurait pas souhaité voir de si près en étant sobre. Ce genre de mésaventures ne lui arrivait pas très souvent, elle était loin d'être considérée comme une Marie-couche-toi-là, mais ce soir, elle n'avait pas souhaité prendre de risques ! Pas avec Luigi dans les parages ! Imaginez qu'ils couchent ensemble ? Il serait capable de se prendre pour son petit ami officiel, et non pour la fâcheuse erreur qu'il aurait été !

Se reprenant très vite, Thalie retrouva son sérieux, et s'excusa auprès de cette nouvelle connaissance qu'elle appréciait de plus en plus. Il semblait qu'elles avaient le même avis sur beaucoup de choses ! Comme par exemple celui sur les galas de charité. Thalie venait d'expliquer qu'elle n'avait pas assisté à beaucoup de réceptions depuis son retour. A vrai dire, une seule, et elle n'en gardait pas un très bon souvenir. Et Karyn rebondissant sur sa déclaration lui donna son point de vue. Point de vue qu'elle partageait, elle aussi. Depuis son arrivée à Rome, Thalie ne cessait d'être solicitée de toutes parts, tout le monde la réclamant ! C'était à se demander comment ils avaient fait pour se passer d'elle quand elle vivait à Paris. Et bien souvent plusieurs receptions tombaient le même jour. Ne parvenant pas à choisir, la blonde décidait souvent de ne se rendre ni à l'une, ni à l'autre. Aussi simple que ça ! Que Karyn partage ces idées la surprenait un peu. Après tout, les filles à papa ordinaires se faisaient une joie de se rendre à ce genre d'évenements, elles auraient tué père et mère pour une seule des invitations que recevait quotidiennement Thalie... Karyn, non. Elle semblait différente. Il n'y avait qu'à voir où elle travaillait.

D'ailleurs, la jeune Spinelli ne tarda pas à lui poser la question. Cela la tracassait de savoir pourquoi ici plutot que dans l'entreprise de son père où elle serait très probablement traitée comme le Messie. "Et bien... Je... Je sais ce que bosser dans Noteglia représente et signifie. Mon père n'a pas toujours été présent dans ma vie, on peut même dire que si j'avais fais une croix sur le calendrier chaque jour complet qu'il a passé avec moi, ça serait négligable... Je veux pas moi aussi être écrasée par le boulot, je veux une famille, ma famille, mes amis, et ma liberté aussi !". Wahou ! Thalie aurait très bien pu tenir le même discours ! Et elle aurait probablement pu crier un nouveau "Amen !" pour toute réponse, sauf qu'un geste venait de l'intriguer. Quand Karyn avait parlé de sa famille, elle avait passé une main sur son ventre, dans une caresse subtile... Il ne s'agissait pas d'un geste anodin, c'était un geste lourd de conséquence. Mais cela ne regardait pas Thalie. Après tout, elle aurait l'air de quoi à lui demander "Dis, t'es enceinte ?" si elle ne l'était pas ? Ca c'était un coup à la faire complexer sur son physique ! Alors, elle se contenta de revenir sur le sujet, en tardant à détacher ses yeux du ventre de la Miss.

- Je... Oui ! Oui, je comprends très bien ce que tu veux dire. Mon père n'est pas des plus présents non plus. A vrai dire, même s'il a toujours fait des efforts, il était pas très souvent à la maison. Mais bon, on a jamais manqué de rien, alors on va pas se plaindre !

Son ton avait changé, un peu triste, un peu nostalgique. Non, elle n'avait pas à se plaindre, et encore moins en sachant que sous son toit, elle avait eu le loisir d'observer quelqu'un qui avait vécu bien pire. Ils avaient le même sang, les mêmes origines, elle aurait tout simplement pu être à sa place ! Pourquoi ce n'avait pas été elle à la place de Julian ? Le hasard, surement... Elle était la fille du bon frère Spinelli. Alors non, elle n'avait pas à se plaindre. Et il fallait à tout prix qu'elle change de sujet ! Qu'elles retrouvent la légerté de ton qu'elles avaient en parlant de Luigi, et pas cet air lugubre qu'elles affichaient toutes deux à présent.

- Bon ! Dis-moi ! Tu dois en voir défiler du beau monde dans cette boîte ! T'as déjà dû croiser mon cousin ? Grand comme ça !

Elle se leva, et avec sa main fixa un point au-dessus de sa tête.

Châtain, les cheveux un peu... comme ça !

Elle mima une jungle de cheveux, avec une moue dubitative.

Les filles le trouvent canon, d'ordinaire, mais moi, honnêtement, je vois pas pourquoi ! Mais bon, c'est pas très interessant, on s'en fout un peu !

Lâcha-t-elle en se rasseyant à ses côtés.

Parle-moi plutôt de cette fameuse jeunesse dorée dont nous faisons partie, mais qui ne semble pas nous ressembler ! Avec qui doit-on être vu, et avec qui ne doit-on surtout pas être vu ?

Des potins ! Quel meilleur sujet de conversation entre deux filles ? Aucun autre... A part peut être :

- Au fait, tu vas au bal du printemps ? Je suppose que oui ?

Demanda-t-elle d'un seul coup, avant de se rendre compte que Karyn s'apprêtait à parler avant qu'elle ne lui coupe la parole.

Pardon ! J't'ai coupé ! Oublies...

Oui, revenons-en au potins ! Le bal du printemps était peut être l'évenement mondain de la saison, mais ce sujet n'arrivait pas à la cheville des potins !

Karyn se sentait bien en présence de Thalie, alors que d'habitude, elle mettait plus de temps avant de ressentir ça. Ne pensez cependant pas que la jeune fille soit une sauvageonne, ou un truc dans le genre. Nan, il semblait juste que le simple fait de s'appeller Moretto attirait les gens comme des aimants, et dès qu'elle disait son nom, ou que quelqu'un finissait par découvrir de qui elle était la fille, d'un seul coup, c'était comme si tout le monde devenait son avis, la charmait, du moins tentait, sur sa tenue, sa coupe de cheveux, son physique, et ce même si elle s'était coiffée plus qu'à l'arrache voire pas du tout juste avant, qu'elle s'était habillée avec les premières fringues qui lui étaient tombées sous la main avant de sortir, la faisant ressembler à l'as de pique ou un de ces sans abris couchés à même le sol, et qu'elle avait des cernes immenses sous les yeux et avait zappé l'étape maquillage.

Elle avait grandi en prennant soin de ne jamais révéler au premier abord qui elle était, mais il y avait toujours eu des petits malins, qui, une fois qu'ils avaient découvert son petit secret, s'empressait d'aller le répéter, quand ce n'était pas un instit qui balançait, frustré de n'être QUE prof, à trimer comme un malade pour gagner un salaire de misère, trois fois rien. Il y avait eu un moment où elle avait voulu prendre le nom de famille de sa mère, pensant qu'elle passerait plus inaperçue, parce que les gens n'arrivaient en général pas à se souvenir de l'exacte orthographe et de l'exacte prononciation du nom de famille de sa mère, Crowzevski, mais cela n'avait au final abouti à rien, elle n'avait pas vraiment eu de répis plus long. Il fallait dire que les gens aux noms à consonnance étrangère, des pays de l'Est, il n'y en avait pas tellement, et elle ressemblait trop à sa mère, ce qui mettait la puce à l'oreille : physique de belle blonde aux yeux bleus et nom de famille Polonais, paf, elle était démasquée.

Avec Thalie, ce n'était pas pareil, au moins, elle savait qu'elle ne lui adressait pas la parole juste pour qu'elle lui file un rencard avec ses frères, qui avaient fini par bosser avec leur père, ou qu'elle ne lui dégotte de sous les fagots un job dans l'Empire familial. Peut être était ce parce que, tout simplement, elle aussi était dans le même panier, qu'elle évoluait dans les mêmes sphères ...

Mais alors qu'elle était dans ses pensées, et qu'elle crut en être sortie totalement, elle répondit à la dernière question de la jeune femme en posant une fraction de seconde la main sur son ventre. Elle l'en retira bien vite, comme après un coup de jus, ou comme après s'être piquée sur un fuseau ... Elle détourna un temps les yeux, mais avait bien vu, du moins cru voir le regard de Thalie répérer son geste.

Elle l'écouta, et comprit que, visiblement, être connu, riche et adulé avait un prix, et ce n'était pas vous qui le paiyez, mais vos enfants. Elle le savait déjà, mais jusqu'à maintenant, comme elle ne fréquentait pas les gosses de riches comme elles l'étaient toutes deux, elle ne faisait pas de son cas personnel une généralité, ignorant exactement si c'était pour eux pareil que pour elle. Et malheureusement, elle devait se rendre à l'évidence que c'était une conséquence tombant sous le sens. C'était effrayant, triste et flippant, mais cela la rassura un peu, elle n'était pas toute seule sur cette terre à douiller !

Thalie avait saisi le malaise, et changea et de conversation et de ton. Cela était rafraîchissant et bienvenue ! Surtout que maintenant, elle allait pouvoir balancer un peu, ça ne faisait jamais de mal, et Thalie étant au courant de ses origines sociales, elle ne serait pas taxée d'envieuse ou de jalouse ! Elle lui parla de son cousin, et Karyn sourit, mais lorsqu'elle voulut répondre, Thalie enchaîna avec une autre question. Tiens, elle connaissait ça, en général, c'était elle qui faisait pleuvoir un flot de questions sur ses proches, ne les laissant pas répondre, et les embrouillant tellement qu'ils perdaient le fil et lui redemandaient quelle était la première question !!!

Y a pas de mal, pour une fois que ce n'est pas moi qui me trouve dans cette position !!!

Pour ton cousin, sans doute l'ai je déjà vu, mais tu sais, ici, les filles ont tendance à trouver beau tout le monde dès que le parti à du fric plein les poches !! Mais le coup des cheveux ... Peut être !

Elle se mordit la lèvre en rigolant. Qui qu'il soit, elle venait un peu de se moquer de lui, mais vu la façon dont sa cousine venait de le décrire, elle passa que cela ne lui vaudrait aucun soucis !!!

Pour les autres gosses de riches, en ce moment, un certain Jan Van Der Stood, un Allemand je crois, a une compagnie très recherché. Je sais pas grand chose sur lui, si ce n'est qu'il commande toujours trop d'alcool qu'il n'en consomme, qu'il change de filles tous les soirs aussi. Ah, et puis, il rentre aux bras d'une, pelotte une autre toute la soirée et sort du Club avec une autre demoiselle ... Il est pas mal, si on aime les blonds aux yeux bleus ... Je dis ça, parce qu'il y a trop de blonds aux yeux bleus du côté de ma mère, et ... Je vois tous les gars dans ce type comme des membres de ma famille, à tord d'ailleurs, mais bon !!!

C'était vrai ! Sa mère n'était pas fille unique, et ses oncles et tantes avaient tous au moins eu 4 gosses, alors, les comptes allaient vite !!

Elle ne savait pas exactement si cela convenait à Thalie, mais elle voyait tellement de personne défiler ici qu'elle en était un peu écoeurée. Il ne lui serait jamais venu à l'idée de se mettre en couple avec l'un de ses clients, d'une, parce que c'était pas franchement la meilleure idée de mélanger boulot et amour, et parce qu'ils n'avaient visiblement pas la même philosophie de vie qu'elle. Sa dernière histoire en était la preuve, Nate n'avait rien du gosse de riche pourri gâté !!!

Le Bal de Printemps ... J'y ai pas encore songé, il me faut un cavalier pour ça, et c'est mal barré ... Mais bon, si je trouve personne, je me réserves le droit d'obliger Lukas à m'accompagner !

La conversation prenait un tournant qui ne plaisait pas à Thalie. La grande blonde survoltée et joviale, n'appréciait pas ces instants de nostalgie où la déprime dansait sensuellement avec ses émotions. Elle ne supportait pas que son sourire cède la place à une moue boudeuse alors qu'elle était réputée pour sa joie de vivre légendaire. Pourtant, sitôt que l'on évoquait son père et ses fréquentes absences, elle ne pouvait empêcher son état de se détériorer. C'était les aléas de son statut d'héritière, et encore, elle n'était pas la plus a plaindre ! Elle pouvait citer une dizaine de ses "amis" qui étaient encore plus mal lotis qu'elle ! Thalie avait eu la chance d'avoir une mère présente et aimante, qui n'avait cessé de les entourer, sa soeur, son cousin et elle, d'une affection, d'une attention, et d'une tendresse à toute épreuve. Voilà pourquoi aujourd'hui elle différait du reste du gratin. Elle avait eu une enfance presque équilibrée, et n'était pas une plaie béante comme la plus part de cette jeunesse dorée qu'elle cotoyait. Elle savait, d'après les journaux de l'époque que Fabian Moretto avait perdu sa femme, alors elle s'imaginait qu'il devait s'agir de la mère de Karyn, selon toute vraissemblance. Alors il ne valait mieux pas que la blonde se vante d'avoir eu une maman aimante, sous peine de fragiliser l'autre blonde. Aussi, elle sentit nécessaire de changer de sujet, et de passer à quelque chose d'un peu plus gai, d'un peu plus léger, et de pouvoir ainsi retrouver ce sourire qui faisait jusqu'à présent défaut à ses lèvres...

Les potins ! Quel sujet plus interessant entre deux filles ? A part les mecs ? Rien ! Et si en plus on mélangeait admirablement ragots et hommes, ça donnait un cocktail plutot sympathique ! Thalie voulait savoir qui était au sommet de la chaine alimentaire des minettes, en ce moment ! Quel était l'héritier à avoir sous son bras. Non pas pour elle, non au contraire, afin de l'éviter ! Mais elle voulait savoir si elle connaissait son cousin, aussi. Calypso n'avait jamais du mettre les pieds ici, donc il n'était pas nécessaire de poser la question. Mais Julian, elle le visualisait très bien sur cette même banquette entrain de jouer les séducteurs à deux francs ! Qu'est-ce qu'il pouvait l'agacer quand il était ainsi ! Si courtois, si mielleux, alors qu'au final, il ne faisait que de profiter de ces filles avant de les ejecter de sa vie sitôt qu'il avait obtenu ce qu'il souhaitait. Et après il se permettait de faire la leçon à Thalie, en lui disant de se méfier des hommes... Mouais... Elle ne savait pas ce qui l'embêtait le plus. Qu'il se serve de ces pauvres filles ? Ou que ces pauvres filles, justement, prennent plus d'importance qu'elle à ses yeux, dès que sa chasse commençait ? Un peu posséssive ? Oui, et alors ?

Elle venait de faire une admirable description physique de son cousin (et je ne permets a personne de dire le contraire) à Karyn, afin que cette dernière puisse voir de qui elle parlait. Sauf qu'elle ne semblait pas le reconnaitre. "Sans doute que je l'ai déjà vu, mais tu sais, ici, les filles ont tendance à trouver beau tout le monde dès que le parti a du fric plein les poches !!"... Pfff, Julian n'avait même pas besoin de faire étalage de son compte en banque pour attirer les filles comme des mouches. Il lui suffisait juste de sourire, ce qui agaçait encore plus Thalie. "Mais le coup des cheveux... Peut être !" ajouta-t-elle en se mordant la lèvre. Thalie ne put répondre autrement que par un rire franc ! S'il y avait bien une chose qui différenciait Julian du reste des italiens, c'était sa coiffure, ou plutot son absence de coiffure ! Il faut dire que dans la famille, ils avaient tous une nature de cheveux pour le moins généreuse ! Caly en faisait les frais aussi, avec ses boucles blondes qu'elle avait bien du mal à discipliner. Et quand à l'ainée, et bien elle faisait ce qu'elle pouvait, et en général c'était des heures et des heures passées devant l'immense miroir de sa salle de bain personnelle, à tirer sur ses longueurs ondulées avec un fer à lisser. Le plus drôle était certainement quand les trois têtes blondes passaient en même temps sous les mains expertes d'un coiffeur avant un grand gala. La mine effarée que le pauvre homme affichait en voyant débouler les trois têtes hirsutes était a mourir de rire ! D'ailleurs, rien qu'en y repensant, Thalie passa une main dans ses cheveux, s'assurant que sa coiffure n'avait pas trop dérapée depuis le début de la soirée.

Karyn lui parlait à présent du parti le plus convoité de Rome -autre que son cousin, ça va de soi- Jan Van Der Stood. Oula vache ! C'était possible d'avoir un nom aussi difficile a prononcer ? Thalie le répéta à voix basse plusieurs fois, l'écorchant toujours un peu plus, tandis que la blondinette lui relatait les exploits de l'allemand ! Oh, il y avait pire que Julian, à Rome, alors ? Etonnant ? L'allemand avait le même comportement que son cousin, la galanterie en moins. Ce qui faisait de lui un véritable c*nnard ! Quand Karyn fit référence à son côté blond aux yeux bleus, Thalie ne put s'empêcher de rire !

- Si l'on suit ta logique, on serait donc de la même famille !

répondit-elle en souriant.

Pourtant il n'y avait aucun risque ! Mais il est vrai que les blonds étaient tellement rares en Italie, qu'une personne entrant dans le club, et les apercevant toutes deux côte à côte aurait vite conclu qu'elles étaient soeurs, ou au moins cousines. Ce n'était pas le cas, et parmis cette foule de tête brunes, les deux filles ressortaient de façon admirables. Ca avait longtemps joué en la défaveur de Thalie. Quand elle vivait en France et qu'elle expliquait qu'elle était italienne, les gens ne la croyaient pas. Dans l'opinion collective, une italienne se doit d'être brune, petite et pulpeuse ! Thalie était grande, blonde, et malgré quelques formes généreuse au niveau de son buste, elle était souvent cataloguée dans la catégorie "maigrichonnes". Mais maintenant qu'elle était de retour a Rome, cette petite diversité lui servait bien. Elle était atypique, une beauté loin d'être ordinaire qui attirait beaucoup de regards masculins, et de jalousies féminines.

Sa partenaire de blondeur en revint au fameux bal du printemps, s'exclamant qu'elle n'avait pas de cavalier. La Spinelli lâcha un juron avant de plaquer sa main contre sa bouche.

- J'avais zappé ce détail ! Zut de zut et re-zut ! J'ai personne ! A part Luigi, mais même pas en rêve je m'affiche avec lui ! L'Osservatore serait capable de nous prêter une relation, et il est hors de question que Rome pense un truc pareil ! T'as pas un deuxième Lukas sous la main, par hasard ? Il aurait pas un frère ? D'ailleurs, c'est qui Lukas ?

Vu la façon dont la blonde en avait parlé, il ne s'agissait pas de son fiancé. Un ami peut être ? Le problème de Thalie, c'est qu'elle n'en avait pas, elle, d'amis ! Julian allait se dégoter une cavalière en trente secondes, et Caly emmènerait certainement un de ses potes de l'université. Mais elle ? Elle allait faire quoi ? Demander au majordome de se faire passer pour son cavalier ? C'était une solution possible, hein ! Toujours plus attrayante que Luigi !

Une chose était certaine : l'esprit de Karyn ne cessait jamais de fonctionner ! C'était sans doute l'une des raisons qui expliquait sa maladresse, plus dans les paroles que les gestes d'ailleurs ! A trop réfléchir et cogiter, elle zappait pas mal de truc, comme le fait que telle personne ignore telle chose, ou alors, elle mélangeait tout, mélant ses idées qui, le plus souvent, n'avait aucun rapport entre eux, ni de près, ni de loin ! Il était parfois dur de la suivre, surtout lorsqu'elle se mettait à dire tout ce qui lui passait pas la tête sans même chercher à se freiner, et sans même chercher à donner un sens à ses propos. Après tout, les gens comprendraient ce qu'ils voudraient, elle leur donnait un maximum d'infos, après, à eux de trier, elle n'allait quand même pas tout leur faire, nan ? Bref, alors même qu'elle se mettait à évoquer Jan Van Der Stood, elle réfléchissait, encore et encore, faisant défiler dans sa tête le visage de tous ceux qu'elle connaissait, qu'ils soient ami, membre de sa famille, ex petit ami, ennemi, voisin, connaissance, client, tout qu'on vous dit ! Pourquoi me demanderez vous ? Juste parce qu'elle était très physionomiste, et qu'elle voulait à tout prix savoir si oui ou non elle connaissait le cousin de la Miss avec qui elle parlait. Si il était bel et bien client du Club, elle l'avait sûrement vu ! Elle se devait de toujours avoir un oeil partout et de faire en sorte que le client croit toujours qu'il est connu ici, qu'il peut y venir autant qu'il le voudra, qu'ici, on l'apprécie et qu'on met tout en oeuvre pour qu'il se sente choyé, comme chez lui. Ce n'était que du business, rien de plus, mais elle y mettait tout son coeur. Et si ...

Tout à coup, cela fit tilt dans sa tête ! Mais bien sûr, comment n'y avait elle pas pensé plus tôt !? Des gars avec des coupes de cheveux improbables, il n'y en avait pas cent, pas que tous les coiffeurs romains et italiens soient des pros, loin de là, juste qu'il fallait du cran, du courage, de l'assurance, de la stupidité ou de l'ignorance, appellez ça comme vous voulez, pour réussit à assumer sa coupe capillaire ! La veille au soir, elle avait entendu deux serveuses parler de J, le bel albâtre, petit fils de Giovanni Spinelli, et les avait également entendu s'interroger sur le nombre de jours depuis lesquels il n'était ni passé entre les mains d'un coiffeur, ni n'avait fait faire faire connaissance à ses cheveux avec l'eau de la douche !
Enfin, bref, maintenant qu'elle avait mis un visage sur le nom et qu'elle avait apparement recouvré toutes ses capacités cognitives, elle se reconcentra sur ce qui lui disait Thalie, qui, au final, ne faisait que déduire une idée de tout ce qu'elle venait de lui dire ...

De la même famille ? ... J'avoue que j'y ai pas pensé à le disant, mais ouais, les gens risquent de le penser ! Je suis sûre que si on reste plus longtemps l'une à côté de l'autre à discuter, demain, tout Rome va se demander si l'un de nos parents n'a pas fauté avec l'un de ceux de l'autre ! "L'enfant caché de la famille richissime" Mais bon, dans ce cas là, on y gagnerait juste des rumeurs !!!

Les rumeurs, il y avait un bout de temps que Karyn n'y prêtait plus attention ! Si elle n'avait pas bossé ici, les journaux ou feuilles de choux auraient publié depuis longtemps sa nécrologie, parce qu'elle fuyait toutes les réceptions auquelles elle était conviée en tant que gosse de riche. Aujourd'hui, on parlait peu d'elle, mais elle n'était pas oubliée non plus ... Cependant, dans les esprits, pour beaucoup, elle restait celle qui avait piqué sa crise d'ado à l'enterrement de sa mère, y ayant assisté dans un sale état, et elle n'était pas encore tout à fait redevenue la gentille, mais non sans caractère Karyn Moretto. Sa réputation, elle s'en moquait beaucoup, mais elle n'aimait pas se voir juger, surtout dans des magazines, qui ne connaissaient au final rien d'elle ni de sa vie, se contentant juste de tirer des jugements attifs de ce qu'ils voyaient, de ce qu'ils entendaient, de ce qui se disait ... Il était aussi vrai qu'il est toujours préférable et enorgueillant d'être aimée et appréciée, et elle ne manquait pas une occasion de prouver, que, nan, décidément pas, il ne fallait pas croire tout ce qui s'écrivait dans la presse ! Elle était certes fêtarde, mais n'avait jamais couché avec autant d'hommes qu'on le disait, et elle n'avait non plus rien à voir avec la Mafia ! Et encore moins avec le Prince William ! Mais revenons au bal voulez vous !

Ainsi, Thalie avait zappé le fait que, pour ne pas trop avoir l'air d'une gosse de riche paumée et éblouie comme un lapin dans les phares d'une voiture à l'entrée de la réception, il fallait un cavalier. Très pratique ça, un cavalier, au moins, vous vous sentez moi seule et vous avez quelqu'un à qui vous accrochez si vous n'avez pas eu la précaution de ne pas fixer les flashs des appareils et que vous êtes éblouie ! Un cavalier, ça fait lampadaire en gros ! Karyn savait que, peu importe à qui elle le demanderait, la personne répondrait oui, parce que c'était un gros événement, et qu'en plus, cela serait la première réapparition publique de la jeune fille, ce qui, immanquablement, attirerait les regards !

Thalie évoqua de nouveau Luigi (décidément celui là, même quand il était pas là, on parlait de lui ! Roooooo le chanceux !) et Karyn baissa le pouce, comme le faisaient les Empereurs Romains sous l'Antiquité pour indiquer leur position, celle de mettre à mort, lors des combats de gladiateurs. Nan merci le Luigi, surtout qu'encore une fois, ce cher Osservatore s'en donnerait à coeur joie !

Lukas ? Lukas, c'est mon parrain, enfin oui, enfin nan, enfin ... Si, au sens strict du terme, mais nan dans la réalité ! Enfin, si, bien sûr que si, je veux dire ... Euh, je veux dire quoi déjà ? Ah oui ... Je t'embrouille là, nan ?
On efface tout et on recommence ! Lukas est mon parrain, du moins l'était, quand je suis entrée à l'Université. Et, aux dernières nouvelles, il a pas de frère, désolée !!!

Karyn n'avait pas tort ! Si l'Osservatore venait à passer dans cette boîte et observait cette scène, il ne manquerait pas d'accuser Livio d'adultère, et Karyn d'enfant illégitime. C'était idée était partie d'une réflexion de Thalie, elle-même résultat d'une phrase de Karyn. A l'origine elles parlaient du type à éviter à tout prix, et les voilà maintenant regarder autour d'elles, d'un air suspect, vérifiant que personne ne les observait avec intérêt. Manquerait plus que ça, tiens ! Déjà que Thalie c'était payée un article dans le dernier numéro, la traitant limite de Junkie, alcoolique, frivole et dépensière, si en plus on lui collait une soeur supplémentaire, elle allait vite péter son plomb ! Au moins, quand elle était à Paris, elle n'avait pas ce genre de problème. Elle y avait le statut de fille de riche, également, mais elle n'était pas la petite fille du Sénateur Spinelli là bas, et donc n'était pas autant exposée qu'ici. Rome l'avait placée sous un microscope, et elle venait d'apprendre à ses dépends, qu'elle devait vraiment faire attention à ses moindres gestes, si elle ne voulait pas se retrouver dans une feuille de chou le lendemain. Et rien qu'en y repensant, Thalie sentait la rancoeur envers ce fameux Osservatore, remonter en elle...

Heureusement, Karyn avait l'art de lui changer les idées. Comme elle, elle semblait munie d'un cerveau qui n'avait aucun sens logique, et passait d'un sujet de conversation à un autre. Le Bal du Printemps, et son fameux cavalier ! Lukas ! Et dire que Thalie avait complètement oublié ce menu détail ! Un cavalier, voilà ce qu'il lui manquait. Elle avait pensé à tout. Elle avait la robe, les chaussures, le coiffeur avait été commandé, ainsi que la maquilleuse, mais elle avait complètement zappé le fait qu'il lui fallait un cavalier. Et ça, ça allait être un peu plus dur à se procurer qu'une robe Prada ! Pourtant, ça ne devrait pas être difficile, pour la belle, de se trouver un chevalier servant. En la voyant on devait se dire qu'elle n'avait qu'à se baisser pour les ramasser. Sauf qu'elle n'avait pas vraiment envie de ramasser n'importe quoi ! Si elle devait passer la soirée avec un type, autant qu'il soit un minimum galant et sympathique, parce que si c'était pour se trainer un boulet pendant des heures, à quoi bon sortir pour s'amuser ? Alors il lui fallait un Lukas à elle aussi... Mais d'ailleurs, c'était qui Lukas ? "Lukas ? Lukas c'est mon parrain, enfin oui, enfin nan, enfin... Si au sens strict du terme, mais nan dans la réalité ! Enfin si, biensûr que si, je veux dire..." Oui, elle voulait dire quoi, bon sang ? Parce que là, à force de froncer les sourcils, Thalie allait se coller une migraine. "Euh, je veux dire quoi déjà ?"... Ha bah si même elle ne le savait pas, on était pas dans la mouise, mes amis ! "Ah oui... Je t'embrouille là, nan ?" Nooooon, à peine ! D'ailleurs la blonde lui fit un petit signe de tête signifiant, ironiquement, qu'elle suivait tout ! "On efface tout et on recommence ! Lukas est mon parrain, du moins l'était quand je suis entrée à l'Université." Tout ça pour ça ? Et elle qui s'attendait à du croustillant. Elle en eut même une petite moue boudeuse. "Et au dernières nouvelles, il a pas de frère, désolée !!!". Zut !!

- Et un cousin ? Un meilleur pote ? Un grand-père ? Karyn, j'suis désespérée !!! Attends, tu vas m'aider à faire le tri !

Lâcha-t-elle en se saisissant de son portable.

Elle avait dans l'idée de fouiller son répertoire, elle finirait bien par trouver la perle rare, et Karyn, avec ses connaissances pointues en matière de type mondain, allait pouvoir lui dire oui ou non, pour chacun d'entre-eux. Sauf qu'en tirant son portable de sa poche, elle vit s'afficher sur l'écran 12 milliards d'appels manqués. Bon j'exagère un peu.

- Tiens... Je re-capte...

Oui, très calme, malgré le nombre d'appels en absence. Caressant l'écran tactile de son pouce, elle s'informa de l'identité du maniaque qui s'était excité sur la touche de rappel... Julian... Julian ?! Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Alors lui, quand on a besoin de lui il est pas là, mais quand on passe un bon moment, il se lance dans le harcèlement... Le voyant de messagerie vocale étant allumé, elle composa le numéro du répondeur, et scotcha le téléphone à son oreille... "Vous... avez... 17... nouveaux messages." 17 ? Nan mais il va pas bien, lui ! Mettant son portable sur haut-parleur, elle fit signe à Karyn de s'approcher.

- Tu veux rire ? Ecoute ça !

« Aujourd'hui à 2h15 : Thaliwa ? Tu m'as appellé ? Tu voulais quoi ? Rappelle vite !
Aujourd'hui à 2h17 : Rappelle ! T'attends quoi ?
Aujourd'hui à 2h20 : Tu te paies ma tronche ? T'es où là ?
Aujourd'hui à 2h22 : Si tu rappelles pas j'appelle le Grand-Père !
[...]
Aujourd'hui à 3h05 : Whooo ! J'm'inquiète, là ! Alors t'es mignonne, tu prends ton téléphone, t'appuie sur la touche "tête de Chips" et tu me dis ce qui se passe !
Aujourd'hui à 3h07 : Bon, si vous avez volé le téléphone de ma cousine, soyez sympa de me le dire, que j'arrête de m'inquièter pour cette gourde ! Merci.
Aujourd'hui à 3h15 : Bon, tant pis pour toi ! J'vais être obligé d'employer les grands moyens ! Tu l'auras voulu, Athalia !
Fin... de vos... nouveaux messages.

»

Si Thalie avait rit de bon coeur, tout du long de l'écoute, le dernier message lui coupa son envie de se moquer. "Grands moyens" ? "Athalia" ? Oula, c'était quoi le plan, là ? Et puis pourquoi il lui disait qu'elle avait essayé de le joindre. Surfant sur son écran, elle alla directement dans les derniers appels émis... Ouuuuups ! Visiblement son portable avait encore fait des siennes, composant par mégarde le dernier numéro appellé... 8 fois !! Normal qu'avec 8 appels de suite de sa part, Julian s'inquiète.

- Je vais me faire démonter la tête !

Lâcha-t-elle en se mordant la lèvre inférieure.

Elle n'eut pas le temps de dire autre chose, que déjà un grand brouhaha s'élevait depuis l'entrée de la boîte. Relevant la tête, Thalie eut juste le temps de voir une jungle de cheveux se frayer un chemin dans la masse de danseurs. Ouuuups ! Se tournant vers Karyn, qui regardait dans la même direction qu'elle, et avait remarqué le jeune homme un peu énervé, elle lui offrit un sourire timide.

- Ca y est ? Tu le remets ?

Parlant de Julian, elle re-mima la coupe de cheveux approximative, ce qui eut le don de la détendre un peu...

Donne-moi ton téléphone, vite !

Réceptionnant le téléphone de Karyn, elle entra son propre numéro dedans, et s'appella. Voilà, échange de numéros ultra rapide, juste avant que Julian se plante devant elle deux, le regard vibrant de fureur.

Karyn, je te présente Julian... Julian, je ne te présente pas Karyn, vu que visiblement t'as juste envie de me bouffer, donc je vais juste te dire "On rentre ?"...

Offrant à son cousin un petit sourire hésitant, elle se releva. Remettant ses chaussures en place, elle tourna le dos quelques instant à son cousin, afin de demander expressément à Karyn de l'appeler un jour où elle ne travaillait pas, afin qu'elles puissent se voir, ailleurs qu'ici. Elle la remercia pour ce moment surprenant et amusant, puis lui souhaita bon courage pour la suite, avant de reporter son attention sur Julian. "Comment t'as su que j'étais là ?" demanda-t-elle. "Puce GPS dans ton portable" répondit l'autre, la mâchoire serrée. Marrant comme il avait pas l'air content d'être là. Elle l'avait dérangé peut être ? Elle était censée s'excuser là ? Ha bon ? Nan parce qu'elle faisait carrément la tronche, maintenant. Espionner son portable ? Nan mais décidément, il lui aura tout fait, celui-là ! Malgré tout, elle le suivit à contre-coeur, et ils disparurent en s'engueulant à voix basse...

Fin...

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