C'est le quartier où l'empereur Tibère logeait sa garde prétorienne. C'était la zone militaire par excellence, avec des casernes à tous les coins de rues et des militaires de partout. Des militaires en cuirasse, petite jupettes et sandales, et naturellement, des SPQR de partout. Vous me direz, à Rome, des SPQR t'en trouves même sur les plaque d'égouts. C'est pas faux, mais dans le Rione Castro Pretorio encore plus qu'ailleurs. On peut encore voir les vestiges des anciennes casernes qu'on a mis à jour en construisant la Biblioteca nazionale centrale. Donc si vous allez chercher un livre, faite un petit détour si vous êtes tenté par une énième ruine, et jetez un oeil sur les fondations du "Château Prétorien. C'est à peu près la seule chose à voir, ici, outre les immeubles bas où logent toutes les familles aux revenus bas de plafond, marmaille braillante inclus, les quelques bistros bordants les larges rues à forte circulation, et des églises, toujours des églises. Oui, le quartier n'est pas le plus beau, oui, il est en périphérie de la ville et en plus de se taper les rails du train, on se tape les banlieusards roulant comme des tarés en direction du boulot, le matin, et en direction de la maison, le soir, mais ne vous avisez pas de le critiquer, faut appartenir au Rione pour pouvoir en dire du mal.

Esquilino, à la base, c'est le nom de la colline, mais comme on sait être hyper originaux, nous autres romains, c'est aussi le nom du Rione le plus important de cette zone. A l'origine, avant de devenir le Rione que l'on connait aujourd'hui, il s'agissait d'une zone occupée par le cimetière des pauvres et qui, donc, avait une mauvaise réputation. Aujourd'hui, s'il a toujours mauvaise réputation, le Rione n'est plus peuplé que par des cadavres. Bon, on trouve bien le Cimitero di Campo Verano à l'Est de la zone, mais les morts restent tranquillement dans les limites définies pour eux. Quoique, parfois on entend des histoires... Ma, c'est pour faire peur aux enfants pas sages, et aux touristes. Parce que bien qu'il jouisse d'une mauvaise réputation de par sa proximité avec la Stazione Roma-Termini réputée coupe gorge à la nuit tombée, ça reste quand même, de ce fait, la première image de Rome qu'aura le touriste en descendant du train. Alors, forcément, le gouvernement a mit le paquet. Déjà avec la grande piazza dei cinquecento majestueuse et aérée, et puis aussi les transports. Ici on a le métro, le bus et le tramway ! Du jamais vu ailleurs. On y trouve de jolies petites églises, et aussi, si vous vous enfoncez un peu plus dans le rione, le temple de Minerve. Ici, pas la peine de nous demandez de parler anglais ou français, y a que des vrais, au pire, on vous parlera avec les mains, genre avec le majeur levé, vous voyez ?

Monti. Comme son nom l'indique, le Rione est coincé entre trois colline dont Quirinale et Esquilino. Du fait, le quartier surplombe légèrement le reste de Rome, ce qui n'a pas toujours été un avantage. Dans l'antiquité Monti était le rione le plus peuplé de Rome, les gens s'y entassaient dans les ruelles et on trouvait bordel et maisons closes à chaque coin de rue. Ensuite, durant l'époque médiévale, l'eau peina a monter jusqu'à eux, le quartier fut déserté, et les rares habitants restant allaient s'abreuver directement dans le Tibre. Et au moyen âge, ce fut l’érection de l'Eglise Saint Jean de Latran; attirant nombre de pèlerins, transforma le rione en zone d'habitations touristiques. Puis, à l'époque moderne, il redevint un quartier populaire, les touristes préférant le Vatican à Saint Jean. Mais les fascistes redessinèrent les lieux, à grand coup de pelleteuse, afin d'exhumer les forums antiques et y organiser des fouilles, pour la plus grande joie des touristes. Aujourd'hui, le Rione possède deux visages, d'un côté de petites de ruelles et maisons populaires, et de l'autre de grands axes aérés, des ruines à ciel ouvert, comme le Forum ou encore le marché de Trajan, et de grands ensembles comme le Ministère de l'intérieur, ou le siège de la Banque d'Italie, et évidemment, sans oublier le centre universitaire de la Sapienza. Un quartier vivant, donc, un quartier festif aussi, à la nuit tombée, autour de l'université, un quartier d'affaire également, touristique aussi, et calme et pittoresque dès qu'on traverse la rue. Un peu de tout, tellement de tout, que depuis la nuit des temps, une rivalité existe entre ce rione et celui de Trastevere. Dans l'antiquité ça se règlait dans le sang. Aujourd'hui... bah, un peu moins.

Ami touriste, bonjour ! Tu veux de la ruine, de la colonne à demi affaissé, du gladiateur en costume qui te hurle "Hello ! Take a picture ?" ? Bienvenue à Celio ! Le Colisée ? C'est chez nous, et nulle part ailleurs ! L'Arc de Constantin ? A ton avis, l'ami ? Lève les yeux, c'est droit devant toi ! Bon, sur ta droite y a le Palatin, mais tssssss, ils jouent les vantards avec leurs trois petites ruines qui se battent en duel ! Reviens donc par ici, Touriste mon ami ! Est-ce que je t'ai parlé des trois portes ? "Quelles portes ?" qu'il me dit, l'autre ! Mais Porta Metronia, Porta Latina, et Porta San Sebastiano, les trois portes du mur d'Aurélien. Et puis le parc ! Le parc des Scipioni, tu adoreras t'y promener ! C'est calme, et tu y surplombes toute la ville. Et si tu montes tout en haut du parc, tu verras la Villa Dorata. Vous l'aurez donc compris, c'est le quartier touristique par excellence, là où les romains vivant du tourisme passent leurs journées, ça va du type déguisé en gladiateur, à celui proposant des tours guidés, jusqu'au vendeurs de parapluie apparaissant comme par magie dès la première goutte de pluie. C'est un rione très animé, et en chantier permanent pour cause de fouilles archéologiques permanentes, mais c'est aussi un quartier où il fait bon vivre. Se poser une petite heure sur le parvis du Colisée, sur les restes du via au pierres polie par plusieurs millénaires d'existence, c'est un luxe que seul un vrai romain peut s'offrir au quotidien.