"Help I Have Done It Again, I Have Been Here Many Times Before" { PV Dante

Ouch que ça faisait mal de se faire jeter ! En fait, on ne sait jamais réellement ce que cela fait lorsqu'on ne l'a pas vécu, je sais, ça fait bateau et cliché, mais c'est comme ça ... On sait rien de toute cette peine qui vous accable soudainement, de tout ce poids qui tombe sur vos épaules, de la difficulté que s'est de remonter la pente. Vous avez la sensation que, c'est bon, vous êtes quelqu'un de fort, que rien ne réussira à vous faire chuter, que rien ne parviendra à vous mettre KO, jusqu'au moment où ... Karyn avait connu de nombreuses épreuves dans sa vie, cela lui avait forgé une carapace. Tout d'abord, elle n'avait jamais été comme toutes les autres filles de son âge, parce qu'elle était née Moretto, et que ses deux parents étaient connus, ensuite parce que, justement, elle n'avait jamais réellement grandi dans une jolie petite maison entourée par ses deux parents. Son père était un homme d'affaires, et un homme d'affaires, ça reste jamais longtemps en place. Le pire dans tout ça, c'est que cela lui avait toujours semblé naturel et qu'après tout, pendant longtemps, les anormaux, ça avait été les autres, pas elle ... Puis, elle avait compris que c'était chez elle que rien n'était ordinaire. Elle était assez heureuse d'être différente, n'ayant jamais été accro de l'uniformisation de masse. Ouais, c'était au final plutôt cool d'être elle, parce qu'elle était devenue une ado, et qu'elle n'y voyait que le divertissement et les galas où elle pouvait piquer une bouteille et aller se planquer derrière les grands rideaux rouges pour la siphonner et où elle pouvait aussi d'eclipser pour aller fumer dans un coin des grands jardins où fourmillaient toute la journée des tas et des tas de paysagistes et de jardiniers. Et puis, il y avait eu la mort de sa mère. Cela n'avait pas été facile, pas du tout même, parce que Krystal était son modèle dans la vie, qu'elle allait devoir se résoudre à se gérer elle même, son père était certes rentré, mais elle savait que cela ne pourrait jamais durer éternellement ... Depuis lors, elle se disait qu'il ne pouvait rien lui arriver de pire.

Elle avançait dans la vie avec sa carapace autour d'elle, mais n'était pas devenue pour autant l'une de ces associales et de ces personnes qui se blindent sans jamais laisser personne les connaître et entrer dans leur vie. Nan. Elle avait réussi à être une personne telle qu'on rêve tous d'être, du moins, c'était ce que disait tous ceux de son entourage lorsqu'on les questionnait à ce sujet sur elle. Elle était intelligente, vive, douée, mais aussi ironique, avec un sens de l'humour décapant, elle voyait la vie du mieux possible, refusant de la laisser l'abattre une nouvelle fois. Oui, elle avait réussi tout ce qu'elle avait entrepris et le destin n'était jamais revenu lui faire payer le prix de cette vie. Jusqu'à ce qu'entre Nate et elle, ce ne soit plus trop ça, jusqu'à ce qu'elle décide de faire une pause, jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle était enceinte et qu'elle avait fait un déni de grossesse, jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse au Bal Black & White, jusqu'à ce que Nate trouve cette lettre de l'hôpital, jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce qu'il la rejette, refusant de l'aider à se relever, tournant le dos et quittant la soirée .. Lorsque l’on perd un proche, on passe par plusieurs sentiments. La colère, l'abattement, le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression, l’acceptation. Elle le savait, pour en avoir déjà fait l'expérience à la mort de sa mère. Oui, elle était en colère, mais elle était semble t il aussi passer à la seconde phase ... Elle lui en voulait, elle lui en voulait tellement, mais dans le même temps, elle se sentait ployer sous le poids de son chagrin ...

Elle tenait à continuer à bosser ici, au Frutta, en tant que serveuse, même si son patron lui avait proposé de prendre du repos, parce qu'elle n'était plus qu'une épave à l'intérieur, parce qu'il venait d'apprendre, comme tout Rome d'ailleurs, qu'elle était enceinte de déjà 3 mois. Mais elle avait refusé en souriant, lui affirmant qu'elle allait parfaitement bien, qu'il n'y avait aucun soucis à se faire pour elle. Elle jouait plutôt bien la comédie, parce qu'elle avait eu l'occasion de s'entraîner. Elle était tout sourire, continuant à faire ce pour quoi elle était payée avec zèle et énergie. Elle était même plus efficace que d'habitude, enchaînant les heures sup' sans se plaindre, se proposant la première pour remplacer tel ou tel employé. En fait, elle avait juste besoin d'être hors de chez elle, parce qu'elle refusait de rester enfermée, cela la ferait plonger, elle en était sûre. Et puis, Nate vivait lui aussi dans la Résidence ... Elle se réfugiait dans le boulot, voulant éviter de le faire dans l'alcool, la dernière fois, elle avait choisi la deuxième solution, et cela n'avait pas été beau à voir, tout Rome s'en souvenait d'ailleurs, demandez leur !
A l'intérieur, c'était le chantier total, une anarchie sans nom, un merdier où tout se mêlait ... Mais ça, seuls ses proches auraient pu le deviner en lisant dans ses yeux, ou encore tous ceux qui auraient été assez prêt d'elle pour plonger leur regard dans le sien et y découvrir l'absence de lueur habituelle ...

Elle rangeait les verres sous le Bar lorsque l'une de ses collègues lui indiqua qu'un homme voulait qu'elle le serve. L'un de ses habitués semblait il, qui réclamait sa serveuse favorite. Elle sourit, ne sachant pas encore de qui il s'agissait, mais sourit tout de même, parce qu'il s'agissait toujours de gars bien, de beaux hommes. Si elle laissait tout le monde la surnommer comme ils voulaient, elle n'acceptait de n'être surnommée "Serveuse Préférée" que par un nombre restreint. Elle se dirigea dans la direction indiquée par sa collègue ...
Tiens tiens tiens ... Dante Spinelli ! Oui, il aurait aussi pu s'agir de Julian, mais nan !

Dante ! Dîtes moi, ça fait longtemps !

(28 heures en fait, ce qui faisait une éterrrrrrrrrrrrrrrrrrrrnité, avouez le !)

Que puis je pour mon client préféré ce soir ?!

Pro jusqu'au bout des ongles, mais au moins, ressortit les compliments enjoleurs habituels l'empêchait de hurler sa rage et sa détresse ...

-Dante ! Dîtes moi, ça fait longtemps !

« Ha oui? Pourtant j’étais là hier, et avant-hier … et tu étais là également… »

-Que puis je pour mon client préféré ce soir ?!

« Oh … Tu peux faire quelque chose… Tu vas dire à ton patron que tu ne travailles pas ce soir, que tu prends congé, et moi je vais te payer ta soirée. Tu vas venir t’asseoir à cette table avec moi là-bas … »

« Tu ne vois pas que je noie ma peine dans l’alcool? Je viens à tous les jours ici, j’ai un problème! »

« Ne refuse pas Karyn … Tu as besoin de te reposer… et moi de parle, alors en quelque sorte, tu travailles. »

« Alors, tu me laisses te payer un verre? Et l’argent que tu ferais ce soir? De toute façon, ça me couterait bien plus cher d’aller voir un psy tu sais, et pour moi, une jolie blonde est bien mieux qu’un psy. »

Dante était de ce genre d'homme que vous ne pouvez décemment par envoyer sur les roses lorsqu'ils se mettaient à vous parler comme si vous vous connaissiez depuis toujours. Il avait ce petit quelque chose de particulier, cette chose qui vous empêchait de lui dire, gentiment, d'abandonner la partie, de vous laisser en paix. Lorsqu'il était venu ici pour la première fois, du moins, lorsqu'il était venu au Frutta Proibita depuis qu'elle y était serveuse, c'était elle qui l'avait servi. Nan, elle ne l'avait pas repéré de loin, c'était juste son Patron qui lui avait demandé expressément de s'occuper de lui. Elle avait compris ensuite pourquoi. Dante était un Spinelli, et il venait ici, au Club. Bien sûr, il n'était pas le seul "VIP" fréquentant le Frutta, mais il fallait croire que certaines serveuses ne se remettaient toujours pas du fait de bosser ici et de servir des clients richissimes aux as, qui font parler d'eux dans toute la ville même lorsqu'ils ne sont pas en ville justement, surtout lorsqu'ils ne sont pas en ville. Elle, Karyn Moretto, n'avait jamais eu ce soucis là, premièrement parce qu'elle n'était pas le genre de fille à se faire avoir avec un peu de paillettes et de gros billets, deuxièmement, parce qu'à proprement parler, elle faisait partie de la même classe sociale que tous ces gros clients. Elle était la fille Moretto, l'unique fille de Fabian, et ce n'était sûrement pas un tablier du Frutta ainsi qu'un badge avec son prénom inscrit dessus qui allaient y changer quoi que ce soit ! C'était ainsi, elle avait fini par l'accepter, même si, au fond, lorsqu'elle était en service, et même lorsqu'elle n'y était pas, elle était loin d'avoir l'attitude qui va avec. Elle avait été cette jeune héritière avec un pied dans la débauche, mais elle ne l'était plus autant qu'avant, parce qu'être en couple, ça vous case et vous calme, parce qu'avec les années, vous commencez à être lassée de vous voir imprimée sur du papier glacé et du papier tout court, avec la plume acariâtre et frustrée de l'Osservatore venait égratigner sans vergogne votre vie et vos habitudes, parce que vous êtes vite lassée de recevoir un coup de téléphone de votre paternel vous faisant, gentiment mais sûrement, la leçon ...

Sa première commande avait été un Mojito, elle s'en souvenait. Dante était un client qui vous marquait, et que vous ne pouviez pas oublier, que vous n'aviez de toute façon par intérêt à oublier ! Elle l'avait servie, encore et encore, depuis qu'il venait ici, principalement parce qu'il avait fini par refuser d'être servi par quelqu'un d'autre et aussi parce qu'elle était TOUJOURS là, y compris les soirs où il ne venait pas. Elle faisait alors semblant le lendemain d'une absence de lui faire la tête, l'accusant de lu avoir été infidèle. Il riait et se prenait au jeu, ce qui était une bonne chose. Si l'on voulait survivre aux côtés de Karyn, il valait mieux posséder un sens de l'humour certain et non retenu, sans tomber non plus dans la blague à deux balles, du style Barancar !
A sa question, il répondit du tac au tac.

« Ha oui? Pourtant j’étais là hier, et avant-hier … et tu étais là également…

- Mais je travaille ici, c'est normal que vous m'y voyez sans cesse ! Et avouez que vous seriez bien déstabilisé si je venais à vous faire faux bond ! »

Mais il était déjà parti sur sa seconde question, posée par pure politesse mais beaucoup plus pertinente que l'autre, parce qu'en général, vous venez dans un Club pour consommer et non pour papoter ! Réellement ? Alors Dante était vraiment différent, rien qu'à entendre sa réponse, elle sourit.

« Oh … Tu peux faire quelque chose… Tu vas dire à ton patron que tu ne travailles pas ce soir, que tu prends congé, et moi je vais te payer ta soirée. Tu vas venir t’asseoir à cette table avec moi là-bas … Tu ne vois pas que je noie ma peine dans l’alcool? Je viens à tous les jours ici, j’ai un problème! »

Elle baissa la tête, tout en continuant à sourire. Non, elle ne se forçait pas, c'était juste que ... Juste que depuis que Dante lui avait dit qu'il savait tout de sa situation, il ne cessait jamais de lui conseiller de prendre une pause, forçant même les clients alentour à déguerpir et à cesser de demander un verre à la jeune fille. Selon lui, ils n'avaient qu'à demander à se faire servir par une autre serveuse. Il y en avait des tas, alors, ils avaient largement le choix !! Et il tentait de la prendre par les sentiments. Il s’embarquait dans quelque chose de risquer là … Oui, elle connaissait elle aussi sa situation, personne ne pouvait d’ailleurs l’ignorer, même si pour le cas de Dante, tout ça avait toujours été officiel, ce qui n’était pas son cas à elle, puisque tout avait été dévoilé après ce stupide bal auquel elle aurait mieux fait de ne pas se rendre, dans les colonnes de l’Osservatore.

« Ne refuse pas Karyn … Tu as besoin de te reposer… et moi de parler, alors en quelque sorte, tu travailles.

- Je … Dante ! Me demandez pas ça ! Vous savez bien ce que le boulot ici représente pour moi ! Si j’arrête de bosser, je vais me jeter sur une bouteille ou un truc dans le genre, bref, faire une belle connerie. »

Elle n’était plus Karyn la serveuse sur ce coup là, non. Elle ne saurait même pas dire qui elle était à cet instant exact. En quelques mots, il venait de la mettre à jour. Elle avait besoin de se reposer, plus que toute autre chose, mais elle ne voulait pas prendre le temps de le faire. Elle se connaissait, elle connaissait sa faiblesse. Lorsque la vie lui avait pris sa mère, elle n’avait rien pu faire pour vaincre sa peine. Elle avait trouvé refuge dans l’alcool, bref, elle s’était enivrée pour oublier qu’elle était pitoyable de ne pas être capable de faire face, de tenir le choc … Mais même si Dante visait juste, elle refusait de l’accepter et de le lui avouer. Elle avait sa fierté après tout, comme tout autre. Et elle avait juste l’impression qu’on venait de tailler à d’un grand coup de hache dans sa fierté. Elle avait été repoussée, comme si elle n’était plus qu’une viande périmée, comme si elle n’était plus qu’un alcool frelaté.

« Alors, tu me laisses te payer un verre? Et l’argent que tu ferais ce soir? De toute façon, ça me couterait bien plus cher d’aller voir un psy tu sais, et pour moi, une jolie blonde est bien mieux qu’un psy. »

Elle allait pour secouer la tête, parce qu’elle ne devait pas, ne pouvait pas accepter, mais il la fixa de son regard si troublant, tout en posant la main sur le bas de son poignet, ce poignet qu’elle venait tout juste de poser sur le côté du bar, comme pour s’y endosser. Un instant, elle se perdit dans ce regard, se laissa envelopper par la chaleur de cette main touchant sa peau. Habituellement, elle se serait dégagée, mais là … Cela lui semblait juste être une alternative à son malheur … Tout semblait soudainement plus facile, elle n’avait plus à se faire de soucis pour elle-même, on s’occuperait d’elle dès qu’elle le demanderait, on saurait lui faire oublier le malheur de sa situation présente.

«O … Ok … Mais c’est bien parce que vous me paraissez réellement désespéré ! »

Elle sourit, se recula en baissant légèrement les genoux, comme si elle s’inclinait quelque peu devant lui, en lui reconnaissant cette victoire. Elle revint derrière le comptoir, y posa son plateau, puis alla trouver son Patron. Avant même de pouvoir dire quoi que ce soit, celui-ci lui accorda un congé. Elle entrouvrit légèrement la bouche, surprise et un poil rancunière … Ok, le coup était monté d’avance, on venait de la piéger, et en beauté ! Elle ôta son tablier, et par petite vengeance, le lança sans grande violence mais avec un peu de force tout de même, dans le visage de son employeur. Celui-ci la menaça faussement de la renvoyer, mais elle n’y prêta pas attention, et repartit vers Dante, se planta face à lui, poings sur les hanches.
Elle savait parfaitement qu’il avait trouvé ce prétexte sur lui-même uniquement pour qu’elle lui cède, parce que, soyons honnête, Dante ne semblait pas encore en être rendu à vouloir se mettre par-dessus bord. Il gardait aux lèvres ce sourire éternellement charmeur, un sourire dont avait hérité Julian ! Mais après tout, cela ne signifiait pas grand-chose, elle-même parvenait à masquer son angoisse et sa détresse intérieure derrière une apparence sauve …

« Vous avez gagné Dante ! Andiamo ? »

Elle secoua la tête, en se dirigeant vers l’endroit qu’il lui avait indiqué, amusée et aussi en attente. C’était vrai, c’était une sorte de grosse première pour elle, et pour cause ! Elle n’avait pas pris un seul moment de pause depuis la Soirée, elle ne s’était jamais arrêtée de courir, persuadée que de toute façon, personne ne l’attendait à la maison. Il y avait Janaly, bien évidemment, mais elle refusait d’être une charge pour elle, d’autant plus qu’actuellement, la présence de sa meilleure amie la dérangeait quelque peu. Voir un couple heureux la débectait, lui donnait envie de vomir. Bref, autant qu’elle le pouvait, elle se tenait éloignée des couples, surtout quand leur bonheur sautait aux yeux.
Passant devant une table, elle vit un client l’appeler. Elle zappa totalement qu’elle n’était plus en service, et s’approcha de lui.

« Que puis je pour vous ? »

Mais elle entendit Dante toussoter derrière elle et tout lui revint en mémoire. Baissant la tête amusée, elle indiqua à l’homme l’une de ses collègues, puis croisa les bras sur sa poitrine, attendant Dante resté un peu en arrière.

- Mais je travaille ici, c'est normal que vous m'y voyez sans cesse ! Et avouez que vous seriez bien déstabilisé si je venais à vous faire faux bond !

« Quoi?! Mais … mais je croyais que tu étais toujours là pour moi! … Que la prochaine étape c’était le mariage … »

- Je … Dante ! Me demandez pas ça ! Vous savez bien ce que le boulot ici représente pour moi ! Si j’arrête de bosser, je vais me jeter sur une bouteille ou un truc dans le genre, bref, faire une belle connerie.

-O … Ok … Mais c’est bien parce que vous me paraissez réellement désespéré !

« J’ai remarqué. »

« Aller … Laisse du boulot aux autres serveuses… »

« Alors? Ce n’est pas bien d’être assise, confortablement, sans la moindre pression? Aller, relaxe un peu Karyn, ne regarde pas autour de toi, regarde seulement moi, uniquement moi ok? »

« Ok moi je veux un mojito … Et pour elle, des oreillette, comme les chevaux, non … ce qu’elle veut, mais un truc avec de l’alcool. »

« Je sais que tu n’as pas envi de boire, mais là tu es avec moi, et tu vas boire et me laisser m’assurer que tu ne fais rien de stupide… »

« Qu’est-ce qui t’arrive? Ce mec, c’est un pauvre con merda Karyn … Ne te laisse pas abattre. »

Karyn ne put se retenir de sourire, un vrai sourire, qui venait réellement du coeur, lorsque Dante ouvrit de grands yeux ronds à sa réponse, comme s'il était redevenu un gosse à qui l'on apprenait que lo Babbo Natale ou la Befana n'existaient pas, vous savez, ces personnes de la mythologie païenne censés venir apporter aux enfants des cadeaux, respectivement les 25 Décembre et 6 Janvier ?! Karyn avait eu autant de chance dans ce folklore là que dans les 15 premières années de sa vie, parce qu'elle avait droit à trois fois plus de cadeaux que tout autre enfant, premièrement parce que ses parents avaient largement les moyens de lui payer la liste complète de tout ce qu'elle demandait, et même plus, et puis aussi parce qu'elle était née de deux personnes aux origines différentes, autant nationalement que culturellement ! Ainsi, son père avait grandi avec lo Babbo Natale, et sa mère avec le Swiety Mikolaj, comprennez l'homme des étoiles. Et comme elle vivait à Rome, pour faire comme tout le monde, Karyn avait aussi cru en la Befana ! Mais elle était vive, trop pour être bernée au delà de ses 4 ans sur l'existence de tels êtres ... Elle savait bien que tout ceci était en fait un gros complot de ses parents, mais elle voulait qu'ils ne sachent pas qu'elle avait compris depuis longtemps. Elle aimait tant que ça les voir trimer pour faire tout ça dans les règles ? Pas du tout, parce que, d'abord, sa mère était grandement aidée par le personnel de maison, et ensuite, elle faisait ça parce que cela lui permettait de voir son père plus longtemps, celui ci s'obligeant avec grande joie à cesser son travail autour du globe pour pouvoir participer lui aussi à l'organisation des festivités. Et puis, leurs yeux pétillaient si fort les soirs de fête, ils redevenaient des enfants, s'émerveillant en même temps qu'elle de toutes ces décorations, de ces repos de fêtes grandioses ...
Mais ce n'est pas exactement de ça que voulait parler Karyn !

« Quoi ?! Mais … mais je croyais que tu étais toujours là pour moi! … Que la prochaine étape c’était le mariage … »

Le mariage ? ... Elle ne retint donc pas ce sourire, et avait même la sensation que cela la déridait, qu'elle perdait toutes ces années accumulées à ses yeux sur ses traits depuis les évenements du Bal ... Oui, on l'avait déjà demandé en mariage, mais jamais sérieusement ! La plupart du temps, ces demandes émanaient de clients trop éméchés pour encore savoir comment ils s'appellaient. Ils lui offraient, en gage de bague, une rondelle de citron, de celles posées sur les verres de coktail, et tentaient par tous les moyens de viser juste pour la lui passer au doigt. Il fallait les voir se concentrer comme s'ils faisaient face à un grave et complexe problème de mathématiques, serrant les dents, langue légèrement sortie sur le côté, alors que leur front se plissait sous l'effort de la concentration, et qu'ils tanguaient dangereusement, risquant à tout moment de tomber des tabourets de bar où ils étaient installés. Elle leur disait pourtant non, avec le sourire, et tout s'arrêtait là, ayant déjà oublié ce qui venait de se passer. Mais parfois, certains clients se montraient trop collants, juste là pour se faire de la belle nunuche, des clients qui croyaient que les serveuses étaient aussi des prostitués, qu'on pouvait en disposer comme on voulait. Des clients de passage, pas des habitués. Mais Karyn savait se défendre, et puis, les vigiles (dont l'un d'entre eux avait tout de même travailler en tant que veilleur de nuit chez elle lorsqu'elle était plus jeune) avaient l'oeil pour ça, comme si à la place des yeux, ils avaient des radars. D'un signe discret de tête des serveuses, d'un simple mouvement des plus anodins, ils intervenaient.
Mais avec Dante, ce n'était pas pareil, parce qu'il n'était pas saoul à cet instant là, encore moins de passage ... Et il respectait les femmes. Un Don Juan n'est pas un salop, n'allez jamais confondre !!!

Décidément, Dante avait l'oeil sur tout lui aussi. Elle avait légèrement déviée de sa trajectoire, n'avait même pas mis 3 secondes à prononcer ces mots si habituels pour elle que déjà il intervenait ! Il devait réellement tenir à ce qu'elle soit en pause ce soir ! Elle lui aurait bien tiré la langue, rien que pour ça, mais ça aurait été puéril, et loin de son état mental et psychologique ambiant ... Mais ce n'était pas l'intention qui manquait ! Elle préféra filer rapidement à la table qu'il lui avait indiqué, pour ainsi éviter d'avoir à s'arrêter près d'un client et de se faire gentiment rabrouer par Dante. Avouez tout de même qu'il y a pire comme petit rabroueur de tord, et elle savait qu'en ce moment même, des tas de filles tueraient pour être à sa place ! Elle regarda ce petit carton posé sur la table, près de cette jolie rose blanche ... " RISERVATO " Et bien, cela avait le mérite d'être clair ! Tel le gentleman qu'il était, Dante, une fois qu'il l'eut rejointe, tira la chaise et la poussa un peu à s'asseoir. Bah, elle était pourtant bien debout, mais puisqu'il insistait !
Elle eut pour premier réflexe de mettre à plat le morceau de carton doré, et de prendre la rose blanche, dont on avait au préalable enlevé toutes les épines, se mettant à la faire tourner entre ses doigts fins et agiles, après en avoir senti le parfum ... Une rose blanche ... Comme toutes les petites filles de la Haute Société, et même si cela ne l'avait jamais trop emballée, elle avait reçu des cours dans lesquels on apprenait beaucoup de choses, comment danser, comment se tenir, et aussi, le langage des fleurs ... La rose blanche était symbole de l'amour pur et raffiné, l'innocence et le secret, sous entendant la discrétion d'une relation, le silence et l'humilité.
Rappellez lui de tuer son Patron, tant pis si elle n'avait plus de boulot, elle n'en avait financièrement pas besoin, loin de là !

« Alors? Ce n’est pas bien d’être assise, confortablement, sans la moindre pression? Aller, relaxe un peu Karyn, ne regarde pas autour de toi, regarde seulement moi, uniquement moi ok? »

Ces mots, ces gestes ...

Ok ...

Elle obéit à ses mains posées sur sa joue, releva les yeux vers lui, souffle presque coupé. Il y allait un peu fort tout de même, nan ? ... Et bien, cela ne la dérangea pas plus que ça au final ... C'était la première fois qu'elle avait un contact physique avec un homme depuis sa rupture avec Nate, car s'en était une, n'est ce pas ? Du moins, son premier contact avec un homme qui ne sentait pas le vin et ne voulait pas voir si elle portait quelque chose sous sa jupe ... Elle était au bord du vide, son cerveau était il encore oxygéné, son coeur battait il ? ... Ce n'est que lorsqu'elle entendit la voix de Shaéna, l'une de ses collègues, qu'elle décolla de ses songes ...

« Je sais que tu n’as pas envi de boire, mais là tu es avec moi, et tu vas boire et me laisser m’assurer que tu ne fais rien de stupide.

- Heu ... Ouais, heu ... Sers moi une Vodka Fraise Limoncello s'il te plait ...

(se tournant vers Dante après sa deuxième remarque)

J'aime boire ! C'est pas ça le soucis ! Enfin, je suis pas une alcoolo, mais quand même, enfin nan, enfin si, enfin ... Nan, mais si ! ... Je mets ma survie mentale et physique entre vos mains alors ... »

Elle continua à jouer avec cette fameuse rose, repensant à ... Mais à quoi en fait ? ... A tout et à rien à la fois, elle laissait simplement son esprit vagabonder plus que se fixer sur un souvenir, un pensée en particulier ... Et puis, elle sursauta un peu, lorsque Dante reprit la parole avec colère ...

« Qu’est-ce qui t’arrive? Ce mec, c’est un pauvre con merda Karyn … Ne te laisse pas abattre. »

Savait il réellement tout de l'histoire ? ... Elle préféra penser que oui, et qu'il fallait entendre là que Nate ne la méritait pas plus qu'un jugement sur lui ...

Il m'arrive que ça faisait 3 ans, en pointillés, mais 3 ans quand même ...
J'avais presque finir par croire que je finirais ma vie avec lui et pshitttt, il se renferme, pouf, je nous mets en pause et ...

Depuis, tous les gars me regardent comme si ... Comme si j'étais la nouvelle proie à la mode, d'autres comme si j'étais tout rabougrie ...
Je ... Je suis encore assez potable physiquement, n'est ce pas ?

Elle avait soudainement lâché la rose, qui tomba mollement sur la table, pour poser ses mains sur l'une de celle de Dante, plongeant son regard bleu dans les yeux de Dante, en quête de réponses, ayant besoin qu'on la rassure ...

« J'aime boire ! C'est pas ça le souci ! Enfin, je suis pas une alcoolo, mais quand même, enfin nan, enfin si, enfin ... Nan, mais si ! ... Je mets ma survie mentale et physique entre vos mains alors ... »

« Voilà ce que je voulais entendre. »

« Je n’ai pas dit que tu étais ça. Je dis seulement que tu as besoin de décompresser, de boire un peu sans te laisser trop aller… Simplement décompresser. »

Depuis, tous les gars me regardent comme si ... Comme si j'étais la nouvelle proie à la mode, d'autres comme si j'étais tout rabougrie ...
Je ... Je suis encore assez potable physiquement, n'est ce pas ?

« Croit moi, tu es tout sauf laide et rabougrit Karyn… »

« Ton mec, il ne trouvera jamais mieux que toi. Alors tu devrais profiter, amuse toi … »

« Tu sais ce qui fait mourir un homme de jalousie? … Tu dois t’amuser, lui faire croire que tu l’as oublié… Si tu te morfonds et bien il pourrait aussi bien passer à autre chose… »

« Baise avec quelqu’un d’autre Karyn. »

Lorsqu'il se mit à rire doucement à sa remarque, elle pencha légèrement la tête de côté. Elle faisait souvent ça en fait, mais en privé, parce que, pour certains, elle passait pour une ingénue, voire même une potiche. Or, certes, elle était blonde aux yeux bleus, et ne devait pas être si laide que ça pour avoir tant de fausses demandes en mariage lorsqu'elle travaillait, mais elle avait aussi un cerveau et une paire de mains, qui était prête à vous en coller une dès le moment où vous dépassiez réellement les bornes. Jeune et jolie, mais pas bête et fragile ... Du moins, elle espérait ne pas être bête, elle suivait tout de même des Cours à la Fac', bossait ici en tant que serveuse, et puis, était aussi une jeune fille enceinte. Bon, en ce moment, elle combinait bien les trois uniquement parce qu'elle ne se reposait presque jamais, et qu'elle devait toujours trouver un truc à faire pour ne pas virer chèvre, ou se mettre à hurler, parce qu'au fond d'elle, elle contenait encore ce cri retenu, ce cri de colère, de désespoir. De ce fait, lorsqu'elle rentrait chez elle tard dans la nuit, elle n'allumait pas la lumière, ne sachant plus trop bien quels jours sa coloc' et meilleure amie Janaly dormait chez Elias ou non. Et elle ne voulait pas la réveiller, parce qu'après, Lilly serait impossible à recoucher et profiterait de l'avoir près d'elle pour l'assommer de questions, pour la faire parler. Et même si Karyn n'avait pas la tête à ça, surtout après une journée 06 h - 01 h, elle savait que sa meilleure amie trouverait toujours le moyen de parvenir à ses fins ! Rusée et fûtée la Miss ! Donc, réveiller Janaly était tout simplement hors de questions ! Elle marchait pieds nus jusqu'à sa chambre, tenant dans une main son sac à main et dans l'autre ses chaussure qu'elle avait ôté sur le palier, jetait le tout sur le canapé disposé dans sa chambre et enlevait dans le noir ses fringues, enfilant ensuite un mini short et le premier T Shirt trois fois trop large qui lui tombait sous la main. Et lorsqu'elle réouvrait les yeux, elle était affalée comme une vielle tanche sur son lit, au dessus de ses draps ...

Si elle s'efforçait de fixer si intensément cette rose, qu'elle jouait avec comme s'il s'agissait là de la meilleure chose à faire, c'était parce que, justement, pour elle, c'était la meilleure chose à faire ... Elle savait que si elle avait la faiblesse de lever les yeux sur Dante, elle ne tiendrait pas le coup. Elle avait commencé à ôter sa carapace, à se défeuiller, elle savait qu'il ne la laisserait pas s'arrêter en plein milieu comme ça, sans rien faire, sans rien dire ... Et se montrer faible face à quelqu'un, ça n'avait jamais été son truc, la preuve en était qu'elle avait préféré mener une vie d'Enfer à tous pendant plusieurs semaines à la mort de sa mère plutôt que de reconnaître qu'elle était pire qu'une épave flottant sur une mer morte, pire qu'un voilier au point mort faute de vent. Les larmes, elle préférait les verser seule, dans l'intimité la plus extrême, rarement en présence de qui que ce soit en fait, y compris de Janaly, y compris de son père. Les larmes, elle les avait déjà tant versées pour Nate, et le résultat obtenu aujourd'hui ne rimait à rien. Les larmes, elle les avait déjà lâchées devant tous, au Bal, parce qu'elle n'avait pas prévu une telle réaction de la part de Nate, il l'avait plantée là, alors, elle avait été sous le choc et n'avait pas su retenir le flot de ses larmes. Mais à présent, c'était fini tout ça. Elle se refusait à pleurer de nouveau, or, elle savait que Dante parviendrait à aller jusqu'au bout de son "interrogatoire" avec elle, parce qu'il avait assez de charisme pour ça, qu'il la rassurait. Ouais, il était protecteur avec elle, tant dans ses paroles que dans ses gestes. Et aller jusqu'au bout, cela signifiait arriver aux larmes ...

Il était rassurant, oui, et ne semblait pas vouloir la juger, en quoi que ce soit d'ailleurs ... C'était sans doute ça qui la poussa à se comporter ainsi avec lui, à lui exposer cette question étrange et assez ... déplacée ? Oui, il était un Don Juan, pas un pédophile, et puis, elle n'était plus une gosse depuis bien longtemps, cessant de l'être avant même ses 18 ans. C'était cette protection et ce réconfort qu'il lui offrait qui la poussèrent à lui demander de la rassurer, encore plus clairement qu'il ne le faisait. Elle savait qu'elle pouvait bien le lui demander, qu'il ne la jeterait pas, d'ailleurs, il ne l'avait encore jamais vu jeter qui que ce soit de sexe féminin !
Il haussa les sourcils, puis pouffa de rire, ce qui fit plus que la décontenancer ...

« Pardon ... Je ... »

Elle était complétement perdue là ! Qu'y avait il d'amusant et de divertissant dans sa question ? Elle la pensait pourtant sérieuse et franche, pas prononcée sur le ton de la déconnade, et pourtant, lui riait ... Alors elle était si ridicule que ça, la réponse tombait tant sous le sens que cela en était comique ? ... Elle était laide, c'est ça ? ... Elle avait toujours fait un complexe d'infériorité face à sa mère, Krystal étant la plus belle femme qu'elle avait jamais vue, et elle ne disait pas ça parce qu'il s'agissait de sa mère. Krystal était VRAIMENT à tomber ... Comment passer derrière elle, surtout lorsqu'on est encore plus qu'elle épier par les flashs, que vos mouvements recommencent à être scrutés et analysés ? Elle retira ses mains, comme si Dante venait d'appuyer sur un bouton pour lui envoyer une décharge électrique. On aurait également pu croire qu'elle venait de se brûler, puisqu'elle avait fait ça avec un tel empressement, qu'elle tapa légèrement dans le verre du vase posé sur la table, et on entendit le bruit de tintement. Ce n'était pas du cristal, mais cela faisait aussi du bruit ... Elle glissa ses mains sous la table, loin du regard de Dante sur elles, complétement perdue. Elle avait la bouche légèrement entrouverte, cherchant son souffle, parce qu'elle sentait ses poumons se contracter à l'intérieur d'elle même, parce qu'elle était encore sur les fesses ...

Soudain, il cessa de rire et l'embrassa. Encore une fois, elle n'avait rien vu venir, à croire que la chose qui vous ôte le plus la vue, c'est bien la grossesse, et non l'amour ! Qui voulait l'épouser sur le champ, histoire qu'elle cesse de se faire surprendre comme une gamine entrant dans le monde ?! Si le mariage rendait réellement la vue, alors vite, avant qu'elle ne commette quelque gaff ... Trop tard, ou plutôt, nan ... Etait ce une gaffe ? Un instant d'égarement ? Une envie de Dante de la rassurer réellement ou ... Mais pour penser à tout ça, il aurait fallu qu'elle puisse mettre en connection ses neurones, et là, elle en était tout simplement incapable ...
Elle sentait le contact de ses lèvres sur les siennes, elle sentait également la douceur de sa langue qui était venue s'emparer de la sienne, comme un prince vient s'emparer de la main de la princesse qu'il compte mener au Bal ... Elle resta en retrait, avant de se joindre au baiser à son tour. Ce fut comme si une vague de chaleur venait soudainement l'inonder, elle ressentit son bien fait des doigts de ses pieds jusqu'à la racine de ses cheveux, et c'était à peine exagéré. Depuis combien de temps n'avait elle embrassé quelqu'un ainsi ? Depuis combien de temps, tout court, avait elle embrassé quelqu'un ? ... La réponse était aisée à trouver, depuis qu'elle avait mis son couple en pause, depuis 13 semaines exactement. Elle le savait, parce qu'elle n'avait embrassé quiconque d'autre que Nate et qu'elle était enceinte de 13 semaines. Oui, ils avaient couché ensemble une dernière fois avant qu'elle prenne sa décision. C'était en quelque sorte sa façon de dire adieu, ou, à plus tard ...
L'instant sembla durer une éternité, elle n'entendait plus rien autour d'elle, plus rien du tout ... Et pourtant, elle percevait encore un peu les lumières du Club, mais était surtout tout à son baiser, un baiser que Dante finit par stopper, revenant dans sa position initiale, comme si de rien n'était. Il la fixa, lui confirmant ce que son baiser avait si bien expliqué : Nan, elle n'était pas laide ... Et le voilà qui la gratifiait encore de compliments, lui assurant que Nate ne pouvait que régresser avec sa prochaine petite amie, lui conseilla de s'amuser. Etrangement, cela lui parut soudainement plus logique, plus facile, plus évident ...

« J'aimerais tellement l'oublier, parce que ce serait plus simple, mais penser à lui comme au ... Vile qui m'a rejetée me paraît plus simple et aussi plus ... Je me fais du mal toute seule, n'est ce pas ? »

Elle avait bien pensé à « traditore», « mascalzone », à « bastrado » aussi, mais ça aurait fait si peu distingué dans sa bouche, et puis, elle ne voulait pas trop sortir les griffes devant Dante, il n’avait rien fait pour assister à pareil spectacle, et il risquerait de se demander ce qu’elle avait fait de la VRAIE Karyn Chiara Alessandra Moretto ! Elle était désormais trop bien là où elle était pour fuir et encore plus pour LE voir fuir … Sa collègue revint, leur apportant leur conso, et, alors que Dante tirait de sa poche de quoi régler le tout, elle se saisit de SON verre à elle, et le vida, cul sec. Impressionnant pour une fille paraît il, encore plus lorsque cette fille a plu un physique à la mannequin qu’à la camionneuse … Mais elle avait de l’entraînement, ne jamais, jamais oublier ça ! Ouais, sans aurait elle dû prendre un peu plus son temps, parce que là, elle sentit un gros coup de chaud la prendre, et cette fois ci, Dante n’avait aucune responsabilité là dedans … Elle s’agrippa à la table, tentant de reprendre contenance tout en faisant que Dante ne remarque rien, mais il avait les yeux encore plus affûtés que n’importe qui, hormis elle peut être … Elle repensait déjà à tout ce qui venait de se produire, à elle qui commençait à se livrer sans faire de ronds de jambes pendant trois plombes, à elle qui abaissait l’armure autour de son cœur et de son âme sans avoir réellement demandé à voir patte blanche, à lui qui s’était saisi de ses lèvres, à elle qui avait répondu à ce baiser comme s’il s’agissait là d’une chose normale, si ce n’était habituelle, à lui qui lui affirmait que Nate ne pouvait que perdre au change, à lui qui lui conseillait de s’amuser en titillant la corde sensible de la jalousie masculine …

Alors, au moment même où il lâcha soudainement « Baise avec quelqu’un d’autre Karyn », elle releva définitivement la tête, chassant d’un revers de main virtuel toutes ses craintes, toutes ses réserves. Après tout, qu’avait elle à perdre ? Personne ici ne pourrait lui reprocher quoi que ce soit, elle n’avait plus de petit ami, et son ex venait de lui apporter sur un plateau la preuve flagrante qu’il pensait qu’il n’avait clairement plus aucune envie d’être avec elle … Une vague d’affirmation la saisissait elle ou était ce déjà les effets de l’alcool qui se propageait dans ses veines, jusqu’à son cerveau ? C’était fort possible et au fond, cela était une meilleure chose que la fois précédente, où elle avait carrément fait un malaise devant tous les convives du Bal Black & White !!!
Elle tendit son pied vers sa jambe, d’un mouvement rapide, mais visa parfaitement là où il fallait, remontant son talon contre le pantalon de Dante, de bas en haut, de plus en plus haut d’ailleurs …

« Le nom d’un potentiel amant vous vient à l’esprit, là, tout de suite ?
Je suis demandeuse … PLUS que demandeuse d’ailleurs … »

Elle redevint en quelque sorte l’ado qu’elle était à 15 ans à peine passés, du moins, elle reprit le même caractère, celui d’une séductrice et d’une tentatrice, qui savait flirtait avec maestria à la limite de l’acceptable, à la limite de cette frontière qui séparait « Séduction » et « Prostitution » … Se mordillant la lèvre, elle attrapa d’une main agile le verre de Dante, comme un bébé attrapant son nounours piqué par l’un de ses parents. Se saisissant de la rondelle de citron qui était légèrement enfoncé sur le bord du verre, elle la trempa dans la boisson et la porta à ses lèvres, ne cessant jamais son mouvement de jambe …

« J'aime boire ! C'est pas ça le soucis ! Enfin, je suis pas une alcoolo, mais quand même, enfin nan, enfin si, enfin ... Nan, mais si ! ... Je mets ma survie mentale et physique entre vos mains alors ... »

« J'aimerais tellement l'oublier, parce que ce serait plus simple, mais penser à lui comme au ... Vile qui m'a rejetée me paraît plus simple et aussi plus ... Je me fais du mal toute seule, n'est ce pas ? »

« Le nom d’un potentiel amant vous vient à l’esprit, là, tout de suite ?
Je suis demandeuse … PLUS que demandeuse d’ailleurs … »

« Je dois avoir ce nom là chez moi … Je ne m’en souviens pas comme ça… Et je dois avouer que ma boisson doit m’avoir rendu plus saoul que je ne le croyais … Je vais avoir besoin de ton aide pour m’y rendre… Et pour chercher le nom… »

« Tu es certaines que c’est ce que tu veux Karyn… Un mec pense avec autre chose que son esprit, Nate, sera fou de rage…Mais je crois que c’est ce qu’il lui faut pour se rendre compte que la personne qu’il veut… c’est toi, et personne d’autre. Si ça ne le réveille pas, rien ne pourra le faire. »

« Donc, tu viens m’aider à chercher ce nom alors? »

Karyn n'en savait pas tant que ça au fond sur la vie de Dante, du moins, si, elle en savait beaucoup, mais uniquement parce que, comme tout le monde, elle avait lu pas mal de chose sur lui, dans l'Osservatore ou dans toute autre feuille de chou d'ailleurs. Oui, elle se devait de lire ce genre de magazines, non pas parce qu'elle en était fan, mais il se trouvait qu'elle faisait assez régulièrement partie de toute cette jeunesse romaine épiée et donc la prétendue vie était décortiquée en long, en large et en travers, mais surtout de travers d'ailleurs ! Elle se devait d'être au courant de ce qui se disait sur elle, parce qu'elle détestait découvrir ça par quelqu'un d'autre, mais seulement si ce quelqu'un d'autre était Janaly, ou encore Lukas, et autrefois aussi, Nate. Autrefois ... Comme si tout ceci datait du Moyen Age ! Il n'en était rien, c'était encore frais, encore tout frais, sans doute ce qui faisait le plus mal d'ailleurs. Mais elle avait l'impression que le temps s'étirait à deux à l'heure depuis sa rupture. C'est vrai, après tout, il y avait tant de choses qui lui étaient tombées sur le coin du nez en même pas ... En même pas 13 semaines ! Certes, 13 semaines, ça faisait plus de trois mois, mais qu'étaient trois mois comparés aux trois ans qu'elle avait passé en couple avec lui ? Rien, c'était bien simple, trois mois, c'était rien. C'était rien, et c'était tout à la fois, parce que, Cazzo !, durant ces trois derniers mots, rien ou presque ne lui avait été épargné. La vie vous joue des tours parfois, tant et si bien qu'elle commençait à retrouver ses anciens jugements d'ado mal dans sa peau parce qu'elle ne pouvait plus supporter son image, parce qu'elle ne pouvait plus supporter le fait de tant ressembler à sa mère, à sa mère qu'elle venait juste d'enterrer. Yeah, Life Is A Bitch, Until You Die ! Hey, faut pas croire, elle avait beau bosser sans discontinué, et ce surtout depuis ces trois derniers mois, elle trouvait encore le temps de regarder la télévision, et elle devait avouer qu'elle était assez friande de la série Veronica Mars. En même temps, comment y échapper ?! Janaly lui avait tant bassiné les oreilles avec ça qu'elle avait décidé un jour de poser ses fesses à côté d'elle et de regarder ce « fameux petit bijou d'inventivité et d'ironisme ! » et devinez quoi, elle n'en avait plus décroché, rattrapant son retard sans se faire prier ! Cependant, là n'était pas le propos !

Tout ce qu'elle savait de Dante ou presque, elle le tenait des journaux, des bruits de couloirs aussi, il ne fallait pas croire, ça jasait beaucoup au Frutta, surtout dès qu'on a un coup dans le nez, et qu'on se perd dans les beaux yeux bleus glaciers de cette délicieuse serveuse qu'elle était. Mais bon, elle savait que les rumeurs, c'est souvent du grand n'importe quoi ! Elle avait déjà lu qu'en réalité, Nate n'était qu'une couverture parce qu'elle était mariée à un Sénateur, et que comme la majorité d'entre eux avait l'âge d'être son grand père, il ne fallait pas que ça se saches ! N'importe quoi, je vous jure ! Et pourquoi ne serait elle pas Madame Giovanni Spinelli pendant qu'on y était ?! Le monsieur avait un sacré physique, même à 70 ans révolus, mais il ne fallait tout de même pas pousser le bouchon si loin, on creuse un trou, et après, pfiou, ça devient un précipice ! Elle en savait un peu plus sur Julian, sur la vie privée de la famille du moins, la VRAIE vie privée, pas celle qui se trouvait complètement inventée de toutes pièces dans les sales feuilles de choux qui pullulaient partout ! Alors, avec Dante, elle ne pouvait que déduire les choses. Elle savait qu'il était le père de Julian, c'était déjà ça ! Mais qui était l'heureuse femme qui avait eu la chance de lui faire ce si délicieux ange, mystère et boule de gomme. Elle avait lu quelque part qu'elle s'appelait Amélia, Athéna, ou un truc dans le genre. Traditionnellement, les histoires de cul, ça ne la passionnait pas tant que ça, les siennes étaient d'une telle complexité en ce moment, alors, merci bien, celles des autres, elle s'en passait volontiers ! Elle savait qu’il était un vrai globe trotteur dans le sens où il n’avait, semble-t-il, jamais réellement cesser de courir. En même temps, de ce qu’elle en savait, personne ne l’attendait chez lui, avait-il un chez lui d’abord ? Vivre quelque chose de plus fort, ne jamais cesser d’user la vie un maximum, de la brûler par les deux bouts … A quelques petites choses prêt, c’était la vie qu’elle s’était promise de vivre, un jour, quand elle serait majeure et vaccinée, bien que vaccinée, elle l’ait été très tôt, et ce avant même la mort de Krystal. Oui, mais lorsqu’elle pensait ça, elle avait 14 ans, portait des jupes avec des collants, des bottes aussi, mâchait en permanence du chewing gum qu’elle prenait un malin plaisir à coller n’importe où, y compris dans les cheveux de petites camarades trop pimbêches, et usait ses fonds de culotte sur les bancs du collège, des bancs qu’elle partageait avec Janaly. Ouais, c’était ses envies d’ado, vous savez, quand vous ne cessez jamais de rêver votre vie, et que vous vous dîtes que, plus tard, vous inverserez la tendance, que vous vivrez vos rêves. Mais dans le même temps, l’adolescence, c’est aussi la période où vous changez d’avis si vite que même vous ne parvenez plus à suivre ! Et dire que dans quelques mois, elle serait mère. Etrange sensation que de sentir cette petite chose bouger en elle, devait elle dire ces petites choses ? … Elle avait reçu la réponse du service obstétrique ce matin, Janaly l’avait appelée, alors qu’elle était en plein cours, trop excitée pour se retenir d’une d’ouvrir la lettre qui ne lui était pourtant pas adressé, et de deux pour cacher l’info à sa meilleure amie. Karyn ne lui en avait pas voulu, après tout, la Miss Lily, c’était comme sa sœur, sa sœur jumelle … Et puis, elle lui avait donné l’autorisation, alors tout allait bien, du moins, dans ce domaine là. Oui, elle allait être mère, elle allait bientôt allaiter, se faire des nuits blanches parce qu’il faudrait s’occuper des bébés, les langer, les nourrir, calmer leurs pleurs en pleine nuit … Et tout ça, elle allait devoir le faire deux fois, parce que qui dit jumeaux dit double charge de travail. D’un côté, elle était ravie, parce que tout ça devenait de plus en plus concret, parce qu’elle voyait son ventre s’arrondir de jour en jour, parce qu’elle sentait les premiers mouvements, encore légers, mais elle les sentait. Et puis, d’un autre côté, elle balisait, parce qu’elle voyait difficilement comment elle allait faire. Janaly avait beau être une super coloc’, une super meilleure amie aussi, elle ne voulait pas lui imposer tout ça. Elle devrait sûrement se prendre un appart’, mais Janaly allait exigé que ce soit dans la même Résidence, ce qui impliquait aussi qu’elle allait devoir rester dans la même résidence que Nate, ce qui était loin d’être une bonne perspective si les choses restaient ainsi entre eux. Et puis, en ce moment, l’immobilier, c’est un peu la galère ! Mais bon, parait il que le proprio de l’immeuble était des plus sympathiques, parait il aussi qu’il s’agit du père de Sara ! Allez, Paolo Giolitti n’allait quand même pas refuser ça à une amie de sa fille, qui plus est à une amie enceinte, à une amie qui partageait avec Sara une haine contre les chats de la voisine qui déféquaient devant les paliers sans prévenir ni même sonner avant !

Dante l’encourageait à se lâcher, à passer du bon temps, et dans le même temps, l’idée avait un deuxième sens, celui qui allait sans doute lui permettre de tester les sentiments de Nate pour elle. Qu’avait elle à perdre ? Après tout, elle et lui n’étaient plus ensemble, après tout, elle était assez douée pour ne pas se faire surprendre, après tout, quelques petites choses laissées par ci par là, quelques petits sous entendus lâchés de ci de là allaient permettre de tester Nate. Oui, après tout, s’il l’aimait encore, s’il tenait encore à elle, et bien il ne pourrait que venir lui poser des questions, comme par exemple, pourquoi était elle soudain redevenue souriante, comme lorsqu’elle venait de faire l’amour, pourquoi, lorsqu’elle passait, elle sentait un parfum masculin alors qu’elle vivait avec une fille, et qu’Elias ne portait pas ce type de parfum … Oui, elle n’allait pas se jeter tout droit devant son appart non plus, mais après tout, la Résidence avait beau être grande, ce n’était pas non plus le Sénat, avec ses dédales de couloirs, avec ses centaines de pièce. A un moment ou à un autre, il allait bien falloir qu’il sorte de chez lui, et, comme par hasard, elle, elle serait là. Et puis … Et puis, il y avait qu’elle sentait tout un tas de choses montées en elle. L’alcool, tout d’abord, qui l’enivrait petit à petit, mais sûrement, parce qu’en temps normal, faire cul sec de la sorte vous mène déjà assez souvent au Paradis, vous faisant tourner la tête quelques instants, mais alors là, étant enceinte, la rapidité de la réaction était spectaculaire ! Et puis, ses hormones lui jouaient des tours, elle commençait déjà à ne plus supporter certaines odeurs, comme, par exemple, l’odeur du lait. Etrange, nan, surtout lorsque l’on sait que dans quelques mois, elle allait allaiter, et aussi parce que, travaillant dans un Club, il lui arrivait de devoir remplir des commandes dans lesquelles intervenait l’usage du lait. Elle avait alors des hauts le cœur, mettait sa main devant sa bouche comme si cela allait l’empêcher de vomir. Ses collègues avaient commencé à capter la chose, et hormis celles qui la détestaient déjà en temps normal, toutes l’aidaient du mieux qu’elle pouvait, en prenant le relais par exemple. Elle avait aussi l’impression de tout sentir dix fois mieux, comme si, soudainement, elle devenait peu à peu Wonder Woman ! Oui, être enceinte, ça vous fait parfois tourner la tête et ça vous oblige à créer des hypothèses assez étranges juste parce que vous ressentez le besoin de tout expliquer. A défaut d’avoir encore une totale maîtrise sur votre corps, qui ne cesse de changer de jour en jour, vous voulez avoir le total contrôle sur vos émotions, sur vos pensées, sur la façon dont vous gérer le monde qui vous entoure et les infos que vous recevez de ce même monde.

Le petit jeu avec le citron, elle avait dû pour la première fois le voir avant ses 7 ans. Chez elle, il y avait une pièce entièrement réservée au cinéma, avec une grande télé, des cassettes vidéos partout, parce qu’à l’époque, on en était encore aux cassettes, et elle pouvait y venir quand elle voulait. Ce jour là, sa mère avait dû oublier d’enlever la cassette. Elle avait déjà entendu parler de films prono, un truc comme ça, mais elle n’en avait jamais vu. Ce ne fut pas encore pour cette fois ci, quoi que, à travers ses yeux de gamine, elle avait réellement cru qu’on ne pouvait pas faire plus prono que ce film là, alors qu’il s’agissait juste d’une bluette à l’eau de rose ! N’empêches, ça l’avait marqué ! Elle avait de l’expérience derrière elle à ce petit jeu là, elle se rappelait encore vider tout le panier à fruit parce qu’elle s’était amusée à découper tous les fruits qui s’y trouvaient, à enfoncer les lamelles plus au moins régulières qu’elle avait coupé, pour s’entraîner, alors qu’elle ne devait pas avoir plus de 10 ans ! Ensuite, elle était passée réellement pro, parce que durant les réceptions, c’était leur jeu favori, à Janaly et elle. Elles demandaient aux serveurs de se stopper lorsqu’ils passaient avec leurs plateaux remplis, juste pour piquer toutes les lamelles de citron, les enfoncer sur leur verre de limonade, enfin, de limonade coupée avec de l’alcool, mais chut, ça, personne ne le savait ni ne s’en doutait, pour ensuite s’amuser à les tremper dans le liquide et à les sucer devant des messieurs en cravates, qui rougissaient comme des pivoines ! Osées les deux ados, oui, elles l’étaient, et adoraient ça ! L’apprentissage de la vie, ça passe aussi par là, n’est ce pas ?!
Et Dante rentrait dans ce petit jeu, ce qui la fit sourire, assez malicieusement, il fallait l’avouer, ce qui la fit frissonner aussi. Elle était consciente qu’elle venait de franchir la Borderline, qu’il n’y avait pas de transport pour faire demi tour, que c’était terminé, que maintenant qu’elle avait commencé, elle ne pouvait pas changer d’avis ! Si elle regrettait ? … Non, après tout, Dante avait parfaitement raison, c’était même la seule solution, de loin meilleure que celle qui consistait à aller s’agenouiller devant Nate et à le supplier de la reprendre ! Pouah, ça, ça craignait vraiment si vous vouliez son avis ! Il avait un nom ? Il entrait dans le jeu, c’était tout, mais il s’y prenait tellement bien ! Décidément, c’était le soir des grandes démonstrations de séduction ce soir, mais après tout, était- elle encore une simple élève ou Dante pouvait il la voir comme un professeur ? Certes, il avait de la maturité, mais elle n’était pas une simple bleue non plus, le fait qu’elle soit enceinte le prouvait bien ! Et elle n’avait pas été en couple pendant 3 ans avec le même homme pour se contenter de jouer aux cartes avec lui lorsque la nuit était venue ! Il avait besoin d’elle ? Great ! Elle était toute prête la Miss, surtout quand il s’agissait d’aider, ouep !

Il l’embrassa à nouveau, et ce fut encore plus enivrant que leur baiser d’avant, sans doute parce que sur les lèvres de chacun, il y avait encore le goût de l’alcool qu’ils venaient de consommer, sans doute aussi parce que la tension sexuelle était encore montée d’un grand entre eux, sans doute aussi parce que leur corps appelait celui de l’autre … Comme c’était … Touchant ? Excitant ? Les deux à la fois sans doute, parce qu’ils ne se jetaient pas non plus l’un sur l’autre comme des bêtes en chaleur ! Non … Elle aurait pu lui dire que sa décision était prise, mais elle n’en fit rien, après tout, elle gagnait un baiser ainsi !

« Oui, c’est ce que je veux … Tu as raison, entièrement raison, et pour une fois, je vais écouter les conseils qu’on me donne ! Tu vois, je progresse ! »

Elle n’avait pas cherché à donner un effet séducteur à sa voix, c’était juste sorti comme ça, comme si le son de sa voix émergeait d’une hibernation. Sa voix était envoutante, fruitée et douce à la fois, elle appelait au sexe en fait, si ce n’était aux baisers passionnés ! Et elle avait jeté aux orties le fait qu’elle devait vouvoyer Dante. Il n’était plus son client depuis longtemps, et elle refusait de laisser plus longtemps sous entendre qu’elle lui devait le respect parce qu’en plus d’être son client, il était son aîné ! Elle n’était plus une petite fille, elle savait ce qu’elle faisait !

« En revanche, je crois bien avoir lu une rubrique « Bel Etalon Dispo pour une Vendetta des plus torrides » dans le journal ce matin … J'ai laisse le journal ouvert à la page, sur la table, dans mon salon ... On pourrait regarder ça ensemble ... »

Chez elle ?! Ouah !!! Elle voulait jouer avec le feu, autant que cela se fasse dans les règles ! Nate vivait dans la même Résidence, alors, oui, elle prenait des risques, mais cela allait aussi lui permettre d’être encore plus à ce qu’elle faisait, de faire tout dans les règles, ouais … Et puis … Et puis, elle avait besoin de l’avis de Dante sur la déco de son appart’ … C’est vrai ce mensonge ? Nan, mais bon, après tout, on s’en moque bien, nan ?! De plus, à ce qu’elle avait compris, après avoir vu Sara montée avec quelques valises dans sa voiture en début d’après midi, suivie de Julian, tous deux avaient prévu de passer quelques jours hors de Rome, alors, il n’y avait pas de risques pour que les tourtereaux débarquent à la Résidence, n’est ce pas ? Quant à Janaly, elle découchait chez Elias, une nouvelle fois. Karyn refusait de les voir ensemble en ce moment, les couples, ça la débectait un peu à vrai dire !
Elle recula sa chaise, se leva, tout en remettant un peu d’ordre dans ses cheveux, puis tendit la main à Dante, d’un air mi enfantin, mi femme fatale …

« Alors … Qu’est ce que tu attend ? »

ICI

» Dante Spinelli
» Time to relax {PV Dante S.}
» Live hard or die trying [R. Dante]
» " Sometimes late at night I watched her sleep, I dream of the girl she'd like to be ... " {PV Sara

"Help I Have Done It Again, I Have Been Here Many Times Before" { PV Dante

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