Big Girls Don't Cry, They Have Fun ! {PV Sara

Big Girls Don't Cry, They Have Fun ! {PV Sara - Page 2 Icnekb5

C'est bien la pire folie
Que de vouloir être sage
Dans un monde de fous ...

Didier Erasme

Y avait pas un docteur spécialisé dans les maux du coeur dans le coin ? ... Nan, vraiment ... Parce que là, ça craignait franchement ! Le petit coeur de Karyn était en mille morceaux, mais la jeune femme n'était même pas sûre que tous se soient détachés les uns des autres. Cela lui faisait tellement mal, oui, tellement mal ... Il lui arrivait d'être obligée de s'allonger dans son canapé alors même que c'était la dernière chose qu'elle voulait faire, puisqu'elle allait perdre quelque peu cette position idéale, bien calée contre le dos du canapé, regardant à la télévision un magazine sur le cinéma. Elle devait s'allonger, loupant la bande annonce de When In Rome, parce qu'elle sentait son coeur se serrer dans sa poitrine ou parce que celui ci se mettait à battre bien trop fort et que cela en devenait plus que douloureux; Cazzo ! Elle avait pôurtant vu et revu cette bande annonce des dizaines de fois, mais elle ne s'en lassait pas ! Après tout, l'héroïne principale lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, au niveau du physique, mais aussi, visiblement, au niveau du caractère. Et elle aussi, Beth qu'elle s'appelait, semblait être bien en peine avec sa vie sentimentale. Elle aussi barbotait quelque peu dans l'eau ... Et puis, que dire du prénom de l'un de ses prétendants, hein, sérieusement ? Nick, vous trouvez pas que ça ressemble grandement à Nate ? ... Bah elle, si ! Mais c'était peut être encore un complot contre elle ! Ouais, c'est ça, les gens d'Hollywood avaient dû décider de se liguer contre elle, tout ça parce que son ex fiancé avait passé quelques temps aux States ! C'était franchement nul de faire ça à une jeune fille comme elle, c'était trop injuste et dégueulasse en plus de ça !
Karyn n'était pas une jeune fille qui se plaignait dès qu'elle avait une micro coupure, non. Elle, c'était même plutôt l'inverse, l'une des seules serveuses bossant au Frutta qui n'acceptait de s'arrêter qu'à la fin de son service, peu importait si elle avait mal aux pieds à force de marcher, ou plutôt non, d'enchainer piétinement et course entre les tables et le bar, ou si elle s'était quelque peu coupée avec un verre brisé par un client. Parfois, cela provoquait même des petites disputes avec Nate, parce qu'elle rentrait et filait prendre une douche sans lui montrer avant ce qu'elle cachait sous ce bandage autour de sa main fait à la va vite. Nate était interne, autant dire que le médical, ça le connaissait, et Karyn était encore à l'époque sa fiancée, alors, il refusait catégoriquement de laisser passer la moindre blessure, même si celle ci n'était qu'infime, même si celle ci se classait largement dans la catégorie bénigne ! Mais la jeune fille savait aussi profiter des talents de son fiancé. Il lui arrivait de s'inventer une fièvre imaginaire juste pour qu'il la serre contre lui, alors même que, justement, quand on a de la fièvre, on évite au maximum toute source de chaleur supplémentaire ! Elle s'approchait aussi de lui en lui affirmant souffrir au niveau de la jambe. Il la faisait alors s'asseoir sur le canapé ou au bord du lit, tout dépendant de la surface plane et confortable la plus proche, ce qui éliminait donc d'office la table ! Elle lui posait alors sa jambe sur celles du jeune homme, et celui ci entreprenait de remonter peu à peu ses mains sur la cuisse de sa fiancée, pour chercher tactilement la zone en souffrance, pour masser quelque peu la peau de Karyn. Et, étrangement, la jeune femme prétendait sans cesse que, nan, décidément, la douleur, elle se situait plus haut, un grand sourire charmeur et mutin aux lèvres, roulant peu à peu les yeux dès les lèvres de Nate succédaient à ses mains ... On vous laisse deviner la suite !

Karyn se sentait donc bien en peine ce soir, mais, cependant, la présence de Sara à ses côtés, la présence de sa main dans la sienne venait apaiser quelque peu sa souffrance. La jeune Giolitti n'était pas vraiment impressionnante dans le sens où on craindrait volontiers beaucoup plus Conan le Barbare qu'elle, mais Karyn se sentait en sécurité auprès d'elle. Après tout, peut être était ce parce qu'elle connaissait son amie, qu'elle savait ce dont celle ci pouvait être capable. Et être éméchée, ça ne fait pas qu'augmenter quelque peu votre faculté à tenir des raisonnements à deux sous et complètement bidons, ça augmente aussi vos forces, paradoxalement, parce que vous n'avez plus assez de neurones en bon état de marche pour vous contrôler et éviter d'avoir mal à y allant trop fort dans les coups que vous portez à vos agresseurs ou à toute personne ayant l'idée très stupide de venir vous chercher des crasses ! C'était la raison pour laquelle elle ne prenait pas vraiment cas de sa tenue, et de ce que celle ci risquait d'entrainer si elles venaient à croiser un type en manque ou un sale pervers. Elle n'avait de toute façon jamais réellement sû apprécier le danger, parce que, bien qu'elle prétende avoir toujours eu horreur de ça, il y avait sans cesse eu dans sa vie quelqu'un pour la protéger, pour veiller sur elle ... Ses frères, Loukas, puis Nate, surtout Nate ces trois dernières années, il fallait le dire et il fallait reconnaître là le caractère assez logique de la chose. Vous en connaissez beaucoup, vous, des petits amis qui auraient laissé leur dulcinée se faire violer sur place sans rien faire ? Et bien Nate n'était de toute façon pas de ceux là, ce qui réglait bien des choses et mettait fin très tôt, presque prématurément même, à tous les problèmes que l'on pouvait envisager pour la jeune femme. Déjà, il suffisait qu'on regarde sa fiancée de travers pour qu'il contracte les muscles et fronçe les sourcils. Il n'était pas baraqué comme Rambo, mais il était assez musclé pour dissuader quiconque de s'approcher plus de Karyn et de continuer à la mater aussi lubriquement. Sara n'était pas Nate, ça, c'était sûr, ou alors on avait vraiment caché tout un tas de trucs à la Miss Moretto, mais il n'empêchait qu'elle se sentait en sécurité avec elle. Ouais, finalement, qu'elle soit aussi peu vêtue et qu'elle marche dans une ruelle dont elle ne savait rien, dans un quartier qu'elle ne connaissait pas ou ne reconnaissait pas parce qu'elle était trop imbibée d'alcool pour pouvoir s'en rappeler ne lui posait pas de soucis, aucun problème et aucune peur ne naissaient dans son esprit ... Nop ...

Une chose restait également sûre dans l'esprit de la jeune femme : en plus d'être en sécurité avec Sara, elle s'amusait vachement mieux avec elle que toute seule avec son poste de télé ... Ouais, Janaly avait beau être sa meilleure amie depuis l'âge où l'une portait des tresses et l'autre des couettes et où toutes deux faisaient déjà se battre les garçons dans le bac à sable pour leurs beaux yeux, elle avait une vie sa meilleure amie, et cette vie n'insinuait pas qu'elles devaient passer 100 % de leur temps collées l'une à l'autre ! Elles étaient meilleures amies, presque soeurs même, mais pas pour autant siamoises ! Et puis, voir Janaly quittait l'appart' pour passer une soirée avec Elias, son petit ami, soulageait quelque peu la Miss Moretto. Au moins, elle n'avait pas à les voir se bécoter en douce sur le canapé, de peur qu'ils n'en choquent Karyn et ne la fassent éclater en sanglots parce que, justement, elle, elle mourait aussi d'envie de se bécoter, pas avec eux bien sûr, mais avec son Nate, et elle n'avait pas non plus à sentir sans cesse posés sur elle leurs regards qui cherchaient à tout prix à l'empêcher de faire quelle que connerie que ce soit ! Avec son téléviseur allumé, un paquet de Kleenex posé sur la table basse toute proche et un grand pot de glace au chocolat avec pépites de chocolat et coulant glacé au chocolat, elle avait la paix ! Sa cuillère ne se mettait pas à lui faire des reproches, sa glace ne se décidait pas soudainement à sortir de sa réserve et à s'insurger sur le lambinage de la jeune femme et la télévision ne se sentait pas obligée de rester en permanence braquée sur elle ... En même temps, quand un truc comme ceci arrivera, appellez la presse, c'est clair ! Ou alors, vite, allez vous coucher et cuvez votre vin tout seul ! Nan, avec Sara, c'était nettement différent ! Elles se faisaient un remake des James Bond Girl, sauf qu'elles étaient beaucoup plus pompettes que les filles dans les fameux films, et qu'en plus, elles étaient nettement plus épaves que super bateaux de croisières à cet instant là ! Et puis, dans les films, comme de par hasard, la fille trouve toujours une super cachette pour cacher tous ses machins bidules, alors que là, Karyn avait beauc regarder partout sur elle, bah y avait pas de super planque de la mort qui tue tellement que même toi des fois tu oublies qu'elle est là et que du coup tu en paumes de ces trucs parce que t'avais oublié que tu les avais rangés là et que tu te souvenais même plus qu'il y avait une super cachette par là ! Visiblement, poussée comme elle par des heures et des heures de visionnage de films d'action et de suspens, Sara commençait à se faire un remake de ces fameux films, en tentant de démonter une plaque. Et elle, Karyn, pendant ce temps, elle faisait marcher encore plus vite son cerveau afin que celui ci atteigne la vitesse supersonique ou un truc dans le genre ! Comme quoi, c'est super ingénueux une fille ! Tss, faut pas avoir grande envie de s'en sortir dans la vie si on laisse filer aussi facilement des perles comme elles sans même se battre pour les garder auprès de soi ! Bah, soit disant que elle, elle en vaut pas la peine ! Bah, si on prend les choses comme ça, évidemment ! Ouais, elle avait soudainement décidé de laisser tomber son remake de James Bond pour se la jouer Batman ! Elle adorait ce film, enfin, elle l'avait vu plein de fois, et avec 3 demis frères, les épisodes de dessin animé du justicier masqué et déguisé en chauve souris, elle s'en était mangé lorsqu'elle était plus petite ! t ça, c'était sans compter toutes les BD qu'elle avait lu, enfin, celles qui n'avaient pas fini découper en petits morceaux par ses ciseaux ! Bah oui, elle était encore qu'une gosse à l'époque, et c'était soit elle coupait les Comics de ses demis frères, soit elle créait des formes géométriques dans les feuilles des fleurs de sa mère ! A choisir ...

L'Osservatore ... Tindin ! Elle lâcha ça d'un ton à la fois super théatrale et aussi angoissant, à mi chemin, finalement, entre le scientifique super pointu qui a trouvé la réponse qui expliquerait pourquoi la vie part à ce point si vite en sucette et entre Harvey, la copine du Jocker ! Enfin, il lui semblait bien qu'elle s'appelait comme ça celle là ... De toute façon, elle ne pouvait rien vérifier ! Bah, quand même, il manquait la musique super triomphante après avoir été super angoissante ! Ouais, mais ça manque un peu de moyen dans ce coin ci de Rome dirons nous ! Pas grave, elles feraient avec ! Et déjà Sara pétait son câble ! Bah alors, c'est que ça se tenait ce que disait Karyn ! Alors faut arrêter de dire que quand on est murgé, on sait plus ce qu'on dit et qu'on dit n'importe quoi ! Na ! Sa jeune héritière de copine de biturage fit rapidement volte face, comme pour s'appréter à aller péter la gueule à Bébert, mais un coup de klaxon retentit à peine quelques fractions de seconde plus tard, la coupant dans son élai ! Ah bah c'était trop naze comme technique de défense, trop de chez trop ! Sara revint vers elle vite fait et se plaqua dans ses bras ! Comme si Karyn était plus rassurée qu'elle ! Bah nan en fait, si elle ne semblait pas avoir peur, c'était juste parce qu'elle en avait vu des trucs, et que ce coup de klaxon, c'était rien comparé à sa dernière peur ... Bah ouais, c'était nul comme un poireau ce truc ! C'était nul nul nul ! Bien loin d'égaler la peur qui avait saisi tout son être lorsqu'elle s'était redressée et avait vu le regard de Nate alors même qu'elle était allongée dans les bras de Dante, de Dante à moitié nu ! Outch, ça, on peut vous garantir que ça fait peur ! Sara avait par contre elle franchement la trouille, comme elle le lui confirma au creux de l'oreille. Karyn fronça les sourcils et serra ses petits poings, tout ceci lui donnant un air décidé, super sexy malgré tout ! Ouais, finalement, elle pouvait aussi bien être Catwoman la Miss ! Sauf qu'elle entrait sûrement pas dans la combi' en cuir supra ajustée ! Hey, elle était enceinte quand même ! Mais Sara ne s'arrêta pas à sa peur, et cherchait à donner un sens à tout ça. Elle en vint alors à émettre l'hypothèse qu'il ne s'agissait peut être pas de l'Osservatore. Et si c'était ... Sara décolla sa tête du cou de Karyn et toutes deux croisèrent leurs regards.

Et bin voilà, elles venaient de prouver à tous qu'elles étaient l'évolution sur l'échiquier de l'humanité, elles étaient passées avant tout le monde au stade supérieur de la communication, entre transmission de pensée et concertation visuelle !

« Naaaaaan ... »

Elles avaient lâché cette réponse, identique, au même moment, et c'est également au même moment l'une et l'autre qu'elles se lachèrent et firent volte face vers le véhicule. Elles en étaient à Xena La Guerrière maintenant ?! Trop trop classe ! Nan, c'était mieux que ça, elles, elles n'avaient pas à être à moitié à poil pour être sexy et redoutables en diable ! Mouahaha !! En revanche, c'était Sara la plus échauffée, ça oui, parce que ce fut elle qui se dirigea la première vers le fameux véhicule, et Karyn dût presser le pas derrière elle, à la fois pour ne pas être en reste, et aussi pour ne pas laisser un potentiel autre agresseur la ceinturer par derrière sans que personne ne puisse l'aider à le castrer ! Karyn était plus qu'amusée par les paroles de son amie, mais dans le même temps, c'était triste à en pleurer, parce que c'était tout vrai. Oui, Sara, autant qu'elle, était à terre, elle avait chuté ... Ouais, de telles histoires, ça faisait décoller les ventes ... Et ouais, elles avaient franchement des vies de misères actuellement ! Mais elle fut obligée de s'arrêter au trois quart du chemin, parce que sa petite course avait quelque peu réouvert sa blessure à la jambe. Cependant, elle décida de ne pas perdre pour autant une seule miette de la déferlante de Sara. Nan ! C'était mieux qu'au cinoche, vous vous rendez compte ! Des trucs comme ça, y a que les stars qui osent ! Ouep, ça voulait dire, alors que Sara, et elle aussi mais dans une moindre mesure, était une star ! Fait péter le champagne Dédé !! Ah mais nan, la bouteille était quasi vide et Karyn ne savait même plus où elle était passé ! Cazzo ! Sara cria un gros dégage au type, et, ça y était, c'était sûr, tout le quartier devait avoir entendu ! Bah, ça allait jaser demain au réveil, ou alors toute à l'heure, la blonde n'ayant aucune idée de l'heure, parce qu'elle avait pas sa montre et que son portable était chez elle, bref, ça allait jaser, pour changer un peu tiens ! Et le bruit de la tôle froissée n'échappa pas non plus à la jeune Miss Moretto, ce qui la fit relever la tête alors même qu'elle contemplait en grimaçant sa jambe, comme si ça allait changer en quoi que ce soit les choses ! Bah, au moins, elles essayait, on sait jamais ! Sara revint en quatrième vitesse vers elle, après s'être tenu la tête comme si elle avait entendu des ultra sons, ou un truc dans le genre, et Karyn la suivit sans poser plus de questions ! Ah si, elle fit quand même quelque chose, histoire de dire qu'elle aussi, elle s'était énervée !

« Connard !!! »

Classe ! Inutile surtout, m'enfin, bon ! Sara, visiblement, savait encore où était la bouteille, et les voilà déjà toutes les trois, euh nan, tous les cinq, puisqu'il fallait pas oublier Nate Jr N°1 et Nate Jr N°2, qui se lançaient dans une course folle vers on sait pas où les ouilles de la Saint Glinglin ! Et là, pfiou, un p'tit coup de bibine au passage et Karyn ne sentait plus la douleur, magique, nan ?! Karyn serrait la bouteille contre son coeur, comme s'il s'agissait là d'un trésor, et ne laissait pas d'autre choix à Sara, qui, de toute façon, ne pouvait pas tout faire ! Elle s'employait déjà bien comme ça à les perdre dans Rome, un autre truc, nan, elle aurait pas pu gérer ! C'était, mais alors, follement, mais alors follement trippant et enivrant aussi, quoi que pour l'enivrant, c'était p'têt'e la bouteille qui faisait ça, ou nan, plutôt l'alcool ! Pfiou, on s'en fout de toute façon, ce qui compte, c'est le résultat, nan ?! Elles arrivèrent sur cette place, et Karyn se laissa elle aussi choir sur la pierre de la fontaine super encombrante ! Elle laissa Sara se saisir de la bouteille, bien trop absorbée à comprendre pourquoi cette place lui disait quelque chose ... Ou alors, à chercher les étoiles dans le ciel, des étoiles qu'elle ne pouvait de toute façon pas voir, à cause de la pollution lumineuse provoquée par la ville de Rome ! Bah, allez savoir ! Nan, sérieux, cette place, elle lui disait trop quelque chose, mais le truc, c'était ... Mais quoi ?! Et voilà Sara qui lui demandait justement où elle était !

« Ch'ais pas ... Quelque part ... »

Et bien, ça, on pouvait dire que c'était de la réponse ! Avec ça, Sara était bien avancée, et Karyn venait de perdre une belle occasion de se taire ! Mais personne ne lui en voudrait, de toute façon, à part Sara, et les futurs jumeaux - faut jamais, mais alors jamais les oublier ceux là, sinon, Miss Moretto devient Miss Pas Contente ! - y avait personne sur cette place ! Les gens censés dorment à cette heure et les noctambules viennent pas se paumer dans un coin paumé justement ! Mais Sara trouva le nom de la place, ce qui fit bien rire Karyn ! Décidément, impossible de vous débarasser des Giolitti, nan, impossible ! Place Giolitti ... Place Giolitti ... Mais c'est bien sûr !! Un éclat de génie éclaira ses yeux alors qu'elle se redressait d'un bond, comme piquée au derrière par un scorpion, alors même qu'il n'y avait pas de scorpion se balladant dans les rues de Rome. Elle avait juste eu ce réflexe, paf ! Comment n'y avait elle pas pensé plus tôt ?! Un soir, elle avait fini, visiblement, par errer jusqu'ici, avec Janaly. Il était plus tôt, ou plus tard, tout dépendant du jour sur lequel on se plaçait et de l'heure qu'il était. Et elles étaient passées devant une ancienne toute pourrie, celle d'un tatoueur ! Il était ouvert vachement tard ce mec ! Elles avaient poussé la porte, pour rire, et l'avait trouvé endormi sur son comptoir ! A croire que ce mec, c'était un no life ! Un tatouage ... Yep !!!

« J'ai une idée super, THE idée du siècle quoi !
Viens avec moi, tu vas pas le regretter ! »

Elle ne laissa même pas le temps à Sara de répliquer qu'elle la tira par le bras pour la relever, montrant encore une fois si c'était nécessaire qu'elle était en forme ce soir ! Elle l'attira plus près d'elle encore, ayant sans doute besoin de sa dose de Sara, allez savoir ! Si elle se souvenait bien ... Yep, c'était bien là ! Coincé derrière la fontaine, dans un tout petit coin, entre deux maisons, il y avait l'enseigne éteinte du tatoueur. Comme la dernière fois, il y avait de la lumière dans le local et, comme la dernière fois, il y avait écrit sur la porte d'entrée « NON STOP ». Great !!!
Elle entraina, Sara derrière elle, un large sourire aux lèvres. Le mec dormait sur son comptoir, ou quelque soit le nom qu'il donne au machin bidule chouette sur lequel était posé des tas de papiers et de coupons publicitaires. Bon, il avait pas la même coupe de cheveux ni les mêmes fringues, ça voulait au moins dire qu'il avait bougé depuis la dernière fois ! Tapant de sa main libre sur le meuble, elle fit sursauter l'homme, qui regarda partout autour de lui d'un air apeuré !

« Ciao mon Coco !
Tu te souviens de moi, j'en suis sûre ! Bah c'est pour cette fois ! Mon amie et moi, on a vraiment, mais alors vraiment passé une soirée agitée et puis nos vies craignent en ce moment, alors, on s'est dit que passer te voir nous ferait du bien !
Tu nous gribouille dessus ? Dis, tu veux bien, hein ?! »

Julian Spinelli ou la discrétion incarnée ! Connaissez-vous une personne dans votre entourage qui, en essayant de rester le plus discret du monde devenait bien vite la pire des catastrophes ambulante que la Terre n’est jamais connue ? Si c’est le cas, c’est que vous devez certainement être dans l’entourage du fils Spinelli futurement au Sénat. Le Sénat ! Rien que d’y penser, il en avait la chair de poule sur ses bras ! Comment pouvait-il réussir à suivre son grand-père ? Reprendre les responsabilités alors que lui-même fuyait les siennes et était en pleine perdition depuis l’abandon qu’il avait commis avec Sara. Dépité, c’est qu’il était, ressassant sans cesse dans sa tête cette dernière scène, essayant en vain de comprendre les raisons de sa motivation. Il le savait, il avait besoin de Sara tout comme elle avait besoin de lui, elle était l’unique dans son cœur, l’unique personne à pouvoir le faire arrêter cette descente dans laquelle il plongeait les yeux fermés pour oublier sa rupture ô combien difficile d’avec la fille Giolitti. Sara, sa raison, sa dose d’héroïne quotidienne. Il l’avait dans le sang, dans la tête, dans le corps. Il en était dingue, amoureux transit, aujourd’hui il n’était plus que l’ombre de lui-même ! Déprimant à longueur de journée dans l’immense habitation de son défunt grand-père, se répétant inlassablement

C’est pour son bien, elle est bien mieux sans moi, je ne lui ai attiré que des problèmes, elle ne mérite pas une personne comme moi, je ne suis pas assez bien pour elle, je ne saurai l’aimer comme elle le mérite.

N’oublions pas que Julian était le genre d’homme à penser que l’amour n’était pas fait pour lui, qu’il n’était pas digne de se faire aimer et encore moins par une femme répondant au doux et affectueux nom de Sara Tosca Giolitti.

Enfin, ne nous apitoyons pas sur son sort, Julian ne devait s’en vouloir qu’à lui seul ! Il avait lui-même provoqué cette rupture plutôt soudaine avec Sara alors que quelques semaines auparavant il disait l’aimer comme un fou, un soldat et une star de cinéma ! – Les chansons d’amour c’est fini ! La radio elle est éteinte alors faut arrêter de les chanter Julian ! STOP ! -. En somme, c’est ce qu’il faisait, se jetant lui-même des pierres lorsqu’il buvait un verre de Chardonay, son addiction à l’alcool revenait au fur et à mesure que les jours passés sans Sara passaient, chaque jour était un supplice pour lui, souvent, au lieu de rester assit sur le sofa, il passait des journées dans son lit, sans dormir, le regard fixant le plafond, il pensait, ressassait ce passé qu’il pensait ne jamais retrouver, revoyait cette scène qui lui fendait encore un peu plus son cœur déjà bien écorché. Mais non, il n’avait aucuns mérites, il n’était pas digne de se faire aimer par une femme comme Sara, elle était bien trop bien pour lui, elle méritait un homme qui l’aime de toute son âme, de tout son cœur – lui quoi !- qui la comblerait de cadeaux – Julian ! C’est toi ! -, qui sans aucuns problèmes ne la fera jamais plonger dans l’enfer de l’addiction ! Dario ? Longtemps il avait pensé – après sa rupture – qu’elle serait certainement mieux avec lui, mais impossible d’y croire ! Il ne voulait pas voir Sara avec un autre homme et encore moins un homme qu’il ne portait pas dans son cœur, en effet, jaloux de cette complicité entre les deux jeunes gens, il ne faut pas cacher cette jalousie qu’il tenait en lui et qui, quand elle était accompagnée de Dario ne faisait qu’augmenter dans son être jusqu’à exploser tel un ras de marée balayant tout sur son passage. Aujourd’hui encore, alors qu’il était tranquillement assit sur son canapé à se morfondre sur son triste sort, le jeune homme avait pensé à son « rival », pensant que Sara serait certainement plus heureuse en sa compagnie. – Non, de non ! Secouant la tête de gauche à droite comme pour retirer de sa tête ses images d’elle entrain de l’embrasser, il se souvenait des répliques que lui avait sorti l’une de ses proches «

Tu sais que tes crises de jalousie ne te servent à rien ? Elle t’a dans la peau ! Il lui est impossible d’aller avec un autre homme, c’est toi qu’elle veut ! Dario ? Il n’est que son meilleur ami ! Tu as toi aussi une meilleure amie, comprend le sentiment qu’elle a pour lui qui est ô combien différent de celui qu’elle a pour toi.

» Des paroles profondes certes, mais auxquelles il n’avait pu s’empêcher de rétorquer un

Tu sais, entre l’amitié et l’amour le fossé n’est pas très grand !

Impossible de lui retirer ses convictions de la tête ! Jaloux des amis masculins de sa bien aimée, il ne pouvait s’empêcher de sentir cette lourdeur dans son cœur, cette colère monter en lui quand il la voyait avec un autre, pensant qu’elle serait mieux avec ce dernier qu’avec lui. Ce qu’il peut être énervant quand il s’y met !

Mais revenons au présent ! Assit dans le siège de sa voiture essayant en vain de se cacher derrière son volant, Julian fit l’inévitable : du bruit ! Le Klaxon de sa voiture retentissant dans la rue silencieuse, il ne put que se maudire intérieurement, s’insultant de tout les noms d’oiseaux qu’il connaissait, aussi bien dans sa langue maternelle que dans les autres langues qu’il ne put s’empêcher de parler, il ne remarqua que trop tard que Sara avait prit son courage à deux mains. Regardant ailleurs et surtout cherchant à se cacher, se faire aussi petit qu’un escargot, c’est la haussement de voix de Sara qui lui fit prendre conscience de la proximité qu’elle venait de mettre entre elle et lui.
Ses paroles hurlées à son encontre, elle ne se doutait visiblement pas de qui pouvait bien être dans la voiture. Un paparazzi ? Un espion de l’Obsservatore ? Mon dieu, même lui ne pouvait pas se voir cette personne, bien qu’il ne sache absolument pas de qui il s’agissait, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de le détester de tout son être ! Il était en quelque sorte l’une des principales causes de sa rupture avec la belle Sara ! Il était l’une des causes du mal-être de son amie Karyn, qui, à cet instant se tenait toujours en retrait et regardait la scène se dérouler sous ses yeux. La blondinette enceinte et blessée était l’une des amies les plus proches de Julian, si ce n’est même SON amie la plus proche ! Toujours présente en cas de besoin, il la portait dans son cœur, il serait prêt à tout pour la voir heureuse, se damner pour elle ? Il irait le faire ! Vendre son âme au Diable pour les personnes qui lui tenait à cœur, il serait prêt à le faire ! Ayant promis à la future mère de faire tout ce qu’il y avait en son pouvoir pour revoir ce sourire dynamique s’afficher sur ses magnifiques lèvres, il savait que tous le monde faisait des erreurs, lui le premier ! Ne pouvant se permettre de juger son amie, il avait cependant évacué cette colère sur son « père », son cœur déjà haineux envers cet homme, son écart de geste envers Karyn n’avait été qu’un coup de pelle en plus dans le fossé déjà bien creusé entre les deux hommes.

Son cœur battant à une vitesse folle, Julian releva la tête, peut-être au mauvais moment. En effet, lorsque celle-ci « apparut » devant le pare-brise il vit Sara, le poing sur la carrosserie de son capot, ses yeux s’écarquillèrent comme jamais ils ne le firent par le passé,

Pensa-t-il ! Et sa réaction allait parfaitement bien avec le visage qu’affichait la jeune femme. Aussi étonné qu’elle, Julian avala sa salive, de ses mains tremblantes il saisit le volant de sa voiture, tournant la clé du contact, se fut une nouvelle fois la radio qui se mit en marche. C’est pas possible ! Elle est hantée cette caisse ! Au programme ?

son cœur s’emballant de nouveau, c’est sur les nerfs que le jeune homme donna un coup sur la radio qui s’éteignit aussi rapidement, visiblement, acheter une voiture n’était pas la meilleure des choses qu’il avait faite ! Si seulement elle pouvait être l’unique mauvaise chose qu’il avait commise !
Oubliant alors comment on conduit une voiture, les pensées préoccupées par cet « affront » de regards qu’ils avaient eu l’un envers l’autre, en voulant passer la première vitesse et ainsi partir en trombe, se fut la marche arrière qu’il installa. Le pied sur la pédale, c’est dans un véritable

Merde !

sortit droit du cœur qu’il se sentit « balancer » de devant en arrière. Plongeant son regard dans le rétroviseur et le déviant ainsi des deux personnes qui certainement prenaient peur ou s’apprêtaient à lui foncer devant si jamais Sara l’avait vraiment reconnu, il remarqua que l’arrière de son magnifique cabriolet venait d’engloutir les poubelles placées pour les éboueurs qui n’allaient certainement pas tarder étant donné l’heure qu’il était. Paniquant de plus belles, c’est en effectuant une manœuvre qui à l’origine devait tourner les roues de la voiture que les pleins phares se mirent, illuminant ainsi Sara et Karyn. Impossible ! Il était vraiment gauche !

Reprends toi Julian !

Lâcha-t-il alors dans l’espace insonorisé qu’était la voiture. Musique coupée, il entama enfin une manœuvre, bonne cette fois-ci. Il jeta un dernier coup d’œil vers les deux femmes, s’en voulant de les laisser seul, c’est en s’effaçant dans la rue silencieuse que Julian disparut, ne voulant pas prendre le risque d’affronter Sara alors qu’ils étaient faibles tous les deux, Julian prenait la fuite, s’en allait, essayant de se convaincre tant bien que mal que Sara ne l’avait pas remarqué, elle n’avait pas pu le remarque, n’est-ce pas ? Elle ne l’avait pas vu hein ?

"Connard !" Merci, Karyn, ça c'était de la super réflexion de la mort qui tue ! Inutile après le monologue de Sara ? Probablement, mais c'était un soutien supplémentaire, la preuve flagrante qu'elle n'était pas seule dans cette galère. C'était probablement ça qui l'avait ramené à la vie, ce soir, le fait d'avoir conscience qu'elle n'était pas la plus à plaindre, qu'il y en avait d'autres qu'elle qui vivaient la même chose, ce sentiment d'abandon et de solitude extrême, Karyn en faisait partie. Dans un sens, ça ne la rassurait pas vraiment sur le genre humain, ni sur les hommes, mais au moins elle était sûre de ne pas être la seule à avoir pris des actions chez Kleenex ! Elle n'était pas non plus la seule à confondre la vodka et l'Evian au point de se prendre pour Melinda Gordon, et de penser voir des choses qu'elle était la seule à pouvoir voir. Sérieux, le type qu'elle avait vu dans cette voiture, c'était pas un type normal, c'était plutôt du genre revenant ! Bon, évidemment, il était pas mort, et niveau lumière il avait été servi, voir même surexposé, mais ça lui faisait quand même l'impression d'avoir croisé un fantôme. D'où sa réaction, peut être un peu vive, de s'en retourner vers sa blonde, et de l'obliger à courir avec elle. "S'enfuir" était le terme le plus exact, car elle venait de lui attraper le bras, et l'entrainait dans sa course folle. Le fait qu'elle soit blessée à la jambe ? Zappé ! Qu'elle soit enceinte ? Ha ouai ? Oublié ! Il fallait juste qu'elles s'éloignent le plus possible de cette voiture qui contenait à son bord une réplique quasi parfaite de l'homme le plus addictif de la planète ! Évidemment que ce n'était pas réellement lui ! Qu'est-ce qu'il serait venu faire dans un quartier aussi paumé que celui-ci, à cette heure aussi tardive, alors qu'il devait avoir des milliards de choses plus intéressantes à faire ? Genre... heu... S'occuper de sa famille, draguer en club, boire à s'en retourner le cerveau, potasser "Le Sénat pour les nuls"... Ou même une partie de Uno ! Même ça, c'était bien plus intéressant que de suivre deux alcooliques intérimaires dans les rues désertes d'un quartier tout pourris. Alors non, elle ne croyait pas une seconde que ce qu'elle avait vu était vraiment ce qu'elle avait, puisqu'elle ne pouvait avoir vu ce qu'elle pensait avoir vu ! Vu ? Il s'agissait simplement de son esprit, farceur, qui s'amusait à lui rappeler combien elle était censé avoir mal. Même avec 8 grammes dans le sang, elle n'avait pas le droit au répit ! Il fallait qu'elle souffre, c'était ainsi ! Et Bingo ! Là, elle la sentait bien, la douleur physique, ce cœur qui se serrait, qui se brisait, qui devenait souffrance, cette boule dans sa gorge et ces larmes qui montait jusqu'à la frontière de ses cils, menaçant de rouler rapidement si elle ne reprenait pas le dessus. Elle avait décidé de ne plus penser, ce soir, de s'octroyer une soirée presque normale, une soirée loin de son oreiller humide de larmes et de... Tisanes ?! Si elle avait pu fuir ses souvenirs aussi vite qu'elle fuyait cette voiture, le monde aurait été parfait... Sauf que comme ses souvenirs, cette voiture ne cessait de se rappeler à elle, et alors qu'elle courait comme une folle, tout en serrant le bras de Karyn, elle entendit un bruit de tôle froissée, et se retourna, s'inquiétant sincèrement pour le conducteur. Non, mais ça va pas ? Pourquoi elle s'inquiétait pour un des sbires de l'Osservatore ? Même s'il avait une forte ressemblance avec voussavezqui ? Et même si c'était lui vraiment ? Pfff, rien a faire ! Il pouvait bien s'exploser le col du fémur en trébuchant sur son sex-appeal disproportionné, elle n'en avait rien à secouer ! Absolument rien ! Rien de rien ! Elle devrait quand même aller voir si le conducteur allait bien, non ? NON ! Mais mettons qu'il se soit fait harakiri par inadvertance sur le levier de vitesse, et qu'il se vidait de son sang ? Ou qu'il se soit cogné le coude contre le volant, et enfoncé un doigt dans l'oeil et que maintenant il était aveugle ? Ou que sa ceinture de sécurité se soit coincée, et qu'il soit entrain de s'étrangler doucement, son visage devenant tout bleu à force de manque d'oxygène ? C'était non assistance à personne en danger ça ! Peut être même homicide involontaire si l'avocat de la partie adverse était un bon ! Mais alors qu'elle était entrain de se poser tout un tas de question d'ordre médico-judiciaires, elle se retrouva éblouie, et sursauta sous l'effet de surprise. Le conducteur n'était ni mort sur le levier de vitesse, ni n'avait un index dans le cerveau, ni une ceinture entortillée autour de son cou ! Il était bel et bien vivant, et suffisamment en forme pour les aveugler à coup de plein phares dans la tronche ! Voilà de quoi réenvisager sérieusement la thèse du sadique sexuel-tueur en série, qui prenait son pied dans la traque de proies faciles... Elles étaient les proies !

Sans perdre un instant, elle reprit sa course, sans oublier sa blonde, évidemment. Ce taré psychopathe ne les aurait pas ! Ou alors pas vivantes, Sara se chargeant de les suicider avant ! Il faut dire qu'elle ne tenait pas vraiment compte de leur niveau d'alcoolémie, ni des différents obstacles qui se présentaient sur leur passage. Des poubelles, qu'elles sautaient, des escaliers, qu'elles dévalaient, des chats méchants, qu'elles évitaient de justesse. Il fallait juste s'éloigner toujours plus, et peu importait de l'endroit où elles se rendaient. Elles étaient déjà perdues, à la base, alors un peu plus ou un peu moins, ça ne faisait pas grande différence ! Elle prenait des sens interdits, des toutes petites ruelles, afin qu'on ne puisse pas les suivre en voiture. Pour finir, elle opta même pour une rue en descente, uniquement composée de marches, aucune voiture ne pouvant l'emprunter. Vas-y, viens niquer tes amortisseurs, mon grand ! Haha, rira bien qui rira le dernier... Et bah, pas elles, en fait. Sara venait de les immobiliser sur une toute petite place, où il y avait à peine l'espace nécessaire pour circuler à deux, autour de l'imposante fontaine, et force était de constater qu'elles étaient... complétement paumée ! Où elles étaient ? Piazza Giovanni Giolitti ! Super, il devait y en avoir une centaine à Rome ! Catastrophe ! En plus, il ne restait plus que quelques gouttes dans la bouteille magnum. D'ailleurs, Sara était en pleine contemplation de cette énorme truc bling bling, qui sonnait vide.

- Pourquoi on appelle ça un "magnum" ? Elle a même pas de moustache...

Oui, Sara était très loin, là, caressant les motifs de la bouteille, s'apprêtant à lui dire adieu après un dernier hommage, alors que Karyn ne levait brusquement, comme piquée au cul par un scorpion, alors que tout le monde sait très bien qu'il n'y a pas de scorpions à Rome (Oui, elles étaient connectées au point d'avoir les mêmes références, et les mêmes réflexions, au même instant. C'est beau, non ?). Bah qu'est-ce qu'il lui prenait à la blonde experte en manucure ? Elle était debout, un sourire triomphant éclairant ses traits fins qu'elle exposait à la lumière de la lune. Elle comptait bronzer ? Non parce que le "coup de lune" c'est pas du tout la même chose que le "coup de soleil"... A moins que... Ah mais c'est ça ! Elle avait vu la Vierge ! Une apparition ! Dans Rome ! P'tain, elle allait faire les gros titres ! "Karyn Moretto croise la Vierge, Piazza Giolitti" ! Non ? Mais bon sang, elle regardait quoi, fixement comme ça ! Sara avait beau plisser les yeux, elle ne voyait rien d'autre qu'une façade de bâtiment dégarnie, et un fil sur lequel du linge pendait... C'était le linge ? Elle voulait se déguiser ? C'est ça ? "J'ai une super idée ! THE idée du siècle, quoi ! Viens avec moi, tu vas pas le regretter !"

- Ok ! Mais je prends pas la robe rose ! J'aime pas le rose !

Annonça-t-elle dans un souffle, alors qu'elle se retrouvait soulevée de la fontaine par Karyn. Note pour plus tard : Inscrire Karyn aux J.O pluridisciplinaires, et remporter l'or à tous les coups ! Elle était entrain de repenser, avec nostalgie, aux J.O du sexe, quand elle se sentit ramenée contre sa blonde, qui avait besoin de chaleur humaine, visiblement. Sara passa un bras autour de ses épaules, et lui déposa un petit bisou sur sa joue. Peut être qu'elle était pas contente d'hériter de la robe rose, ou peut être qu'elle ne se remettait pas de la fin prématurée de leur copine the bottle ! Mourir si jeune, c'est terrible. Mais, contre toutes attentes, Karyn ne l'entraina pas en direction du linge étendue, mais aux antipodes, de l'autre côté de la fontaine, là où une enseigne éteinte, annonçait : "T__oueur" ? Toueur ? Karyn avait décidé d'embaucher un toueur à gage pour assurer leur protection ? Un toueur qui parlait mal la langue, visiblement... C'était pas une mauvaise idée, après tout, alors Sara se laissa entrainer dans ce bouge, tout en se demandant si son arrière grand-père serait fier de savoir que sa Piazza était habitée par un tueur pro... "Ciao mon coco !" Wahouuu, il s'appellait Coco ? Pas étonnant qu'il parle pas bien la langue. "Tu te souviens de moi, j'en suis sûre !" Oh ? C'était pas la première fois ? Karyn avait déjà usé de ses services ? Sur qui ? Sara pensa de suite au bal Black&White, et secoua vigoureusement la tête pour chasser cette idée saugrenue ! "Bah c'est pour cette fois !" Ha ? Donc la dernière fois elle avait pas été au bout de sa commande ! Voilà qui était rassurant ! "Mon amie et moi on a passé une soirée vraiment, mais vraiment agitée, et puis nos vies craignent en ce moment." Ha bah oui, elles étaient poursuivies par une voiture folle, et en plus elles savaient même pas où elles étaient, alors oui, Sara craignait pour leurs vies. "Alors on s'est dit que passer te voir nous ferait du bien !" Bah non, Sara avait rien dit, elle, et puis si on lui demandait, elle s'appelait Renata Bénéjerrize et elle n'était au courant de rien ! Rien du tout ! "Tu nous gribouille dessus ? Dis, tu veux bien, hein ?!" "Gribouillé ? C'était un mot codé pour dire "permis de tuer !" ou plutôt "permis de touer !" ?

- Enchantée, Coco ! Moi c'est Renata ! Juste pour savoir, t'étais où dans la nuit du 31 mai au premier juin ?

Ouai, on sait jamais, hein, il avait peut être été engagé par quelqu'un d'autre pour gribouiller Giovanni Spinelli.

N'empêche, nikel ta couverture ! On se croirait vraiment dans un salon de...

Elle jetait son regard aux alentours, tout en tendant sa main au Toueur, avant de marquer une pause, et que son cerveau se réveille enfin...

Oh ?! Je vois...

C'était pas une couverture, et "gribouiller" ne voulait pas dire "tuer" mais bel et bien "gribouiller"... Un tatouage ?

C'est marrant, Coco, tu vois, parce que...

Alors là, elle était lancée, accoudée au comptoir, elle allait lui raconter sa vie, tout posant une main presque maternelle sur le poignet du no life.

... j'ai toujours voulu me faire un tatouage, mais j'avais peur de la réaction de mon père, et peut être aussi, un peu de celle de mon homme... Mais, vu que mon père me cause plus, et que mon homme est devenu l'homme de toutes les femmes de Rome, je pense que je pourrais me faire tatouer "Puta" sur le front, qu'ils en auraient rien à faire ! Dis, t'as de l'alcool dans ton arrière boutique, là ? Non, parce que mon bébé il est mort !

Elle avait parlé d'une traite, et fini sa tirade en posant le cadavre de magnum sur le comptoir. Il devait bien avoir un petit remontant caché quelque part, non ? Dans un clin d'oeil, le chevelu disparu en direction de la remise, et Sara improvisa une petite danse de la joie avec Karyn... Pour la suite, cela reste très confus... Des "bzzzzzzzzzzz", des "aïe", des "ouilles", des "c'est par où ?", mais rien de vraiment distinct, à part du latin... Ouai, c'est ça du latin...

Elle se sentait tirer vers le haut, comme si on cherchait à la ramener à la surface. Le latin, le bzzzzzzz, et tout le reste semblait s'éloigner de plus en plus, restant au sol alors qu'elle grimpait, s'envolait, remontait vers une surface très bruyante... Elle avait l'impression d'être sur le périphérique à l'heure de pointe. Etait-il possible que la Piazza Giolitti soit si bruyante ? En plus ça lui faisait mal à la tête ! SILENCE !! Elle voulait du silence !! Elle tenta de ramener ses mains contre ses oreilles, mais l'une d'elle resta bloquée sous quelque chose. C'était quoi encore ce délire ? A regret, elle tenta d'ouvrir un oeil, mais le referma aussitôt en constatant la lumière aveuglante qui l'environnait. Punaise ! C'était encore ce fou pervers avec ses plein phares ? Deuxième essai : Elle papillonna des paupières, pour s'habituer, et remarqua juste un nuage blond en face d'elle. Merde ? Elle avait changé de couleur pendant la nuit ? Noooon, le blond lui allait pas, elle avait déjà essayé ! Pourvu que ce ne soit pas de l'eau oxygénée comme lorsqu'elle était en 3ème, sinon ça allait mettre des mois avant de retrouver son brun ! Elle souffla sur le nuage, qui disparu rapidement pour révéler un visage... Après un sursaut, elle reconnu sa blonde, et fut rassurée de constater que c'était SES cheveux à elle, et non les siens. Mais, elles étaient où là ? Pourquoi le sol il était mou ? Pourquoi elle avait des marteaux piqueurs dans le crâne ? Pourquoi elle avait la bouche pâteuse ? Pourquoi elle ne sentait plus son bras gauche ? Ho mon Dieu ! Elle avait perdu un bras ? C'est ça ? Prise d'hystérie, elle se mit a bouger compulsivement ses bras, tant et si bien que Karyn se décala légèrement, sans se réveiller pour autant, et que Sara pu récupérer son bras qu'elle avait, jusque là, de coincé sous le corps de son amie. Elle se releva doucement, jetant un coup d'oeil autour d'elle, ne reconnaissant rien... Elle se croyait place Giolitti, mais cela ressemblait plus à une chambre qu'à la rue. Il s'était passé quoi pour qu'elle atterrisse ici ? et avec Karyn en prime... C'est marrant, ça, parce qu'elle était dans son rêve aussi ! Et la bouteille vide que la blonde tenait étroitement serrée entre ses petits bras, aussi... Wahouu, trop de coïncidences, c'est dingue ! Elle se passa une main sur le visage, puis dans les cheveux, avant de sentir une douleur sur son épaule gauche. Elle avait dû dormir dans une sale position. Les coups de klaxon redoublèrent, et Sara perdit patience ! Ils pouvaient pas la fermer tout ces crétins ? Elle avait mal à la tête, elle ! D'un pas furieux, elle se leva, peina a trouver un bon équilibre, puis se dirigea vers la sortie de la chambre pour atterrir dans un salon... Wahouuu, mais c'était celui de Karyn ! Il s'était passé quoi la nuit dernière ? Elle lança un coup d'oeil perplexe sur Karyn qui dormait toujours, et fut rassurer de voir qu'elle était toujours habillée, elle aussi, donc... Donc il n'y avait rien eu de beurk ! C'était déjà ça de prit ! Dans le salon, elle trouva un gros casque audio pour la chaine hifi, et se le passa sur les oreilles, s'offrant, ainsi, une petite isolation niveau son. Le fil trainait par terre, mais c'était pas bien grave, ça... Prochaine étape : La salle de bain ! Elle avait besoin de se passer un peu d'eau sur le visage, histoire de sortir complètement des torpeurs de la nuit et de son rêve. Devant le miroir, elle constata qu'elle avait vraiment une sale tête, encore pire que d'habitude. Des cernes immenses pesaient sous ses prunelles vertes, son teint était livide, et elle se sentait comme nauséeuse. En passant sa main dans ses cheveux, elle ressentit une nouvelle douleur dans l'épaule, et se tourna de 3/4 pour observer ce qu'elle pensait être un bleu ou un hématome quelconque. A la place, elle trouva une compresse immaculée, maintenu par du sparadrap médical. Elle s'était blessée ? Mais punaise, elle avait fait quoi cette nuit ? D'un geste lent, elle posa sa main sur le pansement, et commença à le détacher en fermant les yeux... Ça allait faire mal... Elle tira d'un coup sec, mais ne cria pas... pas encore... Par contre, lorsqu'elle ouvrit un oeil pour voir ce qui s'y cachait... là... et bah...

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! NOM DE DIEU !

La vie est une ivresse continuelle ...
Le plaisir passe,
Le mal de tête reste ...

Proverbe Persan

Karyn n'était pas enivrée de la dernière goutte, elle avait quelque peu d'expérience dans l'art de finir ivre. Enfin, pouvait on réellement parler d'expérience dans un tel domaine sans craindre de se faire montrer du doigt, ou encore qualifier de débauché, de jeunesse hideuse et pervertie ? ... Il en fallait pas mal d'alcool pour que la jeune femme parte complètement dans ce monde si étrange, mais si attrayant aussi qu'était celui de tous les enivrés et les drogués, dans ce monde où plus rien ou si peu n'a d'importance, où l'on peut parler librement sans craindre nulle vengeance, un monde, aussi, où tout peut paraître plus aisé, plus simple, là où tous vos soucis ne semblent plus pouvoir vous atteindre, là où vous vous sentez enfin compris. C'était là aussi un monde où vous pouviez partir dans des raisonnements complètement alambiqués et plus que foireux sans que cela ne pose de problèmes à personne, sans que quiconque ne vienne vous faire remarquer que ce que vous disiez, en plus d'être stupide à l'extrême et sans aucune utilité, c'était complètement incompréhensible parce que vous ne preniez pas la peine d'articuler et que vous ne produisiez qu'une série de bruit étranges, une sorte de charabia sans queue ni tête, à moins qu'il ne s'agisse là d'une langage extraterrestre que vous seriez le seul à parler. Non, tout le monde comprenait ce que vous disiez, ou au moins prenait le temps de feindre de tout saisir des moindres détails de votre raisonnement, tout simplement parce que ce monde n'est accesible qu'aux initiés, à ceux qui, tout comme vous, ont eu besoin de s'extirper de la réalité, ceux qui ont utilisé comme échappatoire la drogue ou l'alcool. La jeune fille avait besoin de boire beaucoup d'alcool, ce qui n'entendait pas forcément par là des quantités astronomiques. Bien sûr, si vous comptiez vous en mettre plein la tête et plein l'esprit avec de la bière, vous étiez loin d'être rendu, et il allait vous falloir faire de nombreux aller-retours aux toilettes les plus proches avant de pouvoir escompter atteindre ne serait ce que les portes de ce monde si particulier et si attirant que vous vouliez rejoindre. Oui, elle savait que l'alcool n'était pas la meilleure solution, que cela ne faisait que retarder le retour à la réalité, que les claques dans la tronche, on les recevra quoi qu'il arrive, et que, en plus, revenir à la réalité, ça fait encore plus méchament mal parce qu'on doit composer avec cet immence mal de crâne qui vous donne l'impression qu'on organise une rave dans votre boîte cranienne et qu'on doit aussi se refaire à l'idée que les soucis qu'on avait restent là ... Mais c'était déjà quelques heures de répit gagnées, non ? Quoi ? Après toutes ces années, elle en était encore à se dire qu'après tout, boire pouvait quelque peu la faire surnager au dessus des vagues ténébreuses de la réalité, qu'après tout, l'alcool n'était qu'une bouée éphémère comme une autre à laquelle se raccrocher ? Pourtant, elle pensait que tout ceci était derrière elle, que, puisqu'elle avait souffert le martyr, pire que celui de Jésus Christ ce machin là, la vie allait enfin se dire que Karyn avait eu son compte des grosses merdes qui vous tombent sur le coin du nez sans que vous vous en doutiez nullement. Bah, il semblait qu'elle s'était trompée, qu'elle s'était enfoncée le doigt dans l'oeil, et qu'elle n'avait pas arrêté de l'y enfoncer avant d'avoir la main qui ressorte de l'autre côté de la cavité orbitale ...

Tiens, c'était quoi ce sale bruit qu'elles venaient d'entendre ? Car, oui, visiblement, c'était bien vrai que ce n'était pas l'alcool qui rendait sourd, puisque Sara s'arrêta dans sa course quelque peu effreinée et qu'elle se retourna, histoire de voir de quoi il s'agissait, ou histoire de s'assurer que le bruit était bien dû à ce à quoi elle pensait. Karyn l'avait entendu, ça oui, en même temps, y avait pas réellement grand monde par ici à cette heure, pour ne pas dire qu'il n'y avait pas un chat, et donc, le silence était là, pesant malgré tout. Ouais, le silence, et aussi son coeur qui semblait jouer du tambour dans tout son crâne ... Si Sara semblait quelque peu savoir d'où cela provenait, Karyn, elle était à l'Ouest, parce qu'elle pensait que c'était elle qui était à l'origine de ce bruit. Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, la jeune femme était persuadée que c'était simplement son coeur qui avait eu un râté, qu'il y avait un truc qui avait merdé. Oui, c'était un bruit métalique, et après ? Personne ne vous a dit que la technologie avait aussi fait évoluer la science ? La jeune femme avait peut être encerclé son coeur d'une barrière en fer, qui sait ? Vous êtes allés vérifier pour voir ? Nan ? ... Bah alors de quel droit vous vous dîtes que c'est carrément impossible ce machin ?! Ouais, peut être qu'il fallait faire la lumière sur ce grand mystère, histoire de savoir si oui ou non tout cela se tenait, mais Karyn s'en moquait éperdument, elle voulait juste pas rester ici, parce qu'elle se sentait bien mélancolique, parce qu'elle avait commencé à courir et qu'elle voulait juste pas rester là, parce que, franchement, ça craignait. Elles étaient sorties pour s'amuser, leur chauffeur les avait larguées au beau milieu de nul part, enfin nan, pas tout à fait, elles étaient encore à Rome, parce que, même si la jeune femme n'avait pas prêté attention à la route à l'aller, elle était au moins sûr de ne pas avoir vu le panneau annonçant la sortie de Rome. Ensuite, elles avaient pris du bon temps à boire et à chanter, Sara avait castré un poivreau aux mains trop balladeuses, et Karyn, elle, avait voulu se faire un remake du scalpage des indiens, sauf qu'elle avait voulu faire ça à sa manière, et donc sur sa jambe ! Ensuite, elles s'étaient retrouvées bien vite dehors, avant de se faire jeter par un autre qu'elles même, histoire, aussi, de pas se faire tripoter plus durement par le patron du bar dans lequel elles s'étaient défoulées dans des tas de sens du terme. Et puis, elles s'étaient faite suivre aux fesses par un espèce de pervers jumelé avec un collecteur de ragot, ou un truc dans le genre ... Ouais, Karyn se disait qu'il n'y avait plus aucune expérience à tenter dans ce coin ci, alors Sara avait trouvé la bonne solution, décamper d'ici fissa ! Ouais, fallait faire la lumière sur tout un tas de trucs, mais était ce réellement nécessaire de le faire à grands coups de phares dans la gueule ? Bah, nan, elle voulait pas jouer au lapin ébloui en plein phare elle, ses dents, elles étaient normales, et même si elle aimait bien les carottes, elle n'en était pas fana au point d'en avoir toujours une sous la main, ou plutôt nan, sous la dent ! Sara prit les devants, voyant que Karyn n'en était pas encore rendue à se dire qu'il fallait décamper. Nan, elle, elle voulait juste mettre en application ce qu'elle se mettait à penser. Oui, elles avaient une bouteille pas loin, et même si elles y tenaient comme à la prunelle de leurs si beaux yeux, Karyn était tout à fait prête à la sacrifier sur l'autel de la défense en l'envoyant voler dans les airs pour qu'elle s'échoue sur le pare brise de ce malade ! Ouais, complètement dérangée la Miss, voilà qu'elle se mettait à vouloir rester pour casser la gueule à ce sale connard, comme elle l'avait si bien dit, alors que deux secondes avant, elle voulait juste se barrer d'ici au plus vite ! Un conseil, évitez de chercher à la suivre, ou vous allez virer fou et finir par vous prendre à votre tour pour le Chapelier dans Alice au Pays des Merveilles ou alors pour Jules César, afin de rester dans le ton Rital. On était quand même à Rome, Cazzo !

Elle suivit cependant Sara lorsque celle ci redémarra, ne voulant surtout pas rester en rade toute seule, parce que sa volonté et son courage avaient tendance à aller et venir encore plus vite que Flash, et qu'elle se sentait Karyn qui rit, Karyn qui pleure toutes les trente secondes ou presque, et que c'était vraiment, mais alors vraiment pas commode à gérer ce machin là ! Ouais, Sara, où qu'elle aille, Karyn, elle la suivrait, ouais, farpaitement, jusqu'au bout du monde s'il le fallait, quitte aussi à aller sans plus de but que sa Miss Giolitti, et à se perdre dans Rome, ce qu'elles ne tardèrent d'ailleurs pas à faire ! Ouah, sauvées, l'autre pervers, connard ou quelque soit le dénominatif qu'avait soudainement choisi la jeune femme pour penser à lui, ne les avait pas suives. Ouais, elles étaient pro alors, en semage de tordu ! On devrait les féliciter pour ça, genre leur remettre la médaille de la citoyenneté, ou un truc dans le genre, si elles décidaient d'apprendre leur méthode aux autres Romains, histoire que eux aussi puissent se casser en courant dès le moindre pervers venu ! Mais visiblement, là où elles avaient fini par échouer, il n'y avait pas plus de monde ! Ouais, y avait bien un chat qui mettait une raclée à l'un de ses congénères dans un coin de la petite place, mais c'était sûrement pas lui qui allait témoigner en leur faveur et vanter leurs exploits à tout le monde ! Déjà, si vous voyez un chat qui parle, même en étant bourré, y a un sérieux soucis mon vieux ! Pas mieux vêtue qu'au début de la soirée, parce qu'elle n'était pas repassée par chez elle et qu'elle n'avait rien volé à personne pour se couvrir quelque peu, Karyn n'avait pas froid, déjà parce qu'elle venait de se piquer une petite suée en se jouant la course dans les rues et ruelles de Rome et parce qu'elle avait assez d'alcool dans le sang pour jouer les bouillotes pour toute une troupe de frigorifiés de la vie ! Elle avait même un peu trop chaud pour tout vous dire et même si elle savait que ce n'était pas Sara qu'elle choquerait en s'effeuilllant quelque peu, elle ne voulait pas prendre le risque de se choper brusquement un coup de froid, un rhume de gorge est si vite arrivé, et puis, on sait jamais, elles avaient bien rencontré un tordu tout à l'heure, qui leur disait qu'il n'y en avait pas un autre dans le coin ? Hein, dîtes le leur !!! Ouais, elle avait chaud et son cerveau ne suintait pas encore comme s'il était dans un sauna, alors, elle réussit à faire fonctionner ses neurones et mit un nom, ou plutôt nan, un souvenir sur cette place ... Oh, voilà qui promettait d'être palpitant et passionnant dîtes moi !

Elle ne laissa pas le choix à Sara et la tira de toutes ses forces vers elle, histoire de pouvoir soulever les fesses de mademoiselle de là où elles étaient posées. Sara ne pesait pas super lourd non plus, mais Karyn ne s'appelait pas Monsieur Muscles quand même ! Mais elle réussit, génial nan ?! De toute façon, on s'en fout, hein ? Le truc, c'était que Sara avait à présent les deux pieds collés au sol et la colonne vertébrale parfaitement alignée avec ses james, et perpendiculaire au sol ! Elle savait qu'en ne disant pas grand chose, Sara ne risquait pas de saisir de quoi il était question, mais cela semblait être la cadette des préoccupations de la mam'zelle Moretto qu'elle était. Mais, heu, quand même, c'était quoi cette histoire de robe ?! Ok, elle aimait bien porter des robes, surtout parce que cela lui permettait de dévoiler ses longues jambes fines, celles qui plaisaient tant à Nate, Nate ... Snif ... Ah nan, elle allait pas pleurer, hein ?! Ouais, elle aimait bien porter des robes, mais le rose, beurk, c'était pas du tout, mais alors pas du tout une couleur qu'elle affectionnait, parce que ça faisait Barbie, et que Barbie, au cas où vous l'auriez pas compris, ça présentait pas une image extrêmement flatteuse des filles en général, à moins qu'une femme, ça se réduise à être blonde, conne et à grosse poitrine ! En parlant de poitrine, Karyn baissa les yeux vers la sienne qui commençait à lui jouer de sales tours, parce qu'elle savait qu'elle allait pas tarder à gagner en bonnet et ça, sérieux, ça la branchait pas, mais alors pas du tout ! En plus de ressembler à une grosse baleine échouée loin du sable, en pleine ville de Rome, elle allait avoir la poitrine d'une vache à lait ! Alors, ouais, la robe dont parlait Sara, c'était définitivement No Way dans l'esprit de la jeune femme !
Nan, sérieux, elle l'emmenait voir un tatoueur, et Sara, elle, elle avait carrément l'air à l'Ouest ! Ok, techniquement, Sara faisait beaucoup plus fille de l'Ouest qu'elle, mais c'était pas une raison, non mais ! Ouais, d'ailleurs, pourquoi elle se mettait à repenser à ses origines Polonaises elle ? Nan mais ça allait vraiment pas dans sa tête ! Quoi qu'il en soit, si dans un premier temps, Sara fixait le tatoueur avec des yeux aussi exorbités qui si elle voulait être prise pour jouer la Fiancée de The Mask, et qu'elle la fixait elle comme si elle parlait Russe, et c'était le cas de le dire, elle sembla soudainement revenir en contact avec la réalité, comme si, paf, y avait eu contact entre deux de ses neurones et que, ça y était, elle comprenait tout ! On crie tous Hourra pour Sara, parce qu'en plus, ça rime ! Et visiblement, Sara se sentait tellement à l'aise qu'elle se mettait à faire la causette au tatoueur. Ouais, bah n'empêche, quand elle parla de leur bouteille, de son bébé mort, Karyn eut un sursaut de peur, et porta la main à son ventre. Une seconde, deux secondes, trois secondes ... Nan, ouf, tout allait bien là dedans visiblement, elle se sentait toujours aussi patraque et toute chose, donc, ouais, ça allait, ses petits Lorisse Junior devaient toujours être en vie eux ! N'empêches, c'était pas cool ...

« Pourquoi tu parles de bébé mort toi ? ... Tu m’as fait peur …»

Cet instant de doute passé, voilà que le tatoueur allait leur ramener un petit frère à leur défunt magnum, et ça, franchement, c'était génial, tip de chez top comme aiment le dire les adultes, heu, les vieux adultes, pas les jeunes adultes comme elles, bref, lorsqu'ils veulent imiter les jeunes ado ! Elle effectua une danse de joie avec Sara, avant de se dire que, franchement, elle allait sérieusement devoir réfléchir à ce qu'elle allait se faire tatouer ! Allez, tchin Saranina !!!

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! NOM DE DIEU ! »

Quoi, quoi ?! Y avait le feu à la baraque, une inondation, une météorite qui allait leur tomber sur la gueule, une invasion de petits hommes bleus ?! Han, que la vie était pas juste ! Karyn rêvait, rêvait qu’elle était tranquillement en train de courir dans les rues de Rome, tirée par Sara, oui, elles étaient bien toutes les deux, parce qu’en plus, elles avaient de quoi boire et se saouler plus que de raison, et voilà qu’il fallait qu’on lui hurle dans les oreilles ?! Nan, techniquement, personne ne lui hurlait dans les oreilles, mais elle avait l’ouïe fine la Miss, et en plus, elle avait la sensation qu’on avait branché ses oreilles sur un amplificateur de son, ou un truc dans le genre ! Bougeant quelque peu, et dépliant ses jambes, elle qui dormait comme très souvent en position fœtale, Karyn ne réalisa pas tout de suite où elle était. La seule chose qu’elle sentait, c’était ses doigts agrippant son oreiller et ses cheveux chatouillant tout un tas de parties de son corps. Ouaip, mais, attendez une minute ? Depuis quand la municipalité de Rome laissait des oreillers à disposition de ces citoyens un peu partout dans la ville ? Et depuis quand installait elle des spots aussi lumineux ?! Ouah, c’était l’horreur d’ouvrir les yeux dîtes moi ! Pire que les phares dans son rêve, parce qu’en plus, là, c’était pas un rêve ! Quoi, les phares non plus ?! Bah ça ressemblait drôlement à un rêve en tout cas, parce qu’elle avait du mal à se souvenir de tout, comme si elle s’était réveillée en plein milieu, ouais, réveillée par ce cri ! Et depuis quand avait elle détaché ses cheveux ? Ok, et depuis quand se disait elle que, Cazzo, il devait être arrivé un sacré truc à sa Sara pour qu’elle hurle ainsi et des choses aussi peu pieuses en plus, au risque d’alerter tout le reste de la Résidence ?! Karyn se redressa brusquement, pour se laisser retomber en arrière, trop étourdie par cette remontée si brusque pour ne pas sentir la tête lui tourner comme si elle était dans un manège à sensation des plus … sensationnel ! Ouah, réveil brutal, pas bon pour elle tout ça ! Fallait qu’elle le note quelque part ce machin là, histoire de s’en rappeler pour plus tard, quelque chose comme ça, ça peut toujours resservir, nan ?! Bon, ok, elle les accumulait les réveils brutaux et énervants au possible en ce moment, et comme toujours, elle se disait qu’on ne l’y reprendrait plus, sauf qu’on l’y reprenait toujours, pas de chance, n’est ce pas ?! Elle fixa le plafond, alors que sa tête s’était plus ou moins délicatement reposer sur l’oreiller, et que sa chevelure blonde s’étalait généreusement un peu partout autour d’elle. Même pas super bien réveillée, même avec ce masque de fatigue et ses petits yeux pas encore bien ouverts, elle restait incontestablement un bien beau modèle pour tout sculpteur ou peintre en puissance voulant imiter les grands maîtres de la Renaissance ou verser dans le style Antique … Elle lâcha un léger grognement, parce qu’elle aurait juste voulu dormir un peu plus, tentant de se remémorer le plus possible et du mieux possible ce qui s’était passé hier soir. Mais c’était peine assez perdue, parce qu’elle ne se souvenait que de bribes, et que son mal de tête carabiné n’était pas réellement là pour aider. On avait mis sa tête dans un étau et on s’était amusé à serrer ou quoi ?! Nan, sérieux, quiconque avait fait ça et bien c’était pas cool, pas cool du tout ! Bon, fallait qu’elle se décide à peu à bouger, nan, histoire que son corps ne se décompose pas et ne finisse pas par ne faire qu’un avec le matelas de son lit, histoire de comprendre quel était le problème de Sara ? C’était une bonne idée, nan ? … Posant les deux pieds au sol, elle commença à sortir de la chambre, non sans longer les murs, histoire de pouvoir s’y rattraper si elle venait à tomber, on sait jamais ! Tiens, ce matin, elle avait pas tant que ça mal au bide, ça voulait dire pas de nausées matinales ? Ouais, peut être était ce surtout parce que la seule chose qu’elle semblait ressentir, c’était son mal de crâne ! Tiens, mais elle était chez elle ? Ou alors, elle était chez un super fan d’elle-même, qui avait imité à la perfection l’agencement de son appart’ ! Rigolez pas, ça pourrait tout à fait être possible ! Ok, donc si tout était comme chez elle, et bien, la salle d’eau, c’était par là ! Paf ! Tournant trop tôt pour entrer dans la salle de bain, elle se mangea le mur, pas super fort quand même parce qu’elle n’avançait pas super vite, mais ça fait toujours mal de se payer un mur, nan ?! Reculant d’un ou deux pas, histoire de refaire quelque peu sa trajectoire, elle posa une main sur son front. Avec un peu de chance, elle n’en serait quitte que pour un petit bleu et pas pour une bosse de la taille d’un ballon de football et de couleur violacée comme si on avait face à soi une prune pourrie !

« Quoi ? … Qu’est ce qu’y a ? … Déjà, Dieu, c’est pas un mec, c’est une femme ! Ensuite …
Ouah, c’est quoi ce machin, là ? »

On aurait dit qu’elle portait une poche de surgelés sur son front mais nan, c’était juste sa main gauche. De sa main droite, elle désignait d’un doigt peu convaincu l’épaule de Sara, tout en jetant un œil un peu plus ouvert maintenant sur ce qu’elle tenait à la main. Reculant comme au ralenti, en prenant l’air aussi étonné qu’une femme ivre qui réalise que, zut de zut, y a un truc qui cloche, elle fronça quelque peu les sourcils, avant de grimacer. Merde, ça faisait mal de froncer les sourcils, surtout qu’elle venait de jouer à cogne cogne avec sa tête contre le mur ! Sara la fixa avec un air à la fois hystérique et apeuré, tout en lui signifiait du regard que, et oh, c’était bon, elle n’avait pas besoin que Karyn vienne en rajouter une couche. C’est à ce moment là que Karyn put enfin ouvrir complètement les yeux et elle cessa de distinguer une forme blanche sur son poignet gauche, juste devant ses yeux, elle qui se tenait encore le front. Elle l’avait bien entraperçu avant, mais pour elle, c’était juste qu’elle avait pas les yeux super bien ouverts, rien de plus ! Oh oh … Une forme blanche qui ressemblait étrangement à la même forme blanche que tenait dans sa main Sara. Elle ôta la main de sur son front, et écarquilla les yeux devant le miroir de la salle de bain. Ouais, bah ses cheveux la gênaient quelque peu pour bien tout voir. Elle se saisit d’une pince qui trainait par là, rassembla ses cheveux et les maintint avec la pince sur le derrière de son crâne. Mais y avait un autre truc qui clochait là … Elle avait senti un truc pas normal dans son cou. Se tournant de profil …

« Kurwa … C’est quoi ce merdier ?!!! Sara, je suis pas couverte de tout plein de machin blanc, hein ?!!! … »

Quand faut y aller, faut y aller ! Sans même entendre la réponse de Sara, par peur sans nul doute, la jeune femme se décida à y aller ! Fallait voir l’étendu du chantier, nan ? Commençant par son cou, elle détacha le bandage et découvrit le petit changement pictural … Heu, c’était quoi ce machin ? Un truc qui ressemble à … Un S ? A l’envers ? …

« Nom de Dieu ! »

Voilà, c’était à elle de s’y mettre, décidément ! Cazzo, elle arrivait pas à se dire qu’elle avait laissé le tatoueur s’amuser sur elle ! L’hélix ! L’hélix de Heroes quoi !!! Merde alors, en plus d’être non stop à son comptoir, le tatoueur était aussi un fana de série et de comics ! L’hélix de Heroes, bordel de merde, comment avait elle pu le laisser faire ?! Prenant peur, parce qu’après tout, elle avait un autre pansement au poignet, elle l’arrache d’un coup sec … Ok, c’était un peu mieux … L’aigle Polonais … Elle portait, tatoués sur sa peau, une hélix dans son cou et un aigle polonais sur son poignet gauche. Relevant les yeux vers Sara, elle soupira … Cazzo, elle s’était réellement pas sentie quand elle avait bu, ça y était allé ! Une douleur se mit alors à lui titiller la jambe et, malheur de malheur, elle vit un autre pansement ! Merde, mais elle avait fait combien de tatouage ?! Elle arracha d’un coup sec cet ultime bandage et poussa un cri … Raté, cette fois ci, c’était un pansement ! Merde ! Elle grimaça et posa sa main sur sa blessure, tout en regardant Sara dans les yeux.

« On a franchement trop pas gérer, hein ?! … Cazzo !!! Comment on est rentrées d’abord, hein ?
Dis, y a aucune chance pour que ce soit du henné ou des tatouages de bonbons, hein ?... »

C'était quoi ce délire ? C'était une blague ? Un mauvais rêve ? C'est ça, elle dormait encore ? C'était un dérivé de son rêve sur la piazza Giolitti ! Ca ne pouvait pas être réel ! Déjà parce que ce mal de tête était vraiment bien trop impressionnant ! C'était pas des marteaux piqueurs qu'elle avait sous le crâne, c'était toute une smala de clandestins qui avait élus domicile et qui se reproduisaient en masse ! Naaaan ! Pire que ça ! C'était la Gaypride sous son crâne ! T'avais la zizik à fond les ballons, les sifflets, les coups de talons compensés aussi, et sans oublier les chars ultra chargés et les distributions gratos de capotes ! Bon, pour ce dernier point, elle ne voyait pas trop le rapport avec la choucroute, mais il fallait toujours sortir couvert, ça elle le savait ! Bon, elle avait déjà un souvenir, c'était pas mal ! Il allait falloir qu'elle continue sur cette lancée afin de se débarrasser totalement de son Alzheimer précoce ! Han ! Et si ça ne revenait jamais ? "Sara !!" lâcha-t-elle en sourdine après avoir eu peur de ne plus se souvenir de son propre prénom. Non, ça allait, elle se souvenait de ça. Sara Tosca Giolitti, née de Paolo Giolitti et Olivia... Merde, c'était quoi le nom de sa mère ? C'était possible que ce soit "Satan" ? Parce que c'était le seul nom propre qui lui venait immédiatement à l'esprit après "Olivia" ! Faudrait qu'elle pose la question à son père, tiens, entre deux croissants ça serait sympa la convers' non ? "Dis Papa, le nom de jeune fille d'Olivia, c'est Satan ou Belzébuth ?", non ? En attendant, son esprit avait beau partir dans tous les sens, son corps, quand à lui était toujours bloqué en mode "pause". Après avoir hurlé, elle se retrouvait paralysée en position de surprise et d'appréhension. Elle était toujours de trois quart par rapport au miroir, la compresse à la main, et les paupières étroitement closes afin de ne pas constater une nouvelle fois le massacre. Non, elle avait imaginé ce truc sur son omoplate, et quand elle allait rouvrir les yeux, elle se rendrait compte que c'était juste son esprit qui se montrait super blagueur, mais dans le genre "pas drôle" voir "limite lourd" quand même. Encore fallait-il qu'elle ait le courage d'ouvrir les yeux. Non, elle voulait pas, elle avait trop peur de voir ce qu'elle avait vu ou croyait avoir vu, même si ce qu'elle croyait avoir vu ne laissait pas grand doute. Après avoir prit une profonde inspiration, et compté jusqu'à 3000, elle ouvrit une paupière et... et hurla ! Non, ce n'était pas ce qu'elle avait sur l'omoplate qui lui avait arraché un nouveau cri, c'était plutôt ce qu'elle avait dans le dos : Une blonde avec une main lui cachant la moitié de la tronche la fixait dans le miroir ! Putain mais elle est malade elle ou quoi ? Elle avait décidé de lui faire un remake de "Souviens-toi, Chucky, l'été dernier devant Scream !" ? C'est toujours comme ça dans les films d'horreur, lorsque la jeune vierge est dans la salle de bain, et qu'elle le malheur de se regarder dans la glace, baaam, t'as un cadavre grimaçant qui apparait derrière elle ! Brrrr !

Bon, ok, Sara n'avait rien de la vierge candide, mais Karyn avait tout du mort-vivant ! Woooo c'te tête ! Après s'être remise de son petit choc, Sara se tourna vers sa blonde livide et plissa les yeux... Pourquoi est-ce qu'elle lui parlait mais qu'il n'y avait aucun son qui sortait de sa bouche ? Elle était muette ? On lui avait coupé la langue ? Pourquoi elle avait pas l'air paniqué, elle ? Punaise, si Sara se réveillait sans voix, elle serait pas entrain de bouger les lèvres calmement, hein ! Elle serait déjà entrain d'apprendre le langage des signes juste pour pouvoir insulter tout le monde et le crétin responsable de son état. Mais c'était quoi ce rêve débile, là ?! Non, parce que Sara ne croyait plus du tout être dans la réalité, c'était pas envisageable ! C'était trop bizarre pour être la réalité ! Une fille qui devient muette d'un coup ne peut pas se contenter de s'attacher les cheveux tranquillement avec une pince ! Non, la vraie Karyn ne réagirait pas comme ça ! Elle hurlerait ! Ok, sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche, mais elle hurlerait quand même ! Ce qui était marrant, c'est qu'elle avait des petites compresses blanches elle aussi, et que... Ha bah voilà ! Voilà une réaction normale ! Elle hurlait ! Bien ! Elle hurlait en découvrant un "S" dans son cou !

« WAHOUUUU ! UN "S" COMME "SARA" ! TU M'AS DANS LA PEAU ON DIRAIT !! TU PARIES COMBIEN QUE T'AS LE "T" DE "TOSCA" SUR LE POIGNET, ET LE "G" DE "GIOLITTI" SUR LE C... QUOI ?! POURQUOI TU FAIS CETTE TÊTE ? »

Elle ne parlait pas, non, non, elle hurlait ! Sara version marchande de poisson, ou nuit complète passée à dormir près d'une enceinte 15 500 Volt dans les tympans ! Mais il faut dire qu'elle avait du mal a entendre sa propre voix, alors elle la poussait un peu pour s'entendre. D'ailleurs, c'était étrange comme tout les sons semblaient étouffés d'un coup. C'était comme si elle avait les oreilles... Putain ! Elle avait zappé le casque !! C'est en posant ses mains sur ses oreilles qu'elle venait de s'en rendre compte. Dans un sourire d'excuses elle le fit glisser jusqu'à son cou, et fut alors assaillis par les divers bruits de la cité. Grimaçante elle fit le constat que Rome devait être la ville la plus bruyante d'Europe. Karyn était entrain d'ôter le pansement de son poignet, et la brune se montra très attentive avant de s'exclamer :

« Ooh ! Un Ziozio ! Charmant ! »

. Ce n’était qu’un rêve, un simple rêve, elle n’avait donc pas a s’inquièter outre mesure. Pourtant, lorsqu’elle vit la blonde s’emparer du sparadra qu’elle avait sur la jambe, elle leva sa main comme pour l’en empêcher et poussa un petit « non ! » qui ne servit pas à grand-chose. Elle avait eu comme un éclair de lucidité, elle avait revu la plaie sur la cuisse de Karyn, elle s’était revu la soigner à l’arrache en pleine rue. Etait-ce un rêve ? Etait-ce la réalité ? Elle n’en savait rien, mais pendant une fraction de seconde se fut la réalité, et elle tenta de prévenir sa blonde. Malheureusement elle était déjà entrain de hurler avant de plaquer sa main contre la plaie. Oups !

Interdite, Karyn l’observa, avant de s’exclamer qu’elles n’avaient vraiment pas géré cette nuit. Poursuivant sur sa lancée, elle la questionna quand à leur retour à bon port, pour finir par demander s’il y avait une chance qu’il s’agisse de décalcomanies ou de henné…

« Ce n’était donc pas un rêve. »

Annonça-t-elle avec consternation avant de secouer la tête pour signifier que, non, il ne s’agissait pas de henné. D’ailleurs, tel un électrochoc, Karyn venait de lui rappeler qu’elle n’avait toujours pas constaté l’étendue des dégâts sur son propre corps. Alors quoi ? Elle avait fait quoi ? « I Love Osservatore » ? « My heart belong to a Loser » ? Ou bien avait-elle un « K » tatoué sur l’épaule ? C’est pas qu’elle n’aimait pas Karyn, hein, loin de là, mais cette initiale serait bien difficile a justifier lorsque la presse aurait remarqué le « S » et le « K ». Oui, Sara pensait encore que le truc dans le cou de sa pote était un « S » inversé. Genre elle avait voulu être discrète, et elle s’était dit qu’il suffisait de retourner la lettre pour que ça passe mieux. Mais que nenni ! Ca passe pas plus !

« Tu peux… heu… est-ce que tu veux bien regarder pour moi ? J’ose pas… »

demanda-t-elle finalement en lui tournant le dos tout en soulevant ses boucles brunes afin de dégager son épaule. Elle n’osait pas voir ce qui s’y trouvait, elle avait trop peur de constater qu’elle allait devoir se coltiner Mickey Mouse sur l’épaule ad vitam aeternam… Tiens, en parlant de latin, c’est drôle, mais on aurait dit que Karyn lui parlait en latin ! Enfin, elle était entrain de bégayer une phrase qui ressemblait à du latin… « Dulce… et… decorum… est… pro… co…co… corda… »

« Dulce et decorum est pro corda mori. »

la coupa Sara, en terminant la phrase à sa place, sans même prendre la peine de regarder. Elle fixait le mur en face d’elle, stoïque, presque résignée quand a ce qu’elle venait de découvrir. C’était surement pour ça qu’elle s’était réveillée avec cette phrase en tête, ou justement c’était peut être parce que depuis plusieurs semaines elle ne faisait que ce réveiller avec cette phrase en tête, qu’elle se retrouvait avec cette dernière tatouée a même sa peau. Peut être bien qu’elle aurait préféré se coltiner Donald Duck en danseuse de french-cancan, plutôt que ce rappel constant de sa faiblesse. Maintenant tout le monde serait à même de savoir ce qui se tramait sous son crâne, enfin toute personne lisant le latin, évidemment, mais c’était toujours ça de trop ! Le monde devait bien s’en douter, mais il y avait un monde entre le fait de s’en douter et celui de le lire sur la peau de la principale interessée.

Lentement, elle se retourna, afin de constater par elle-même, à travers son reflet dans le miroir, l’étendue des dégâts. Là, sur son omoplate, dans une écriture gothique assez fine, deux colonnes de lettres se cotoyait. Sur la première on pouvait lire à la verticale »Dulce et decorum » et sur l’autre « est pro corda mori ». La bonne nouvelle c’est que cela restait assez discret, la mauvaise, avec son teint assez clair, les lettres noires, même les plus fines du monde, ne passeraient jamais inaperçu.

« Tu t’y connais en laser ? »

demanda-t-elle en se retournant brusquement pour faire face à Karyn.

« Ca se retire facilement ? Et si je frotte à la pierre ponce ? Faut gratter combien de couche de peau pour que ça se barre ? »

Avec ses ongles, elle tentait de gratter la surface de sa peau, tout en sachant très bien que c’était inutile. Mais elle était comme prise d’hystérie, en colère contre ces traces noires qui l’exposait trop, comme si l’Osservatore ne suffisait pas. Dans un profond soupir elle stopa tout mouvement devant le regard que lui lançait Karyn.

« Il me faut du café ! Une sacrée dose de café ! Et puis de l’aspirine ! Une sacrée dose d’aspirine ! »

annonça-t-elle en se maintenant le front. Elle n’était pas en état pour la politesse et la bienséance, aussi dépassa-t-elle la blonde pour sortir de la salle de bain et se rendre dans la cuisine. Elle connaissait les lieux, assez bien même, mais surtout, il s’agissait du même agencement que pour son propre appartement, voisin de celui-ci. La seule différence avec Karyn, c’est qu’elle y vivait seule, contrairement aux deux blondes qui logeaient en ses lieux. Pourtant, jamais encore, la brunette n’avait fait « comme chez elle » ici. Habituellement c’était elle qui recevait, alors c’était plutôt Karyn qui faisait comme chez elle chez elle (vous suivez ?). Pourtant, il s’agissait bien de Sara Giolitti, élévée dans le respect de l’autre et de sa propriété, ayant appris l’art des bonnes manières, qui farfouillait dans les placards afin de s’emparer de deux énormes mugs, et qui enclenchait la machine à café. Face au bruit de cette dernière, pourtant discret, Sara remit le casque sur ses oreilles, préférant l’écoute de son propre cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, plutôt que d’entendre le bruit de cette machine de l’Enfer ! C’est comme si le batteur de Nirvana, celui des RHCP, et celui des Rolling Stone, s’étaient donné rendez-vous dans son crâne pour s’adonner à un bœuf sur « Tainted Love » version Marilyn Manson ! Et c’était d’actualité en prime ! Lorsque le café eut fini de couler, elle servit les deux grandes tasses, et revint vers le salon où Karyn l’attendait.

« Si t’en veux un, la cuisine c’est par là ! »

lui annonça-t-elle dans un mouvement de menton désignant la dite pièce. Roooh, ça va, c’était une petite blagounette. D’ailleurs elle lui tendit le mug qui lui était destiné, avant de se laisser tomber comme un gros caca dans le canapé. Elle ne s’était jamais sentie aussi lasse de toute sa vie.

Après une gorgée du breuvage brûlant, elle se pencha en avant et, les deux coudes contre la table basse, elle se prit la tête entre les mains, gémissant de douleur face à son mal de crâne. Pour bien faire il aurait fallut qu’elle attende que le café agisse, et lui réveille un semblant de neurone, mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. Il fallait qu’elle comprenne ce qu’il s’était passé durant la nuit dernière. Ses souvenirs étaient donc tous véridiques ? Enfin peut être pas le lapin d’Alice avec sa montre à gousset qui avait essayé de lui vendre de la drogue, ça, ça devait vraiment être un rêve, à moins que… Non, non, impossible ! Y avait pas de lapin dans cette région d’Italie. Mais le reste ? Tout était vrai ? La murge chez elle ? Le taxi qui n’en était pas un ? Le bar glauque ? Le karaoké ? La main aux fesses ? La baston ? La fuite ? La voiture fantôme ? Le tatoueur de la piazza Giolitti ? Vacherie, elles avaient sacrément merdé cette nuit !

« Je touche plus jamais une goutte d’alcool de ma vie ! Je le jure ! »

Déclara-t-elle en levant péniblement sa main droite, avant de la reporter rapidement contre son front, comme si ce geste lui avait demandé un effort considérable.

« C’est quoi ton dernier souvenir ? Faut qu’on arrive à savoir ce qui s’est passé après les graffitis corporels ! P’tain ça craint ! » Brusquement elle releva la tête, l’air horrifié. « Oh ! Nom d’un chien ! J’espère qu’on a pas couché avec ce type répugnant ! Dis-moi qu’on a pas couché avec lui ! J’t’en supplie ! »

Mais avant même d’avoir la réponse de Karyn, elle remit le casque sur les oreilles, et se coucha en position fœtale sur le canapé. Non, non, non, elle voulait pas savoir en fait ! Nooooon !

« Tout homme qui ignore son passé est condamné à le reproduire … » C’est bien vrai ! Il n’y avait même pas besoin d’aller bien loin pour avoir la preuve vivante de ce que cette maxime avançait. En fait, il suffisait juste de zoomer sur Rome, Italie, plus particulièrement sur le quartier du , sur la Résidence Zampino et encore plus particulièrement sur l’appart’de Karyn Moretto. Karyn Moretto … C’était carrément plus rapide pour elle de rencontrer quelqu’un qui était la preuve vivante que lorsqu’on s’entêtait à ne rien vouloir comprendre, à rester tel qu’on était, et bien, ça menait jamais à rien de bon ! La bonne blague ! Elle, il lui suffisait d’ouvrir les yeux et de se regarder dans un miroir ! Quoi ?! Elle avait donc toujours pas compris que boire, ça finit toujours par vous faire faire des conneries ? Nan mais des fois ! Nan mais si elle elle n’avait toujours pas compris ça, et bien où allait le monde ?! Sérieusement, elle était sans nul doute l’une des jeunes femmes les mieux placées pour savoir ce que les ravages de l’alcool sur votre comportement et votre tenue de route pouvaient sous entendre. Après tout, c’était bel et bien elle, et personne d’autre, qui était arrivée éméchée (on va dire ça comme ça pour rester poli !) à l’enterrement de sa mère, de son unique mère, c’était encore elle qui avait fait la Une des journaux pendant plusieurs semaines, shootée à écumer les bars et les lieux branchés, avec toujours un magnum de champagne, ou une bouteille de vodka à la main, bref, avec assez d’alcool pour se pouvoir se saouler sans avoir peur de finir par manquer ! Vous allez dire « Oh, bah c’est la jeunesse ça, et faut laisser passer la jeunesse … Elle se calmera ! » et vous allez passer pour un gros crétin pour le coup ! Vous n’avez quand même pas oublié l’âge qu’avait la Miss lorsqu’elle avait vécu cette vie de débauche ?! Nan ?! Si ?!!! Han, faut vraiment tout vous redire, z’êtes sûr qu’Alzheimer vous guette pas ?! … Elle avait 15 ans bande d’oubliants !!! Oui, ce mot n’existe pas, mais on vous a demandé de quelle couleur était la dernière sauce tomate que vous aviez mangé avec vos pâtes ?! … Verte ? … Je serais vous, j’irais à l’hôpital, et le plus vite possible, mais vous allez me dire, je ne suis pas vous … Bref, Karyn avait 15 ans, et, encore aujourd’hui, il se souvenait comme si c’était aujourd’hui du mal de crâne chronique qu’elle avait ressenti pendant des jours et des jours. C’était bien simple, elle avait eu la sensation d’avoir eu mal en non stop pendant longtemps, trop longtemps. C’était bien simple, parlez lui en aujourd’hui, et elle se précipitera sur un cachet contre le mal de tête et, sans soucis, elle hésitera pas à en prendre un max’, parce que rien que d’y repenser, brr, ça lui fichait la tête en concombre ! Ouais, bah, justement, là, elle souffrait le martyr ! Nan, franchement, les mecs, c’est pas cool ! Vous pourriez tous penser moins fort, parce que là, vous ne faisiez qu’empirer son mal de crâne. Allez, elle est mimi et sympa la Karyn, faîtes ça pour elle, elle vous en sera reconnaissante, ou pas, mais tant pis, hein, vous savez ce qu’on dit, « Plaisir d’Offrir, Joie de recevoir », le terme « offrir » précédant le terme « recevoir ». Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire, n’est ce pas ? On donne et après on reçoit, et puis, tant pis si on reçoit rien du tout. Vous savez, en plus, en ce moment, y a la Poste qu’est en grève, alors, faut s’étonner de rien ! Ouais, elle écoutait presque jamais rien Karyn et, vlan dans sa tronche, elle se cuitait et paf, elle faisait encore une connerie plus grosse qu’elle ! En même temps, même en prenant du ventre et de la poitrine à cause ou grâce à sa grossesse, tout dépendait de ce que vous vous pensiez ou pas de la beauté d’une femme enceinte, la jeune femme restait un petit modèle en ce qui concernait le poids, alors, toute connerie était presque automatiquement plus grosse qu’elle. Nan mais là, elle faisait exprès ou c’était juste qu’elle était cruche ? Oui, après tout, elle était blonde, avait les yeux bleus, les avait entendu et entendu les blagues disant qu’on voyait l’eau dans ses pupilles et lui demandant de pencher la tête sur le côté histoire de voir si l’eau ne se mettait pas à s’enfuir du soit disant bocal à poisson qu’était sa boîte crânienne. Après tout, elle n’avait rien à envier à ces présentatrices télé, pardon, à ses cruches de télé qui étaient tout comme elle blondes, ouais, mais dans ce cas là, on mettait de côté le fait qu’elle n’avait ni lèvres siliconées ni poitrine démesurée et sortant par tout les bouts de la mini micro nano robe qu’elle pouvait décider de porter. Sérieux, après l’histoire avec Dante où, il fallait bien avouer, elle était pas totalement sobre, voilà qu’elle récidivait avec la bibine et qu’elle finissait par se retrouver tatouée de partout ou presque ?!

« Giolitti, fermes là s’il te plait ! Je suis à côté, pas besoin d’hurler !
Pardon, je voulais pas être méchante, juré, mais là, tu me fais mal aux oreilles … Et puis, c’est pas un S, c’est le symbole de Heroes, un truc dans le genre quoi … »

Après avoir lâché un cri de douleur, parce que Sara venait d’exploser son crâne en hurlant à plein poumons, genre tifoso assistant au match de son équipe préféré et se pensant seul à l’encourager, se sentant obligé d’hurler de toutes ses forces pour être sûr de rivaliser avec les supporters de l’équipe adverse, Karyn protesta sans retenir la pointe de colère dans sa voix. Mais elle se rappela alors soudainement que la Miss Sara devait être dans le même état qu’elle, et que, donc, elle ne devait pas encore avoir recouvré toute la maîtrise de son corps et de ses capacités mentales. Ouais, c’était sûrement ça. Elle, elle se prenait les portes et avait deux de tensions, et Sara, elle, elle se prenait pour une castafior et elle s’enthousiasmait pour un rien ! Karyn secoua la tête, atterrée, lorsqu’elle découvrit son second tatouage. Ouais, vive le patriotisme ! Oula, elle allait se faire déchirer, complètement même, lorsqu’on découvrirait cet aigle Polonais tatoué sur son poignet. Il était charmant, superbement réussi, ce n’était pas ça le problème majeur. Nan, le problème majeur, c’était que la jeune femme se trouvait vivre en Italie, pays réputé pour son ultra nationalisme poussé à l’extrême, pour son régionalisme poussé à l’extrême. Si la jeune femme s’était fait tatouer le drapeau Italien, cela aurait été un drame régional et national. Mais alors, imaginez même pas ce qui l’attendait, puisqu’on parlait même plus d’Italie là, mais bel et bien d’un pays étranger ! C’était la fin des pasta les amici ! Et puis, là voilà que se mettait à se taper des crises de paranoïa aigues, et qu’elle arrachait le VRAI pansement. Han, ça faisait mal, bon sang de merde ! Elle était presque sur le point de pleurer comme l’aurait fait une gamine de 5 ans en grosse peine. Attendez, ça se comprenait un petit peu quand même ! Non seulement elle avait mal comme pas permis au crâne, mais en plus, elle découvrait qu’elle avait laissé quelqu’un faire mumuse avec sa peau et lui laisser de jolis petits tatouages, mais en plus, en plus, elle était enceinte, en proie à des sautes d’humeur, à des hormones qui jouaient au yoyo avec ses nerfs et sa sensibilité, mais en plus, elle était complètement toute seule, encore brouillée avec le père, mais en plus, au lieu de réconforter son amie Sara comme elle l’aurait dit, elle l’avait carrément mener vers une déchéance et un cas de pitié encore plus profond ! Quelle vie injuste et pas juste tellement elle était injuste ! Et, pour ne rien arranger, Sara lui confirmait qu’elle avait pas rêvé. Ouais, elles pouvaient même pas croire à un délire collectif, elles avaient bu, pas fumé voyons ! Et là, patatra, dans les yeux de Sara, une étincelle de quelque chose sembla s’allumer alors qu’elle écarquillait les yeux Style Jim Carrey dans The Mask sauf que elle, elle était aussi pâle que les membres de la famille Cullen dans Twilight ! La jeune fille souleva ses cheveux, histoire de pouvoir exposer à Karyn une vue nue de son dos. Celle-ci hocha la tête à la demande de la Miss. Bien sûr que oui, elle allait l’aider, aux dernières nouvelles, Sara n’étant pas encore contorsionniste, c’était évident qu’elle avait besoin d’elle, heu, d’aide, quoi que les deux fonctionnent vous allez me dire ! Alors, elle s’approcha quelque peu et se mit à lire, du moins, tenta. Elle avait la sensation que sa langue pesait trois tonnes et qu’elle voyait aussi bien qu’au travers d’un pare-brise sous la pluie sans essuies glaces ! Et, au final, ce qu’elle dit ne ressembla à rien ! Mais ça voulait quand même dire quelque chose, puisque, visiblement, Sara comprit tout. Et pour le coup, Karyn aussi, mais seulement après avoir entendu Sara re-prononcer la phrase, et aussi parce que son cerveau se décida quelque peu à se sortir les doigts de l’arrière train et de se mettre à analyser les choses plus vite. Bien sûr que oui qu’elle comprenait, attendez, elle avait fait du latin et aussi un peu de grec ancien ! C’était le minimum lorsqu’on était issue d’une grande famille et que votre mère tenait à ce que vous ne soyez pas à la traîne ! Han, mais elle voulait pas que Sara elle meurt elle !

Sara analysait visiblement quelque chose, Karyn eut le sentiment de la perdre, mais avait pas assez de force pour la ramener dans leur monde, elle n’en avait surtout pas le courage. La vie craignait grave, il fallait laisser ceux qui s’en échappaient par la pensée voguer autant qu’ils le voulaient loin de la réalité ! Enfin, c’était comme ça qu’elle concevait les choses, en temps normal s’entend parce que là … Elle se décida un peu à se bouger et se saisit d’un gant de toilette, le mouilla quelque peu et le passa sur son visage, pas super comme il l’aurait fallu, mais après tout, elle voulait pas faire comme tout le monde et après tout, elle avait pas encore totalement décollé du coltard ! C’est le moment que Sara choisit pour lui demander ses connaissances en laser, pour lui demander si ça pouvait pas se barrer avec des pierres ponces ce machin là … Karyn lui lança un regard étonné, se demandant s’il était bien nécessaire qu’elle lui donne une réponse. Elle avait une tête à s’y connaître ? Sérieux, nan ! Ouais, elle avait beau être une blonde plutôt intelligente, futée et maligne, mais y avait quand même des limites. Elle regarda Sara avec un regard atterré lorsque celle-ci se mit à frotter vigoureusement sa peau, comme si elle était convaincue que ça allait partir comme ça ! Et ça semblait pas aider Sara, loin du monde, qu’elle reste là, sans rien faire ni rien dire de particulier. Celle-ci poussa un profond soupir et se mit en tête de boire, du café s’entend, et de se shooter, à l’aspirine bien sûr. Karyn ne lui montrait même pas le chemin, parce qu’elle savait que Sara savait où se trouvait tout ou presque ici, et puis, c’était pas bien dur, tout était agencé presque pareil chez elles, elles avaient deux des plus grands et beaux apparts de la Résidence, pour ne pas dire les deux plus grands et plus beaux apparts de la Résidence. Et puis, comment dire, soudainement, Karyn se sentit toute bizarre. Oh oh, elle connaissait malheureusement bien ce truc ! Pipi !!! Elle se précipita vers les toilettes et se soulagea sans se faire prier ! Sérieux, être enceinte, ça vous faisait faire des trucs de dingues, totalement quoi ! En plus, certaines envies arrivaient sans prévenir, c’était super pratique en plus ! Vous êtes coincée dans un rond point en pleine heure de pointe et vous vous sentez soudainement l’envie de vomir ! Vous servez un client au Club dans lequel vous travaillez et vous vous sentez brusquement prise d’une envie d’étrangler le client pour pouvoir lui piquer son petit plateau d’olive, parce que vous avez sans pouvoir expliquer pourquoi une grosse, nan, une énorme envie d’olives, incontrôlable en plus l’envie, sinon, ça n’a rien de drôle ! Une fois soulagée, elle alla jusqu’au salon, et s’affala sur l’un des canapés, alors que Sara ne tarda pas à revenir, deux tasses de cafés à la main. Elle lui fit une petite blague, pas forcément très recherchée d’ailleurs, mais qui eut le mérite de faire sourire Karyn. Elle se sentait peu à peu reprendre pied avec la réalité, mais ça s’annonçait pas joli joli tout ça ! La jeune femme prit le mug que lui tendait son amie, alors qu’elle sentait son dos s’endolorir. C’était encore une fois pas génial tous les jours d’attendre un enfant, surtout quand vous en attendiez deux, parce que c’était un poids à porter mine de rien et que votre dos n’appréciait pas forcément, surtout lorsque vous piquiez des sprints en pleine nuit dans les rues de Rome désertes, encore plus quand vous dormiez dans n’importe quelle position la nuit, ou même le jour remarquez, le mal de dos, ça se moque bien de savoir à quelle heure vous vous pieutez et à quelle heure vous ouvrez les yeux et que vous gueuliez comme un chien dont on vient de coincer la queue dans la porte parce que vous trouviez qu’il était super trop tôt pour vous lever !

« Merci, t’es un ange … »

Elle sirota son café, complètement à côté de la plaque niveau technique, mais ça n’avait pas d’importance, n’est ce pas ? Tiens, Sara avait remis le casque qu’elle avait enlevé tout à l’heure … Bah, s’il lui plaisait tant, elle pouvait bien le garder, Karyn en avait en réserve, ses demi frères lui ayant laissé tous les leurs, estimant que les CD, c’était complètement dépassé ! Perso, elle adorait s’écouter des vinyls, alors, bah qu’ils lui refilent tous leurs vieux CD et vinyls s’ils n’en voulaient plus, elle ne disait pas nan, sûrement pas ! Elle ferma les yeux, attendant quelque peu que sa douleur de dos passe, et elle passa, mais pour combien de temps ? Tout n’était qu’une question de temps maintenant pour elle, ou presque. Combien de temps avant qu’elle n’ait une nausée ? Combien de temps fallait-il faire cuire le steak dans la poêle ? Combien de temps avant que Nate ne lui revienne ? Trop de question tue la question, nan ? Et heureusement, lui évitant de se noyer encore trop longtemps dans des questions sans réponses pour le moment, des questions qui tournaient encore et encore en boucle dans sa tête, Sara lui posa elle une autre question … Ouais, bah sa question, elle méritait pas de faire partie d’une autre catégorie que les siennes à elle, pff !

« Je préfère pas jurer, pas là-dessus en tout cas ! Je suis nulle en ce moment pour ce genre de choses, je saute sur Dante alors que je m’étais promis à moi-même de plus jamais me laisser toucher par un autre homme que Nate, je bois alors que j’ai, presque, promis au médecin de ne pas prendre d’alcool et de stupéfiants durant ma grossesse ! »

Elle se laissa tomber en arrière, après avoir vidé son meug sur son côté de table basse en verre à elle, et sa tête va pile poil s’appuyer sur l’un des accoudoirs super confortables. Si c’était pas de la technique ça, alors c’était quoi ?! Heu, une longue série de gestes semblables avant ? L’habitude ?! Sara allait de pire en pire et, par réflexe, Karyn prit l’un des coussins posés près de l’une de ses jambes et l’appuya contre sa tête …

« Han … Je veux mouriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir ! Bon, Ok, j’accouche et après, je meurs ! »

Sujet: Re: Big Girls Don't Cry, They Have Fun ! {PV Sara

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Big Girls Don't Cry, They Have Fun ! {PV Sara

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